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Libérer le potentiel du cerveau : Avancées en neuro-ingénierie
Le 9 mai 2023
Les 86 milliards de neurones qui composent le cerveau humain nous offrent des capacités intellectuelles et créatives qui dépassent de loin celles de toute autre espèce. Mais c’est un organe encore bien mystérieux dont nous avons encore beaucoup à apprendre, en particulier en ce qui concerne ses maladies.
Une personne sur huit souffre d’un trouble mental, mais peu de médicaments efficaces existent. Nous n’avons pas non plus de remède contre la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson en dépit des milliards de dollars investis dans la recherche. Les personnes souffrant de troubles et de lésions cérébrales, comme les AVC et la paralysie, manquent de technologies pour communiquer.
Heureusement, qu’il s’agisse de pathologies graves ou de troubles plus bénins tels que l’anxiété, nous entrons dans un nouvel âge d’or de l’innovation en neurologie. Celui-ci s’enracine tout d’abord dans le domaine de la santé et vise à mettre à disposition des consommateurs des moyens de libérer le potentiel de leur cerveau.
L’essor de la neuro-ingénierie
Les interfaces cerveau-machine (ICM) sont des dispositifs ultramodernes placés dans le cerveau. Ils y captent ses signaux et les convertissent en instructions qui relayent les messages vers des dispositifs externes qui effectuent des actions. Ils permettent ainsi de contourner les procédés neuromusculaires. Même si cette approche semble être tirée tout droit d’un scénario de science-fiction en neurosciences, elle aide déjà des personnes à surmonter leur handicap.
Ainsi, la start-up new-yorkaise Synchron a développé une interface qui accède au cerveau via les vaisseaux sanguins. Baptisé «Brain Bluetooth», l’appareil permet aux personnes paralysées d’envoyer des SMS et des e-mails ou encore d’effectuer des achats et des opérations bancaires en ligne.
Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Le marché mondial des interfaces cerveau-machine a été évalué à 1,4 milliard de dollars en 2021 et devrait atteindre 3,1 milliards de dollars d’ici 2023. Le domaine plus large de la médecine bioélectronique, qui exploite les signaux électriques du système nerveux, devrait quant à lui tripler d’ici 20291. Il aide déjà des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, d’épilepsie et de perte d’audition, et pourrait potentiellement s’étendre à la santé mentale, ainsi qu’aux maladies neurodégénératives, cardiovasculaires et auto-immunes.
Nesos, une entreprise de San Francisco, explore des moyens d’entraîner le cerveau à lutter contre les maladies auto-immunes. Son dispositif expérimental, un écouteur qui utilise des champs électriques pour tromper le cerveau afin de réduire les inflammations et la douleur, s’est avéré efficace pour la polyarthrite rhumatoïde. Nesos se penche également sur une application potentielle dans le traitement de la dépression et de la migraine.
Les interfaces cerveau-machine et les dispositifs neuronaux nécessitent une intervention chirurgicale, si bien qu’ils sont actuellement cantonnés aux personnes présentant les handicaps les plus graves.
L’introduction de ces technologies sur le marché de masse soulèvera des questions de faisabilité, de déontologie et de cybersécurité. Bien que la recherche et développement ait besoin de davantage d’investissement dans ce domaine, des entreprises réfléchissent déjà au potentiel de commercialisation sur le marché de masse.
Les psychédéliques font leur grand retour
Les interfaces cerveau-machine et les dispositifs neuronaux ne sont pas les seuls domaines d’innovation scientifique radicale dans le cerveau. Des chercheurs universitaires et des sociétés de biotechnologie s’intéressent également de plus en plus à une nouvelle approche utilisant des psychédéliques pour guérir ou atténuer les troubles mentaux.
La recherche dans ce domaine n’est pas nouvelle, elle existe depuis le milieu du vingtième siècle. Toutefois, il y a de bonnes raisons à son retour en grâce comme en témoigne le nombre croissant d’essais cliniques et d’entreprises scientifiques s’y intéressant. La qualité des preuves scientifiques s’est améliorée, en partie grâce aux avancées de la technologie de neuro-imagerie. On assiste également à un changement d’attitude vis-à-vis des psychédéliques, ainsi qu’un recul de la stigmatisation et des fausses informations. Un nombre croissant de pays et de régions sont en train de légaliser des produits psychoactifs comme l’Allemagne avec le cannabis et le Colorado avec la psilocybine (présente dans les champignons «magiques»). La faible efficacité des produits pharmaceutiques pour la santé mentale et l’ampleur des besoins non satisfaits contribuent à alimenter ces changements.
Une analyse réalisée par Business Insider a permis d’identifier 11 sociétés de capital-risque qui ont investi à elles seules environ 140 millions de dollars dans le domaine des psychédéliques2. « Il y a plus d’associations, de groupes, de sociétés, de rassemblements et de congrès que jamais sur le thème des psychédéliques, car les réseaux sont plus développés et les patients sont les moteurs de cette évolution», explique le Dr Ben Sessa, co-fondateur et directeur de la médecine par psychédéliques chez Awakn, une société britannique des sciences de la vie spécialisée dans les addictions.
La thérapie psychédélique combine la psychothérapie et la psychopharmacologie. Les psychédéliques sont utilisées au début de la thérapie. Ces agents biologiques placent le cerveau dans un état d’ouverture et de plasticité tandis que la psychothérapie aide les patients à dépasser leur pathologie, explique le Dr Sessa. « Si l’on regarde le principal facteur à l’origine des troubles mentaux chroniques, non rémittents et non traitables, c’est le sentiment d’être bloqué [dans une situation]: l’incapacité à changer des pensées rigides telles que «Je ne sers à rien, ma vie est un échec total». Grâce au processus biologique de neuroplasticité, les psychédéliques offrent une flexibilité psychologique qui permet aux patients de s’attaquer aux messages profondément ancrés ». L’affirmation selon laquelle les psychédéliques fonctionneraient aussi bien sans thérapie fait néanmoins encore débat. À eux seuls, ils font émerger des émotions fortes qui peuvent permettre à certaines personnes de se confronter à des traumatismes passés. Combinés à une thérapie, ils peuvent aider à éviter pendant longtemps que les troubles mentaux se manifestent à nouveau.
Pourtant, le domaine est confronté à des difficultés. Tout d’abord, les médicaments psychédéliques sont soumis aux mêmes essais cliniques rigoureux que les médicaments plus conventionnels afin de recevoir l’autorisation de mise sur le marché. Pour amorcer une dynamique, ils doivent également obtenir le soutien des gouvernements et des compagnies d’assurance qui remboursent les soins de santé. L’utilisation par le NHS en Angleterre et au Pays de Galles d’un spray nasal à base de kétamine pour la dépression a, par exemple, été rejetée trois fois par le National Institute for Healthcare and Excellence (NICE), l’organisme britannique qui conseille le gouvernement sur le remboursement des médicaments, en raison de l’incertitude sur son efficacité à long terme et son coût élevé. Ce spray a cependant été approuvé par la MHRA, l’agence du médicament britannique, pour soigner la dépression lorsque deux autres antidépresseurs n’ont pas fait effet et il est approuvé pour une utilisation par la sécurité sociale en Écosse.
Nous avons également besoin d’une gouvernance et de normes pour nous assurer que les séances de psychothérapie, impliquant des patients souffrant de troubles mentaux placés dans des états de vulnérabilité, se passent dans des conditions professionnelles.
Un coup de pouce «illimité»?
Pourtant, des psychédéliques sont déjà consommés au sein de la population sous forme de «microdosage». Ce terme décrit des doses inférieures au seuil d’induction d’un état hallucinogène. Cette pratique est ainsi répandue parmi le personnel des entreprises technologiques de la Silicon Valley à la recherche d’un petit coup de pouce psychologique. Ce type de consommation pourrait former l’avant-garde d’un changement plus large alors que les gens cherchent à améliorer leurs facultés cognitives, leur concentration et leurs performances mentales, qu’ils aient ou non un problème de santé mentale ou une pathologie.
Les psychédéliques ne sont pas les seuls produits actuellement utilisés pour stimuler les performances cognitives et mentales. Les nootropes sont des compléments alimentaires en vente libre qui améliorent l’attention, la concentration, le sommeil et la santé mentale. Presque tout le monde utilise un nootrope, qu’il le sache ou non. Dr Tara Swart, directrice scientifique de l’entreprise de nootropes Heights, explique que les nootropes vont aussi bien de la vitamine B et de la caféine aux médicaments tels que la ritaline. Le marché mondial des nootropes devrait passer de 3,36 milliards de dollars en 2021 à 6,61 milliards de dollars en 20263.
De nombreux nootropes reposent sur les propriétés d’ingrédients naturels. Clear Focus, de la start-up belge Mindscopic, utilise la Bacopa Monnieri, une herbe qui stimule la synthèse des protéines dans la partie du cerveau responsable de la mémoire à long terme. Des études ont montré que cette plante ayurvédique traditionnelle améliore considérablement les fonctions cognitives et inhibe l’activité des enzymes qui contrôlent des processus nocifs dans l’organisme, tels que l’élimination des radicaux libres qui peuvent détruire notre ADN.
Mindscopic défend également la choline, qui contribue à la contraction des muscles, à l’activation de réactions liées à la douleur et à des fonctions cérébrales comme la mémoire et la pensée. Bien qu’elle se trouve naturellement dans l’organisme, la choline développe une meilleure efficacité à des doses plus élevées obtenues avec des suppléments, explique Koen Indesteege, PDG et fondateur de Mindscopic. Ce nutriment est essentiel, mais malheureusement les quantités endogènes produites sont nettement inférieures à celles nécessaires pour des processus tels que la synthèse des neurotransmetteurs et l’influence sur la fonction hépatique. Les recommandations conseillent de l’obtenir en mangeant certains aliments comme du bœuf et des œufs, et en prenant des compléments alimentaires.
- Indesteege est persuadé que le secteur des nootropes va se développer à mesure que les consommateurs chercheront des alternatives plus saines aux produits pharmaceutiques. Depuis la Covid, il pense également que le public s’intéresse davantage à la santé et à la prévention des maladies, même s’il reste des tabous à surmonter. « Ce qui est drôle, c’est que la boisson la plus consommée au monde, le café, est nootrope. Les gens boivent du café presque tous les jours pour renforcer leur concentration, leur motivation et leur vigilance, et cela est accepté par la société. Mais le même effet est vu différemment lorsqu’il est dans une capsule et étiqueté comme «nootrope» ».
Les marques de prestige saluent le retour de la Chine
Le 3 avril 2023
Les fabricants de produits de luxe devraient profiter de la décision prise par Pékin de mettre fin à sa politique zéro-Covid draconienne au profit de la croissance. Même s’ils avaient plutôt bien résisté au récent passage à vide de la Chine, le changement de politique opéré par les autorités devrait débloquer une demande réprimée pour les produits de prestige.
Un marché du luxe résilient
Le haut de gamme du marché chinois du luxe s’est montré résilient tout au long de l’année. Cela dit, alors même que la demande était en berne en Chine, les Chinois fortunés continuaient d’acheter ces produits à l’étranger, ce qui a aidé de nombreuses enseignes à maintenir leurs ventes à l’échelle mondiale. Parallèlement, les consommateurs chinois commencent à s’intéresser aux produits et services sportifs et éducatifs de niche (du kayak aux cours de peinture) tout en se tournant de plus en plus vers les marques de prestige nationales. Les principaux producteurs de marques de prestige prévoient toujours que la Chine deviendra le premier marché mondial du luxe d’ici à 20251.
Des vents contraires à court terme
Certes, le court terme reste un point noir. L’association d’une politique peu amène, des derniers vents contraires sur l’économie et un changement dans les goûts des consommateurs sont autant d’obstacles pour les fabricants de produits de luxe. Ainsi, alors que le marché chinois des biens de consommation personnelle a enregistré une croissance de 36% en 2021 par rapport à l’année précédente2, 2022 a été nettement moins favorable.
Le récent Congrès du Parti communiste a conforté le président Xi Jinping dans sa volonté d’accroître le contrôle de l’État. Cela menace de miner davantage un secteur privé chinois dynamique. Parallèlement, la politique zéro-Covid de Xi Jinping a eu des retombées colossales sur l’économie. Elle a touché jusqu’à la moitié des régions, ce qui a fortement freiné les voyages, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. La crise immobilière est venue ajouter un autre obstacle à la demande. L’immobilier représente environ 70% des actifs des ménages en Chine. Les mesures de répression imposées par l’administration à certains secteurs, comme l’éducation privée et l’e-commerce, ont également eu des répercussions considérables et obligé de grandes entreprises à supprimer des postes. Plus généralement, le chômage des jeunes a grimpé à 20%.
Débloquer une demande réprimée
Pourtant, le Gouvernement a mis fin à sa politique zéro-Covid et a instauré des mesures visant à soutenir le marché immobilier en difficulté du pays. La Chine devrait dès lors connaître une année exceptionnelle. On s’attend à la voir surperformer les économies développées au cours des douze mois à venir. Selon les estimations, à la fin de l’année 2022, l’excédent d’épargne accumulé par les Chinois représentait environ 8,1% du revenu disponible des ménages et près de 20% du PIB.
Cette épargne devrait contribuer à soutenir la consommation des particuliers en Chine et, dans son sillage, les dépenses en produits de luxe. Les prévisionnistes tablent toujours sur le fait que la Chine deviendra le premier marché mondial des produits de luxe d’ici à 2025.
Une simple atténuation de la politique zéro-Covid ou des signes annonçant que la pandémie n’est plus une crise sanitaire pourraient débloquer une partie de la demande réprimée et, potentiellement, faire bondir de 10% le chiffre d’affaires mondial du secteur du luxe.
Evolution de la consommation chinoise
Les marques de luxe chinoises ancrées dans la culture locale, comme la médecine traditionnelle et l’artisanat, seront particulièrement demandées et devraient surperformer grâce au soutien de Pékin3.
Plus généralement, on note une certaine évolution dans les comportements de consommation des Chinois. La demande semble se détourner des produits de luxe ostentatoires au profit d’expériences de grande qualité. Au lieu d’acheter un sac à main ou une montre de luxe supplémentaire, les consommateurs fortunés investissent dans l’éducation, dans la santé, dans des loisirs raffinés, tels que la peinture ou la pratique d’instruments de musique, ou dans des sports élitistes. Le gouvernement a, par ailleurs, encouragé les habitants à pratiquer des sports plus variés, ce dont les marques spécialisées ont déjà commencé à profiter. Le yoga est tout particulièrement populaire.
Dans l’ensemble, le verre reste à moitié plein pour les sociétés de produits de luxe présentes sur le marché chinois. Un petit nombre de marques haut de gamme ont même réussi à augmenter leurs ventes malgré les conditions difficiles observées au 3ème trimestre 2022. L’appétit chinois pour les produits de luxe perdurera. Même s’il est peu probable que nous assistions à nouveau à un boom généralisé comme ces dix dernières années, le panorama reste plus souriant pour les grandes marques et les prestataires de niche de produits et de services.
[1] https://www.scmp.com/lifestyle/fashion-beauty/article/3164527/china-be-biggest-luxury-market-2025-say-consultants-after?module=inline&pgtype=article
[2] https://www.assemblyglobal.com/reports/china-luxe-report-2022
[3] https://daxueconsulting.com/chinese-luxury-brands-report/
La renaissance du bois: créer une nouvelle solution pour limiter le réchauffement climatique
Le 27 mars 2023
200.000 personnes viennent s’installer chaque jour en ville. À ce rythme, nous serons près de 70% d’urbains d’ici 2050, contre un peu plus de 50% aujourd’hui1.Par conséquent, la demande en construction va considérablement augmenter, ce qui risque aussi d’aggraver énormément l’empreinte carbone de l’humanité. Les villes sont en effet déjà responsables d’environ trois quarts des émissions de carbone et de la consommation d’énergie du monde2. Autrement dit, les efforts pour stopper le changement climatique pourraient être réduits à néant si nous continuons d’utiliser des techniques de construction et des méthodes de planification traditionnelles. Les forêts pourraient alors apporter une des meilleures solutions à une urbanisation durable.
Le bois pour un monde meilleur
En effet, le bois a de solides références comme matériau de construction durable. Il est utilisé dans la construction depuis des siècles en Asie, en Europe et en Amérique grâce à ses propriétés durables et résilientes et à sa relative facilité de construction.
Toutefois, ces dernières décennies, la part de ce matériau dans la construction a reculé face au béton et à l’acier, considérés comme plus durables, plus résistants à la putréfaction et plus faciles à produire en masse.
Il est donc nécessaire de réadopter à grande échelle cette méthode ancestrale de construction, en particulier si le monde souhaite mettre fin au réchauffement climatique et à la dégradation de l’environnement. Le bois est une solution intéressante et rentable pour réduire les émissions nettes de carbone, en particulier le carbone intrinsèque que le secteur du bâtiment doit impérativement réduire. Par ailleurs, il agit également comme puits de carbone et peut rétablir la biodiversité tout en améliorant la qualité des sols.
Les données ne manquent pas sur les bienfaits du bois
Par exemple, des études indiquent qu’un jeune saule qui atteint une biomasse sèche de 75 kg au cours de ses cinq premières années de croissance capture 140 kg de CO23, ce qui compense les émissions provenant de la consommation d’électricité d’un ménage moyen pendant 10 jours4.
Le bois séquestre le carbone même après son abattage. Chaque mètre cube de bois utilisé à la place de l’acier ou de l’aluminium réduit de 0,9 tonnes en moyenne les émissions de carbone dans l’atmosphère5. Par ailleurs, une bonne gestion des forêts garantit que le bois est issu de sources durables sans épuiser les ressources plantées.
Bousculer les idées reçues
La principale difficulté consiste à définir des stratégies susceptibles d’encourager la construction de bâtiments en bois et de régénérer la sylviculture durable et les économies locales. L’une des idées reçues sur le bois est que ce matériau n’est pas adapté aux bâtiments hauts.
Cependant, les innovations ouvrent des possibilités d’utiliser le bois massif dans les immeubles de grande hauteur. Le bois lamellé-collé (CLT) est un des produits techniques les plus en pointe dans ce domaine. Il s’agit d’un panneau de construction en bois scié, collé et stratifié qui permet aux architectes de construire des gratte-ciels en bois.
Mjøstårnet, actuellement le plus haut bâtiment en bois du monde en Norvège, qui mesure plus de 85 mètres de haut, utilise le CLT. En Suisse, la construction d’un immeuble résidentiel en bois de 100 mètres de haut devrait être achevée en 2026.
On prévoit que le marché mondial du CLT atteindra 2,5 milliards de dollars d’ici à 2027 contre 1,1 milliard de dollars aujourd’hui, soit une croissance annuelle de 15% environ6.
Le risque d’incendie est une autre idée fausse associée aux bâtiments en bois. De fait, le bois est en lui-même résistant au feu. Lorsque les couches extérieures d’une poutre en bois sont carbonisées, elles protègent le noyau contre les dommages pendant une durée prolongée. De plus, de nouvelles technologies telles que le CLT peuvent produire un tissage plus solide et résistant au feu capable de surpasser les structures en acier non protégées sur le plan de la sécurité incendie.
Built by Nature, une organisation basée à Amsterdam dont le but est la mise en valeur de projets innovants, a accordé plusieurs millions d’euros de subventions pour encourager la construction en bois d’œuvre dans les villes. «Le bois massif souffre de nombreuses idées reçues, comme le fait qu’il soit inflammable ou qu’il contribue à la déforestation, par exemple. De nombreuses recherches affirment le contraire et il est important de les diffuser et de dissiper ces mythes», a déclaré sa directrice générale, Amanda Sturgeon.
On constate également le manque de connaissances techniques dans le secteur public et au sein des mairies. Pour surmonter cet obstacle, il faudrait que le secteur forme des animateurs du développement durable afin qu’ils coopèrent avec ce groupe complexe d’acteurs.
Une évolution de la réglementation et de la fiscalité est également nécessaire pour récompenser la performance environnementale des bâtiments, et ce, pour favoriser un changement global. Fait encourageant, certains gouvernements européens promettent d’utiliser davantage de bois et d’autres matériaux durables pour atteindre les objectifs nationaux ou municipaux de neutralité carbone.
La ville d’Amsterdam impose ainsi que 20% de tous les nouveaux projets de construction utilisent du bois ou d’autres matériaux d’origine naturelle à partir de 2025. Le Gouvernement français exige que tous les nouveaux bâtiments publics soient fabriqués à au moins 50% à partir de bois ou d’autres matériaux durables à partir de cette année.
Généralement, en Europe, les bâtiments résidentiels utilisent environ 20% de bois. Cette part chute à seulement 5% pour les bâtiments commerciaux7. «Il faut mettre en place des politiques et des mandats pour donner le dynamisme nécessaire à ce secteur», a déclaré Amanda Sturgeon.
[1] Perspectives de l’urbanisation mondiale des Nations Unies
[2] Seto et al. 2014; ONU-Habitat, 2011
[3] Zuercher, Université de Berne
[4] EPA des États-Unis
[5] Confédération européenne des industries du bois
[6] Markets and Markets
[7] Tomorrow’s Timber
Sept tendances à surveiller en 2023
Le 7 février 2023
Parmi toutes les prévisions pour l’année 2023, voici sept tendances à surveiller de plus près par les investisseurs.
- La protection de la biodiversité
L’humanité se rend enfin compte que la protection de la biodiversité est tout aussi importante pour notre survie sur Terre que la lutte contre le réchauffement climatique. Lors du sommet de la COP 15 des Nations Unies à Montréal en décembre 2022, les gouvernements ont signé un accord révolutionnaire visant à arrêter la destruction de la biodiversité d’ici 2030. Pour y parvenir, il faudra exploiter les nouvelles technologies et celles existantes pour intégrer des pratiques plus durables dans des secteurs tels que l’agriculture, la sylviculture, l’informatique, la pêche, les matériaux, l’immobilier, les biens de consommation de base et non essentiels, l’eau et l’énergie et les produits pharmaceutiques.
En réaction à la COP 15, on s’attend à ce que le secteur financier augmente sa contribution à cette transition. L’OCDE estime que les investissements destinés à la protection de la biodiversité sont inférieurs à 100 milliards de dollars, une broutille surtout en comparaison avec l’argent qu’attire le changement climatique (632 milliards de dollars). Cet écart risque lentement de commencer à se résorber à partir de 2023.
- Les voitures high-tech
Les nouvelles technologies sont source de changements et d’opportunités dans presque tous les secteurs. Le secteur automobile ne fait pas exception. Les véhicules électriques sont de plus en plus populaires, notamment grâce à la récente flambée des prix de l’essence. 2023 verra le lancement de nombreux modèles de différents fabricants, y compris le pick-up emblématique de Tesla.
Dans cinq ans, on s’attend à ce qu’une voiture neuve sur quatre soit entièrement électrique1, ce qui soutiendra à son tour la demande en batteries et en semi-conducteurs. L’automatisation est l’autre grand changement technologique dans l’industrie automobile. Alors que les véhicules totalement autonomes restent encore en grande partie du domaine de la science-fiction, les derniers modèles offrent des fonctionnalités d’automatisation toujours plus avancées, alimentées par des logiciels toujours plus complexes.
En Chine, Baidu prévoit même de lancer une voiture équipée d’un volant amovible. Selon Goldman Sachs, le nombre moyen de lignes de programmation par véhicule a doublé pour atteindre 200 millions en 2020 et il devrait atteindre 650 millions de lignes d’ici 2025. Cela représente une importante opportunité de croissance pour le secteur de la tech2.
- L’informatique en périphérie
L’essor de la 5G et les progrès de l’intelligence artificielle (IA) ont ouvert une nouvelle ère dans le stockage des données. L’informatique en périphérie utilise la réalité augmentée et l’apprentissage automatique pour analyser les données sur ou près de l’endroit où elles sont collectées, autrement dit «à la périphérie». Il exploite les vitesses de transfert ultrarapides rendues possibles par la 5G pour envoyer ces données dans le cloud. Avec la 6G, ce processus sera encore plus rapide. L’un de ses principaux avantages est la faible latence. Cette amélioration ouvre à son tour la voie au développement de nouveaux appareils et de nouvelles applications qui ont besoin d’une latence réduite au minimum.
Les exploitations agricoles, par exemple, commencent à adopter des capteurs périphériques de sol et d’air pour contrôler l’eau et les produits chimiques afin d’optimiser le rendement des cultures. Cette technologie peut être bénéfique pour l’environnement, car elle a une empreinte carbone plus faible que le traitement des données dans le cloud. Elle s’accompagne toutefois de nouveaux défis en matière de cybersécurité et nécessite de nouvelles solutions pour y répondre.
- La puissance de la circularité
Qu’il s’agisse des métaux, des carburants fossiles, des animaux ou des plantes, nous consommons les ressources naturelles d’une année en seulement huit mois, ce qui n’est pas viable à long terme. La solution consiste à tirer le maximum de ce que nous avons et de le faire durer le plus longtemps possible. L’économie circulaire envisage idéalement un monde sans déchets, autrement une boucle dans laquelle les ressources sont utilisées et réutilisées le plus longtemps possible.
L’accent est mis sur la création de produits durables et faciles à démonter, à réparer, à rénover et à réassembler pour en fabriquer. L’approche consiste également à utiliser davantage de matières organiques (comme le bois dans la construction) qui font partie d’un cycle naturel. La conception circulaire peut s’appliquer à la fois aux biens de consommation et à l’industrie, et elle représente une énorme opportunité. Selon Accenture, l’économie circulaire pourrait générer jusqu’à 4.500 milliards de dollars de rendement économique supplémentaire3.
Les gouvernements manifestent un intérêt de plus en plus marqué. L’économie circulaire est un élément clé du Pacte vert pour l’Europe, avec des objectifs pour 2023, notamment des réglementations pour que les entreprises étayent leurs déclarations écologiques et des actions visant à réduire l’impact des microplastiques sur l’environnement4.
- L’ingénierie pharmaceutique
La mise au point de médicaments est un processus lent et coûteux, avec de faibles chances de réussite. Mais va peut-être changer grâce à l’informatique avancée ou advanced computing. DeepMind, l’unité d’IA d’Alphabet, est à l’origine d’une des avancées récentes les plus passionnantes du secteur de la santé. L’entreprise a réussi à développer une technologie qui permet de prédire la forme de n’importe quelle protéine dans le corps humain. Cette percée raccourcira peut-être la durée de mise au point de médicaments, la rendant moins chère et plus efficace. Alphabet et d’autres travaillent actuellement pour atteindre cet objectif. Selon Morgan Stanley, le marché pourrait représenter quelque 50 milliards de dollars au cours des dix prochaines années5.
- La lutte contre l’obésité
La prévalence de l’obésité dans le monde a triplé depuis 19756, et elle est aujourd’hui responsable d’environ 3 millions de décès par an. La Covid a fait prendre conscience de la façon dont le surpoids peut être la source de fragilités face à d’autres pathologies. On observe une volonté croissante, de la part des gouvernements et des citoyens, pour s’attaquer au problème. Cela coïncide avec le développement de nouveaux traitements. Un nouveau médicament potentiellement prometteur pour la perte de poids a récemment été approuvé aux Etats-Unis. Un autre devrait obtenir le feu vert en 2023. Selon Morgan Stanley, le marché mondial du traitement de l’obésité pourrait atteindre 54 milliards de dollars d’ici 2030, contre seulement 2,4 milliards de dollars en 2022. Les assureurs sont de plus en plus disposés à prendre en charge le traitement de l’obésité, et le public est de plus en plus enclin à payer de sa poche lorsque ce n’est pas couvert.
- L’apprentissage à vie
Les changements démographiques et technologiques modifient la société en profondeur. Par conséquent, l’apprentissage n’est plus l’apanage de l’école. De plus en plus de pays adoptent l’apprentissage à vie comme moyen de relever les défis associés à l’allongement de l’espérance de vie. La pandémie a incité de nombreuses personnes à reconsidérer leur vie et leur travail. La pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs a créé des opportunités pour l’arrivée de nouveaux actifs. En parallèle, l’amélioration de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, grâce au télétravail qui permet de gagner du temps sur les trajets domicile-travail, a dégagé des possibilités pour de nouveaux loisirs. L’acceptation croissante de l’apprentissage en ligne a rendu les études plus accessibles. Il n’est donc pas surprenant que 2023 soit l’«Année européenne des compétences», avec un investissement supplémentaire dans la formation et une volonté d’amener davantage de femmes à se tourner vers les sciences et la technologie.
[1] https://www.alixpartners.com/industries/automotive-industrial/
[2] https://www.goldmansachs.com/insights/pages/software-is-taking-over-the-auto-industry.html
[3] https://newsroom.accenture.com/news/the-circular-economy-could-unlock-4-5-trillion-of-economic-growth-finds-new-book-by-accenture.htm
[4] https://environment.ec.europa.eu/strategy/circular-economy-action-plan_en
[5] https://www.morganstanley.com/ideas/ai-drug-discovery
[6] https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight
Comprendre le code de la nature : la belle évolution dans les biotechnologies
Le 3 janvier 2023
L’innovation dans les biotechnologies nous a apporté la thérapie génique et les vaccins à ARN messager. Une nouvelle déferlante de découvertes alimentée par la technologie se profile à l’horizon. Les biotechnologies s’inspirent des systèmes et des organismes vivants pour innover et mettre au point de nouveaux produits bénéfiques à la santé humaine et à la durabilité environnementale. De la thérapie génique aux protéines alternatives, une meilleure compréhension de la biologie et une capacité accrue à l’influencer sont essentielles pour résoudre les défis du XXIème siècle.
Une analyse d’articles universitaires et de brevets, menée par Economist Impact, révèle une croissance constante de l’innovation en biotechnologie depuis les années 1970, avec une accélération marquée autour de l’an 2000.
Bien que la tendance semble avoir quelque peu ralenti ces dernières années, les avancées informatiques réduisent les obstacles vers les futures innovations, ce qui devrait provoquer un regain de la dynamique.
La double hélice
La fin des années 1960 a été une période faste pour ce champ de recherche après la découverte au milieu des années 1950 par Francis Crick et James Watson de la structure de l’ADN. Cela a déclenché une augmentation des innovations liées au code fondamental de la biologie. Les principales avancées incluent l’émergence de la réaction en chaîne par polymérase (PCR), développée par Kary Mullis en 1985, qui permet la réplication continue d’une section d’ADN. Combinant la chaleur et les enzymes, la PCR permet de reproduire à l’infini des gènes et des fragments de gènes, ce qui s’est avéré utile dans des activités telles que l’identification de bactéries et de virus.
Les années 1980 ont vu l’apparition de la terminologie liée à la thérapie génique, une hypothèse à l’époque, qui apportait l’espoir de réparer des gènes défectueux. Les gènes contiennent l’ADN qui contrôle la forme et les fonctions du corps. Ce domaine a mis des décennies pour atteindre sa maturité scientifique. De fait, la première génération de thérapies géniques ne fait que commencer aujourd’hui à faire son apparition sur le marché.
Les années 1990 ont vu le rythme des biotechnologies agricoles s’emballer à mesure que les cultures résistantes aux nuisibles étaient homologuées et adoptées dans les réglementations. En réalité, les humains modifient génétiquement les organismes depuis plus de 30.000 ans, des chiens élevés pour leur docilité à la reproduction sélective des cultures pour augmenter le rendement, ce qui explique l’apparition de grains de maïs d’une taille inhabituelle, de têtes de brocoli géantes et de pommes sucrées et juteuses. Les années 1990 ont vu l’industrialisation de la biotechnologie agricole, y compris les avancées controversées dans la modification génétique et, au milieu des années 1990, le premier clonage complet d’un animal adulte : un mouton appelé Dolly.
Boom de l’an 2000
Les innovations du secteur ont connu leur plus belle embellie à l’aube du nouveau millénaire, lorsque les progrès rapides dans le séquençage des gènes réalisés dans le cadre du Human Genome Project (HGP), achevé en 2003, ont posé les bases d’une renaissance de la biotechnologie.
Le HGP a cartographié et séquencé pour la première fois l’ADN humain. Ce faisant, il a révolutionné la microbiologie, la virologie, la biologie végétale et la recherche sur les maladies, et a établi des plateformes logicielles et de collaboration qui ont réduit le coût et la complexité du séquençage des gènes. Le coût de la «première ébauche» du génome humain était d’environ 300 millions de dollars1. Aujourd’hui, des plateformes telles que 23andMe proposent à n’importe qui de faire un test ADN pour moins de 200 dollars.
Une compréhension approfondie de la génétique humaine a des conséquences sur toutes les pathologies. La thérapie génique promet de corriger les erreurs génétiques qui provoquent des maladies graves et invalidantes telles que l’adrénoleucodystrophie (ALD) et l’amyotrophie spinale, qui sont généralement le résultat d’un petit nombre d’erreurs génétiques que l’on peut corriger. La méthodologie d’édition des gènes humains, CRISPR-Cas9, peut être utilisée pour la fibrose kystique, l’hémophilie et la drépanocytose ainsi que pour des pathologies plus complexes telles que le cancer. CRISPR est le deuxième concept d’innovation le plus breveté de 2000 à nos jours.
Il a par ailleurs identifié un déplacement géographique significatif de l’innovation. Ainsi, l’Europe du Nord et les États-Unis étaient les principaux moteurs de l’innovation en matière de brevets des années 1960 au milieu des années 1990, mais l’Asie de l’Est – notamment la Chine et le Japon – a augmenté considérablement sa contribution depuis le début des années 2000.
Expansion fulgurante des biotechnologies
Un vent d’optimisme souffle pour l’avenir. Nous sommes peut-être à l’aube d’un nouveau chapitre dans l’innovation biotechnologique avec le mariage du calcul de haute performance et de l’intelligence artificielle (IA).
DeepMind, une entreprise britannique spécialisée dans l’IA et détenue par la société mère de Google, Alphabet, a récemment signalé que sa plateforme AlphaFold pouvait prédire la structure des protéines. Pendant des décennies, le processus par lequel les protéines se transforment de chaînes de composés chimiques en structures tridimensionnelles est resté un mystère pour les scientifiques. Le modèle de DeepMind, quant à lui, est capable d’identifier la forme d’une protéine en quelques jours, plutôt qu’en quelques années, comme c’était le cas auparavant. Presque toutes les maladies peuvent bénéficier d’une meilleure compréhension des fonctions de ces éléments constitutifs de la vie.
Arnaud de la Tour, cofondateur et vice-président de Hello Tomorrow, un réseau de technologies de pointe pour les investisseurs, les start-ups et les entreprises, estime qu’AlphaFold est une étape importante dans «la convergence de la biologie avec la robotique et l’intelligence artificielle».
« Même si vous ne savez pas coder, vous avez les éléments pour mettre au point une application. La création d’une nouvelle souche de levure ou de bactéries sera à portée de tout le monde. C’est aussi un peu effrayant, il faut donc créer un cadre réglementaire », explique-t-il.
Un deuxième changement important aujourd’hui, selon De la Tour, est la démocratisation de l’innovation biotechnologique, car les progrès en matière d’informatique, de logiciels et d’automatisation font tomber les barrières à l’entrée. Par exemple, l’entreprise parisienne DNA Script a inventé la première imprimante enzymatique d’ADN, qui permettra aux scientifiques de développer des molécules ou des brins d’ADN à la demande. À mesure que les biotechnologies passeront des soins de santé vers des domaines tels que les protéines et les vêtements alternatifs, ils attireront également davantage de start-ups et d’acteurs non traditionnels qui disposent rarement des capitaux et du temps pour soumettre leurs idées aux essais cliniques nécessaires en médecine humaine.
Les obligations séduisent à nouveau !
Le 12 décembre 2022
Les rendements réels ont augmenté dans toutes les catégories de titres obligataires, ce qui ouvre des opportunités que les investisseurs n’avaient plus vues depuis de nombreuses années.
La renaissance des obligations
Les obligations connaissent une véritable renaissance. Les investisseurs sont de plus en plus indemnisés pour le risque, voire, dans certains cas, récompensés. C’est un changement extraordinaire. Depuis ces dix dernières années au moins, les cours des obligations avaient atteint des niveaux intenables.
Par exemple, les taux réels à 10 ans aux États-Unis sont passés de -1% à 1,5% en quelques mois. Des fluctuations d’une telle ampleur sont des événements auxquels on n’assiste qu’une fois par génération. Et elles ont été encore plus fortes ailleurs. Au Royaume-Uni, par exemple, les taux réels sont passés de -2% à 2%. Dans l’histoire moderne de l’investissement, la perspective de profiter de taux réels de 2% sur les marchés obligataires développés a toujours été attrayante.
Ces rendements réels ouvrent la voie à une oasis qui regorge d’eau fraîche et cristalline au bout de ce qui n’a longtemps été qu’un désert impitoyable. Nous nous retournerons sans doute avec étonnement sur la période qui a vu les trois quarts des obligations souveraines émises par les pays les plus riches afficher des rendements nominaux négatifs.
Bien sûr, la prudence est de mise compte tenu des bouleversements géopolitiques et macroéconomiques. Les investisseurs devraient probablement revenir vers les obligations sans précipitation plutôt que d’y plonger la tête la première. Et ils doivent être sélectifs. Pourtant, si certaines parties de l’univers obligataire restent la chasse gardée d’investisseurs aventureux, il est aujourd’hui plus facile d’envisager le moment où elles recèleront également des opportunités d’investissement attrayantes à long terme.
Élevés pour longtemps
L’une des raisons qui poussent à la prudence est liée au fait que, même si, à certains égards, l’inflation semble ralentir, il est peu probable qu’elle chute aussi vite que ce que les banquiers centraux avaient prévu il y a un an. C’est pourquoi il est encore prématuré de crier victoire dans la guerre contre l’inflation.
Les banques centrales risquent donc à présent de maintenir des taux élevés pour longtemps. Toutefois, nous ne revivrons probablement pas en miroir la situation des taux bas qui a persisté pendant environ une décennie après la crise financière mondiale commencée en 2008. Cela dit, nous devrons encore subir une longue période de taux inconfortablement élevés avant que l’inflation ne retrouve les fourchettes cibles initiales des banques centrales (environ 2% dans la majeure partie des pays développés).
Pour l’instant, les marchés semblent plutôt tabler sur un dépassement des taux d’intérêt. Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a récemment fait l’éloge de son très agressif prédécesseur Paul Volcker, qui est surtout connu pour avoir fini par surmonter le dernier grand épisode inflationniste américain de la fin des années 1970 et du début des années 1980. Cela laisse entendre que nous allons de plus en plus pencher vers un resserrement excessif plutôt que vers une dilution progressive des mesures politiques avant leur maîtrise totale de l’inflation. En effet, la nouvelle norme pour les réunions de politique semble être une hausse de 75 points de base des taux.
Dès lors, les marchés tablent sur un maximum d’environ 5% pour les fonds fédéraux, qui sera atteint au cours du premier semestre 2023, suivi peu de temps après par un retour à l’assouplissement monétaire.
C’est apparemment une lecture trop optimiste de la rapidité avec laquelle l’inflation devrait retrouver l’objectif de la banque centrale, compte tenu des pressions persistantes sur les prix et d’un marché du travail tendu.
Nous vous attendions, Monsieur Bond
Qu’en est-il des investisseurs? Historiquement, cette phase du cycle économique où les taux d’intérêt sont toujours en hausse, mais où l’inflation montre des signes de stabilisation a tendance à bénéficier en premier lieu à la dette souveraine des pays développés. L’attrait de ces obligations dépendra des rendements réels, de la valorisation relative de la devise concernée et du degré de vulnérabilité du marché face aux fuites de capitaux.
On peut penser que les rendements des bons du Trésor américain s’approchent rapidement de leur niveau de valorisation correct, en particulier sur la première partie de la courbe. D’autres banques centrales du G10 sont en retard dans leur cycle de resserrement par rapport à la Fed. Dans l’ensemble, néanmoins, leurs marchés obligataires nationaux devraient également atteindre leur juste valeur au cours des prochains trimestres.
Qui plus est, les investisseurs disposent d’une marge de sécurité importante. Les rendements ont suffisamment augmenté pour que les investisseurs puissent supporter des chutes significatives des cours des obligations tout en générant encore des performances positives ajustées de l’inflation
Rester conscients du risque
Il est encore tôt, mais les marchés obligataires sont plus attrayants pour les investisseurs qu’ils ne l’ont été depuis des années, voire des décennies. La volatilité et les risques de stagflation généralisée continuent de menacer tous les actifs risqués. On ne peut pas non plus écarter la possibilité que les décideurs politiques fassent s’enrayer la machine. Cependant, les risques que les investisseurs subissent sont aujourd’hui rémunérés, voire récompensés.
Biodiversité : pourquoi les investisseurs devraient s’y intéresser
Par Pictet AM
Le 15 novembre 2022
Ces 30 dernières années ont vu une amélioration de la prospérité humaine plus importante que tous les siècles passés réunis.
Nous avons construit plus de routes, de bâtiments et de machines que jamais auparavant. Les gens vivent plus longtemps et en meilleure santé, et l’accès à l’éducation n’a jamais été aussi facile. Le PIB moyen par habitant a été multiplié par 15 depuis 1820. Plus de 95 % des nouveau-nés atteignent aujourd’hui leur 15ème anniversaire, alors qu’ils n’étaient qu’un sur trois au XIXème siècle[1]. L’homme conduit des espèces animales et végétales à l’extinction et détruit leurs habitats pour nourrir une population en constante augmentation. Et, depuis quelques décennies, les hommes consomment plus de ressources naturelles que la Terre ne peut en reconstituer naturellement sur une période de 12 mois, réduisant ainsi ce qui est disponible pour les générations futures[2].
Le rôle des régulateurs
Pour mettre fin à cette relation non durable, il faut mieux comprendre l’impact de la biosphère sur le bien-être humain et sa contribution à la croissance économique. Les décideurs politiques considèrent désormais la protection de la biodiversité comme une priorité aussi urgente que l’arrêt du réchauffement climatique.
Alors que la biodiversité rivalise avec le changement climatique en tant que préoccupation environnementale la plus pressante, les régulateurs et les décideurs politiques sont susceptibles d’introduire davantage de taxes, de permis et de compensations liés à la biodiversité, et d’intégrer le capital naturel dans les statistiques économiques nationales telles que le PIB. En comprenant les différentes menaces que la perte de biodiversité fait peser sur les entreprises, les investisseurs peuvent commencer à évaluer correctement ces risques, identifier les lacunes du cadre ESG actuel et découvrir de nouvelles façons d’investir dans le capital naturel.
Le rôle du secteur financier
Mais ces efforts ne doivent pas se limiter à l’arène politique. Le secteur financier doit lui aussi jouer un rôle plus actif. En tant que gestionnaire du capital mondial, il est particulièrement bien placé pour aider à construire une économie qui fonctionne avec, et non contre, la nature.
Il peut faciliter une transition positive pour la nature, en transformant la manière dont il alloue le capital et en développant de nouveaux modèles pour évaluer plus précisément les risques et les opportunités liés à la biodiversité.
Il convient de noter qu’en canalisant les investissements vers des entreprises développant des technologies et des services environnementaux avancés, le secteur financier a contribué à améliorer l’efficacité dans tous les domaines, de l’utilisation de l’énergie à l’agriculture, en passant par le commerce et les transports.
Par exemple, grâce au développement de l’agri-technologie, le monde peut produire presque trois fois plus de céréales à partir d’une terre donnée qu’en 1961[3].
Le taux d’amélioration du rendement céréalier moyen a dépassé celui de la croissance démographique. Cependant, la majeure partie des investissements traditionnels va aux activités économiques en place qui causent des dommages environnementaux et sociaux.
Le secteur financier doit donc contribuer à l’effort mondial visant à réduire les dommages, tout en favorisant le rétablissement de la nature.
Comment financer la biodiversité ?
Même si les entreprises et les investisseurs parviennent à mieux comprendre comment ils influencent et sont influencés par la perte de biodiversité, ces efforts n’aboutiront à rien sans une révolution des capitaux liés à la biodiversité.
Historiquement, le financement de la biodiversité a eu tendance à se concentrer sur la collecte de fonds pour les activités de conservation. Plus récemment, cependant, on a assisté à une augmentation constante des investissements dans la biodiversité et le capital naturel, y compris les titres qui visent explicitement à minimiser la perte de biodiversité et à capitaliser sur le potentiel de croissance du capital à long terme.
Des fonds investissant dans des entreprises spécialisées dans la restauration de la biodiversité et les services écosystémiques ont été lancés à grand renfort de publicité ces deux dernières années, neuf fonds sur onze ayant fait leurs débuts depuis 2020. Les actifs sous gestion dans ce groupe ont plus que doublé pour atteindre 1,3 milliard de dollars, contre seulement 525 millions de dollars au début de la décennie[4].
La transformation de l’alimentation et de l’utilisation des terres actuelles en faveur de pratiques régénératives a le potentiel de créer un marché de la biodiversité et de la nature d’une valeur de 4 500 milliards de dollars d’ici 2030.
Les fonds qui investissent dans la biodiversité et le capital naturel ont pour objectif de contribuer à l’intégration de pratiques commerciales plus durables et régénératrices dans toute une chaîne de valeur, impliquant des secteurs tels que l’agriculture, la sylviculture, les technologies de l’information, la pêche, les matériaux, l’immobilier, la consommation discrétionnaire et les produits de base, les services publics et les produits pharmaceutiques.
L’OCDE estime que les investissements visant à protéger la biodiversité s’élèvent à moins de 100 milliards de dollars par an. C’est une somme dérisoire, surtout si on la compare à ce qu’attire le changement climatique (632 milliards de dollars).
Un rapport de 2019 de la Coalition pour l’alimentation et l’utilisation des terres[5], par exemple, a constaté que les efforts visant à transformer l’alimentation et l’utilisation des terres actuelles en faveur de pratiques régénératives, productives et circulaires ouvriront de nouvelles chaînes de valeur et de nouveaux modèles commerciaux. Le rapport estime que cette transformation a le potentiel de créer un marché de la biodiversité et de la nature d’une valeur de 4.500 milliards de dollars d’ici 2030.
[1] Our World in Data, accessed at 14.10.2022
[2] Global Footprint Network, accessed at 14.10.2022
[3] Our World in Data
[4] Source: Broadridge and Pictet Asset Management, data as of 31.07.2022
[5] Source: Food and Land Use Coalition, September 2019, https://www.foodandlandusecoalition.org/wp-content/uploads/2019/09/FOLU-GrowingBetter-GlobalReport.pdf
Qu’est-ce que la finance à impact ?
Le 1er eptembre 2022
Changer le monde ! La promesse de la finance à impact séduit de plus en plus d’investisseurs. La récente définition proposée par la Place de Paris a vocation à faire rayonner la vision française de la finance à impact dans un marché en plein développement et encore peu normé.
Rechercher simultanément la rentabilité économique et une action positive et mesurable dans le champ social et environnemental : tels sont les objectifs ambitieux de la finance à impact.
La finance à impact, un marché encore jeune
La finance à impact est née dans les années 2000 aux États-Unis. Cette stratégie d’investissement a pour objectif d’accélérer la transformation juste et durable de l’économie réelle. Elle veut apporter la preuve de ses effets bénéfiques et le marché mondial de l’investissement à impact s’avère en plein développement. Il compte 715 milliards de dollars d’encours gérés en 2020 par plus de 1720 investisseurs1. En 10 ans ces actifs sous gestion ont enregistré une progression de +42%2.
En France, le marché de la finance à impact est encore peu mature. Il représente seulement 4 milliards d’euros d’encours3. En comparaison, les fonds labellisés ISR (Investissement Socialement Responsable) dont l’objectif «moins exigeant» est d’obtenir un rendement en sélectionnant des entreprises sur la base de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) représentent 469 milliards d’euros d’encours4.
L’investissement à impact rencontre un intérêt croissant et la France ambitionne de tenir une place de tout premier plan sur ce marché de la finance durable. En effet, le Gouvernement veut faire de Paris la première place de la finance à impact, même si aucun calendrier n’a été communiqué sur cette question.
Une nouvelle définition de la finance à impact
Sous l’égide de «Finance for Tomorrow», la branche de Paris Europlace dédiée au secteur, plus de 80 institutions se sont réunies en mars 2021. Elles ont formé un groupe de travail destiné à promouvoir et développer la finance à impact. Leurs premiers travaux ont permis d’aboutir à une nouvelle définition de la finance à impact destinée à faire rayonner la vision française de l’investissement à impact.
Cette définition repose sur trois piliers: l’intentionnalité, l’additionnalité et la mesure. L’intentionnalité correspond à la volonté de l’investisseur de générer un impact social et/ou environnemental positif mesurable. L’additionnalité correspond à la contribution concrète de l’investissement à impact. La mesure correspond quant à elle à l’évaluation de cette contribution positive.
Les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) adoptés par les Nations Unies
L’investissement à impact s’inscrit dans le cadre du programme universel pour le développement durable à l’horizon 2030 dressé par les Nations Unies. Cet «Agenda 2030» dresse 17 priorités environnementales, sociales et économiques, dits les Objectifs de Développement Durable (ODD) à atteindre pour parvenir à un monde meilleur et durable pour tous. Issus de la Conférence de Rio sur le développement durable en 2012, ces ODD constituent un cadre commun d’action à tous les acteurs de la finance à impact.
Les 8 principaux ODD ciblés par le secteur de la finance à impact sont les suivants:
- Travail décent et croissance économique
- Éradication de la pauvreté
- Santé et bien-être des populations et des travailleurs
- Réduction des inégalités
- Accès à une énergie propre et d’un coût abordable
- Égalité entre les sexes
- Villes et communautés durables
- Lutte contre les changements climatiques
Certains ODD sociétaux ne font pas encore partie des priorités ciblées par les investissements à impact même s’ils ont une importance fondamentale. Notamment l’ODD numéro 4 prônant pourtant l’accès à une éducation de qualité pour tous.
Le 24 janvier 2022, la journée internationale de l’éducation est venue rappeler le rôle essentiel de l’éducation des enfants et des jeunes dans la construction de sociétés durables et résilientes. Un challenge à relever pour les acteurs de la finance à impact social d’ici 2030, conformément à l’agenda que s’est fixé l’ONU en 2015.
L’essentiel à retenir
- Le marché de la finance à impact en est encore récent et peu mature.
- La France veut faire de Paris la première place de la finance à impact.
- La finance à impact repose sur trois piliers l’intentionnalité, l’additionnalité et la mesure.
[1] Baromètre de la finance à impact, Convergences, octobre 2021.
[2] Annual Investor Survey, GIIN, 2020.
[3] Direction générale du Trésor, https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2021/03/24/zoom-sur-la-finance-a-impact
[4] Zoom sur la finance à impact, Direction Générale du Trésor, mars 2021.
La finance durable : aussi sur le marché obligataire
1er août 2022
Les émetteurs publics et privés ont désormais recours aux obligations vertes et/ou sociales. En effet, les engagements mondiaux pour améliorer l’impact environnemental de nos habitudes de consommation touchent aussi les marchés financiers. Il s’agit notamment de financer les besoins engendrés par la crise sanitaire de la Covid-19 et la transition énergétique.
D’ici 2025, les émissions d’obligations mondiales labellisées sur la base de critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) vont se développer. Elles pourraient atteindre 4.500 milliards de dollars par an.
Les marchés obligataires en pleine mutation
Ces chiffres sont tirés de l’étude publiée par Pictet Asset Management et l’Institut de la finance internationale en janvier 2022. Ils sont annonciateurs d’une véritable révolution à l’horizon des 5 à 10 prochaines années. Actuellement, les placements ESG sont surtout liés à des investissements en actions. Cependant, la contribution des investissements en obligations apparaît comme une nécessité pour promouvoir le développement durable. En effet, les capitaux requis chaque année pour, notamment, limiter le réchauffement climatique sont évalués à près de 4.000 milliards de dollars.
Les obligations à finalité durable
Les obligations ESG (ou durables) sont nées avec les obligations vertes, ou «green bonds», destinées à financer des projets ayant un impact environnemental positif. En 2007, la Banque européenne d’investissement a émis la première obligation verte au monde, suivie, en 2008, par la Banque mondiale. La France a longtemps été le premier pays émetteur d’obligations vertes en Europe, mais depuis, de nombreux États lui ont emboité le pas.
Il faut désormais compter avec les «social bonds» et les «sustainability bonds». Les premiers financent des projets ayant des résultats positifs sur la santé, l’emploi, la précarité…, les seconds financent des projets sociaux et des projets verts. Par ailleurs, le taux d’intérêt des «sustainability linked bonds» varie selon l’atteinte (ou non) de ses objectifs ESG.
Des obligations pour couvrir les besoins de la crise sanitaire
Depuis la crise sanitaire, les emprunts d’États ont massivement recours aux obligations pour financer des programmes d’investissements verts et sociaux. Dans son plan de relance et d’investissement Next GenerationEU de 750 milliards d’euros adopté en juillet 2020, l’Union européenne a émis une première série d’obligations sociales SURE (Support to mitigate Unemployment Risks in an Emergency) pour 100 milliards d’euros.
De janvier 2020 à janvier 2021, les émissions d’obligations sociales, privées comme publiques, ont bondi de 720% dans le monde. Ainsi, selon le rapport de BloombergNEF publié en janvier 2021, elles représentent 147,7 milliards de dollars, dont 42% réalisées en Europe. En France en 2020, par exemple, la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades) a émis pour 23 milliards d’euros d’obligations sociales, et l’Unedic, le régime d’assurance-chômage, 17 milliards.
Financer le développement durable grâce aux obligations
La tendance s’est considérablement accélérée en 2021 sous la pression de la COP26 et des engagements des acteurs de la finance en matière de finance durable. Celle-ci a provoqué un déferlement d’obligations durables. Elles ont presque doublé en 2021. Elles atteignent 800 milliards d’euros et les prévisions tablent sur une croissance de 50% en 2022.
Selon l’étude menée par Pictet Asset Management et l’Institut de la finance internationale, les emprunts liés au développement durable devraient occuper une place croissante sur les marchés de la dette émergente souveraine et du crédit. Ainsi, le volume d’émissions d’obligations ESG sur les marchés émergents devrait passer d’environ 50 milliards de dollars par an en 2020 à 360 milliards d’ici 2023.
L’essentiel à retenir
- Les placements ESG se font essentiellement en actions, mais la contribution des obligations apparaît nécessaire.
- En 2025, les émissions d’obligations durables pourraient atteindre 4.500 milliards de dollars par an.
- La crise sanitaire et la COP26 ont accéléré l’essor de ces obligations.
L’eau : investir pour préserver cette ressource qui vient à manquer
Le 7 juillet 2022
Les ressources en eau douce, pourtant essentielles à notre survie, sont menacées
En avril 2022, une nouvelle alerte a été donnée par les scientifiques sur l’état du stock mondial d’eau douce. En effet, essentielles à la sauvegarde de nos écosystèmes, ces réserves s’amenuisent, déstabilisant l’équilibre de la planète acquis depuis le début de l’Holocène, il y 10.000 ans. Pour tenir compte de cet état d’urgence, la finance durable participe à la préservation de ces ressources.
Le cycle de l’eau douce est menacé
Le cycle de l’eau douce fait partie des neufs seuils, définis en 2009 par le Stockholm Resilience Centre, au-delà desquels l’humanité risque de compromettre ses conditions de vie sur Terre. En avril 2022, ce seuil a été franchi. C’est la sixième limite planétaire atteinte, après le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, les perturbations globales du cycle de l’azote et du phosphore, l’usage des sols et la pollution chimique.
Aujourd’hui, seules trois limites planétaires n’ont pas encore été franchies d’après les chercheurs du Stockholm Resilience Centre (l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère, la diminution de la couche d’ozone et l’acidification des océans). Pourtant, chacune d’entre elles risque de déclencher des réactions en chaîne potentiellement irréversibles. La viabilité de notre environnement est remise en question de plus en plus sérieusement. Pour les ressources en eau douce, l’enjeu est particulièrement vital. La population mondiale continue d’augmenter et avec elle, ses besoins en eau.
Un nouveau calcul pour le cycle de l’eau douce
Les scientifiques ont affiné leur méthode de calcul permettant de calculer la limite du cycle de l’eau. En 2009, ils se contentaient de prendre en compte l’eau bleue, c’est à dire l’eau issue des précipitations atmosphériques et s’écoulant vers les cours d’eau, les lacs… Dans leurs nouveaux modes de calculs, publiés en avril 2022, l’eau verte est également prise en compte. Il s’agit de l’eau douce retenue par les racines des plantes et permettant d’assurer l’humidité des sols. Le rôle de l’eau verte est essentiel pour garantir la résilience de la biosphère et réguler la circulation atmosphérique.
Franchie en 2022, la limite du cycle de l’eau douce marque, selon les chercheurs, l’approche d’un point de bascule où les grandes forêts tropicales du Congo ou de l’Amazonie pourraient laisser place à des étendues arides. L’agriculture intensive, la déforestation et le dérèglement climatique sont en partie à l’origine de cet assèchement des sols. Ce phénomène planétaire d’aridification laisse également entrevoir des effets désastreux sur la biodiversité en eau douce.
Investir dans l’eau pour donner du sens à son épargne
Les épargnants, désireux d’agir pour préserver l’environnement naturel et pérenniser les ressources en eau, peuvent se tourner vers les solutions d’investissement responsable. En choisissant des placements durables, ils privilégient des solutions développées en accord avec l’Objectif de Développement Durable (ODD) n°6 de l’Organisation des Nations Unies. Cet ODD vise notamment à garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous. L’ambition étant de réussir à pérenniser une gestion durable des ressources en eau au plus tard en 2030. La finance a un rôle clé à jouer dans la redirection des flux financiers nécessaires à la réalisation de ces ambitions mondiales.
Les investisseurs peuvent aussi se tourner vers des fonds thématiques spécialisés dans l’eau. Ces fonds regroupent des entreprises innovantes dans la chaîne logistique de l’approvisionnement en eau (approvisionnement en eau potable, constructions de puits, stations de pompage, solutions d’assainissement, retraitement des eaux usées…). Au regard de la demande exponentielle en eau, et de la raréfaction de cette ressource unique, l’OCDE estime qu’il faudra dépenser 1.000 milliards de dollars par an d’ici à 2030, contre 600 milliards de dollars actuellement, pour garantir un accès universel à l’eau et à l’assainissement de base. L’économie de tels investissements est potentiellement attrayante pour les acteurs publics et privés.
L’essentiel à retenir
- En avril 2022, le cycle de l’eau douce est devenu la sixième limite planétaire franchie
- À l’échelle planétaire la terre s’assèche et de grandes forêts tropicales, essentielles aux écosystèmes, pourraient disparaître.
- Investir dans des technologies et des infrastructures liées à l’eau permet de donner du sens à son épargne.
Biodiversité : Les investisseurs sont aussi des acteurs !
Le 7 juin 2022
Le seuil d’alerte pour la préservation de la biodiversité a été franchi. Au-delà des conséquences sur nos conditions de vie, cela représente aussi une menace pour la stabilité financière. Les acteurs de la finance commencent donc à se mobiliser pour protéger la biodiversité.
Vérifier l’empreinte climat de son investissement est insuffisant pour investir responsable. Pour s’assurer de la durabilité de ses choix patrimoniaux, la biodiversité doit également entrer en ligne de compte.
La biodiversité, une des neuf limites planétaires
La biodiversité correspond à la richesse des espèces et à leur nombre en un lieu donné. En 2009, le « Stockholm Resilience Centre » a défini les « neuf limites planétaires », des seuils à ne pas dépasser par l’humanité si l’on ne veut pas compromettre nos conditions de vie sur terre. Selon ce cadre d’analyse, le seuil d’extinction des espèces animales et végétales au-delà duquel nous risquons de devoir faire face à un changement d’état de l’écosystème planétaire est considéré comme dépassé depuis cette date.
La pandémie a rappelé l’un des nombreux effets délétères de la disparition progressive de la biodiversité. Elle participe notamment à l’augmentation des zoonoses représentant un enjeu croissant de santé publique à l’échelon mondial.
À savoir : À titre de comparaison, le seuil limite, avant de faire face à un changement d’état de l’écosystème, n’est pas encore considéré comme atteint pour le dérèglement climatique.
La France, réservoir de 10% de la biodiversité
La France héberge environ 10% de la biodiversité mondiale. Selon l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), elle abrite plus de 21.000 espèces endémiques, principalement en outre-mer. Or, selon les chiffres du ministère de l’Écologie, la France figure parmi les dix pays abritant le plus grand nombre d’espèces menacées à l’échelle mondiale (1.301 espèces). Cela représente 14% des mammifères, 24% des reptiles, 23% des amphibiens, 32% des oiseaux nicheurs et 19% des poissons d’eau douce.
Ce phénomène est mondial et on parle désormais de la sixième extinction de masse. Pour l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), les activités humaines ont causé la destruction de 892 espèces au cours des cinq derniers siècles. Les États se mobilisent pour contrer ce phénomène. La COP15 définira un nouveau cadre mondial pour avancer sur la voie de la régénération.
La mobilisation des acteurs de la finance
Les acteurs de la finance intègrent peu à peu l’impact et la dépendance de leurs investissements aux dimensions environnementales et, de ce fait, à la préservation de la biodiversité. L’article 173 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte d’août 2015 a mis en place, à la charge des investisseurs, une obligation légale de reporting sur la prise en compte des risques climatiques dans leur stratégie d’investissement et leur gestion des risques. En 2019, la loi énergie-climat a élargi cette obligation à la préservation de la biodiversité, signe de l’ambition forte de la place de Paris en faveur de la biodiversité.
Un enjeu de taille, puisque d’après les chiffres du FMI, les activités économiques dépendantes de la biodiversité représentent 44.000 milliards de dollars soit plus de la moitié du PIB mondial. Selon une étude exploratoire de la Banque de France, plus de 40% des actifs détenus par les institutions financières françaises sont directement affectés par l’érosion de la biodiversité, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la stabilité financière.
L’essentiel à retenir
- Le seuil de risque en matière de biodiversité est franchi, un risque majeur pour notre vie sur Terre.
- Avec la COP15 sur la biodiversité en avril 2022, ce sujet est inscrit à l’agenda international.
- Les investisseurs et les sociétés de gestion se sont emparés de cette thématique.
Investissements alternatifs: de quoi s’agit-il?
Le 3 mai 2022
Il existe des classes d’actifs alternatives aux obligations et aux actions classiques. Il s’agit des fonds spéculatifs, du capital-investissement ou de l’immobilier, par exemple. Découvrons les avantages et les inconvénients de ces instruments.
Les actions, les obligations ou les fonds communs de placement ne sont pas les seules options d’investissement qui s’offrent à tous. D’autres choix permettent une bonne diversification du portefeuille, notamment pour les investisseurs à hauts revenus ou les investisseurs institutionnels. Différents types d’investissements alternatifs peuvent satisfaire tous les profils et tous les besoins, mais seulement sous certaines conditions. Découvrons-les.
De quoi parle-ton ?
La catégorie des investissements alternatifs recouvre les fonds spéculatifs, le capital-investissement, le capital-risque, l’immobilier et les matières premières, mais aussi des produits exclusifs tels que les œuvres d’art, les timbres et les alcools haut de gamme, pour ne citer que quelques exemples.
Autrement dit, tous les actifs qui diffèrent des méthodes plus classiques en termes de liquidité, de complexité et de stratégies de gestion. Une précision sur ce dernier point en particulier s’impose : étant donné qu’il s’agit d’une activité compliquée, très volatile et à haut risque, une gestion active est nécessaire pour suivre leurs performances en permanence, et ce, afin de prendre des mesures correctives si nécessaire. Par conséquent, des frais importants doivent être consentis en faveur des professionnels disposant de l’expertise nécessaire à la gestion de ces instruments.
Pourquoi envisager un investissement alternatif ?
Comme évoqué précédemment, les investissements alternatifs sont d’excellentes ressources pour diversifier son portefeuille, même s’ils sont moins réglementés que les actifs traditionnels. Du fait de leur faible corrélation avec les marchés traditionnels et leurs instruments, les investissements alternatifs sont moins influencés par les risques systémiques inhérents aux marchés. Dès lors, étant donné qu’ils présentent également un potentiel de rendement plus élevé que les investissements standard, les investissements alternatifs présentent des avantages indéniables sur le plan de la diversification.
En revanche, il convient de les manier avec précaution si l’on souhaite les intégrer aux classes d’actifs «standard», en particulier si l’on n’est pas un investisseur à revenu élevé ou très élevé, car ils présentent inévitablement des risques plus importants. Si une action ou une obligation est peu performante, un fonds spéculatif ou de capital-investissement peut compenser ces pertes sur le long terme.
Un investissement qui ne convient pas à tout le monde
Il convient de souligner que la nature même de ces actifs implique un faible niveau d’échange et donc de faibles volumes. Ceci provient principalement du fait qu’il n’existe pas de marché public les régulant et que les personnes alimentant le marché privé sont peu nombreuses à travers le monde. Du moins pas aussi nombreuses que pour les actions et les obligations. Ainsi, l’acheteur doit tenir compte d’un certain délai pour être en mesure de les vendre, à l’instar de ce qui se passe dans le secteur de l’immobilier. Ce faible volume d’échanges se traduit par une difficulté à obtenir des données, des prospectus, des analyses, des tendances historiques et des informations sur les investissements alternatifs.
Le potentiel émergent de l’eau
Le 4 avril 2022
Les entreprises privées ont un rôle clé à jouer dans l’amélioration de l’accès et le traitement de l’eau dans les pays émergents. Les investisseurs peuvent tirer parti de ce secteur de croissance. L’accès à l’eau est une problématique de plus en plus pressante, les ressources s’amenuisent tandis que la demande en eau potable et en solutions d’assainissement augmente. Selon l’ONU, seulement un tiers des pays du monde disposera de ressources en eau gérées de manière durable d’ici à 2030.1
Urgence d’investir dans ce secteur
Bien que le monde développé soit loin d’être immunisé, le problème est manifestement plus urgent dans les pays en voie de développement. En Amérique du Nord et en Europe, 96% de la population a accès à l’eau potable. Ce chiffre tombe à 75% en Amérique latine et dans les Caraïbes, à 62% en Asie centrale et du Sud et à seulement 30% en Afrique subsaharienne.2
La bonne nouvelle est que les investissements privés dans les ressources en eau augmentent dans les pays émergents.
Fig. 1 – Le besoin en eau
Utilisation mondiale d’eau douce (agriculture, industrie et ménages), billions de mètres cubes
Source: Global International Geosphere-Biosphere Programme (IGB), Our World in Data. Data covering period 01.01.1901-31.12.2014.
Des recherches montrent que la participation du secteur privé (PSP) dans le secteur de l’eau concerne désormais 21% de la population mondiale, contre 8% il y a vingt ans. Cette activité est vitale car les gouvernements sont de moins en moins en mesure de fournir les investissements nécessaires en raison de budgets serrés et d’infrastructures vieillissantes.
Une contribution nécessaire du secteur privé
Les investissements les plus notables ont été enregistrés sur les marchés émergents asiatiques. En Inde, par exemple, il y a 20 ans le secteur privé n’était pratiquement pas impliqué dans la gestion de l’eau et de l’assainissement. Aujourd’hui, il couvre les besoins en eau d’environ 150 millions de personnes, ce qui témoigne des efforts coordonnés du gouvernement et des institutions financières multilatérales. La Chine a également connu une très forte croissance de ses investissements privés. En dehors de l’Asie, c’est le Brésil et la Colombie se distinguent particulièrement.
La croissance des investissements a été particulièrement élevée dans le secteur des eaux usées – un domaine politiquement moins sensible que celui de l’accès à l’eau potable, mais néanmoins crucial pour notre bien-être et pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. L’ODD 6 prévoit l’accès universel à l’eau et aux solutions d’assainissement, ainsi que la réduction de moitié des rejets d’eau non-traitée et une plus grande efficacité dans l’utilisation de l’eau.
Importance des acteurs locaux
Nombre de ces initiatives privées ont en commun le fait qu’elles impliquent les compagnies des eaux régionales et locales. C’est un changement remarquable dans un secteur historiquement dominé par des mastodontes comme Veolia et Suez. Alors qu’entre 1991 et 2000, la moitié des contrats privés de traitement des eaux étaient attribués à des acteurs internationaux, cette proportion est tombée à 14% seulement au cours de la dernière décennie.
Le développement des relations internationales représente un réel potentiel de croissance pour les entreprises locales du secteur de l’eau. Cela se produit déjà en Asie du Sud-Est, avec de nombreuses entreprises de traitement d’eau basées à Singapour qui se développent en Chine et des entreprises malaisiennes en Indonésie.
Les populations augmentent, l’urbanisation progresse et les gens deviennent de plus en plus riches, ce qui entraîne une augmentation de la demande en eau, en solutions de traitement et d’assainissement et un besoin accru d’investissements. D’ici 2030, 400 à 500 millions de personnes supplémentaires seront couvertes par la PSP pour l’eau et « l’assainissement ».
[1] https://unstats.un.org/sdgs/report/2021/
[2] Our World in Data, WHO/UNICEF Joint Monitoring Programme for Water Supply and Sanitation, data for 2020.
Comment les progrès dans le secteur de la santé vont-ils s’accélérer ?
Le 9 mars 2022
L’intelligence artificielle peut accélérer et réduire le coût de la découverte et du développement des médicaments. Qu’il s’agisse de détecter des tendances dans des masses de données pour identifier de nouveaux médicaments ou améliorer ceux qui existent déjà, ou de rationaliser le recrutement de testeurs et le processus de test lui-même, l’intelligence artificielle fait des vagues dans l’industrie pharmaceutique.
Loi d’Eroom
Cette injection d’énergie est cruciale, car sans elle, le secteur est en difficulté. Depuis les années 1950, le nombre de nouveaux médicaments approuvés, par milliard de dollars dépensé en recherche et développement (R&D), a diminué de moitié à peu près tous les neuf ans. Dans l’industrie pharmaceutique, ce phénomène est connu sous le nom de la « loi d’Eroom ». C’est l’exact opposé de la « loi de Moore », qui a observé que le nombre de transistors pouvant être installés sur une surface de silicium donnée double tous les deux ans. La baisse du rendement de la R&D dans l’industrie pharmaceutique a donc rendu les entreprises plus frileuses et moins enclines à rechercher des traitements pour les maladies rares.
« Même si nous disposons de technologies de plus en plus performantes, la mise au point de médicaments devient de plus en plus difficile et coûteuse à un rythme exponentiel. Cela est vraiment prohibitif et nous empêche réellement de nous lancer dans différents domaines de maladies où cela n’aurait pas de sens d’un point de vue économique », explique Carina Namih, partenaire chez Episode One Ventures, une société britannique qui investit dans des entreprises technologiques émergentes, au podcast New Foundations produit par The Economist Intelligence Unit.
L’intelligence artificielle à la rescousse
La solution, selon elle, pourrait venir de l’intelligence artificielle (IA) : « Le système d’IA a dessiné une sorte de carte pour nous. Ce qui nous permet de trouver cette aiguille dans la botte de foin plus rapidement ».
BenevolentAI est l’une des entreprises qui adoptent cette technologie. Elle utilise l’IA pour extraire et analyser des informations biomédicales provenant d’articles universitaires et d’essais cliniques afin de faire de nouvelles découvertes. Peter Richardson, vice-président du groupe chargé de la pharmacologie, estime que l’apprentissage automatique est crucial compte tenu des volumes d’informations à analyser.
« Nous recevons bien plus d’un million, probablement deux millions de rapports par an. Et il est tout simplement impossible pour l’homme seul de passer en revue toutes ces informations. Nous analysons donc, en utilisant la lecture automatique, autant de documents que possible », explique-t-il.
« [Nous] compilons tout cela et le mettons dans ce que nous appelons un graphique de connaissances, qui est une série de relations entre les gènes, les voies biologiques, les mécanismes, les tissus, les organes et les maladies. De cette manière, nous espérons non seulement donner aux scientifiques l’accès à toutes les informations, mais aussi leur permettre d’en tirer de nouvelles conclusions et d’élaborer ainsi de nouveaux médicaments répondant à des besoins non satisfaits ».
Un temps précieux
La rapidité est l’un des avantages. Le processus de découverte d’un médicament prend généralement une quinzaine d’années avant d’aboutir à une mise sur le marché. En période de crise sanitaire, telle que la pandémie de Covid-19, le temps est précieux. Grâce à l’apprentissage automatique, M. Richardson et son équipe ont découvert que le baricitinib, un médicament traditionnellement utilisé pour la polyarthrite rhumatoïde, pourrait potentiellement contribuer à accélérer le rétablissement des patients après une infection à la Covid-19.
Réduction des coûts
L’autre grand avantage de l’IA est de réduire le coût de la découverte de médicaments. Andrew Hopkins, PDG de la société Exscientia, leader dans le domaine des technologies pharmaceutiques, estime qu’une telle approche peut réduire les coûts moyens de mise sur le marché d’un médicament d’environ 30 %, soit 600 millions de dollars. Et surtout, ajoute-t-il, elle peut réduire considérablement le coût des premières étapes du processus.
« En moyenne, il faut une vingtaine de projets en phase initiale pour qu’un seul médicament aboutisse. Pourtant, la plupart des projets échouent », dit-il. « Nous pouvons réduire les coûts de manière significative, d’au moins 80 % environ, dans les premières phases de la découverte de médicaments. Et cela a ensuite un effet boule de neige ».
Essais cliniques plus rapides
Les machines peuvent également contribuer à la phase suivante, les essais cliniques, en rationalisant le recrutement des testeurs et en améliorant l’efficacité des essais eux-mêmes. À long terme, il sera peut-être possible de créer des jumeaux numériques pour les personnes participant à l’étude, qui serviront effectivement de « contrôles » individuels, ce qui réduira le nombre de recrues nécessaires.
Une procédure plus rationnelle, plus rapide et moins coûteuse pourrait encourager les entreprises à s’intéresser à un plus grand nombre des 7.000 maladies rares recensées dans le monde, dont seulement 5 % environ peuvent être traitées à ce jour.
« Si l’on peut éliminer les barrières qui empêchent la mise sur le marché au lieu d’en payer le prix, on peut alors se tourner vers des indications plus spécifiques et des maladies plus rares », explique M. Hopkins. « Cela devient alors une véritable solution miracle qui peut favoriser l’innovation dans l’industrie pharmaceutique si nous pouvons changer la structure économique de ce secteur ».
Pour en savoir plus sur l’IA dans le secteur de la santé, consultez le podcast « New Foundations ».
Besoin de liquidités: comment bien vendre ses actions?
Le 10 février 2022
Pour vendre des titres en bourse, l’investisseur peut arbitrer entre plusieurs catégories d’ordre. L’ordre de vente de titres en bourse comporte des mentions obligatoires. En fonction de ses objectifs, l’investisseur peut arbitrer entre plusieurs catégories d’ordre.
Pour vendre des titres, il convient d’établir un ordre de bourse et de le transmettre à un intermédiaire financier chargé de l’exécuter.
Passer un ordre de bourse
Cet ordre doit comporter plusieurs mentions pour être valable. Il est d’abord nécessaire d’identifier l’entreprise dont les actions seront vendues, en précisant son code mnémonique ou son code Isin. Le sens de l’opération, ici une vente, doit également figurer dans l’ordre de bourse, ainsi que la quantité de titres à céder concernés.
Autre mention à y porter : la durée de validité de l’ordre. Il peut s’agir d’une journée, d’une semaine, d’un mois, ou porter sur une seule séance. S’il est toujours possible de prévoir une plus longue durée, avec un maximum de 365 jours, cette option ne retiendra pas l’attention de l’investisseur qui veut vendre rapidement.
L’ordre de vente doit également comporter le mode de règlement souhaité: au comptant ou différé, via le Service de règlement différé (SRD), si les titres concernés y sont éligibles. Enfin il doit préciser le type d’ordre donné, et le cas échéant mentionner un prix de vente. Il existe en effet plusieurs catégories d’ordre de bourse auxquelles recourir en fonction des objectifs de l’investisseur.
Choisir une catégorie d’ordre de vente
Lorsqu’il choisit de passer un ordre à cours limité, l’investisseur doit mentionner dans son ordre un prix de vente, c’est-à-dire une limite de cours, en deçà de laquelle l’ordre ne sera pas exécuté. Cette limite permet à l’investisseur de s’assurer d’un cours minimum de vente. Attention: suivant les prix observables en séance, ce type d’ordre ne peut qu’être partiellement exécuté, voire pas exécuté. L’ordre à cours limité est souvent utilisé pour sécuriser la vente de valeurs dont le cours est volatile.
L’ordre au marché peut, quant à lui, davantage correspondre à l’investisseur qui veut vendre très rapidement sans se fixer de limite de prix. Car cet ordre est prioritaire sur tous les autres. Et il est exécuté immédiatement et en totalité. Cependant, l’ordre au marché comporte une plus grande part de risque de pertes, notamment pour des actions faiblement liquides.
Avec l’ordre à la meilleure limite, qui constitue sans doute une solution de compromis, les titres sont vendus à la meilleure demande lors de sa transmission sur le marché. L’ordre peut n’être que partiellement exécuté si les quantités demandées sont limitées. Le solde restant des valeurs est alors vendu dans le cadre d’un ordre à cours limité. La cote à laquelle ont été vendus les premiers titres sert de référence pour cet ordre. Placé avant l’ouverture, il est exécuté sur la première cotation.
Enfin, les ordres à seuil de déclenchement ou à plage de déclenchement s’exécutent automatiquement en fonction d’un seuil de déclenchement avec, en outre, une limite de prix pour l’ordre à plage de déclenchement. S’ils permettent d’optimiser une vente en s’assurant d’un maximum de gains ou de limiter les pertes, ils ne sont pas nécessairement exécutés en totalité, voir non exécutés. En ce sens ils ne sont pas nécessairement adaptés pour répondre à un besoin de liquidité à très court terme.
L’essentiel à retenir
- Un ordre de bourse comporte plusieurs mentions.
- En fonction de l’ordre de bourse choisi, il comporte ou non un prix de vente.
- Plusieurs catégories d’ordre de bourse peuvent être choisies en fonction des priorités du vendeur.
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L’apparition des jeunes vieux
Le 5 janvier 2022
Parmi toutes les forces à l’œuvre qui redéfiniront l’économie au cours des prochaines décennies, une dépasse toutes les autres, à l’exception du changement climatique : le vieillissement de la population mondiale.
Grâce à l’amélioration des soins, à l’avancée technologique et à des conditions de travail plus sures, un enfant né aujourd’hui peut espérer vivre 14 ans plus longtemps qu’une personne née 50 ans auparavant. Et ce phénomène ne se limite pas aux économies développées.
On constate en effet que la Chine enregistre depuis les années 1960 une des plus fortes progressions de la longévité. Ses habitants vivent désormais près de 33 ans plus longtemps qu’à l’époque et d’autres grands pays émergents, comme la Turquie, l’Inde et le Brésil, ne sont pas en reste. Si la tendance actuelle se poursuit, l’ONU estime qu’en 2050, 22% de l’humanité environ, soit 2 milliards de personnes, auront plus de 60 ans.
Soins de santé et productivité
L’allongement de l’espérance de vie confronte la société à plusieurs problèmes, dont celui de l’explosion des coûts de santé. En Europe, les gouvernements dépensent par exemple 70 à 100% plus pour la santé des personnes de 80 ans et plus que pour celles des sexagénaires.
Viennent s’ajouter les conséquences du recul de la population active. Alors que la population en âge de travailler, autrement dit les personnes entre 16 et 64 ans, devrait commencer à baisser à partir de 2030, des organisations comme le Fonds monétaire international prédisent une période de stagnation de la productivité économique. Mais le destin de notre Terre n’est pas de devenir une planète moins prospère. Il existe en effet plusieurs manières de s’adapter pour y échapper. Mais, pour cela, il faut se débarrasser de certaines idées reçues concernant la vieillesse. Il est contreproductif de décrire l’allongement de l’espérance de vie comme une «bombe à retardement démographique» ou un «raz-de-marée de cheveux blancs». De fait, cela empêche la société de voir les avantages et les opportunités économiques liés à ce phénomène.
Les «jeunes vieux»
Une étude menée récemment par le cabinet de consulting McKinsey révèle parfaitement les aspects positifs. À la grande satisfaction de nombreux sexagénaires du monde entier, le rapport rejette l’idée que les personnes en âge de partir à la retraite ont leurs plus belles années derrière elles. En outre, il indique l’émergence d’un nouveau groupe démographique dynamique qui pourrait être décrit comme les «jeunes vieux».
Ce dernier correspond aux séniors toujours plus nombreux à être enclins et capables de travailler au-delà de leur 60e printemps. Ils affichent par ailleurs une incroyable propension à dépenser leur argent pour des biens et des services qui facilitent le quotidien et leur permettent de croquer la vie à pleines dents.
McKinsey déclare que si les gouvernements et les entreprises trouvent des moyens de satisfaire les attentes de ce groupe, alors l’économie mondiale pourrait faire un bond de 12.000 milliards de dollars d’ici 2040, ce qui correspond à une augmentation de 8%.
Cette conclusion peut pécher par optimisme, surtout parce qu’un tel avenir nécessite de revoir le système d’allocation et la législation sur le travail et que les gouvernements ne font que des progrès minimes sur ce front-là. Des signes laissent néanmoins présager que les entreprises commencent à changer leur fusil d’épaule.
Changement de paradigme
Dans le secteur médical, par exemple, les prestataires de santé, les entreprises pharmaceutiques et de la biotechnologie changent de paradigme concernant le vieillissement. Ils le soignent de plus en plus comme un problème de santé, une maladie presque comme toutes les autres pour lesquelles il est possible d’atténuer les symptômes. Ce changement radical par rapport à l’approche en cours jusque-là s’est traduit par l’apparition d’une multitude de nouveaux traitements médicamenteux à des problèmes liés au vieillissement, ainsi que de technologies permettant de détecter, suivre et gérer les maladies dont souffrent souvent les personnes âgées comme le diabète et la démence.
Des changements de réglementation pourraient faire les choux gras de l’industrie de la «maladie du vieillissement», mais les autorités de surveillance sanitaire comme la Food and Drug Administration aux USA ne l’entendent pas encore de cette oreille. Toutefois, alors que l’Organisation mondiale de la Santé commence à prendre des mesures pour classifier le vieillissement en tant que maladie, des chercheurs chez Barclays estiment que les entreprises médicales jouiront surement d’une plus grande latitude pour mettre au point des thérapies ciblant spécifiquement le vieillissement et les maladies liées à l’âge.
Dans son ouvrage Juvenescence, l’investisseur et milliardaire Jim Mellon explique que les technologies comme la transplantation animale chez l’homme, la régénération de tissus complets et l’intelligence artificielle arriveront à un point où elles seront en mesure de prolonger l’espérance de vie moyenne dans les pays développés de 40%.
La réponse chinoise à la Silicon Valley
Le 1er décembre 2021
Pékin figure souvent dans le premier tiers des écosystèmes d’innovation. Elle regroupe l’une des plus fortes densités de start-ups au monde. Elle est un terrain fertile pour les licornes de la tech (63 début 2019). Toutefois, dans une certaine mesure, la capitale chinoise n’affiche toujours pas le même niveau d’activité que d’autres villes. Autrement dit, elle reste un centre d’innovation «en devenir». Par exemple, si l’on prend les investissements en capital risque en faveur des nouvelles pousses de la tech entre 2015 et 2017 (les données complètes les plus récentes), le nombre absolu de contrats conclus est inférieur à tous les autres pôles décrits par The Economist Intelligence Unit. La valeur cumulée de ces contrats était néanmoins bien plus importante.
En y regardant de plus près, on peut voir émerger deux piliers technologiques à Pékin: l’intelligence artificielle (IA) et la fabrication de pointe, deux secteurs qui se complètent. Il s’agit de domaines technologiques choisis par le gouvernement central pour accélérer le développement de son plan stratégique ambitieux «Made in China 2025». Cette stratégie jouit du soutien multiple du gouvernement régional de Pékin. La capitale chinoise accueille déjà plus d’un millier d’entreprises spécialisées dans l’IA.
Des rapports indiquent que l’activité des start-ups de la tech dans les villes chinoises a baissé au cours des dernières années en partie à cause d’un ralentissement de la croissance économique nationale et de l’escalade des tensions commerciales entre les USA et la Chine. Ce dernier point et la levée de boucliers contre le secteur technologique chinois en particulier refroidiront peut-être à court terme les ardeurs des investisseurs internationaux pour Pékin. Cependant, les incitations du gouvernement en faveur du développement et de la commercialisation d’innovations issues du domaine de l’IA, de la fabrication de pointe et d’autres technologies émergentes ne risquent pas de faiblir.
Communautés et réseaux
À Pékin, les innovateurs locaux de la tech apprécient autant d’échanger des idées et des conseils avec leurs pairs que dans n’importe quelle ville occidentale. Toutefois, à Pékin (comme dans d’autres villes chinoises), le networking se fait plutôt dans un cadre social plus informel, ainsi que sur la plateforme de réseau social WeChat, alors qu’aux USA et en Europe ces activités prennent souvent la forme de manifestations et de rencontres organisées pour la communauté. Cela est néanmoins à relativiser, car la célèbre plateforme communautaire Meetup recense près de 130 groupes dans la capitale chinoise qui rassemblent des professionnels autour de différents thèmes technologiques, notamment l’IA et l’apprentissage automatique, des méthodes de fabrication comme l’impression 3D, et la blockchain.
L’épicentre des activités d’innovation technologique à Pékin, aussi bien pour ce qui est de la croissance des start-ups que de la recherche et développement d’entreprise, est le Zhongguancun Science Park au nord-ouest de la ville. Ce quartier en plein boom héberge plusieurs accélérateurs et incubateurs technologiques de premier plan de la ville, y compris Innovation Works, Legend Star, Tsinghua University Science Park et Microsoft Accelerator (qui se spécialise dans l’IA).
Le gouvernement régional de Pékin prévoit d’investir 2,1 milliards de dollars dans la construction d’un centre de développement de l’IA à Zhongguancun dans le cadre de l’objectif du gouvernement central de catapulter la Chine à la première place des puissances de l’IA au cours de la prochaine décennie. Une fois livré, ce centre devrait accueillir jusqu’à 400 start-ups issues de ce domaine.
Un environnement propice
La proximité avec plusieurs universités renommées et des recherches de qualité dans des domaines technologiques de pointe est essentielle aux pôles d’innovation d’envergure mondiale. Avec ses 91 universités, Pékin ne fait pas figure d’exception. Parmi elles se trouvent l’Université de Tsinghua qui a lancé récemment un institut de recherche dans l’IA ainsi qu’un programme de bourses de recherche dans la blockchain. L’Université de Pékin où le célèbre College of Engineering propose des cursus dans des domaines comme les sciences des matériaux et les nanotechnologies. L’Université de Beihang forme les étudiants et mène des recherches originales et appliquées dans les domaines de la fabrication de pointe comme l’aérospatial, les sciences des matériaux et l’automatisation industrielle.
Les compétences en recherche de haut niveau de la capitale sont de bon augure pour ses perspectives d’innovation à long terme. Aujourd’hui, 80% des étudiants chinois diplômés à l’étranger retournent dans l’Empire du Milieu alors qu’ils n’étaient qu’à peine un tiers en 2007. Cela montre une nouvelle fois que la Chine est un pays attractif pour les jeunes talents, alors que des villes comme Pékin ont toutes les cartes en main pour rivaliser avec la Silicon Valley. En Chine, la scène émergente de la tech est en train d’arriver à maturité et d’asseoir sa dominance.
Environnement : Les 9 limites à ne pas dépasser
Le 2 novembre 2021
En 2009, une équipe internationale de 26 chercheurs, menés par Johan Rockström du Stockholm Resilience Centre et Will Steffen de l’Université nationale australienne, publiait un article dans les revues Nature et Ecology and Society, dans lequel elle identifiait neuf limites planétaires (planetary boundaries) à ne pas dépasser si l’humanité veut pouvoir se développer dans un écosystème sûr, c’est-à-dire évitant les modifications brutales, non-linéaires, potentiellement catastrophiques et difficilement prévisibles, de l’environnement.
Les auteurs insistent sur la dimension systémique des impacts causés par le dépassement des limites planétaires. Ils rappellent aussi que l’interaction des limites entre elles ne doit pas être sous-estimée, de même que l’inertie des systèmes naturels. Par exemple, même si les émissions mondiales de gaz à effet de serre s’interrompaient demain, la concentration de ces gaz déjà émis dans l’atmosphère pourrait suffire à perturber durablement le climat.
Les 9 dimensions
Le modèle identifie les neuf dimensions les plus critiques pour l’environnement, qui sont essentielles pour le maintien d’une biosphère stable, une condition nécessaire au développement et à la prospérité de l’espèce humaine.
Ces neuf dimensions sont
- l’utilisation de l’eau douce,
- le changement climatique,
- la biodiversité,
- l’utilisation des sols,
- le cycle de l’azote et du phosphore,
- l’acidification des océans,
- l’appauvrissement de la couche d’ozone,
- la charge en aérosols,
- la pollution chimique.
Le modèle spécifie les seuils respectifs que l’humanité ne doit pas franchir, sous peine de risquer des dommages environnementaux irréversibles, avec des conséquences potentiellement catastrophiques. La zone située à l’intérieur des limites, où les activités humaines peuvent se développer en sécurité, est appelée « espace d’exploitation sûr » (safe operating space), soit une « zone de sécurité » pour les activités humaines.
Limites planétaires et zone de sécurité pour les activités humaines
Voici un schéma reprenant les limites et zones de sécurité
Investir
Il est alors possible d’investir dans des sociétés offrant des produits et des services visant à répondre aux défis environnementaux et qui respectent elles-mêmes l’environnement. Pour ce faire, les gérants de fonds peuvent s’appuyer sur ce cadre scientifique unique des limites planétaires. Ce cadre prend en compte neuf grands facteurs environnementaux et spécifie les seuils respectifs que l’humanité ne doit pas franchir, sous peine de provoquer des dommages environnementaux irréversibles. Cette approche permet de réduire l’univers des quelque 40.000 sociétés cotées dans le monde à un univers d’environ 3.500 entreprises. Les gestionnaires peuvent ensuite se concentrer sur les sociétés qui fournissent des produits et des services qui répondent aux défis environnementaux par l’innovation, la technologie et l’utilisation intelligente des ressources naturelles, soit environ 400 sociétés. Une approche de type bottom-up peut aboutir ensuite à un portefeuille concentré d’environ 50 valeurs.
Ne pas oublier le défi de l’utilisation efficace des ressources en eau !
Par Marc-Olivier Buffle Senior Product Specialist chez Pictet AM
Le 4 octobre 2021
À l’heure de la raréfaction des ressources et de la prise de conscience croissante des questions environnementales, les entreprises ne peuvent plus se contenter de réduire leur empreinte carbone. Elles doivent également freiner leur consommation d’eau.
Le monde prend conscience du besoin de protéger l’environnement pour les générations futures. La réduction des émissions de CO2 est un pas dans la bonne direction, un élément sur lequel les entreprises doivent de plus en plus rendre des comptes, aussi bien aux autorités de réglementation, qu’aux consommateurs ou aux actionnaires. Ce n’est cependant pas la seule avancée qu’il faut obtenir. L’utilisation efficace des ressources en eau est un autre front de la lutte pour le développement durable.
Vers une pénurie d’eau
Ressources mondiales renouvelables d’eau potable (en m³)
Source: Our World In Data, Banque mondiale
La priorité numéro un consiste à mesurer et à comparer la consommation d’eau dans les différents secteurs. Le cadre des limites planétaires peut constituer un point de départ. Ce modèle établit des seuils quantifiables aux neuf phénomènes environnementaux les plus nuisibles pour la planète, depuis le changement climatique et l’utilisation de l’eau douce jusqu’à la perte de la biodiversité et l’utilisation des sols.
Mis au point par le Stockholm Resilience Center, ce cadre laisse entendre que l’on peut consommer de façon durable jusqu’à 4.000 milliards de mètres cubes d’eau douce par an, ce qui correspond au niveau d’utilisation actuel selon certaines estimations. Mais d’ici à 2030, la demande mondiale en eau pourrait atteindre 6.900 milliards de mètres cubes, soit bien plus que les ressources accessibles et fiables1.
Environ 20% de la consommation d’eau est issue de l’industrie, ce qui signifie que les entreprises ont un rôle clé à jouer dans la redéfinition de l’utilisation et du recyclage de cette ressource précieuse. Pour que le monde reste dans des limites durables, les recherches montrent que les entreprises ne doivent pas consommer plus de 52.915 mètres cubes d’eau pour chaque million de dollars de revenus générés2.
Les sociétés qui limitent ainsi leur utilisation profitent d’économies et d’une réduction du risque d’exposition à des chocs hydriques. Elles sont plus à même de susciter l’approbation de consommateurs et d’autorités de plus en plus au fait des questions environnementales.
Comparer ce qui est comparable
Tout comme dans la lutte pour limiter les émissions de CO2, le rôle joué par les investisseurs est essentiel. Ils peuvent encourager les sociétés dans lesquelles ils investissent à améliorer l’efficacité de leur utilisation des ressources en eau et rechercher de façon active des entreprises qui affichent un niveau d’innovation et de progrès particuliers en la matière.
Le Ceres, un groupe de recherche et de défense axé sur les questions de développement durable, a lancé une boîte à outils pour aider les investisseurs à comprendre les risques liés à l’eau et à les intégrer à leur processus d’allocation d’actifs grâce à l’identification des secteurs par niveau d’exposition (élevé, moyen ou faible) aux menaces qui pèsent sur les ressources hydriques. Le groupe installé à Boston propose également que les investisseurs mènent des efforts concertés pour exercer leur influence sur les sociétés en matière de risque hydrique au travers de leur engagement en tant qu’actionnaires.
Parallèlement, les Nations Unies ont créé le CEO Water Mandate et, au travers des objectifs de développement durable (ODD), plaident pour un accès universel à une eau et un assainissement sûrs. De grands noms comme Coca Cola, Nestlé, Unilever et Siemens sont impliqués dans ces initiatives. Les investisseurs ont la possibilité d’encourager les sociétés dans lesquelles ils investissent à suivre le mouvement.
L’ONU met l’accent sur une mesure qu’elle a baptisée utilisation efficiente de l’eau (UEE). Celle-ci calcule l’activité économique à valeur ajoutée brute par unité d’eau consommée par un pays, un secteur ou une société.
Avant de pouvoir utiliser les scores UEE pour justifier les décisions en matière d’investissement, il faut qu’elles soient comparables et reflètent fidèlement l’exposition de chaque société. Ce que l’on ne peut pas affirmer à l’heure actuelle. Les résultats en matière d’UEE varient fortement d’une société à l’autre, même au sein de chaque sous-secteur, sans parler des secteurs.
L’exemple de la bière
Penchons-nous sur la production de bière, une activité qui consomme beaucoup d’eau. De manière générale, ce secteur produit quelque 1,9 milliard d’hectolitres par an3, et consomme au moins 60 fois plus d’eau si l’on prend en compte l’ensemble du processus, depuis la culture des céréales jusqu’au consommateur4. Toutefois, la facture d’eau varie énormément d’un brasseur à un autre. Un brasseur international, par exemple, a indiqué que le score UEE de son activité économique était de 1.850 dollars de valeur ajoutée brute par mètre cube d’eau consommée, alors qu’il n’est que de 270 dollars pour un de ses concurrents.
Le problème est que, même si le brasseur mieux noté a déjà une avance évidente dans la course à l’utilisation efficace de l’eau, il est difficile, à l’heure actuelle, de mener des comparaisons dans de bonnes conditions, car de grandes disparités existent entre les méthodes de calcul.
Vision complète
Quantité moyenne d’eau nécessaire pour un t-shirt et étapes impliquées
Source: Institut pour l’éducation relative à l’eau IHE-Delft, Pictet Asset Management.
Pour que ces données aient un sens, les entreprises doivent tenir compte de leur consommation d’eau tout au long de la chaîne de production, ce que beaucoup ne font pas à l’heure actuelle. Aucune enseigne d’habillement, par exemple, n’utilise en elle-même beaucoup d’eau. C’est toutefois oublier que la production du coton, la matière première des vêtements, est très gourmande en eau. Ne prendre en compte qu’une activité de façon isolée, indépendamment de sa chaîne d’approvisionnement, minimise le rôle qu’une entreprise peut jouer dans l’efficacité hydrique globale (dans ce cas, en abordant le sujet avec ses fournisseurs). Cela fragilise aussi sa situation en cas d’éventuel problème d’approvisionnement en eau.
Le caractère local des problèmes d’eau est un autre élément qui vient encore compliquer la situation. De grandes réserves présentes dans un pays ne peuvent être efficacement transférées pour gérer la sécheresse dans un autre. L’emplacement d’une société peut donc fortement affecter la probabilité qu’elle soit soumise à un risque lié à l’eau ainsi que le niveau de priorité qu’elle doit accorder à l’utilisation efficace de cette ressource.
Les investisseurs peuvent contribuer à la création de normes et à la promotion de la responsabilité. C’est dans l’intérêt de tous ! Les entreprises qui ignorent la problématique de l’efficacité hydrique s’exposent non seulement à une augmentation des risques de pénurie d’eau, mais aussi à des problèmes entraînés par des changements de législation et par la prise de conscience croissante des consommateurs pour les questions environnementales. Tout comme l’empreinte carbone devient aujourd’hui un critère pour la construction de portefeuille, l’eau peut devenir, demain, un élément important.
Une approche circulaire
L’utilisation efficace de la ressource en eau signifie non seulement baisser la consommation, mais aussi recycler davantage. Les secteurs les plus en pointe à travers le monde adoptent déjà une approche économique circulaire. Autrement dit, ils considèrent les eaux usées comme une ressource plutôt que comme un déchet. Alors que, dans nos sociétés, des responsables politiques jusqu’aux consommateurs, tous prennent de plus en plus conscience des défis environnementaux, les entreprises qui sont en mesure d’appliquer une approche circulaire de l’utilisation de l’eau bénéficieront d’une meilleure image et d’un risque de réputation réduit.
La soif est de toute évidence plus importante dans certains secteurs que dans d’autres. Les marges de manœuvre sont ainsi plus grandes pour faire accepter ce changement et tirer profit des avantages qui en découlent. Ce sont les entreprises de l’agroalimentaire qui viennent immédiatement à l’esprit. Dans certaines régions, on note également une volonté de changement plus forte que dans d’autres, en raison de l’état de la ressource à l’échelle locale.
Ce problème est toutefois général. Tout le monde utilise de l’eau et, dans un monde de plus en plus interdépendant et interconnecté, pratiquement toutes les entreprises sont exposées aux risques de pénurie à un niveau ou un autre de leurs activités. Les investisseurs qui bénéficient d’informations précises sur l’utilisation de l’eau et l’efficacité disposent des atouts nécessaires pour identifier les risques et les opportunités masqués.
Une bonne gestion environnementale est un indicateur utile pour repérer une entreprise correctement dirigée. Cette vérité s’applique aux émissions de CO2, mais aussi à l’utilisation efficace des ressources en eau.
[1] 2030 Water Resources Group, «Charting Our Water Future»
[2] «Towards defining an environmental investment universe within planetary boundaries», C.Butz et al, 2018
[3] Barth Report Hops 2018-9
[4] «Water Futures», WWF, SABMiller, GTZ, 2010
Une vie épanouie comme objectif d’investissement
Le 1er septembre 2021
Les loisirs, l’éducation et les soins jouent un rôle majeur dans une vie épanouie. Ce sont également des domaines d’investissement prometteurs, auxquels peut répondre une stratégie d’investissement.
De quoi a-t-on vraiment besoin dans la vie ? La réponse à cette question a changé pour beaucoup de personnes en 2020. Lorsque le virus Covid-19 s’est rapidement propagé au printemps 2020, l’accent a été mis principalement sur les produits de première nécessité. Il suffit de repenser aux images des étagères vides des rayons d’épicerie et de papier toilette des supermarchés. Un garde-manger bien garni est une condition préalable, mais ne garantit pas une vie agréable.
Thématique d’investissement
Lorsque l’on pense aux besoins humains, on pense rapidement à la nourriture, à la boisson et à un toit au-dessus de sa tête. Mais des choses moins tangibles comme sa famille et des amis sont tout aussi importantes. On ne se sent vraiment heureux que lorsque l’on est apprécié et que l’on a l’espace nécessaire pour se développer dans toutes sortes de domaines. Une stratégie d’investissement « Human » peut répondre à la vaste gamme d’activités et de services qui permettent d’apporter du bonheur et de la satisfaction aux humains.
Formation tout au long de notre vie
De nombreux développements au sein de ce thème d’investissement ont été accélérés par le Covid-19. Les changements dans l’éducation en sont un bon exemple.
Dans le monde, 1,4 milliard d’écoliers et d’étudiants1 ont été touchés par les fermetures d’écoles en 2020. Les services vidéo permettent souvent de suivre sa formation. Mais la technologie qui permet aux étudiants de collaborer en ligne ou de passer des tests n’en est qu’à ses débuts. L’essor de la classe numérique n’est pas le seul changement dans le monde de l’éducation. La structure de vie traditionnelle de l’école, du travail et de la retraite est dépassée. Les différentes phases sont de plus en plus imbriquées. Par exemple, il est tout à fait normal de continuer à apprendre pendant sa vie professionnelle.
Outre l’éducation, on peut se concentrer également sur les soins et les loisirs.
Les mégatendances comme moteurs de la croissance
Ce n’est pas une coïncidence si tous ces changements se produisent en même temps et de manière similaire. Ils sont poussés par un certain nombre de grandes tendances. Les tendances démographiques telles que le vieillissement de la population, le fait de fonder une famille à un âge plus avancé et de travailler plus longtemps en sont des exemples. Un autre exemple de mégatendance est le rôle croissant des biens immatériels dans nos vies. Dans les années 1930, les fabricants d’électronique, en particulier, ont profité de la demande croissante de radios. Mais, dans la vague actuelle, l’essor d’Internet a déplacé l’accent de la rentabilité au sein de la chaîne vers des sociétés de services telles que Spotify. La même tendance conduit dans de nombreux pays à l’émergence de nouvelles solutions pour la garde d’enfants et l’accueil extrascolaire, entre autres.
Une stratégie « Human » répond très spécifiquement à la demande croissante de services qui rendent la vie plus facile, plus agréable et plus intéressante. Cela va des entreprises dans le domaine de la garde d’enfants et de l’éducation numérique et aux services vidéo etc. Le flux de revenus prévisible et croissant rend souvent ces entreprises attrayantes pour les investissements.
[1] United Nations, UNESCO: 1.37 billion students now home as COVID-19 school closures expand, ministers scale up multimedia approaches to ensure learning continuity – 24-3-2020
[2] Bloomberg, Pictet Asset Management – 30-09-2020
Comment le thème du numérique a-t-il évolué par rapport à 2020?
Par Anjali Bastianpillai, Senior Product Specialist chez Pictet Asset Management
Le1er août 2021
Plusieurs études semblent indiquer qu’après la pandémie, les gouvernements, les entreprises et les consommateurs ne réduiront pas leur utilisation des services numériques interactifs. Cette utilisation a déjà fortement augmenté pendant les confinements.
Thématiques
Les logiciels qui facilitent la collaboration au sein des entreprises, les consultations médicales en ligne, les paiements numériques, le commerce électronique, l’enseignement à distance… Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses applications de la technologie numérique qui ont pris de l’ampleur au cours de l’année écoulée. Elles sont désormais devenues la norme. Au milieu de ce flot de solutions innovantes, il n’est toutefois pas facile d’identifier les opportunités d’investissement intéressantes.
Investir avec discipline et expertise
Dans le secteur technologique, on assiste aujourd’hui à des valorisations absurdes, où des soi-disant concept tech stocks, à savoir des actions d’entreprises sans modèle économique ni bénéfice avéré, vaudraient des milliards de dollars. L’investisseur doit impérativement garder la tête froide et ne pas se laisser emporter par le momentum ou l’enthousiasme excessif du marché.
Pour ces raisons, il vaut mieux investir dans des entreprises numériques financièrement robustes, dotées d’un modèle d’entreprise durable et d’une vision à long terme. Le gérant d’actifs doit noter les entreprises en fonction d’éléments tels que les flux de trésorerie, la rentabilité et la croissance de la part de marché. De cette façon, on peut dissocier la croissance spéculative de la croissance réelle et fondée. Il ne faudrait pas non plus être des suiveurs de tendance passifs comme un ETF ou un fonds indiciel. Il faut appliquer une discipline de fer pour prendre des bénéfices sur les actions qui montent trop et trop vite. Une longue expérience et une expertise approfondie aident à repérer les actions sous-valorisées et offrant un fort potentiel de hausse.
Des tendances numériques irréversibles
Malgré les valorisations actuellement tendues du marché technologique au sens large, on continue d’entrevoir un énorme potentiel dans l’univers sélectionné des entreprises innovantes dont les modèles d’affaires sont basés sur l’Internet. Les bénéfices de ces entreprises ont augmenté régulièrement depuis des années, ce qui justifie les valorisations. Bien sûr, des corrections peuvent survenir sur certains cours de bourse mais cela ne compromet pas la poursuite de l’avancée de la société connectée.
L’essor continu de la société numérique connectée est une tendance puissante et irréversible qui crée de grandes opportunités pour les entreprises et les investisseurs.
La pandémie du Covid-19 a donné un coup de fouet à la numérisation. Cet effet se poursuivra en 2021, même une évolution importante est prévisible. Pendant les confinements, on a observé une nette accélération de l’essor de l’intelligence artificielle, de la 5G, de la blockchain, du cloud computing et de l’Internet des objets (IoT). Une véritable révolution numérique qui a touché de nombreux domaines, notamment la FinTech, les RH et la médecine. Cette tendance reste forte. En outre, cette année, les entreprises se concentrent manifestement sur la manière dont elles peuvent tirer de ces technologies numériques des gains de productivité et des économies de coûts.
2021 et au-delà
L’innovation technologique fulgurante restera une mégatendance particulièrement puissante qui soutiendra le secteur de la numérisation dans les années à venir. Un puissant Wi-Fi en 5G accroît la connectivité à la maison comme au travail et rend l’IoT plus stable et plus rapide. Cela génère une quantité massive de données qui, grâce à une puissance de calcul accrue, sont disponibles pour des analyses prédictives et commercialement utiles. En traitant ces données en temps réel, les entreprises gagneront encore en efficacité. L’intelligence artificielle et les algorithmes d’auto-apprentissage joueront un rôle clé à cet égard. Tous ces nouveaux développements créent évidemment aussi pour les investisseurs des opportunités très intéressantes, que les gérants expérimentés suivent de près.
Alimentation : les leçons à tirer de la crise sanitaire
Par Mayssa Al Midani, gérante du fonds Pictet Nutrition chez Pictet AM
Le 8 juillet 2021
Circuits logistiques trop longs, sécurité alimentaire à revoir, effets de la malnutrition sur la résistance au virus… la crise sanitaire nous en dit long sur la façon dont nous nous alimentons. Voici les quelques leçons à en tirer, et les opportunités d’investissement qui en découlent.
La crise sanitaire nous rappelle, plus que jamais, l’importance de préserver sa santé. La plupart des malades qui ont succombé au virus affichaient des facteurs de comorbidité, tels que l’obésité, le diabète ou d’importants problèmes cardiovasculaires [1].
L’amélioration de la santé de tous passe par une meilleure alimentation, plus saine et plus équilibrée. Cela implique de consommer des produits de meilleure qualité nutritive.
Autre phénomène mis en avant par la crise liée au confinement, la chaîne d’approvisionnement est fragile. Nous avons pris conscience de certaines aberrations.
Nous devons nous approvisionner à proximité immédiate des grandes villes
Aux Etats-Unis par exemple, il faut jusqu’à onze mois entre le moment où une pomme est cueillie et celui où elle est effectivement consommée. Entretemps, la chaîne de conservation, de logistique et de distribution est nécessairement trop longue. Cette façon de consommer les produits les plus simples est non seulement énergivore (il faut stocker, réfrigérer et déplacer les produits), mais elle présente aussi des risques importants pour la sécurité des aliments. Plus le nombre d’intervenants est élevé dans cette chaîne, plus le risque de défaillance, à un moment ou à un autre, est élevé.
Nous avons compris, plus que jamais, la nécessité de nous approvisionner non pas au bout du monde, mais plutôt à la sortie immédiate des grandes agglomérations. Ceci implique de privilégier les circuits les plus courts possible, mais aussi les fermes verticales. Ces centres de production de fruits et de légumes, au lieu d’avoir une emprise au sol forte et d’utiliser un trop grand nombre de ressources en terres cultivables, sont disposés sur plusieurs étages. Cette technique permet de cultiver à proximité immédiate des grandes villes.
Il faut viser une meilleure qualité nutritive
Indépendamment de cette période de crise qui a accentué les prises de conscience, on estime que les besoins en alimentation vont croître de 50% au cours des trente prochaines années [2]. Dans le même temps, le défi climatique que nous connaissons fait diminuer les surfaces cultivables, et les ressources en eau sont limitées. De même que nous devons limiter les déperditions d’énergie, nous devons trouver une voie vers l’efficacité alimentaire, avec moins de pertes, tout en cherchant toujours une meilleure qualité nutritive.
Pour le moment, un tiers de la production alimentaire est gaspillée chaque année.
La quantité produite est en outre mal répartie. Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), une personne sur cinq, dans les pays émergents, souffre de sous-alimentation chronique, et deux milliards de personnes sont carencées en micro-nutriments. Dans le même temps, les pays les plus riches font face à un fort taux de diabète, et le nombre de personnes en surpoids est élevé : 32% des plus de 20 ans aux Etats-Unis…
Et pour les investissements ?
Le secteur alimentaire devrait être en croissance permanente dans les prochaines années, en raison des besoins grandissants mais aussi de la nécessité de se nourrir plus sainement, avec des produits de meilleure valeur. En outre, ce secteur a un caractère défensif très fort. Il n’est que peu soumis aux cycles économiques puisqu’il répond à un besoin essentiel. Et les sociétés du secteur affichent, en règle générale, un ratio d’endettement moins fort que celles des autres marchés. Elles ont également davantage de liquidités et sont souvent plus profitables que la moyenne du MSCI World All Countries.
L’essentiel à retenir
- Les besoins en produits alimentaires augmentent alors même que les ressources s’épuisent. Il faut donc une meilleure efficacité de la production.
- Nombreuses sont les sociétés qui misent également sur une meilleure qualité nutritive des aliments, pour renforcer le système immunitaire et limiter les risques sur la santé.
- Il est possible d’en faire un thème d’investissement fort, en privilégiant l’efficacité, et la logistique alimentaire et les aliments de qualité.
[1] Organisation Mondiale de la Santé, janvier 2021: https://www.who.int/westernpacific/emergencies/covid-19/information/high-risk-groups#
[2] Pictet Asset Management, janvier 2021
Comment l’industrie forestière se met-elle au service de la durabilité ?
Par Christoph Butz, gérant de la stratégie Bois de Pictet Asset Management
Le 10 juin 2021
L’industrie forestière s’implique activement dans le développement de nouvelles technologies d’utilisation du bois. On pourrait même aller jusqu’à dire que tout ce qui peut aujourd’hui être fabriqué à partir de matériaux fossiles pourra demain être fabriqué à partir d’un arbre.
Bien que ce développement soit tout récent, plusieurs entreprises européennes se sont déjà lancées dans la production d’une grande variété de nouveaux produits. A titre d’exemple, Stora Enso a mis sur pied une usine pilote pour la production de cathodes de carbone faites de lignine (sous-produit du processus de fabrication de la pâte de bois) à des fins de stockage d’énergie. La société finlandaise prévoit également de fabriquer des fibres de carbone, ainsi que plusieurs types de liants biosourcés.
Nouveaux matériaux, nouveaux produits
L’industrie forestière développe de nombreux autres projets visant à fabriquer de nouveaux matériaux et produits biosourcés qui ont jusqu’à présent été fabriqués à partir de matériaux extraits de ressources fossiles. L’entreprise finlandaise UPM investit, par exemple, dans la production de produits biochimiques, tels que le biomonoéthylène glycol (BioMEG) et les charges fonctionnelles renouvelables à base de lignine. Sa toute nouvelle bioraffinerie, dont la matière première principale sera le bois, produira également du biomonopropylène glycol (BioMPG) et des sucres industriels. Selon UPM, ces produits biochimiques pourront être intégrés dans la chaîne de production de divers produits de consommation. Plus écologiques, ils conviennent à une grande variété d’applications. En voici quelques exemples : textiles, bouteilles en PET, emballages, liquides de dégivrage, matériaux composites, produits pharmaceutiques, cosmétiques, détergents et charges fonctionnelles pouvant remplacer le carbone noir dans diverses applications du caoutchouc.
Carburants renouvelables
Les carburants renouvelables dans les transports constituent un autre emploi pleinement fonctionnel. UPM possède une bioraffinerie à Lappeenranta qui produit environ 100.000 tonnes de diesel et de naphta renouvelables, en utilisant comme matière première un sous- produit de la fabrication de la pâte à papier. Il est important de noter que, contrairement à la fabrication des biodiesels à partir de denrées alimentaires ou d’aliments pour animaux, la production de biodiesel à partir du bois n’entre pas en concurrence avec la chaîne alimentaire humaine.
La liste de produits ci-dessus n’est en aucun cas exhaustive, et elle ne fera probablement que s’allonger avec les innovations technologiques des prochaines années, qui multiplieront les types de produits pouvant être fabriqués à partir du bois.
Une nouvelle dynamique
La tendance à la réduction des émissions de CO2 au niveau mondial se traduira très probablement par un recours accru aux applications traditionnelles et nouvelles du bois en tant que matière première durable et renouvelable pouvant réduire l’utilisation de matières premières d’origine fossile.
Une fois que cette dynamique se sera répercutée sur les bénéfices, la valorisation des forêts gérées de manière durable devrait aussi augmenter. Les sociétés industrielles qui utilisent le bois pour fabriquer de nouveaux produits pourraient ainsi voir leur multiple de valorisation considérablement augmenter en raison d’une meilleure rentabilité et d’une croissance plus forte.
Recette durable
Tous les ingrédients sont réunis pour opérer un changement de cap durable dans l’utilisation des ressources en employant toujours plus de matériaux renouvelables à la place des matières fossiles. Et les entreprises de l’industrie forestière ont la recette d’un succès durable. Les efforts entrepris par de nombreuses entreprises pour chercher et créer de nouveaux produits et de nouvelles sources de revenus sont encourageants. Il reste certes encore beaucoup de chemin à parcourir. Ces nouveaux produits ne représentent aujourd’hui encore qu’un faible pourcentage du chiffre d’affaires des entreprises qui les fabriquent, mais ils ne cessent de se développer, et rapidement.
Nous ne pouvons aujourd’hui dire avec certitude qui seront les gagnants, mais les acteurs de la chaîne de valeur sylvicole en feront presque certainement partie, qu’il s’agisse des propriétaires forestiers, des développeurs de technologies ou encore des consommateurs finaux, qui obtiendront des produits respectueux de l’environnement fabriqués à partir d’arbres cultivés de manière durable.
Qu’est-ce que les marques de prestige ? Comment y investir ?
Par Pictet AM
Le 3 mai 2021
Les marques de prestige affichent une solide résistance à la crise économique. C’est historiquement durant les années post-crises (2009, 2010 et 2012) que ces valeurs montrent leur résistance. L’année 2021 pourrait être celle du rattrapage du luxe et des marques de prestige. Mais qu’entend-on par marque de prestige ?
Un concept d’excellence
On peut définir une marque de prestige selon les critères suivants :
Le concept de marque de prestige repose sur l’excellence des marques, c’est-à-dire :
- Des produits différenciéset issus d’un savoir-faire bien établi qui permet une certaine authenticité de la marque.
- Une expérience inspirante pour les clients, dans la sphère réelle et digitale, via un marketing innovant.
- Des marques innovantes et créativesau travers de produits personnalisés.
- Ces sociétés sont souvent centenaires et ont prouvé leur résilience dans des situations économiques complexes (crises, guerres, etc.).
On peut distinguer dans ces marques trois grands domaines :
Grandes tendances
Voici les grandes tendances qui soutiennent le thème des marques de prestige :
- L’enrichissement des populations émergentes. La classe moyenne chinoise représente 9% de la population, en progression de 28% par an sur les cinq prochaines années d’après les prévisions.
- L’importance de l’identité visuelle des nouvelles générations,véhiculée principalement au travers des réseaux sociaux.
- La quête de satisfaction et de plaisir,notamment dans les secteurs du sport et des cosmétiques. Les consommateurs se dirigent vers des produits plus innovants, plus performants, et dont les ingrédients sont révolutionnaires et/ou naturels.
Les perspectives pour 2021
Voici les facteurs qui devraient soutenir la reprise de la consommation :
- Le déploiement des vaccins à travers le monde devrait permettre un retour progressif à la vie normale, la reprise du tourisme et la réouverture des boutiques, des restaurants et des bars (favorables aux spiritueux).On s’attend également à un effet de surconsommation des clients en 2021, en compensation de l’année 2020.
La Chine et les Etats-Unis, portés par les ventes en ligne, sont des marchés très profitables pour les marques de prestige, en forte croissance, et qui bénéficient d’un effet de base favorable. Le rebond en Europe ne devrait arriver qu’au deuxième semestre 2021, avec le retour du tourisme en fin d’année.
Les politiques monétaires et fiscales à travers le monde sont toujours très favorables au secteur de la consommation.
On prévoit une forte ré-accélération des ventes, couplée d’une hausse des marges opérationnelles, qui devraient avoir un impact positif sur la croissance des résultats nets.
- Les opérations capitalistiques :
Les OPA seront également un moteur de performances en 2021. Les marques plus faibles ou en besoin de liquidités auront recours aux marques dominantes.
- Le renforcement des tendances longues :
Les tendances long terme sortent renforcées de la crise de la Covid-19 :
- Recherche de « plus de qualité » au détriment de « plus de quantité ».
- Besoin renforcé de communiquer son identité et ses valeurs à travers les réseaux sociaux.
- Recherche de bien-être et d’authenticité dans les produits.
- Les valorisations
Le secteur du luxe a toujours traité avec une prime d’environ 30%. Les performances des valeurs du luxe sont rarement liées aux niveaux de valorisation, à l’image de Ferrari et Hermès dont les cours sont en forte progression depuis plusieurs années malgré des valorisation très élevées.
Actuellement, les multiples (P/E, P/Sales) sont supérieurs aux multiples historiques.
On peut estimer que le consensus est trop conservateur. À titre d’exemple, les ventes et les marges anticipées de Kering et LVMH en 2021 sont encore inférieures à celles de 2019. La base de référence des résultats est sous-appréciée car elle porte sur 2020.
Les révisions de résultats à la hausse seront clés pour 2021, ainsi que la capacité des marques à ré-accélérer leurs ventes et leur profitabilité.
Qu’est-ce que l’énergie basée sur l’hydrogène ?
Le 14 avril 2021
Compte tenu de l’augmentation de la production et de la baisse des coûts, il semblerait qu’on puisse compter sur l’hydrogène à l’avenir. L’hydrogène est l’élément le plus ancien, le plus léger et le plus abondant de l’univers.
Mais ce n’est qu’en 1766 que le monde a pris conscience de son potentiel en tant que source d’énergie.
Dans le cadre d’une expérience révolutionnaire, le scientifique anglais Henry Cavendish a isolé le gaz en mélangeant le métal et l’acide pour obtenir ce qu’il appelait alors de «l’air inflammable», dont la combustion produit de l’eau. Malheureusement, les plus grands esprits de ce monde n’ont pas beaucoup progressé depuis. Les efforts déployés pour transformer l’hydrogène en source d’énergie propre ont régulièrement été entravés par les coûts implicites. Ce gaz était en effet très cher à produire, à stocker et à transporter. De nombreux experts l’ont donc écarté des alternatives viables aux combustibles fossiles.
Evolutions récentes
Les évolutions récentes indiquent cependant que ce point de vue n’a plus lieu d’être.
De l’Europe à l’Asie et au Pacifique, les gouvernements et les entreprises (producteurs d’électricité et de gaz, services publics et constructeurs automobiles) intensifient leurs investissements dans le développement de nouvelles technologies reposant sur l’hydrogène. Ces efforts ne sont pas à prendre à la légère. Ils témoignent des avancées qui permettent de penser que les coûts de production de l’hydrogène pourraient bientôt chuter aussi vertigineusement que ceux de l’énergie éolienne et solaire.
Les nombreuses couleurs de l’hydrogène
Si l’hydrogène est le gaz le plus abondant de la planète, il n’existe pas sous sa forme pure dans l’atmosphère. Il n’existe que peu de techniques pour l’extraire, toutes complexes et coûteuses. À l’heure actuelle, environ 95% de l’hydrogène est «brun» ou «gris» et extrait via un procédé qui consiste à l’isoler du charbon ou du gaz naturel par reformation de méthane ou de l’hydrocarbure. Ces procédés industriels génèrent jusqu’à 11 kg de dioxyde de carbone sous forme d’émissions indirectes pour seulement 1 kg d’hydrogène produit.
C’est là qu’intervient l’hydrogène «bleu», dont l’empreinte carbone est beaucoup plus faible. Dans un premier temps, le procédé utilisé pour produire l’hydrogène bleu est le même que pour l’hydrogène gris. La différence réside dans l’ajout d’une étape supplémentaire destinée à réduire les émissions de CO2 associées à la production de l’hydrogène. Elle met en œuvre la technologie de captage et de stockage du carbone (CSC), qui consiste à enfouir le bi-produit carbone dans des réservoirs souterrains. Cette technologie n’est pas bon marché. Elle n’est pas non plus totalement neutre en termes d’émissions.
L’hydrogène bleu devient compétitif à partir d’un prix du carbone (taxe demandée aux pollueurs) d’environ 60 à 70 euros par tonne de CO2 et à condition que le secteur intensifie la technologie commerciale de CSC.
Rendre l’hydrogène plus vert
Compte tenu des lacunes environnementales présentées par l’hydrogène brun, gris et bleu, c’est peut-être l’hydrogène «vert» qui offre la solution la plus durable.
L’hydrogène vert provient de l’électrolyse de l’eau, un procédé qui décompose l’eau en oxygène et en hydrogène, en utilisant un courant électrique généré par des sources renouvelables telles que l’énergie éolienne ou solaire. Ce procédé ne produit aucune émission de carbone, d’où sa qualification «verte».
À l’échelle de la planète, la capacité de l’hydrogène vert est passée de 1 MW en 2010 à 25 MW en 2019 selon l’AIE, grâce à une baisse spectaculaire des coûts des énergies renouvelables.
Problème: ce procédé représente moins de 0,1% de la production totale d’hydrogène actuelle2. Cependant, avec l’augmentation des investissements dans cette technologie, la situation pourrait considérablement évoluer dans les dix ans à venir.
L’Union Européenne, qui affiche un objectif de réduction de CO2 ambitieux, prévoit d’installer 6 GW de capacités de production d’hydrogène vert, d’un coût estimé entre 5 et 9 milliards d’euros et compte atteindre 80 GW d’ici 2030 (valeur de l’investissement : 44 milliards d’euros).
Les investissements cumulés dans l’hydrogène renouvelable en Europe pourraient atteindre 470 milliards d’euros d’ici 2050, ce qui porterait la part de l’hydrogène dans le mix énergétique européen à 13-14% d’ici 2050, contre moins de 2% aujourd’hui3.
L’hydrogène vert peut aussi être une solution viable et durable à grande échelle pour stocker l’excédent de la production d’énergie renouvelable. Il pourrait représenter un enjeu croissant dans les décennies à venir compte tenu du remplacement progressif des combustibles fossiles dans le mix énergétique.
Solution de stockage
L’hydrogène peut aussi être utilisé pour capter l’excédent d’énergie renouvelable. Les électrolyseurs peuvent être utilisés 24 heures sur 24 pour produire de l’hydrogène vert avec l’énergie renouvelable excédentaire pour éviter le «curtailment». L’hydrogène peut être stocké sous forme gazeuse ou liquide dans un réservoir haute pression ou à très basse température prêt à être déployé. Si de nombreux progrès sont encore nécessaires pour rendre le stockage de l’hydrogène compétitif, il peut s’agir d’une niche importante pour l’hydrogène dans le mix énergétique.
Voitures à hydrogène en circulation
Les mandats et les politiques actuels (une cinquantaine dans le monde) se concentrent principalement sur l’introduction de l’hydrogène vert dans le secteur des transports. C’est tout à fait compréhensible. Le transport représente environ un cinquième des émissions annuelles et constitue la principale cause de pollution dans les villes.
Dans ce domaine, les progrès en matière de piles à combustible, qui fonctionnent comme des batteries mais n’ont pas besoin d’être rechargées, sont cruciaux pour l’accélération de l’utilisation de l’hydrogène dans les véhicules.
C’est là qu’il convient de modérer l’optimisme des défenseurs de l’hydrogène. Les piles à combustible convertissent généralement le carburant hydrogène en électricité, qui alimente ensuite les véhicules. Cependant, leur efficacité énergétique, mesurée par la quantité d’électricité finale qu’elles peuvent extraire pour 100 unités d’énergie renouvelable, se situe à un faible 26% contre 69% pour les batteries (les piles à combustible font toutefois mieux que les moteurs à combustion interne, qui affichent une efficacité de 13%4).
Les piles à combustible sont désavantagées par la perte de puissance subie pendant les processus de conversion (transmission, électrolyse et transport) ainsi que par le moteur électrique et les applications mécaniques.
Pour autant, les coûts du système de piles à combustible s’effondrent grâce au perfectionnement de la technologie et aux économies d’échelle. Ce facteur pourrait favoriser une plus large utilisation de ces piles dans certains types de véhicules, pour lesquels les batteries ne peuvent pas rivaliser en raison de la durée des temps de charge.
Il y a quelques années de cela, la production d’un seul kilowatt de puissance avec des piles à combustible à hydrogène coûtait plus de 1 000 dollars. En 2019, ce coût était tombé à 53 dollars selon le département américain de l’énergie.
On s’attend à ce que les véhicules à pile à combustible à hydrogène, utilisés dans des segments de niche de poids moyens et lourds tels que les bus et les camions, puissent atteindre la parité du coût total de possession avec le diesel d’ici 2028-2033.
Il faut aussi développer les infrastructures
Fin 2019, 470 stations de ravitaillement en hydrogène étaient en service dans le monde, soit une progression de plus de 20% par rapport à 2018.
On peut tabler sur une poursuite de cette croissance, notamment en Asie. Le Japon dispose de la plus vaste infrastructure d’alimentation en hydrogène au monde, avec 113 stations de ravitaillement. Le gouvernement japonais fait un énorme pari sur l’avenir de l’hydrogène, menant une politique industrielle et réalisant des investissements ambitieux dans ce domaine.
En Chine, le nombre de stations de ravitaillement a triplé en 2019 pour atteindre 61. Les autorités chinoises explorent de nouvelles possibilités pour le rail alimenté à l’hydrogène après un programme pilote réussi en 2019.
L’hydrogène a souvent fait l’objet d’attentes déçues. Mais la course féroce au développement de nouvelles technologies, soutenue par les investissements importants des gouvernements, change la donne. La lutte contre le changement climatique par la décarbonisation est un défi qui doit mobiliser toutes les forces. L’hydrogène devrait bientôt jouer un rôle considérable dans cette transition.
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