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Investir dans une navigation plus verte : opportunités et risques
Par Samuel Thomas, analyste en investissement durable chez Schroders
Le 8 mai 2023
Le transport maritime mondial contribue davantage aux émissions de CO2 que ne le pensent la plupart des gens. C’est la raison pour laquelle les solutions durables revêtent une si grande importance.
Les émissions totales de CO2 dues au transport maritime sont énormes. Si l’on considérait le transport maritime comme un pays, il se classerait en sixième position sur la liste des pays les plus émetteurs. Il y a des risques et des opportunités pour les investisseurs, des nouvelles réglementations aux avantages des carburants plus écologiques, en passant par un retour au transport maritime de marchandises par énergie éolienne.
Evolutions en perspective
Un grand nombre de nouveaux développements affecteront l’industrie du transport maritime au cours des 24 prochains mois. Il s’agit notamment de l’introduction d’une réglementation plus stricte par l’Organisation maritime internationale (OMI) et du système européen d’échange de quotas d’émission (EU-ETS), qui s’appliquera également au transport maritime à partir de 2024.
Le système d’échange de quotas d’émission est un moteur essentiel de la réduction des émissions de CO2 dans la production d’énergie et dans l’industrie. Les entreprises seront condamnées à une amende si elles émettent plus de CO2 que le quota d’émission dont elles disposent. L’OMI devrait introduire cette année un objectif climatique plus ambitieux visant à réduire de moitié les émissions absolues du transport maritime d’ici 2050. Le transport maritime international de marchandises assurant 80 à 90 % du commerce mondial, le secteur doit faire des efforts considérables pour réduire les émissions de CO2. Bien que le transport maritime soit la forme de transport la plus efficace en termes d’émissions de CO2 (sur la base des émissions de CO2 par tonne-kilomètre), il représente encore environ 3 % des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre.
Selon l’OCDE, le volume des échanges maritimes pourrait tripler d’ici 2050. Les entreprises qui ne font rien pour réduire leurs émissions risquent de subir une triple peine sous la forme de sanctions financières, d’une augmentation des taxes sur le carbone et d’une réduction de la demande des consommateurs. Dans le même temps, les investisseurs peuvent tirer profit des innovations. Selon les estimations, il faudrait investir jusqu’à 1,9 billion de dollars pour atteindre les objectifs actuels de l’OMI en matière d’émissions pour 2050.
Trois facteurs clés
Trois facteurs clés sont en jeu dans le secteur du transport maritime :
- La réglementation environnementale
Le secteur du transport maritime sera confronté à une vague de nouvelles réglementations environnementales au cours des 24 prochains mois et au-delà. Les compagnies maritimes qui ne font rien pour réduire leurs émissions pourraient se voir imposer des sanctions financières, des frais plus élevés et une baisse de la demande des consommateurs.
- Les voies de la décarbonisation
À court terme, on compte sur l’amélioration de l’efficacité énergétique dans l’exploitation et la conception des navires. À moyen terme, l’accent est mis sur les biocarburants avancés et l’hydrogène vert. Les solutions à long terme résident dans l’utilisation de l’e-méthanol et de l’ammoniac vert.
- Le transport maritime vert : une opportunité de 1,9 trillion de dollars
L’objectif de l’OMI de réduire les émissions absolues d’au moins 50 % d’ici à 2050 nécessite un investissement de 1 à 1,4 billion de dollars dans le secteur du transport maritime et sa chaîne de valeur, soit 50 à 70 milliards de dollars par an entre 2030 et 2050. La décarbonation complète du secteur nécessitera un investissement cumulé de 1,4 à 1,9 billion de dollars entre 2030 et 2050.
Ces estimations reposent sur un scénario dans lequel l’ammoniac devient le principal combustible sans carbone. Toutefois, même si d’autres combustibles tels que l’hydrogène ou l’e-méthanol deviennent plus dominants, l’ampleur des investissements nécessaires ne change pas de manière substantielle. Comme la grande majorité de la décarbonation viendra des combustibles, il n’est pas surprenant que ce soit dans ce domaine que les investissements soient les plus nécessaires.
Opportunités d’investissement
Les possibilités d’investissement se situent globalement dans deux domaines :
- Les investissements visant à améliorer les navires eux-mêmes (efficacité énergétique et moteurs), qui représentent 13 % du total des investissements nécessaires.
- Les investissements dans les infrastructures terrestres de stockage et d’avitaillement nécessaires à la synthèse de l’ammoniac et de l’hydrogène (87 % des investissements requis).
Comment les investisseurs peuvent-ils accéder à cette opportunité ? En constituant un panier d’entreprises bien positionnées pour faciliter l’écologisation de l’industrie du transport maritime. On peut alors sélectionner ces entreprises sur la base de trois critères :
- Les entreprises dont la majorité des revenus provient de la vente de technologies, d’équipements ou de services liés au transport maritime sans carbone.
- Les entreprises qui ont réalisé des investissements substantiels, généralement la majorité de leur budget de recherche et développement, dans des technologies, des équipements ou des services liés au transport maritime sans carbone. Y compris le développement, la distribution ou la consommation de carburants à faible teneur en CO2.
- Ou les entreprises participant à un projet de démonstration de transport maritime à faible émission de carbone reconnu par le Forum maritime mondial.
Lire également : Green shipping: a 1,9tn dollar investment opportunity?, par Samuel Thomas, Sustainable Investment Analist chez Schroders.
Comment décarboner un portefeuille ?
Par Willem Schramade, Responsable du conseil client en durabilité chez Schroders
Le 12 avril 2023
Beaucoup d’investisseurs institutionnels fixent des objectifs de type zéro carbone net ou d’autres objectifs de décarbonation, mais souvent, ils ne savent pas trop bien comment les mettre en pratique. En effet, que signifie vraiment zéro carbone net ? Comment mesurer les progrès enregistrés ? Et comment agir dans les décisions d’investissement concrètes ?
La décarbonation est un défi à de nombreux égards.
Tout d’abord, il y a la question du « maintenant » ou « plus tard ». Dans quel délai les investisseurs institutionnels veulent-ils atteindre la décarbonation ? Et quel est le point de départ ? Si les émissions actuelles de CO2 sont le point de départ évident (et les plus faciles à mesurer), l’objectif d’atteindre des émissions beaucoup plus faibles dans le futur nécessite une évaluation et un suivi. Cela suppose d’avoir une vision des objectifs et des trajectoires d’émissions des entreprises dans lesquelles on investit et de voir quelle est leur crédibilité. Investissent-elles assez ? Pour s’en assurer, il faut établir des hypothèses et une agrégation au niveau du portefeuille au moyen d’outils tels que l’augmentation implicite de la température, la valeur carbone et l’analyse des scénarios de risque par exemple. Mais le plus important est sans doute de savoir comment atteindre les objectifs de décarbonation tout en maintenant, et de préférence en améliorant, les objectifs de rendement.
Quel rapport à l’économie mondiale ?
Deuxièmement, il y a la question du portefeuille par rapport à l’économie mondiale. La décarbonation d’un portefeuille ne signifie pas que l’économie mondiale devient une économie neutre en carbone. Jusqu’à présent, les émissions mondiales de CO2 restent relativement élevées. Et le cynique pourrait dire que la décarbonation du portefeuille n’est qu’un vœu pieux, surtout si l’on s’y prend de manière simpliste.
On peut dire que les fonds de pension et les assureurs sont tellement liés aux marchés des capitaux qu’ils ne peuvent même pas désinvestir. Ils n’ont d’autre choix que de prendre la responsabilité d’assurer l’accompagnement de leurs holdings pour traverser avec succès les transitions, y compris le passage à zéro émission nette. La décarbonation des plus grands émetteurs de CO2 est le principal défi et constitue également la plus grande chance de réduire les émissions mondiales. Il ne s’agit donc pas de simplement abandonner certaines participations, car la décarbonation passera par un engagement profond et réel.
Quid des risques financiers ?
Troisièmement, que signifie la décarbonation pour les profils financiers risque-rendement ? Bouger trop vite ou trop lentement peut entraîner des risques financiers importants. Bouger trop lentement peut entraîner de lourdes pertes sur les actifs échoués ou sur des entreprises qui ne sont pas prêtes à embrasser le changement. Et aller trop vite, peut entraîner une perte coûteuse de chiffre d’affaires ou des occasions manquées.
Tableau de bord
Dans ces conditions, comment naviguer et comment suivre les progrès accomplis ? Ces trois défis impliquent la nécessité de disposer d’un tableau de bord détaillé, avec une boîte à outils complète qui fait des hypothèses non seulement sur la trajectoire de décarbonation du portefeuille, mais aussi sur ses implications financières (défi 3) et sur les effets de la décarbonation du portefeuille dans le contexte de l’économie mondiale (défi 2). Ce tableau de bord doit suivre à la fois la progression des entreprises dans lesquelles on investit au fil du temps, ainsi que l’horizon de temps mais aussi la progression de l’investisseur, en termes de décisions d’investissement et de résultats en termes d’engagement
Agir commence par la mise en place d’un bon modèle de gouvernance qui peut se décliner comme suit :
- fixer des objectifs
- entreprendre une action durable
- construire le tableau de bord
- l’utiliser ensuite pour adapter sa stratégie.
L’action proprement dite peut revêtir deux formes : le transfert d’actifs vers des actifs décarbonés et la manière de gérer les investissements les plus difficiles
Dans la pratique, il existe plusieurs façons de procéder. Voici quelques exemples. Un responsable d’un fonds de pension suisse dit qu’ils désinvestissaient dans les pires émetteurs de CO2 de leur portefeuille. Ils recherchent un engagement auprès des gros émetteurs restants et ils passent d’investissements publics à des investissements privés parce que ces derniers ont tendance à avoir des émissions de CO2 nettement plus faibles en raison d’expositions diverses (par exemple, plus de soins de santé, de technologie et de services).
Un autre exemple est le gigantesque fonds de pension Soins et Bien-être (PFZW), qui conditionne ses participations pétrolières et gazières à un plan de transition crédible. PFZW a laissé tomber 192 entreprises et est encore en discussion avec 12 autres et garde les autres « en suspens ». Finalement, PFZW prévoit de ne garder que quelques dizaines des 400 entreprises pétrolières et gazières dans lesquelles ce fonds détenait une participation. Ainsi, sauf s’il veut réduire radicalement son exposition au secteur, PFZW devra augmenter ses participations et jouer un rôle plutôt actif que passif.
L’impact du changement de régime sur l’allocation d’actifs
Par Lesley-Ann Morgan et Patrick Brenner, spécialistes multi-actifs chez Schroders
Le 29 mars 2023
En 2022, les actions et les obligations ont reculé de manière synchrone, faisant naître des interrogations sur la fonction de ces investissements au sein du portefeuille, ainsi que sur leur corrélation. Faut-il alors réexaminer la composition traditionnelle d’un portefeuille d’investissement ?
Depuis la crise financière de 2009, les belles performances des actions et des obligations ont véritablement dopé le rendement total des investissements. En 2022, toutefois, les actions et les obligations ont simultanément fait piètre figure, plombées par les craintes relatives à l’inflation et à la croissance. Pour le portefeuille 60/40 standard (composé à 60 % d’actions mondiales et à 40 % d’obligations), 2022 a été le pire cru depuis 50 ans, à l’exception de la crise financière mondiale, avec un recul de 14,4 %.
Changement de régime
Les détenteurs d’actifs et les investisseurs doivent composer avec un nouveau régime dans lequel les obligations ne protègent plus les portefeuilles d’investissement contre le recul des cours des actions. Plusieurs grandes tendances vont déterminer les perspectives d’investissement à moyen terme. On peut les décrire ensemble sous le terme de «changement de régime ».
- Les banques centrales privilégieront la maîtrise de l’inflation par rapport à la croissance.
- Les gouvernements réagiront avec une politique budgétaire plus active.
- Le nouvel ordre mondial remettra en question la mondialisation.
- Confrontées à une hausse des coûts, les entreprises réagiront en investissant dans la technologie.
- La réponse au changement climatique s’accélèrera.
Implications de ce changement de régime pour les investisseurs
Quelles sont les implications de ce changement de régime pour les investissements liquides ? Quel est son effet en termes de corrélations ? Comment les investisseurs doivent-ils tenir compte des thèmes indiqués ? L’année écoulée a été mouvementée pour les gestionnaires de portefeuille, confrontés à un nouveau régime d’inflation et de taux élevés, alors que les marchés d’actions et d’obligations affichaient une corrélation positive. Ce nouveau régime nécessitera les adaptations suivantes, à moyen terme, en matière d’allocation d’actifs.
- Corrélations
Les investisseurs qui estiment que les corrélations resteront positives peuvent envisager d’inclure dans leur allocation de base des matières premières et d’autres primes de risque alternatives. Ceux qui jugent au contraire que les corrélations redeviendront négatives doivent continuer à diversifier leur portefeuille. Ils auront toutefois moins besoin de catégories d’actifs qui ne sont pas influencées par des facteurs macroéconomiques.
Dans un contexte de baisse attendue des rendements, les investisseurs devront travailler plus dur pour obtenir la même performance. Concrètement, cela implique une approche plus diversifiée de la génération de rendement et un accent plus fort sur l’alpha.
- Obligations
Les obligations auront toujours une place dans l’allocation stratégique, mais n’offriront plus les mêmes avantages qu’autrefois en termes de diversification. L’étude du rendement sur le cycle de taux suggère que les performances des obligations varieront davantage sur le cycle et que les expositions par rapport à l’indice de référence vont devoir être gérées de manière plus active.
- Liquidités
Avec la hausse des taux d’intérêt, la duration plus limitée et les risques de contrepartie, les liquidités seront amenées à jouer un rôle plus important dans les portefeuilles d’investissement, mais très probablement davantage sur le plan tactique que stratégique.
- Actions
Dans le nouveau régime, un certain nombre de facteurs auront probablement un effet sur la performance des actions. Les investisseurs devront être plus sélectifs dans le choix des régions et des entreprises, ciblant celles qui profiteront de la technologie, de la transition énergétique et de la démondialisation.
- Matières premières
À moyen terme, une corrélation moins stable entre les actions et les obligations, l’inflation persistante, les tensions géopolitiques et la réduction à zéro des émissions nettes de gaz à effet de serre seront bénéfiques pour les investissements en matières premières. Les investisseurs doivent envisager d’inclure des matières premières dans leur allocation stratégique d’actifs.
- Devises
Les différentes politiques monétaires, budgétaires et de transition énergétique entraîneront davantage de divergences régionales en termes de devises, qui pourront être mises à profit de manière tactique.
- Valorisations
Lorsqu’il s’agit de déterminer si, d’un point de vue tactique, une certaine classe d’investissement doit être surpondérée ou sous-pondérée à court terme, les valorisations jouent un rôle important.
- Construction de portefeuille
Lors de la construction d’un portefeuille, il est essentiel de bien comprendre l’interaction entre les différentes classes d’investissement. Les corrélations actuelles entre les actions et les obligations nécessitent un réexamen de la construction d’un portefeuille. Par conséquent, il peut être nécessaire d’appliquer divers scénarios à un portefeuille, en faisant différentes hypothèses sur les corrélations positives futures entre les actions et les obligations, au lieu de se fier aveuglément aux corrélations moyennes lissées du passé. Cela signifie aussi que les investisseurs doivent gérer de manière dynamique leur allocation d’actifs par rapport à leur indice de référence stratégique, puisque les corrélations sont instables.
Lire aussi Regime shift: what it means for strategic asset allocation, de Lesley-Ann Morgan et Patrick Brenner, spécialistes multi-actifs chez Schroders.
Combien de temps faut-il pour doubler son argent ? La « règle de 72 »
Par Duncan Lamont, CFA, Responsable de la recherche stratégique chez Schroders
La « règle de 72 » est un principe général qui permet de déterminer approximativement combien de temps il pourrait falloir à un investisseur pour doubler son argent.
La règle « approximative »
Cette règle s’exprime par la formule suivante :
Nombre d’années pour doubler son investissement = 72 divisé par le taux d’intérêt (de rendement)
Ce n’est qu’une approximation, mais elle peut sembler utile comme moyen rapide et facile d’obtenir un aperçu de la situation.
Des exemples
Si les taux monétaires étaient restés à leur plus bas de 0,1 % l’an dernier, l’épargne sous forme de liquidités aurait pris environ 72 / 0,1 = 720 ans pour voir sa valeur doubler !
À 4 % il faudrait environ 72 / 4 = 18 ans.
Ces chiffres ne tiennent pas compte de l’épargne supplémentaire qu’un individu pourrait réaliser, ni de l’impact de l’inflation.
Aux États-Unis, la Réserve fédérale a relevé le taux des Fed Funds dans une fourchette de 4,25-4,5 %, tandis que le taux bancaire de la Banque d’Angleterre est de 3,5 %. Le taux des dépôts de la Banque centrale européenne est de 2,0 %. De nouvelles hausses de taux sont attendues dans les mois à venir.
Le rendement et le temps liés au risque
Pour les investisseurs prêts à envisager des investissements plus risqués mais qui offrent dans le même temps un rendement escompté plus élevé, le temps nécessaire pour doubler la valeur de l’épargne sera nettement moins long.
Les obligations d’entreprise procurent actuellement un rendement supérieur à 5 % aux États-Unis et au Royaume-Uni (et aux alentours de 4 % en Europe). Les obligations « high yield » de qualité inférieure et la dette émergente affichent un rendement supérieur à 8 %. Les actions offrent elles aussi des performances escomptées globalement attractives.
Avec un rendement attendu de 7 %, le temps nécessaire pour doubler la valeur de l’épargne tombe à 10 ans.
Ce ne sont pas là des prévisions, mais la « règle de 72 » est un moyen pratique de prendre en compte une donnée financière, comme un taux d’intérêt, et de la traduire en quelque chose que bon nombre de gens jugeront plus parlant.
Comment sera l’année du lapin pour les investisseurs en Chine ?
Le 31 janvier 2023
Alors que la Chine abandonne sa politique zéro Covid, que réserve la nouvelle année chinoise qui a commencé le 22 janvier dernier ?
Le Nouvel An lunaire commence le 22 janvier et est placé sous le signe du lapin. Les lapins ont la réputation de porter chance. Mais après une année 2022 difficile pour les actifs chinois, les investisseurs en Chine seront-ils plus heureux en 2023 ?
L’économie chinoise devrait mieux se porter
On peut tabler sur une reprise de l’économie chinoise en 2023. Selon les prévisions de base, les chiffres de la croissance du PIB chinois devrait passer de 3 % à 5 % en 2022.
La levée rapide des mesures de lutte contre la Covid devrait prochainement provoquer un début de reprise. Le secteur des services en particulier devrait en bénéficier, ce qui pourrait signifier une croissance économique plus rapide que les prévisions actuelles.
Les dépenses d’infrastructure se sont quant à elles montrées dynamiques en 2022 et devraient soutenir la croissance un certain temps encore, sachant que les politiques restent favorables. Les indicateurs sur le marché du logement ont peut-être commencé à trouver un plancher et pourraient se redresser en 2023 à partir d’une base très faible.
Entre risques et espoirs
Cependant, les nouvelles épidémies de Covid restent un risque. Les actions chinoises continueront d’être influencées par le contexte macroéconomique mondial, c’est-à-dire par l’ampleur des hausses de taux et du ralentissement économique aux États-Unis et en Europe. Le pic du cycle de taux aux États-Unis et l’affaiblissement du dollar américain devraient soutenir la liquidité des marchés émergents.
La Chine a supprimé plus rapidement que prévu tous les obstacles majeurs à sa réouverture post-Covid. Cela devrait considérablement soutenir la reprise des dépenses de consommation, donc les recettes intérieures dans de nombreux secteurs de l’économie. Toutefois, la sortie de la politique zéro Covid reste un risque dans un contexte de nouvelles épidémies de coronavirus et, par conséquent, la dynamique économique pourrait être volatile.
Le gouvernement s’est également engagé à soutenir davantage le marché immobilier. Toutefois, les ventes immobilières devront s’améliorer pour que le secteur se redresse plus pleinement et, plus important encore, pour que les investisseurs reconnaissent que les risques systémiques diminuent.
Malgré le récent rebond, on continue à observer des valorisations solides pour les actions chinoises et hongkongaises.
Davantage de stabilité de la balance des paiements en Chine
Après l’abandon de la politique zéro Covid en Chine, la réouverture des frontières va s’avérer chaotique. On peut se montrer optimistes quant à la capacité de la lente normalisation des voyages à l’étranger à limiter la détérioration de la balance des paiements et à stabiliser le renminbi. Pour rappel, la balance des paiements correspond à la différence de valeur totale entre les paiements entrants et sortants d’un pays sur une période.
Cette stabilité de la devise, conjuguée aux pressions inflationnistes modérées et au rythme modeste de la reprise économique, devrait être de bon augure pour les emprunts d’État chinois, car la politique monétaire peut rester accommodante.
Le pic du ralentissement est passé, mais la liquidité et les flux de trésorerie sont essentiels
Dans l’ensemble de l’Asie, les valorisations du crédit sont attractives, et le crédit Investment Grade asiatique est apprécié. Ce segment offre un revenu ajusté au risque attrayant.
Les obligations High Yield asiatiques restent cependant vulnérables. L’accent sera mis sur les situations de liquidité et de trésorerie. Cela nécessite une approche sélective, en particulier pour l’immobilier chinois.
Le pic du ralentissement chinois est probablement passé. Même si la reprise de la croissance peut s’avérer volatile, il y a des opportunités parmi certains émetteurs surpénalisés, comme certaines valeurs technologiques, des médias et des télécommunications.
Quelles sont les perspectives en 2023 pour les actions mondiales et les thématiques ?
Par Par Alex Tedder, Responsable des gestions actions US et Monde, Schroders
Le 14 décembre 2022
En commençant par une guerre en Europe, 2022 a été une année que la plupart des investisseurs préféreraient oublier. L’invasion russe de l’Ukraine a entraîné des hausses massives des coûts de l’énergie et des denrées alimentaires alors même que les goulets d’étranglement post-pandémie dans les chaînes d’approvisionnement exerçaient déjà une pression considérable sur les prix mondiaux. Les banques centrales, mandatées majoritairement pour gérer l’inflation, ont été confrontées à la perspective très réelle d’une spirale coûts-prix infernale.
Fait rare, elles sont également confrontées à la tâche peu enviable d’essayer de contenir les anticipations de hausse des salaires alors que le chômage dans la plupart des grandes économies affiche des niveaux extrêmement bas. Le risque d’erreur était considérable, et l’est encore.
Malgré les craintes des marchés, il n’est pas question d’un retour aux années 1970.
À l’heure où de rédiger ce rapport, le taux d’inflation globale dans de nombreux pays reste élevé voire augmente. Il est légitime de craindre que l’action des banques centrales ne suffise pas à contrer la hausse des salaires et d’aucuns évoquent un retour à la stagflation (croissance stagnante/inflation élevée) des années 1970.
Toutefois, bien que le choc des prix de 2022 soit quelque peu comparable à cette époque, il convient de noter que l’inflation sous-jacente (souvent appelée inflation « core ») semble déjà s’apaiser. Cette tendance devrait se poursuivre ces prochains mois, car la détente au niveau des chaînes d’approvisionnement, la hausse des coûts d’emprunt, la pression sur les revenus des ménages et la baisse des prix immobiliers contribuent à ralentir l’économie mondiale et à freiner la demande.
Dans ce contexte, il est concevable que les revendications salariales s’apaisent également.
Pour de nombreux observateurs, les pénuries de main-d’œuvre persistantes dans de nombreux pays et la multiplication des mouvements de grève sont autant de facteurs qui incitent à la prudence concernant la hausse des salaires. Cependant, la flexibilité de la main-d’œuvre ira en s’améliorant à mesure du ralentissement de l’économie. Les entreprises vont, sans aucun doute, reporter leurs embauches et réduire leurs effectifs. De fait, des signes évidents de ce phénomène apparaissent déjà dans le secteur technologique, où le discours des équipes dirigeantes s’est soudainement ajusté à la réalité économique.
De plus, il est possible que le taux de participation, actuellement au plus bas, augmente alors que des non-participants, notamment de nombreuses personnes âgées de plus de 50 ans, décident de réintégrer la main-d’œuvre.
Enfin, il est probable que la tendance récente au remplacement de la main-d’œuvre par l’automatisation s’accélère de manière significative, notamment compte tenu des progrès technologiques récents.
En résumé, si un retour au chômage de masse semble peu probable, il est tout à fait possible qu’une augmentation des postes vacants, associée à une légère augmentation du nombre de participants, plafonne les coûts salariaux à l’avenir.
Les craintes d’une récession profonde pourraient s’avérer infondées
Un ralentissement économique semble inévitable compte tenu de ce qui précède, mais les craintes d’une récession profonde pourraient s’avérer infondées, du moins dans certains pays. Le chômage étant si faible, les consommateurs sont mieux à même de faire face à la hausse des coûts. Les mesures prises par les gouvernements pour alléger les factures d’énergie aident également à en amortir l’effet. À noter que la situation financière des ménages, soutenue par l’accumulation d’une épargne considérable durant la pandémie de Covid-19, constitue un coussin pour bon nombre d’entre eux (bien que manifestement insuffisant pour les ménages aux revenus les plus faibles).
La situation est similaire dans l’univers des entreprises, où l’endettement est relativement faible et d’échéance supérieure à la moyenne.
Dans l’ensemble, cela laisse penser que, bien que des difficultés économiques importantes persistent, l’inflation pourrait ne pas être aussi ancrée et le ralentissement économique moins prononcé que beaucoup ne l’envisagent. Cette hypothèse s’applique sans doute davantage aux États-Unis, qui sont, de fait, autosuffisants au plan énergétique, tirent largement parti du fait que la quasi-totalité des principales matières premières sont cotées en dollars et bénéficient d’une immigration positive. En Europe, y compris au Royaume-Uni, la situation est hélas bien plus nuancée.
Contraction des bénéfices
Récession ou non, les prévisions de bénéfices devront être revues à la baisse. L’une des caractéristiques intéressantes du cycle de marché actuel est que, malgré l’effondrement du cours des actions, les bénéfices ont, jusqu’à présent, été remarquablement solides. Le niveau des prix en est la raison.
De part et d’autre de l’Atlantique, les entreprises ont impunément augmenté leurs prix. Pepsi a, par exemple, rehaussé les siens de 17 % au troisième trimestre, tandis qu’en Europe, Louis Vuitton et Nestlé ont annoncé des hausses de prix à deux chiffres, avec peu d’impact immédiat sur les volumes.
En ce qui les concerne, leurs chiffres d’affaires sont susceptibles de résister sachant que les consommateurs semblent disposés à payer le prix fort pour des produits haut de gamme. Mais pour de nombreuses entreprises, ce n’est qu’une question de temps avant qu’une élasticité négative n’intervienne et que la demande ne commence à baisser.
Les premières indications d’entreprises telles qu’Amazon et Target aux États-Unis, ou M&S, H&M et Primark en Europe, suggèrent que les consommateurs réduisent déjà leurs dépenses.
Les chiffres d’affaires et les marges (hors entreprises du secteur de l’énergie) semblent voués à baisser en 2023, créant un cycle de révision à la baisse des bénéfices qui n’est pas encore totalement intégré.
Jauger le point bas peut paraître contre-intuitif compte tenu de ce qui précède, mais nous sommes d’avis que le marché baissier actuel est proche de son terme. La volatilité devrait toutefois rester élevée encore un certain temps.
Les prévisions de bénéfices par action de 225 et 235 dollars pour le S&P 500 semblent encore quelque peu optimistes et elles seront progressivement révisées à la baisse ces prochains mois, le point bas étant susceptible de survenir au troisième trimestre 2023.
Mais les places boursières regardent toujours vers l’avant et intègrent généralement le point bas des bénéfices six à neuf mois avant qu’il ne soit effectivement atteint. Cela suggère que le récent rebond des marchés actions mondiaux (le Dow Jones a enregistré son meilleur mois depuis 1976 en octobre) n’était pas sans logique, bien que le récent rallye ne soit pour nous qu’un faux-semblant.
À très court terme, de nouvelles déceptions semblent probables à mesure que la pression sur la rentabilité deviendra de plus en plus visible.
Risque et rendement
On peut aussi mentionner les risques géopolitiques existants, comme une nouvelle escalade en Ukraine, la possibilité d’une nouvelle réduction des livraisons de gaz russe à l’Europe, ou encore la position de la Chine concernant Taïwan. Il s’agit potentiellement d’événements de type « cygne noir » de nature binaire et impossibles à prédire avec certitude.
L’un quelconque de ces scénarios serait une très mauvaise nouvelle pour les marchés mondiaux. Espérons que le bon sens prévaudra.
Quoi qu’il en soit, les événements de l’année écoulée ne feront que renforcer certaines tendances déjà visibles avant la crise actuelle.
La sécurité nationale, la sécurité énergétique, la sécurité alimentaire, la cybersécurité (pour ne citer que quelques exemples) doivent désormais être une priorité bien plus grande des gouvernements et des entreprises qu’au cours de la dernière décennie. Les mauvais coups de la Russie montrent à quel point la dépendance énergétique vis-à-vis d’un partenaire erratique peut être désastreuse. La Chine devrait rester un acteur bien plus rationnel et mesuré que la Russie, mais les visées du président Xi sont clairement expansionnistes.
Sécuriser les approvisionnements
On peut anticiper une vague de dépenses de la part des gouvernements et des entreprises axée sur une plus grande sécurité des approvisionnements : qu’il s’agisse d’investissements dans les énergies renouvelables, de la relocalisation de sites de production, du soutien à de nouvelles méthodes de production alimentaire ou de la protection de secteurs stratégiques comme les semi-conducteurs, les logiciels ou les biotechnologies. Une certaine polarisation entre l’Occident et l’Orient semble inévitable dans ces domaines.
On peut alors se concentrer sur les entreprises capables de prospérer dans un environnement difficile, et ce, moyennant un niveau de risque raisonnable. Bon nombre d’entre elles appartiennent aux secteurs susmentionnés, dont les taux de croissance structurelle sont clairement plus élevés qu’auparavant.
En parallèle toutefois, au gré de la maturation du marché baissier, les analyses amènent à considérer des marchés boudés depuis un temps, comme le Japon.
Grâce à une faible hausse des salaires et une monnaie très compétitive, il est aujourd’hui moins cher de recruter un ingénieur logiciel à Tokyo qu’à Bangalore.
Il y a toujours des opportunités quelque part dans le monde. Même si les marchés devraient rester volatils, une lueur apparaît donc au bout du tunnel pour les investisseurs.
Lire aussi : Outlook 2023: Global and thematic equities, par Alex Tedder, Responsable des gestions actions US et Monde chez Schroders.
L’impact de l’inflation sur les investissements orientés vers l’avenir
Le 8 novembre 2022
En quoi le retour de l’inflation affecte certains grands thèmes d’investissement, comme les villes mondiales, les infrastructures numériques, la transition énergétique, les denrées alimentaires et l’eau et la fabrication intelligente ? Analyse et éclairage.
Inflation supérieure à l’objectif de la banque centrale
Il y a un an, beaucoup de banquiers centraux considéraient que l’inflation n’était que passagère. Mais ils ont déchanté depuis, d’autant que l’inflation touche maintenant non seulement les biens mais aussi les services. On prévoit une inflation mondiale de 7,2 % cette année, contre 3,4 % en 2021. On table aussi sur une modération à 4,3 % d’ici 2023, mais ce chiffre reste supérieur aux objectifs de nombreuses banques centrales et bien au-dessus des niveaux enregistrés ces dernières années par la plupart des grandes économies.
Villes mondiales et infrastructures numériques
L’immobilier est un secteur dans lequel les investisseurs peuvent souvent tirer profit de l’inflation en hausse. Cela s’explique, en partie, par le fait que l’augmentation du coût des matériaux de construction ou de la main-d’œuvre freine les nouvelles constructions, ce qui fait du même coup augmenter la valeur des biens existants. Mais plusieurs types de biens immobiliers ont un lien direct avec l’inflation.
On peut citer l’exemple de nombreux baux contenant des clauses qui prévoient des indexations de loyer liées à l’inflation, ce qui garantit aux investisseurs des rendements supérieurs à l’inflation. Tous les biens immobiliers ne sont cependant pas logés à la même enseigne. Les investisseurs doivent être très attentifs au type spécifique de biens dans lesquels ils investissent. Certains types de biens immobiliers sont des biens essentiels. D’autres profitent de l’effet cumulé d’une demande forte et d’une offre limitée. Mais d’autres segments encore ne sont pas essentiels et se caractérisent par une demande plus faible.
La pandémie a accéléré certaines tendances, comme le commerce électronique et le télétravail. Cela a réduit le pouvoir de fixation des prix dont disposent par exemple les propriétaires de commerces et de bureaux. La capacité de répercuter les augmentations liées à l’inflation sur les locataires de ces biens s’en trouve donc fortement limitée. En se concentrant sur les endroits où la croissance économique est systématiquement la plus forte, les investisseurs peuvent maximiser les chances de répercuter la hausse des coûts sur les locataires.
Transition énergétique
La transition énergétique est un thème qui a été fortement impacté par l’inflation au cours des deux années écoulées. La rentabilité des entreprises diminue en raison de la hausse des coûts. Et sur le plan de la valorisation, la hausse des taux d’intérêt a érodé la valeur des liquidités futures. Les entreprises actives, par exemple, dans le domaine des énergies renouvelables, du stockage de l’énergie et de l’hydrogène sont les plus touchées. Cela s’explique par le fait que la valeur de leurs revenus est beaucoup plus éloignée dans le temps et qu’elles sont aussi plus exposées aux chocs de la chaîne d’approvisionnement.
Le thème de la transition énergétique reste sous le feu des projecteurs en raison de la forte hausse des prix de l’électricité en Europe liée au tarissement des fournitures de gaz russe. Comme les prix de l’énergie sont une des principales causes de l’inflation, qui pourrait à son tour déclencher une récession, il est impératif d’augmenter l’approvisionnement énergétique. Il faudra beaucoup plus d’énergie renouvelable, beaucoup plus de stockage d’énergie et même d’hydrogène pour venir à bout de la crise énergétique actuelle, surtout en Europe.
Denrées alimentaires et eau
La hausse des prix des denrées alimentaires est une composante majeure de l’envol de l’inflation cette année. La guerre en Ukraine a provoqué une hausse du prix de certains produits agricoles, en particulier le blé. Cette situation pourrait s’inscrire dans la durée. La hausse des prix des produits agricoles de base peut profiter aux agriculteurs et aux investisseurs dans ces produits, mais elle entraîne une inflation des prix alimentaires dans toute la chaîne des producteurs de denrées alimentaires, pour les détaillants et, en bout de course, pour les consommateurs.
Fabrication intelligente
Le thème de la fabrication intelligente concerne l’innovation visant à améliorer la qualité des biens produits et de la fabrication grâce à la numérisation. Les technologies qui contribuent à améliorer l’efficacité énergétique en font partie. La consommation énergétique industrielle en Europe représente 26 % de la consommation européenne totale. En cette période de précarité de l’approvisionnement en gaz et d’inflation énergétique élevée, la demande de technologies permettant l’électrification et la conservation de l’énergie ne va vraisemblablement faire qu’augmenter.
Mais certaines tendances de production sont également une source d’inflation plutôt qu’une solution. La relocalisation, qui consiste à rapprocher la production de la demande, en est un exemple. La relocalisation a un effet inflationniste. Elle peut, par exemple, entraîner une augmentation du coût de la main-d’œuvre ou des pièces détachées, parce que les entreprises déplacent leur production vers des régions plus chères. Mais cette tendance offre aussi plusieurs avantages comme une chaîne d’approvisionnement plus résiliente, des coûts logistiques plus faibles et une réduction des émissions de CO2 dues au transport.
L’automatisation permet de réduire le coût de la relocalisation. Le coût des robots diminue grâce aux économies d’échelle et au recours croissant à l’automatisation dans de nombreux secteurs. Dans tous les secteurs, l’automatisation permettra d’accroître la productivité, de réduire les coûts de la main-d’œuvre et d’améliorer l’efficacité énergétique, bref autant d’éléments extrêmement intéressants dans un contexte d’inflation croissante.
L’effet de l’inflation n’est pas uniforme
L’effet de l’inflation varie considérablement entre les différents thèmes. Même au sein d’un même thème, les opportunités d’investissement ne sont pas toutes affectées de la même manière.
Lire aussi How is inflation affecting the big investment themes of the future?, de plusieurs spécialistes en investissement de Schroders.
Les investisseurs belges s’intéressent de plus en plus aux fonds durables
Le 28 septembre 2022
Selon l’enquête Schroders Global Investor Study 2022, les investisseurs belges se concentrent sur l’allocation dans des fonds qui répondent à leurs besoins et principes personnels. Ils sont de plus en plus attirés par les fonds durables, principalement en raison de l’environnement. Mais lorsqu’il s’agit de changer le comportement des entreprises, les investisseurs belges veulent également avoir un impact sur des aspects sociaux tels que le traitement du personnel.
Valeurs et principes
L’étude phare de Schroders[1] montre que les investisseurs qui se qualifient eux-mêmes d’« experts » se concentrent davantage sur le rôle que leurs principes et valeurs peuvent jouer dans leurs décisions d’investissement. Les recherches montrent que la moitié de ces investisseurs « experts » belges ont déclaré que leurs principes personnels sont « très importants» pour leurs investissements.
En outre, l’importance accordée aux valeurs et aux principes par les investisseurs augmente avec l’âge. Plus de quatre cinquièmes (86 %) des personnes âgées de plus de 71 ans sont susceptibles de privilégier ces aspects. Cela indique peut-être que les investisseurs plus âgés sont plus confiants et fermes dans leurs opinions.
En outre, les résultats montrent que la plupart des personnes ont le sentiment, en tant qu’actionnaires, qu’elles devraient pouvoir influencer les entreprises dans lesquelles elles investissent.
Lorsqu’on leur demande quels sont les domaines dans lesquels il est le plus important de jouer un rôle actif auprès des entreprises, les Belges ont classé les enjeux du capital humain (67 %), du capital naturel et de la biodiversité (66 %) et du climat (61 %) comme étant les plus cruciaux, démontrant l’importance des questions liées à l’environnement.
Savoir, c’est pouvoir : besoin d’éducation financière
Près de 89 % des investisseurs « experts / avancés » belges estiment disposer de connaissances suffisantes pour prendre des décisions d’investissement pour leur avenir financier, tandis que près de la moitié (45 %) des investisseurs « débutants/rudimentaires » belges se sentent suffisamment informés pour le faire.
Étonnamment, l’enquête Schroders Global Investor a également révélé qu’il existe un fossé entre les connaissances en investissement que les investisseurs pensent avoir et leurs connaissances en investissement réelles. Par exemple, plus de la moitié (58 %) des investisseurs de niveau intermédiaire estiment disposer de connaissances suffisantes. Mais lorsqu’on les interroge sur ce qui arrive généralement aux prix des obligations lorsque les taux d’intérêt augmentent, 60 % ont donné la mauvaise réponse, à savoir que les prix des obligations augmentent. En revanche, 90 % des investisseurs experts ont donné la bonne réponse, à savoir que les prix des obligations baissent lorsque les taux d’intérêt augmentent.
Cela souligne la nécessité d’une meilleure éducation financière et le rôle que les fournisseurs de services financiers doivent jouer. La moitié (50 %) des Belges estiment que les sociétés d’investissement doivent veiller à s’assurer que les personnes ont suffisamment de connaissances en matière financière personnelle, et 35 % pensent que cela doit incomber aux conseillers financiers.
Toutefois, 38 % des Belges estiment que les établissements d’enseignement ont un rôle à jouer pour sensibiliser les personnes aux questions financières, tandis que 9 % d’entre eux considèrent cela comme leur responsabilité personnelle.
Une meilleure connaissance favorise également la focalisation sur les actifs privés
En outre, l’étude montre que les investisseurs se sentent désormais plus confiants dans l’accès à des investissements qui auraient pu être considérés comme hors limites. C’est notamment le cas des actifs privés. 47 % des investisseurs belges se sentent en mesure d’accéder au capital-investissement et aux actifs physiques.
Cependant, si la plupart des Belges se sentent en mesure d’investir dans des actifs privés, certaines classes d’actifs sont toujours perçues comme complexes, nécessitant un soutien supplémentaire de la part des fournisseurs et des conseillers financiers pour y accéder. C’est notamment le cas des infrastructures où les investisseurs étaient plus enclins à investir par le biais d’un produit tiers comme un fonds commun de placement (46%) plutôt que directement (31%).
En résumé, plus le niveau de connaissances perçu en matière d’investissement est élevé, plus les gens sont susceptibles d’être intéressés d’investir dans des classes d’actifs privés. Par exemple, 36 % des « débutants » belges estiment que les infrastructures dépassent leur entendement, contre 8 % des investisseurs « experts » belges. Cela suggère que la tendance à la démocratisation des actifs privés sera probablement liée à un niveau plus élevé d’éducation financière.
Davantage d’intérêt pour les fonds durables
Par rapport à l’enquête Schroders Global Investor de l’année dernière, les investisseurs belges sont devenus plus intéressés par les fonds durables. 93 % ont répondu par l’affirmative à la question de savoir s’ils considèrent comme attractifs les fonds durables, c’est-à-dire les fonds qui prennent en considération les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Les investisseurs belges considèrent l’impact environnemental comme l’aspect le plus attractif des fonds durables (48 %), suivi de l’impact sur la société (41 %). La différence de préférence entre ces deux caractéristiques d’impact s’est réduite au cours des trois dernières années.
Les investisseurs belges voient trois facteurs principaux qui les encourageraient à accroître leurs investissements durables : la capacité à choisir des investissements alignés sur leurs préférences personnelles en matière de développement durable (par exemple, les aspects sociaux, environnementaux ou les deux) (58 %), une meilleure éducation à l’investissement durable en général (42 %) et des rapports réguliers montrant l’impact des investissements sur les personnes et la planète (35 %).
Les investisseurs belges souhaitent également qu’un fonds durable ait un impact sur des questions de durabilité spécifiques, comme une réduction de l’empreinte carbone (52 %), des rendements financiers et l’intégration des facteurs de durabilité (48 %) et un impact positif sur les personnes et/ou la planète (33 %).
Plus précisément, les investisseurs belges souhaitent que leur investissement durable ait un impact sur des objectifs sociaux spécifiques, tels que la santé et le bien-être (46 %), la qualité de l’éducation (45 %), l’eau potable et l’assainissement (39 %), l’action climatique (34 %) et l’objectif de faim zéro (30 %).
Toutefois, certains Belges hésitent toujours à investir dans des fonds durables. Pourquoi ? 52 % affirment qu’il s’agit d’un manque de transparence et de données publiées par les fournisseurs sur l’impact des investissements durables. 44 % affirment qu’il s’agit de l’absence de définitions claires et acceptées de l’investissement durable. Et 25 % ont des inquiétudes sur les performances.
Le label de durabilité soutient les investissements
En Belgique, le label Towards Sustainability a été créé pour aider les investisseurs à choisir des investissements responsables et durables. Il est attribué aux produits financiers (fonds communs de placement) qui investissent dans des entreprises responsables en matière environnementale, sociale et de gouvernance par des entités indépendantes.
Les Belges sont-ils conscients de l’existence de ce label ? 70 % des Belges interrogés répondent par l’affirmative et en comprennent la signification, 22 % en ont entendu parler, mais ils ne le connaissant pas très bien et 7 % n’en ont jamais entendu parler.
La question clé est de savoir si les Belges ont investi ou envisageraient d’investir dans des produits financiers ayant obtenu ce label. L’enquête Schroders Global Investor Study 2022 révèle que seule une très petite minorité (4 %) ne s’intéresse pas aux fonds labellisés « Towards Sustainability », tandis que 39 % des Belges investissent déjà dans de tels produits financiers mais détiennent également des produits financiers n’ayant pas ce label. Un pourcentage similaire de personnes (38 %) investissent uniquement dans des produits financiers avec le label « Towards Sustainability », et si le produit n’a pas de label, ils n’investissent pas. Enfin, 9 % des Belges déclarent ne pas être au courant du label, mais que c’est une chose qu’ils envisageraient.
[1] Entre le 18 février et le 7 avril 2022, Schroders a fait réaliser une enquête indépendante en ligne auprès de plus de 23 950 particuliers investissant depuis 33 pays à travers le monde, dont 500 en Belgique, répartis en Europe, en Asie, sur le continent américain et dans d’autres régions. Selon cette étude, un « investisseur » correspond à toute personne envisageant d’investir au moins 10 000 euros (ou une somme équivalente) au cours des 12 prochains mois et ayant modifié ses placements au cours des dix dernières années. En raison de ce seuil, Schroders reconnaît que ce groupe, et par conséquent les résultats de la recherche, ne sont pas représentatifs de l’expérience vécue par chacun.
Investir dans les entreprises qui se préoccupent du climat : c’est moins risqué !
Par Simon Webber, gestionnaire de portefeuille principal, et Isabella Hervey-Bathurst, spécialiste du secteur mondial, chez Schroders.
Le 23 août 2022
Investir dans des entreprises qui sont en train de réduire leurs émissions de CO2 sera moins risqué dès que les pressions réglementaires et juridiques croissantes entourant les émissions de carbone s’accentueront.
En matière d’investissement climatique, la plupart des personnes pensent aux opportunités offertes par les entreprises qui permettent la transition vers un avenir sobre en carbone. Elles fournissent les produits, services et technologies nécessaires à la réduction des émissions futures. Il existe toutefois un autre thème d’investissement important : les leaders climatiques. Ces entreprises peuvent être actives dans n’importe quel domaine, mais leur point commun est leur ambition de mener leur secteur d’activité sur la voie du zéro émission nette.
Trois raisons d’investir
Il y a trois raisons d’investir dans les leaders climatiques :
- Les leaders climatiques ont un avantage en termes de coûts. En effet, la pollution devient de plus en plus coûteuse en raison de l’augmentation des taxes sur le CO2 et de la hausse des prix des droits de CO2. Il est également de plus en plus coûteux de compenser la pollution.
- Les leaders climatiques bénéficient de plus en plus des effets de réseau. Les entreprises qui souhaitent réduire leurs émissions globales de CO2 rechercheront des fournisseurs poursuivant le même objectif. Cela crée une spirale positive dans laquelle les entreprises remportent de nouveaux contrats grâce à leur leadership climatique.
- Les leaders climatiques deviennent des investissements moins risqués avec l’accroissement de la pression des autorités et de la société.
Les leaders climatiques limitent leurs risques
Le durcissement des réglementations environnementales et climatiques a des implications sur les domaines les plus variés. Il suffit de jeter un œil aux mesures et aux procès de ces derniers temps :
- l’interdiction de l’utilisation du plastique jetable dans l’Union européenne ;
- la fin progressive des voitures à moteur à combustion dans de nombreux pays (en Norvège dès 2025) ;
- l’interdiction des chaudières à gaz dans les nouveaux logements au Royaume-Uni à partir de 2025. Plusieurs autres pays de l’UE ont des règles similaires ;
- les États américains attaquent les compagnies pétrolières en justice en raison du changement climatique ;
- le procès gagné contre Shell, qui stipule que cette dernière doit réduire ses émissions plus rapidement.
Ces exemples donnent une idée des risques réglementaires et juridiques qui se profilent pour les entreprises qui continuent à polluer et à produire des émissions nocives.
Le risque « d’actifs échoués » est d’ores et déjà réel pour les entreprises de combustibles fossiles, mais il se propage de plus en plus à d’autres actifs à longue durée de vie qui ne s’inscrivent pas dans une économie zéro émission nette. Les actifs échoués sont des actifs qui s’avèrent avoir moins de valeur que prévu en raison des changements liés à la transition énergétique. Des entreprises peuvent ainsi avoir investi dans des actifs de production pétrolière qui ne seront jamais mis en service ou qui doivent être fermés prématurément en raison de nouvelles réglementations sur les émissions.
Ces risques peuvent nuire à la réputation et à la situation financière d’une entreprise. Pensez à Volkswagen, qui s’efforce de redorer son blason depuis le scandale du « dieselgate » en 2015 et qui est désormais un important producteur de voitures électriques. Le scandale a coûté à Volkswagen plus de 32 milliards d’euros en réparations, amendes et frais de justice.
Les processus climatiques constituent un risque croissant pour les entreprises. Les entreprises qui contribuent de manière significative au changement climatique, qui ne s’attaquent pas aux risques que le changement climatique fait peser sur leurs activités ou qui se présentent aux consommateurs comme plus écologiques qu’elles ne le sont en réalité (« blanchiment écologique ») sont particulièrement vulnérables.
En 2021, un tribunal néerlandais a jugé que les plans climatiques de Shell étaient insuffisants et qu’elle devait relever ses objectifs minimaux. Le juge s’est ainsi substitué, du moins partiellement, à la direction (et aux actionnaires). La Banque d’Angleterre a également noté récemment un doublement du nombre de procès climatiques dans le monde depuis 2015.
Un écart considérable entre les ambitions des entreprises et le zéro net
Ces dernières années, les pays se sont succédé pour faire de nouvelles promesses en matière de climat. On assiste aujourd’hui à un phénomène similaire dans le monde des entreprises. Elles sont de plus en plus nombreuses à élaborer leur propre stratégie pour réduire les émissions de leurs activités et de leur chaîne d’approvisionnement.
Mais, dans aucun secteur, la majorité des entreprises n’ont encore fixé d’objectifs zéro net. Le zéro net implique de réduire les émissions de gaz à effet de serre autant que possible à zéro. Pour limiter la hausse des températures à 1,5°C maximum – comme convenu à Paris – les émissions doivent être réduites de 45 % d’ici à 2030 et à zéro net d’ici à 2050.
La réglementation ne fera que se durcir à mesure que la nécessité d’agir se fera plus pressante. Les entreprises qui ne s’adaptent pas et ne prennent pas de mesures pour devenir neutres en CO2 courent le risque de se retrouver avec des produits et des technologies dépassés.
Les entreprises qui ont déjà pris des mesures pour réduire leurs émissions seront en bien meilleure position en cas de durcissement de la réglementation et s’il devient de plus en plus coûteux de s’y conformer. Les investisseurs capables de distinguer les leaders climatiques des retardataires pourront obtenir des rendements intéressants.
Pour en savoir plus, lisez l’article Why climate leaders could offer investors lower risks , une perspective Schroders par Simon Webber, gestionnaire de portefeuille principal, et Isabella Hervey-Bathurst, spécialiste du secteur mondial.
La lutte contre le changement climatique nécessite rapidement plus d’investissements
Par Felix Odey et Alexander Monk, gestionnaires chez Schroders
Le 6 juillet 2022
Cette année, nous avons reçu des avertissements clairs quant aux effets dévastateurs du changement climatique. Quelles en sont les implications pour les investissements dans les chaînes de valeur de l’alimentation, de l’eau et de l’énergie ? La crise actuelle de l’énergie pourrait donner une impulsion considérable à la croissance des énergies renouvelables.
Le temps presse
La pression sur le système alimentaire et hydrique mondial augmente en raison du changement climatique. Le temps presse pour contrer la hausse de la température sur terre. Un rapport de l’IPCC montre clairement que des conséquences du changement climatique sont déjà irréversibles. Les conséquences pourraient être catastrophiques si des mesures drastiques ne sont pas prises immédiatement dans tous les secteurs et pays.
Le monde connaît donc de profonds changements. Il faut rapidement mettre un terme aux émissions de dioxyde de carbone et de méthane. De plus en plus d’investissements sont nécessaires pour éviter l’élévation du niveau de la mer, l’émergence de conditions météorologiques extrêmes et la mise en péril de l’approvisionnement alimentaire mondiale. Selon l’IPCC, plus de 40 % de la population mondiale est très vulnérable au changement climatique. La population mondiale devrait atteindre plus de 10 milliards d’individus d’ici 2050, ce qui nécessiterait 70 % de nourriture et d’eau en plus par rapport à 2010.
Des solutions naturelles et technologiques
La production alimentaire est responsable de 25 % des émissions de gaz à effet de serre, de 65 % de l’utilisation d’eau douce et de 40 % de l’utilisation des terres, la production alimentaire se faisant souvent à proximité d’importants écosystèmes stabilisateurs, tels que l’océan ou les forêts tropicales, voire en les utilisant. Il faut réduire les dommages environnementaux à un minimum, mais il faut aussi favoriser la restauration de ces ressources naturelles. D’où l’importance des solutions et technologies naturelles pour la production alimentaire et énergétique.
Quel rôle les investisseurs jouent-ils ?
Les changements dans les chaînes de valeur de l’énergie, de la nourriture et de l’eau entraîneront une gigantesque redistribution du capital. Traditionnellement, ce type de mouvements de capitaux devait servir de catalyseur aux cours des actions des sociétés qui ont réussi à générer un rendement d’un accroissement des dépenses en capital.
Les changements nécessaires dans les systèmes tels que l’énergie, la nourriture et l’eau en sont encore à leurs balbutiements. Dans l’ensemble, les investissements dans les secteurs agricole et foncier devraient être trois à six fois plus élevés qu’aujourd’hui pour lutter efficacement contre le changement climatique.
Les investisseurs, les entreprises, les gouvernements et les organisations, tels que l’IPCC, doivent veiller à une harmonisation des données, capitaux et réglementations afin d’orienter efficacement les changements nécessaires avant que leur mise en œuvre ne devienne encore plus contraignante et plus complexe.
La crise énergétique accélère l’écologisation
La crise énergétique actuelle est un catalyseur des énergies renouvelables. Le coût de l’électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelables comme le vent et le soleil a considérablement diminué ces dernières années. Le coût de ces énergies est depuis longtemps comparable à celui des combustibles fossiles, voire moins élevé. Autrement dit, les énergies renouvelables, y compris les combustibles renouvelables, deviennent plus attrayantes.
L’argument du coût était déjà largement favorable à l’énergie éolienne et solaire, même avant la hausse récente des coûts des combustibles fossiles.
Mais à mesure que le prix du gaz augmente, le coût d’autres technologies renouvelables émergentes devient lui aussi plus concurrentiel. On peut attirer l’attention sur l’ammoniac qui peut être produit de manière renouvelable et sans émission de CO2. Un moyen de rendre l’ammoniac vert est l’utilisation de l’hydrogène produit par hydroélectrolyse, en utilisant des énergies renouvelables. L’ammoniac vert se prête à différentes applications. Par exemple, pour le stockage et le transport de l’énergie à partir de centrales renouvelables. Ou comme carburant pour mettre fin aux émissions de CO2 du transport maritime. En termes de coût, des carburants renouvelables tels que l’ammoniac vert ou l’hydrogène vert sont actuellement intéressants.
Lire aussi
- How can investors in ressources respond to climate warnings ?, par Winssinger Odey, gestionnaire de fonds Global Resource Equities chez Schroders.
- How the energy crisis boosts the case for renewables that you may not have heard of, par Alex Monk, gestionnaire de fonds Global Resource Equities chez Schroders.
Consultez aussi
Est-ce la fin du dollar ?
Par David Rees, économiste senior marchés émergents chez Schroders
Le 13 juin 2022
Au fur et à mesure du pourrissement des relations entre les États-Unis et la Chine, les craintes que Pékin se débarrasse de ses obligations du gouvernement américain grandissent.
La tendance à la diversification des réserves de devises va-t-elle s’accélérer maintenant que les États-Unis ont décidé de bloquer les avoirs de la banque centrale russe ? Est-ce que ce serait alors la fin de la domination du dollar américain ?
D’autres marchés émergents peuvent se sentir menacés par les récentes actions des États-Unis. Il suffit de penser à la Chine, engluée dans une guerre commerciale avec les États-Unis. Sans compter qu’entre les deux pays, d’autres questions stratégiques risquent de ne pas disparaître avant longtemps.
Quelles options pour la Chine ?
Au fur et à mesure du pourrissement des relations avec Washington, les craintes que Pékin se débarrasse de ses obligations souveraines américaines, d’une valeur actuelle d’environ 1.100 milliards de dollars, pour perturber les marchés financiers américains et pousser les taux obligataires à la hausse, grandissent. Un contre-argument saute aux yeux : en laissant dévisser la valeur de ses propres réserves et en faisant progresser les taux de son principal partenaire à l’exportation, Pékin se tire en même temps une balle dans le pied. Cela reviendrait à préparer le terrain du ralentissement de leur propre économie. Il est tout à fait possible que les préoccupations par rapport aux sanctions financières pèsent davantage que le bon sens économique. Mais, même dans ce cas, on ne sait pas trop où la Chine pourrait parquer ses réserves.
Vers qui pourrait se tourner la Chine ?
En théorie, les réserves peuvent être placées en obligations souveraines d’émetteurs amis. Quelques problèmes rendent toutefois ce scénario improbable. La détention de dettes de marchés émergents à la cotation relativement faible conférerait, notamment, aux réserves une énorme volatilité. Ces obligations plus risquées ont la fâcheuse tendance de perdre de la valeur en temps de crise, le contraire de ce qui se passe normalement dans les havres de paix comme les obligations d’État américaines.
On cite les cryptomonnaies comme la solution à toutes les angoisses financières du monde. Mais, dans un futur proche, cette option est impossible pour la Chine. La taille ou la liquidité des cryptomonnaies sont probablement insuffisantes pour absorber une part importante des réserves chinoises.
Il ne reste alors que les actifs physiques comme les matières premières, à savoir l’or. L’or ne représente qu’une petite partie des réserves chinoises et il semble évident d’y transférer une partie des réserves. Toutefois, la résistance de l’or aux sanctions suscite également des doutes. La détention de réserves d’or auprès d’une banque centrale d’un autre pays comporte le risque d’une confiscation.
En d’autres termes, la Chine ne dispose pas de tellement d’options. Comme ce fut déjà le cas par le passé, la Chine mettra peut-être rapidement un terme à ses achats d’obligations souveraines américaines, et de celles de ses alliés. Cependant, il est peu probable qu’elle s’en débarrasse ou qu’elle procède à une large diversification vers d’autres actifs.
Pour les autres marchés émergents, serait-il sensé de diversifier leurs réserves ?
Il est fort peu probable que n’importe quel marché émergent, à l’exception de la Russie qui n’a pas beaucoup d’autre choix, transforme ses réserves en renminbi. Le risque que la Chine gèle unilatéralement les réserves d’un autre pays à la suite d’une dégradation des relations bilatérales est au moins aussi grand, voire plus grand. De plus, la détention de dollars américains reste utile en temps de crise.
En dehors de la crainte des sanctions, il y a d’autres raisons de diversifier, économiquement plus orthodoxes, puisque de nombreux marchés émergents entretiennent des relations commerciales suivies avec la Chine, souvent doublées d’un déficit bilatéral. Si la Chine continue d’accepter davantage de paiements à l’exportation dans sa propre devise, les banques centrales des marchés émergents (et d’autres aussi) pourraient constituer des réserves en CNY. Cela serait conforme au vœu de Pékin d’internationaliser le renminbi.
Lire aussi Is the dollar done? Par David Rees, économiste senior marchés émergents chez Schroders.
33 raisons de ne pas investir… même s’il vaut mieux investir quand même !
Par Nick Kirrage, gestionnaire de fonds chez Schroders
Le 24 mai 2022
Les quatre dernières décennies, de nombreux chocs susceptibles de décourager les investisseurs ont touché les marchés d’actions. Mais qu’arrive-t-il après de telles vagues de choc ? Le moment idéal pour entrer en bourse n’existe pas. Les recherches indiquent toutefois que les investissements à long terme rapportent davantage que l’épargne.
Les pertes sont plus dures à encaisser
Investissement et risque vont de pair. La confiance des investisseurs est mise à l’épreuve et influencée par les guerres, les catastrophes naturelles, l’insécurité économique et les pandémies. Ce type de vague de choc peut encore relever le seuil d’investissement. Les analystes du comportement ont un nom pour cela : l’aversion aux pertes. La souffrance psychologique d’une perte pèse presque deux fois plus que le plaisir du gain. Cela explique, jusqu’à un certain point, pourquoi les risques liés aux investissements refroidissent certaines personnes.
Ne pas investir coûte beaucoup plus cher qu’investir
Cependant, si dans les 33 dernières années, on n’a pas investi, cela a coûté davantage que si on l’avait fait. Ne pas investir cause de plus lourdes pertes qu’un investissement. L’effet d’érosion de l’inflation et les taux historiquement bas rognent la valeur du patrimoine si on délaisse les marchés financiers. L’investissement comporte un risque, mais il augmente le rendement à long terme du patrimoine.
Une histoire de chocs et de reprises
Les 32 dernières années ont enregistré quelques-uns des pires chocs boursiers de l’histoire. Les chocs provoqués par l’invasion russe en Ukraine et la pandémie de coronavirus sont encore frais dans les mémoires. La guerre a généré une énorme insécurité financière ; pensons à l’approvisionnement énergétique et à l’effet domino sur l’économie. En 2020 et 2021, les marchés étaient surtout en proie à une pandémie.
D’importantes pertes journalières ont été enregistrées au cours de cette période, mais la baisse est restée modérée par rapport à d’autres corrections depuis 1989. La crise financière mondiale de 2008 a entraîné la récession mondiale la plus sévère depuis les années 1930. Cette année-là, l’indice FTSE All-Share a perdu 30 %, le pire rendement annuel depuis 1989. En 2001, le FTSE All-Share a perdu 13 % après l’éclatement de la bulle Internet à la fin des années 90. Cela a également coïncidé avec les attentats contre le World Trade Center de New York, en septembre de cette année. Cette période se caractérise par un effondrement économique mondial. Le FTSE All-Share a perdu 22 % jusqu’à la fin de 2002.
Le tableau montre comment aurait pu se construire le rendement d’un investissement entre 1989 et 2021, d’année en année, et l’effet que peut avoir l’inflation sur le patrimoine. Le tableau montre également les événements mondiaux qui ont pu décourager les investisseurs au cours d’une de ces années.
Le moment idéal pour entrer en bourse n’existe pas
Une crainte persistante peut barrer la route aux investisseurs. Les gens peuvent perdre de vue le passé. Et ensuite faire, ou s’abstenir de faire, quelque chose qui peut nuire à leur richesse personnelle pendant des dizaines d’années.
Les données montrent que les investisseurs qui choisissent le cash ont vu leur épargne rognée par l’inflation dans une période où les marchés d’actions connaissaient une embellie. La réalité est qu’il n’existe pas de moment idéal pour investir sur le marché d’actions. Celui qui attend ce moment s’en trouvera probablement moins bien à long terme que celui qui « fait travailler » son capital en l’investissant.
Lire aussi 33 reasons not to invest in the stock market, par Nick Kirrage, gestionnaire de fonds chez Schroders.
Consultez aussi le corner Placements
Comment le télétravail a changé l’investissement dans l’immobilier de bureaux
Par Sophie Van Oosterom, Responsable mondiale de l’immobilier chez Schroders, et Mark Callender, Responsable de la recherche immobilière chez Schroders
Le 6 avril 2022
Les bureaux n’ont pas dit leur dernier mot, mais investir dans ces bureaux a changé pour de bon et un marché à deux vitesses s’est développé. Bruxelles figure parmi les villes qui devraient être les plus touchées par le passage au travail hybride. Luxembourg devrait connaître la plus forte reprise de la demande au cours des cinq prochaines années grâce à une forte croissance de l’emploi et à un parc de bureaux relativement moderne.
Peu de personnes ont débattu avec autant d’ardeur de la « nouvelle normalité » du monde du travail que les investisseurs immobiliers, qui se demandent surtout quel sera l’impact du télétravail sur la demande placée et la valeur des bureaux.
L’année dernière, on avait constaté que tous les actifs immobiliers sont devenus « opérationnels ». Cela signifie que les revenus et la performance à long terme générés par ces actifs sont étroitement corrélés au succès des opérations des locataires des bâtiments, pas seulement à la durée du contrat de location.
Avant la pandémie, les fournisseurs de bureaux flexibles qui répondaient aux besoins spécifiques des locataires avaient le vent en poupe.
Mais aujourd’hui, si la fréquentation des bureaux a baissé, faut-il s’attendre à ce que le marché de l’immobilier de bureaux connaisse globalement un déclin sur le long terme ?
Il est trop simpliste de supposer que moins de temps au bureau signifie moins de demande de bureaux. Plus important encore, parler d’un seul marché des bureaux est trop réducteur.
Demande globale de bureaux : situation à court terme
L’année dernière, la demande de bureaux s’est nettement redressée en Europe, les économies sortant de la première vague de confinements. La demande placée au second semestre 2021 a été de 50 % supérieure à celle de 2020 mais inférieure de 20 % à sa moyenne pré-pandémique. Par ailleurs, l’augmentation du taux de vacance des bureaux a fortement ralenti, l’offre d’espaces excédentaires que les entreprises souhaitent sous-louer s’étant stabilisée.
Le taux moyen de vacance des bureaux en Europe s’inscrivait à 8,3 % en septembre 2021, un chiffre marginalement supérieur à celui de juin (8,1 %) et bien inférieur au pic de 10,9 % atteint en 2010, suite à la crise financière mondiale.
À court terme, on a estimé que le régime de travail hybride, à savoir une partie de la semaine en télétravail et une partie au bureau, réduira la demande de bureaux en Europe d’environ 15 % par rapport à 2019.
La demande est « figée » du fait des contrats de location existants. Parallèlement, de nouveaux modèles économiques sont à l’essai. Il est également nécessaire de prévoir des « jours de pointe » où la plupart des collaborateurs sont au bureau (en supposant que le personnel puisse choisir) ensemble. Tout cela signifie que la demande diminuera moins que le temps réellement passé au bureau.
Quelles villes seront les plus touchées ?
En Europe, les catégories de villes suivantes devraient être les plus touchées en 2022-2023.
- Centres financiers (p.ex. Londres, Zurich). Cela s’explique en partie par un processus de rattrapage car les sociétés financières ont été plus lentes que les entreprises technologiques à adopter le travail à distance avant la pandémie. D’autres occupants, tels que les agences gouvernementales, les cabinets d’avocats, le secteur des sciences de la vie, sont moins disposés à ou capables de laisser leurs salariés travailler de chez eux.
- Villes pour lesquelles le temps de trajet moyen est relativement long, généralement des grandes villes particulièrement encombrées (p.ex. Paris, Rome)
- Villes disposant d’un parc de bureaux plus ancien qui offre un environnement de travail moins attractif (p.ex. Bruxelles, Copenhague).
Demande globale de bureaux : situation à long terme
Globalement, la demande de bureaux devrait donc être plus faible dans les deux prochaines années qu’en 2019. Toutefois, à long terme, elle devrait se redresser grâce à la croissance du nombre d’emplois dans des secteurs tels que la technologie, les médias et les services professionnels.
Oxford Economic prévoit que les emplois de bureaux dans les principales villes d’Europe augmenteront en moyenne de 1 % par an entre 2022 et 2027, avec des écarts importants d’une ville à l’autre. Dans une certaine mesure, les différences entre les prévisions de croissance de l’emploi reflètent la structure économique des villes.
Les villes nordiques sont plus fortement exposées aux technologies. Manchester compte de nombreux acteurs des services professionnels. Bruxelles et Rome sont dominées par les organismes gouvernementaux. Madrid et Barcelone sont peu exposées aux services financiers.
Mais la structure économique n’explique pas tout. La raison pour laquelle Lyon se distingue, est que ses services professionnels connaissent une croissance plus rapide que dans d’autres villes, probablement en raison d’un transfert des emplois de Paris vers cette métropole. De même, Luxembourg est une place financière, mais son orientation vers la gestion d’actifs plutôt que la banque signifie que l’emploi dans les services financiers devrait augmenter plutôt que se contracter. Enfin, la démographie joue également un rôle. L’augmentation modeste des emplois de bureaux dans la plupart des villes allemandes au cours des cinq prochaines années (à l’exception de Berlin) s’explique en grande partie par le vieillissement de la population qui fait que le nombre de personnes en âge de travailler devrait rester stable ou diminuer légèrement.
En outre, la tendance, observée au cours des 20 dernières années, à concentrer toujours plus de personnes dans le même espace, s’inversera dans l’après-Covid. On prévoit une légère augmentation de l’espace par occupant pour les 5 à 10 prochaines années dans les villes de France, d’Espagne et du Royaume-Uni, où l’espace est plus restreint.
En combinant tous ces facteurs, en 2027, la demande de bureaux en Europe sera inférieure de 10 % à celle de 2019 mais connaîtra une tendance haussière.
Les villes qui devraient être les plus touchées par le passage au travail hybride sont Bruxelles, Düsseldorf et Rome. Dans ces villes, la croissance lente de l’emploi, des temps de trajet plus longs (notamment à Bruxelles et Rome) et des parcs de bureaux anciens et moins bien équipés, devraient freiner la demande.
À l’inverse, Luxembourg, Lyon, Madrid et Manchester devraient connaître la plus forte reprise de la demande au cours des cinq prochaines années grâce à une forte croissance de l’emploi et à un parc de bureaux relativement moderne.
L’emplacement ne fait pas tout
Une analyse plus détaillée permet de voir clairement que nous ne pouvons plus parler d’un seul marché de l’immobilier de bureaux.
Si l’on regarde le type d’espace dont les occupants ont besoin, on constate que l’accent mis sur les bureaux « prime », déjà en augmentation avant la pandémie, est encore plus prononcé. On définit le terme « prime » comme caractérisant des bureaux neufs ou récemment rénovés, bien conçus et économes en énergie, situés dans le quartier central d’affaires (QCA) d’une métropole. Ces bureaux offrent également d’importants services supplémentaires à leurs locataires pour soutenir leur modèle économique, augmentant ainsi la longévité et la pérennité probables des revenus des actifs.
Les occupants sont de plus en plus exigeants sur les caractéristiques techniques. Cela s’explique en partie par la pandémie de Covid-19 et par le souhait des employeurs d’inciter les employés à revenir au bureau afin de favoriser l’échange d’idées et une culture commune.
Mobilier de bureau et durabilité
Le besoin de mobilier de bureau diminue du fait que les employés des entreprises effectuent plus de travail individuel chez eux. Mais l’espace nécessaire pour les salles de réunion et le travail collaboratif est en hausse et représente aujourd’hui entre 25 % et 40 % de l’espace, contre 10 % à 15 % il y a quelques années.
L’autre moteur clé de la demande d’espaces de meilleure qualité est la durabilité. Il n’y a plus de doute sur le fait que les occupants sont prêts à contribuer et à payer un loyer plus élevé pour des caractéristiques spécifiques. Parmi ces caractéristiques on peut citer des panneaux solaires, des murs verts, des capteurs qui permettent de contrôler le chauffage, l’éclairage et la ventilation, le verre intelligent et une meilleure isolation.
La flambée des prix du pétrole et du gaz l’an dernier a donné aux occupants une raison supplémentaire de réduire la consommation d’énergie.
Gagnants et perdants : polarisation de la demande de bureaux dans les villes
La polarisation de la demande s’est traduite par des divergences importantes et persistantes entre les loyers et la valeur des bureaux prime et secondaires.
Sans surprise, cette divergence de qualité s’est reflétée sur le marché de l’investissement. La forte concurrence des investisseurs pour les bureaux à revenus stables a fait chuter les rendements des actifs prime de 0,1-0,25 % dans la plupart des villes en 2021. Parallèlement, les rendements des bureaux de qualité moyenne ont augmenté, mais la valeur du capital a baissé.
Bien sûr, la fuite vers la qualité en période d’incertitude n’est pas un phénomène nouveau. Une polarisation similaire sur les marchés européens des bureaux a été observée après l’éclatement de la bulle Internet en 2000 et à nouveau pendant la crise financière mondiale.
La mort du bureau a été fortement exagérée
On ne peut plus parler d’un marché des bureaux. Le marché des bureaux, comme nous le connaissions, est en transition, et non en déclin structurel.
Certains commentateurs ont fait le parallèle avec le marché du commerce de détail, mais l’analogie n’est pas bonne car l’emploi de bureau continuera de croître et le télétravail ne contribue en rien à stimuler la croissance du chiffre d’affaires.
Alors que l’Internet permet aux commerçants de réduire les coûts et de gagner de nouveaux clients, le télétravail ne fait qu’améliorer la rentabilité pour les occupants des bureaux. En effet, s’il s’avère qu’une adoption prolongée du télétravail nuit à l’innovation et à la productivité, la croissance des revenus pourrait en pâtir sur le long terme.
La demande de bureaux continuera de se polariser et que les rendements actuels des bureaux secondaires ne reflètent pas encore suffisamment les risques accrus d’obsolescence liée aux exigences en matière de durabilité, de travail hybride et de nouvelles technologies. Par conséquent, les bureaux prime devraient surperformer les bureaux secondaires dans la plupart des villes européennes au cours de la première moitié de la décennie.
Guerre en Ukraine : risques pour les marchés financiers et conséquences pour la transition énergétique
Par Mark Lacey, responsable matières premières chez Schroders
Le 23 mars 2022
L’invasion russe en Ukraine s’accompagne de risques importants pour les marchés financiers. On peut alors identifier trois risques dont les conséquences peuvent toucher les investisseurs et impacter la transition énergétique et la durabilité. La crise ukrainienne apporte un nouvel argument à une transition rapide vers des énergies bon marché, propres et fiables.
Risque 1 : Inflation : prix durablement élevés de l’énergie et des matières premières
Avant l’attaque russe contre l’Ukraine, l’inflation mondiale atteignait déjà un niveau élevé, certainement pour les prix énergétiques. La Russie joue un rôle important sur les marchés pétrolier et gazier, avec une part de marché mondiale de quelque 12 % en pétrole et d’environ 17 % pour le gaz. Le conflit comporte des risques évidents pour les flux d’énergie et pousse à la hausse les prix du pétrole, du gaz et de l’électricité à travers l’Europe.
La Russie représente également un fournisseur important de platine et de matières premières agricoles. L’impulsion inflatoire née du conflit et des sanctions peut s’avérer importante. Cette poussée inflatoire et les contraintes des chaînes d’approvisionnement peuvent exercer un impact significatif sur les résultats des entreprises.
Risque 2 : Inflation : conséquences économiques
Le deuxième risque concerne les effets que l’inflation peut exercer sur l’économie. Pensons au durcissement des conditions financières, à la hausse des prix énergétiques et au risque d’augmentations salariales, et à ce que tout cela peut signifier pour la croissance économique. L’histoire nous apprend que cela peut provoquer un ralentissement important des économies. Ce risque de ralentissement se présentait déjà avant l’escalade en Ukraine.
Risque 3 : Risque d’une vague de cessions d’actions
Le dernier risque se trouve auprès des investisseurs qui veulent se débarrasser de leurs actions, à la recherche d’un havre de paix. Après une année d’apports importants aux fonds d’actions à travers le monde, un glissement des actions vers les obligations pourrait se manifester.
Quelle influence ces risques peuvent-ils exercer sur les actions de la transition énergétique ?
Ces trois risques peuvent influencer les actions de la transition énergétique. Le secteur est fortement exposé à la hausse significative des prix des matières premières et aux problèmes logistiques. Après les sommets de 2021, les valorisations dans le secteur sont retombées. La faiblesse de la prime de risque des actions pointe le risque d’une nouvelle baisse des valorisations.
La menace d’un élargissement du ralentissement économique pourrait s’atténuer en raison de la nature structurelle de la majorité des marchés énergétiques. Mais les secteurs plus exposés aux cycles économiques (comme l’automobile, l’appareillage électrique, etc.) en souffriront probablement.
Quelles sont les implications à plus long terme ?
Du point de vue de la transition énergétique, l’augmentation des prix de l’énergie conventionnelle et l’actuel conflit en Ukraine peuvent entraîner des effets intéressants.
- Moindre dépendance à l’égard de la Russie, énergie plus durable
La Russie est un fournisseur important de pétrole et de gaz. Cela peut jouer en sa faveur, compte tenu, surtout, de la dépendance européenne. L’un des avantages de la transition vers les énergies renouvelables réside dans le fait que les sources d’énergie renouvelable sont mieux réparties et peuvent aider à réduire la dépendance aux principaux fournisseurs. - Les énergies renouvelables deviennent plus attrayantes
En outre, l’attrait économique de l’énergie renouvelable augmente au fur et à mesure de l’augmentation des prix de l’énergie conventionnelle. Cela se passe également lorsqu’il faut prendre en compte les coûts plus élevés des équipements découlant des contraintes dans les chaînes d’approvisionnement. - Catalyseur supplémentaire de la transition énergétique
La situation en Ukraine représente un argument en faveur de la transformation du système énergétique en un système basé sur des énergies bon marché, propres et fiables.
Lire aussi
- How will the Ukraine crisis affect the energy transition?, door Mark Lacey, head of commodities bij Schroders.
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Lutte contre la déforestation : quels sont les secteurs concernés ?
Le 15 février 2022
La déforestation constitue une menace critique, car les forêts abritent environ 80 % de la biodiversité terrestre. Elle a également un impact plus large sur le changement climatique, les droits de l’homme et même la santé au niveau mondial, car la pandémie de Covid-19 a mis en évidence un lien probable avec la zoonose (expliquée ci-dessous). Si la déforestation tropicale était un pays, ce serait la troisième nation la plus polluante en termes d’émissions de carbone. La déforestation est de toute évidence un enjeu majeur.
Quels sont les facteurs ?
Parmi les causes de la déforestation figurent les pâturages destinés aux bovins, les terres cultivées pour le soja et l’huile de palme ainsi que les plantations pour le bois. Les forêts tropicales stockent plus de carbone que n’importe quel autre espace boisé et abritent la plus grande diversité d’espèces. Elles subissent également les plus fortes pressions liées à l’agriculture à grande échelle, l’essentiel de la déforestation tropicale se produisant au Brésil et en Indonésie.
Quels sont les principaux impacts ?
Les impacts sont divers, de la disparition de puits de carbone à la réduction des précipitations et au risque accru de sécheresse en passant par des répercussions sur les droits de l’homme, notamment sur le déplacement des populations indigènes, sur les droits des travailleurs et sur les questions de santé publique. Au Brésil, où la déforestation représente près de la moitié des émissions de carbone du pays, l’Amazonie connaît déjà une baisse des précipitations et une réduction des périodes de croissance.
Selon la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), les relations complexes qui existent entre la destruction de l’habitat, les perturbations humaines, le changement d’utilisation des sols et la perte de biodiversité sont liées à une augmentation de la prévalence des zoonoses. Les zoonoses désignent les maladies transmises entre les espèces, y compris des animaux aux humains, comme la maladie de Lyme, la rage et le coronavirus.
Quels types de produits sont associés à la déforestation ?
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), plus de la moitié des émissions mondiales associées à la déforestation résultent de facteurs liés aux matières premières. Le bœuf et le cuir, suivis de l’huile de palme, sont les matières premières qui représentent la plus grande part d’émissions de gaz à effet de serre issues de la déforestation.
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Quels sont les principaux pays producteurs de ces matières premières ?
Le tableau ci-dessous présente les émissions générées par ces matières premières par pays d’origine. Au Brésil, ce sont les produits liés au bétail et à la production de soja qui dominent, tandis qu’en Indonésie, l’huile de palme et le caoutchouc représentent la part la plus importante des émissions liées à la déforestation.
Mais ce n’est pas si simple. Quels sont les principaux importateurs et exportateurs ? Le pays de production n’est qu’un des paramètres de l’équation, compte tenu de la nature internationale et interconnectée des chaînes d’approvisionnement. L’analyse des émissions liées à la déforestation intégrées dans le commerce international montre que l’Indonésie est le premier exportateur de ces matières premières, du fait de la forte consommation intérieure au Brésil. La Chine est quant à elle le premier importateur, suivie par l’Union européenne et l’Inde.
Quels sont les secteurs concernés ?
Le secteur des biens de consommation courante, par exemple à travers les produits ménagers et personnels et les produits alimentaires, est exposé au risque de déforestation compte tenu de son utilisation de produits en papier pour les emballages. Dans le secteur de la consommation cyclique, notamment les équipementiers automobiles, l’industrie textile, ou encore l’hôtellerie et les loisirs, l’exposition à ce risque est liée à l’utilisation du cuir et du caoutchouc, de la pâte à papier et du bois ainsi que des produits alimentaires pour la restauration. Dans le secteur des matériaux, l’exposition s’explique par la consommation de bois et de papier pour les récipients et les emballages.
Quels sont les points à prendre en compte lors d’un investissement thématique ?
Par David Docherty, Directeur des investissements chez Schroders
Le 25 janvier 2022
L’investissement thématique permet aux investisseurs d’être exposés aux tendances qui changent le monde. Comment les investisseurs peuvent-ils identifier les thèmes qui combinent un impact significatif de l’investissement et des rendements solides ?
Les fonds thématiques se concentrent sur des tendances mondiales à long terme qui changent le monde et créent une multitude d’opportunités d’investissement. L’objectif d’un portefeuille thématique est d’investir de manière rentable dans les plus forts de ces thèmes. Il s’agit des thèmes où le génie humain innove pour lutter contre les déséquilibres mondiaux.
Aujourd’hui, différents thèmes forts entrent en jeu. Bon nombre de ces thèmes sont liés aux objectifs de développement durable de l’ONU, qui comprennent des questions aiguës telles que l’environnement, l’infrastructure durable, la consommation responsable, l’inclusion ainsi que la santé et le bien-être. Tous ces objectifs sont corroborés par la nécessité de protéger la planète et d’investir dans les êtres humains. Les entreprises consacrant davantage de capitaux pour ces objectifs créent de nouvelles opportunités thématiques. L’investissement thématique devient donc de plus en plus populaire.
Investissement discipliné
Une approche thématique apporte une valeur ajoutée considérable, mais il est indispensable de faire preuve de discipline. Les sept éléments suivants sont dès lors essentiels lors du choix d’un thème d’investissement :
- Cadre de référence global
Il est essentiel de s’assurer que les stratégies thématiques sont solides, durables et capables de générer de l’alpha à long terme. On peut identifier des thèmes où l’ingéniosité humaine stimule l’innovation pour faire face aux déséquilibres fondamentaux de la planète et de l’homme.
- Durée de vie
Il est primordial que les thèmes aient une longue durée de vie et qu’ils soient donc de nature structurelle. Nombre des thèmes les plus forts pour l’avenir sont ceux qui ont mené à des innovations par le passé. Il s’agit de domaines divers, tels que la santé, la production, l’énergie, l’urbanisation, les infrastructures, le shopping et le divertissement. Un test important pour un thème consiste à déterminer s’il est capable d’être plus performant que l’indice MSCI All-Country World sur un horizon temporel de trois ans ou plus.
- Instruments d’investissement
Cela peut sembler évident, mais il doit exister une offre d’instruments d’investissement permettant d’atteindre une exposition à un thème. Certains domaines de croissance thématique peuvent être dominés par des gouvernements ou des universités, comme la recherche et le développement à un stade précoce. Mais, au fur et à mesure de la sophistication de l’investissement thématique, le capital-investissement jouera un rôle sans cesse plus important.
- La taille ne peut être ni trop étroite ni trop large
Dès qu’il est possible d’investir globalement dans certains thèmes, les thèmes retenus doivent également avoir une taille optimale. S’ils sont trop étroits, la flexibilité dans les thèmes en évolution fait défaut. S’ils sont trop larges, il leur manque la concentration que les investisseurs recherchent pour investir dans un thème donné. On ne trouve, par exemple, qu’une poignée de producteurs de robotique, ce qui n’est pas suffisant pour former un univers robotique, même en tenant compte des fournisseurs.
- Potentiel de hausse de valorisation
Les thèmes doivent avoir un potentiel haussier en termes de valorisation. Une fois l’attractivité fondamentale d’un thème déterminée, il faut identifier les entreprises potentielles et évaluer les valorisations en vigueur. Un accent sur les sous-thèmes est important pour permettre au gestionnaire de fonds de suivre un thème plus large au fur et à mesure de son évolution et de ses possibilités de valorisation. Il existe alors deux pièges : s’engager trop tôt et payer trop cher.
- Approche active
Les meilleures opportunités naissent d’une approche active, large et mondiale. L’investissement thématique passif est lent, manque de souplesse et est moins capable d’acquérir une exposition adéquate aux opportunités d’investissement émergentes dans les thématiques en développement. Une approche active permet également une implication des entreprises dans lesquelles l’investissement est consenti.
- Structure de gouvernance
Si le cadre global est au moins aussi important pour rejeter des thèmes que pour les accepter, les investisseurs doivent également faire preuve de vigilance lors de l’évaluation de la viabilité des stratégies d’investissement thématiques. À certains égards, la gouvernance est donc un élément critique de l’investissement thématique. Si les fondamentaux d’un thème sont épuisés, les investisseurs doivent le reconnaître.
Conclusion
Une approche thématique peut apporter une valeur ajoutée considérable. Les exigences liées au succès sont nombreuses et variées. Pour obtenir à long terme des rendements d’investissement supérieurs par le biais d’un investissement thématique, un cadre intellectuel solide et une approche disciplinée sont essentiels pour investir avec succès dans les thèmes d’investissement les plus forts.
Lisez aussi How to find the most powerful investment themes, par David Docherty, Directeur des investissements chez Schroders.
L’ESG engendre-t-il un rendement plus élevé ?
Le 9 décembre 2021
Actuellement, de nombreux investisseurs veulent plus qu’un simple impact de la part de leurs portefeuilles ESG. Ils veulent aussi avoir le rendement. On se demande souvent si l’ESG contribue réellement au rendement escompté, ou au contraire lui est préjudiciable.
Mais il n’y a pas de consensus à ce sujet et il ne faut pas s’attendre à en trouver un, car on observe peu de conformité quant à savoir quelles entreprises sont « meilleures » ou « plus mauvaises » dans une perspective ESG.
Plus fondamentalement encore, il n’y a pas de raison spécifique pour laquelle les « bonnes » entreprises généreraient un meilleur rendement. Le capitalisme est, in fine, un système économique et non un système éthique.
Dans un rapport circonstancié, on peut voir si certaines activités d’entreprises particulièrement pertinentes pour les investisseurs ESG peuvent contribuer au rendement escompté. Et, dans l’affirmative, pourquoi. Parmi les nombreux étalons disponibles pour l’ESG, trois sont sélectionnés en vue d’une étude plus approfondie. En effet, ils semblent être liés à des rendements positifs. Il s’agit de la R&D, l’intensité de CO2 et la sécurité des employés.
En règle générale, les rendements supplémentaires attendus sont une rémunération pour la prise de risque ou l’utilisation plus efficace des informations que d’autres investisseurs. On constate que les trois caractéristiques sélectionnées ne sont pas différentes, et cernent ainsi mieux les types de mesures ESG les plus susceptibles de générer des rendements supplémentaires.
Recherche & Développement
Il existe une littérature qui fait le lien entre R&D des entreprises et surperformance. Les entreprises à forte intensité de R&D semblent connaître une croissance moyenne plus importante en termes de valorisation et de rentabilité. La R&D étant une activité à risque, il n’est pas surprenant que la rentabilité des sociétés à forte intensité de R&D puisse représenter une prime de risque. Mais les contraintes des investisseurs peuvent également conduire à une meilleure performance des entreprises à forte intensité de R&D. En tout cas, les rendements des entreprises à forte intensité de R&D ont été particulièrement soutenus au cours de la dernière décennie.
Intensité de CO2
Jadis, les sociétés à forte intensité de CO2 n’étaient pas ou à peine prises en considération pour leur contribution au réchauffement climatique. Dans l’intervalle, les investisseurs se concentrent davantage sur les entreprises qui peuvent jouer un rôle dans la transition vers une société sans CO2. On perçoit alors des signes que la pression réglementaire observée ces dernières années, notamment dans des secteurs à relativement forte intensité de CO2, pourrait conduire ces entreprises à moins bien se comporter que leurs concurrents durables. Il est tout à fait possible que les entreprises à forte intensité de CO2 deviennent trop chères un jour, mais jusqu’à présent, il existe peu de preuves de cet effet.
Sécurité des employés
Enfin, le rapport s’intéresse de près aux entreprises qui offrent à leurs employés un lieu de travail relativement sûr. Cela leur permet de mieux performer. En termes d’entreprise, cela est dû au fait qu’elles ont relativement plus de chances d’avoir des employés concernés et une gestion tournée vers l’avenir. En termes financiers, cela peut s’expliquer simplement par l’inattention des investisseurs par rapport à un critère pris en compte par peu d’investisseurs. Les entreprises offrant un lieu de travail plus sûr affichent, en moyenne, une croissance du chiffre d’affaires plus rapide au cours des trois dernières années.
L’ESG contribue-t-il à améliorer les performances ?
La question de savoir si « un meilleur ESG » entraîne une meilleure performance des actions n’est pas plus pertinente que celle de savoir si « de meilleurs comptes annuels » engendrent de meilleures performances des actions. Tout comme certaines informations comptables sont très pertinentes pour les performances financières futures et d’autres pas, toutes les informations ESG ne sont pas aussi pertinentes pour la prévision des rendements futurs des actions.
Les investisseurs finaux peuvent avoir de multiples raisons de viser des investissements ESG. Pour beaucoup, c’est peut-être le fait de savoir que leurs investissements sont conformes à leurs valeurs, ce qui suffit déjà en soi. Toutefois, les investisseurs intéressés par les critères ESG en tant que source de rendement doivent abandonner leur quête de critères simplistes ou passe-partout, ou toute idée que les ESG « passifs » vont probablement mieux performer à long terme. Il continue d’être difficile de faire mieux que les marchés. Utiliser les critères ESG pour vaincre les marchés est également difficile et nécessite une réflexion et une analyse minutieuses.
Lisez aussi Why might factors ESG increase returns ?, par Ashley Lester et Hettie McCarthy, spécialistes des investissements systématiques chez Schroders.
Secteurs en transition énergétique : Une bonne résistance à l’inflation ?
Le 15 novembre 2021
Les tensions inflationnistes sont au cœur de la perturbation actuelle. Les goulets d’étranglement mondiaux dans la chaîne d’approvisionnement, l’augmentation des coûts des intrants, les inquiétudes sur la santé sous-jacente de la reprise économique et la menace d’une hausse des taux d’intérêt ont créé un environnement très difficile pour toutes les industries à travers le monde.
Certains secteurs en transition énergétique sont plus exposés que la plupart des autres. Voici cinq raisons pour lesquelles ces actions peuvent cependant traverser la tempête inflationniste.
- La dynamique perturbatrice est en grande partie temporaire
Les problèmes actuels de la chaîne d’approvisionnement pourraient perdurer jusque dans le courant de l’année prochaine. Mais ils finiront par disparaître. La hausse des coûts des matières premières et du transport entraîne une réaction au niveau de l’offre, ce qui réduit la pression sur les coûts finaux.
- Les opportunités à long terme restent inchangées
Difficile de prédire pendant combien de temps cela perdurera, mais les opportunités à long terme dans la transition énergétique sont bien réelles. La distorsion actuelle est précisément une opportunité d’achat, car le potentiel de croissance structurelle demeure intact.
- La compétitivité des énergies renouvelables reste ferme
Les coûts de développement de l’éolien et de l’énergie solaire suivent la hausse de l’inflation. Mais ils sont largement dépassés par les hausses de coûts des matières premières nécessaires pour générer un flux conventionnel (fossile) et les coûts CO2 qui y sont liés. Les énergies renouvelables ne gagneront plus en compétitivité que par de nouvelles innovations sur le marché. Le rythme des améliorations diminuera vu la difficulté croissante à générer de nouveaux gains. Mais on enregistre des progrès.
- La demande sous-jacente reste soutenue
La demande en énergies renouvelables de la part des entreprises continue de croître. De plus en plus d’entreprises se sont fixé des objectifs zéro déchet. La demande en énergie solaire et en possibilités de stockage de la part du marché privé reste également soutenue. En outre, on observe une énorme reprise de la demande de transport électrique.
- Les décideurs politiques offrent un soutien sans cesse plus appuyé
Le soutien politique derrière la transition énergétique continue de croître. Le président Biden tente de faire passer au Congrès tout un train de mesures d’investissement dans les infrastructures. L’Union européenne travaille à des plans climatiques et la Chine se fixe des objectifs climatiques ambitieux.
Lisez aussi Cinq raisons pour lesquelles les actions de la transition énergétique peuvent résister à la tempête inflationniste, par Mark Lacey, Responsable des matières premières chez Schroders.
Comment le secteur européen des transports peut-il réduire ses émissions ?
Par Nicholette MacDonald-Brown et Arianna Fox, spécialistes des actions européennes chez Schroders
Le 15 octobre 2021
L’Union européenne vise à réduire les émissions de CO2 de 55 % en 2030 par rapport à 1990. En 2050, elle devrait même être devenue nette. Un long chemin reste à parcourir. Certains secteurs progressent rapidement, mais les émissions de CO2 du secteur des transports sont en augmentation. Il est urgent de changer cette situation. Des entreprises innovantes peuvent jouer un rôle clé à cet égard.
Les différents secteurs des transports se trouvent à des stades très différents de leur transition vers un avenir à faible taux d’émission. Tant pour la route que pour le rail, la technologie nécessaire est déjà disponible. Mais il y a encore beaucoup à faire dans les secteurs de l’aviation et du transport maritime. C’est l’occasion pour les investisseurs d’investir dans des entreprises innovantes, capables de développer des technologies et des produits qui peuvent faire de la transition une réalité.
Secteur routier : en route
Le transport routier représente 70 % des émissions totales de CO2 du secteur des transports. Les véhicules électriques (VE) contribuent à réduire les émissions de CO2. L’ambition de Volkswagen est de devenir le leader du marché dans ce domaine. D’ici 2030, 70 % des véhicules vendus devraient être des VE. Stellantis veut atteindre le même objectif pour les voitures particulières. Il existe également des options pour un carburant durable. La société finlandaise Neste est en train de mettre au point un diesel renouvelable, dont les émissions seront inférieures de 90 % à celles du diesel classique. Pour les moyens de transport plus lourds, l’hydrogène constitue une option. L’hydrogène est actuellement produit avec du gaz naturel, qui est encore très polluant. Mais si l’on parvient à produire de l’hydrogène à partir d’énergies renouvelables, il n’y aura bientôt plus que de l’eau qui sortira du pot d’échappement.
Secteur ferroviaire : les solutions sont là
Le transport ferroviaire a l’empreinte carbone la plus faible du secteur des transports. Des améliorations sont toutefois encore possibles. La technologie ferroviaire devient de plus en plus propre et efficace. La politique joue un rôle, la France voulant interdire les vols intérieurs au profit des trains. En particulier, il reste encore du chemin à parcourir en matière d’électrification. Seulement 54 % des voies sont désormais électriques. Alstom se penche sur la mise au point de trains fonctionnant à l’hydrogène. Il existe des opportunités pour les investisseurs, car la demande de voyages en train augmente, de nouveaux trains sont commandés et les flottes existantes sont modernisées. Il est important de sélectionner les entreprises qui peuvent le mieux profiter de la demande croissante.
Aviation : encore loin du compte
Les secteurs aérien et maritime sont les sous-secteurs les plus polluants du transport. L’amélioration du rendement énergétique a permis de réduire les émissions par passager de 24 % entre 2005 et 2017. Mais la croissance de l’aviation l’annule. Là aussi, les carburants alternatifs sont une solution. Neste travaille à un kérosène durable, déjà utilisé par Lufthansa et KLM. La Commission européenne souhaite qu’au moins 5 % de cette variante durable soit mixte d’ici 2030 et au moins 50 % d’ici 2050. Un point crucial est que le kérosène durable ne soit pas fabriqué avec des biocarburants basés sur des cultures alimentaires, car cela risquerait d’épuiser les terres nécessaires à la production alimentaire. Neste et d’autres producteurs joueront un rôle important dans la poursuite du développement et de la production à grande échelle. L’UE veut également mettre fin à l’exemption de la taxe énergétique dont bénéficie le kérosène d’aviation, ainsi qu’aux quotas gratuits pour l’aviation au sein de l’UE d’ici 2026.
Secteur maritime : à la recherche d’une propulsion alternative
Le blocus du canal de Suez a démontré une fois de plus combien le monde est dépendant du transport par conteneurs. Mais ce transport implique également une énorme quantité d’émissions nocives. Comme pour l’aviation, la Commission européenne veut supprimer l’exonération fiscale pour les carburants lourds. Dans le même temps, un taux d’imposition nul sera appliqué aux carburants renouvelables afin d’encourager leur utilisation, et le système d’échange de quotas d’émission sera étendu au secteur du transport maritime.
Il existe une politique mondiale visant à limiter la teneur en soufre du carburant marin. Cependant, des études récentes suggèrent que le mazout à très faible teneur en soufre reste en fait polluant et offre aux moteurs des performances sous-optimales. La pression est donc grande pour trouver une source de carburant alternative. L’électricité ne convient qu’aux petits navires effectuant de courts trajets. Le gaz naturel liquéfié (GNL) pourrait être une solution à moyen terme. À plus long terme, l’hydrogène et l’ammoniac sont des solutions sans CO2 prometteuses. À condition que les deux soient produits de manière durable, et c’est un domaine où des investissements considérables sont nécessaires.
Pour les secteurs de l’aviation et du transport maritime, les technologies de décarbonisation sont encore relativement jeunes. Nous devons veiller à ce qu’une solution ne crée pas un autre problème. Pour les investisseurs, l’astuce consiste aujourd’hui à sélectionner les futurs gagnants.
Lire aussi Planes, trains and automobiles: how is Europe’s transport sector curbing its emissions? Par Nicholette MacDonald-Brown et Arianna Fox, spécialistes des actions européennes chez Schroders.
Comment investir dans les leaders énergétiques ?
Par Isabelle Hervey-Bathurst, Global Sector Specialist, et Simon Webber, Lead Portfolio Manager chez Schroders
Le 27 septembre 2021
Les investisseurs souhaitent de plus en plus s’assurer qu’ils investissent dans des stratégies cohérentes pour atteindre une décarbonation rapide. Les entreprises qui visent la neutralité carbone peuvent devenir les leaders climatiques. Dans les prochaines années, le leadership climatique offrira un avantage compétitif.
En investissant dans la décarbonation de l’économie, les investisseurs peuvent limiter leur sélection aux entreprises dont les produits rendent immédiate la transition énergétique, comme les fabricants d’éoliennes ou de panneaux solaires. Mais la conscience que chaque secteur doit contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre grandit.
Scope 1 et scope 2
Les émissions de scope 1 sont celles produites directement par une entreprise, tandis que le scope 2 couvre l’énergie utilisée par l’entreprise.
Les entreprises à faibles émissions de gaz à effet de serre, mesurées en termes d’émissions de scope 1 et 2, obtiennent déjà une prime sur le prix des actions par rapport à leurs homologues affichant des émissions de gaz à effet de serre plus élevées, comme le montre le graphique ci-dessous.
Certaines plus ambitieuses
Mais les entreprises deviennent plus ambitieuses. De plus en plus d’entreprises visent à réduire leurs émissions nettes de gaz à effet de serre à zéro et englobent davantage les émissions de scope 3 dans leurs objectifs. Il s’agit des émissions indirectes provoquées dans la chaîne de valeur par les fournisseurs ou par l’utilisation de produits vendus. L’intégration des émissions indirectes dans les objectifs d’entreprise signifie que les entreprises doivent travailler main dans la main avec les fournisseurs pour atteindre leurs objectifs.
Un avantage compétitif
Les entreprises à la pointe dans ce domaine peuvent représenter des investissements moins risqués que les entreprises qui accumulent du retard. En décarbonant leur entreprise, et leurs chaînes d’approvisionnement, plus tôt que leurs concurrents, ces « leaders climatiques » minimisent le risque dans un environnement public et social plus agressif en matière de régulation, de taxation et de prix des émissions de gaz à effet de serre.
Le leadership climatique n’est plus un élément de coût, mais un avantage compétitif. Ceux et celles qui investissent dans ces entreprises peuvent bénéficier d’un rendement plus élevé tout en s’assurant que leur capital est investi dans des entreprises qui contribuent à la décarbonation.
Leader climatique en pratique : Microsoft
Microsoft représente un de ces leaders climatiques. L’entreprise s’est fixé des objectifs ambitieux qui doivent mobiliser toutes les composantes de l’entreprise et s’est engagée à évaluer régulièrement les progrès accomplis.
L’approvisionnement en énergie de Microsoft proviendra exclusivement de sources renouvelables d’ici 2025. La société s’est également engagée à atteindre une empreinte eau positive d’ici 2030 (c’est-à-dire réintroduire plus d’eau dans l’écosystème qu’elle n’en consomme), à atteindre l’objectif « zéro déchet » d’ici 2030 et à éviter toute déforestation pour les nouvelles constructions.
Microsoft s’est également engagée à atteindre un bilan carbone négatif d’ici 2030 et à éliminer de l’environnement tout le carbone émis depuis sa création en 1975 d’ici 2050.
Comment vont-ils y parvenir ? L’introduction d’une « taxe carbone » interne à payer par chaque division Microsoft en fonction de ses émissions représente une facette. Elle est déjà appliquée aux émissions de scope 1 et 2 et, dès cette année, sera étendue au scope 3. Cette taxe incite chaque division à être attentive à ses émissions de gaz à effet de serre et à essayer de les réduire.
De la réduction à la suppression
Réduire les émissions est une chose ; supprimer les émissions historiques est une autre paire de manches. Une grande partie de la technologie nécessaire pour y parvenir n’est, dans le meilleur des cas, qu’au stade initial. C’est pourquoi Microsoft investit un milliard de dollars dans un fonds pour l’innovation climatique afin d’accélérer le développement mondial des technologies de décarbonation, de captage et d’élimination.
L’entreprise considère que la publication des progrès réalisés dans un rapport annuel de développement durable est importante. Microsoft sur la voie du zéro net. De nombreuses autres entreprises se trouvent à un stade beaucoup plus précoce de leur décarbonation.
Pour les investisseurs, il s’agit d’une réelle opportunité d’investir dans des sociétés qui prennent au sérieux leur responsabilité de décarbonation. Maintenant que la société et les décideurs vont pénaliser l’inactivité et récompenser les entreprises qui contribuent à lutter contre le changement climatique, ces investissements peuvent créer de la valeur.
Lire aussi What makes a company a climate leader?, par Isabelle Hervey-Bathurst, Global Sector Specialist, et Simon Webber, Lead Portfolio Manager, chez Schroders.
Le rapport du GIEC change-t-il quelque chose ?
Par Andy Howard, Responsable mondial de l’Investissement durable, Schroders
Le 23 août 2021
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié son sixième rapport d’évaluation (AR6). Ce rapport, qui a défrayé la chronique à travers le monde, dresse un portrait sans appel de la situation à l’approche de la COP26, qui réunira les dirigeants du monde entier en vue de convenir de la suite à donner à l’action mondiale visant à relever le défi majeur de notre époque.
En tant qu’investisseurs internationaux, la voie à suivre est claire. Le dernier rapport du GIEC souligne l’ampleur du défi à venir et insuffle un nouvel élan à l’action politique et à la pression sociale, mais ne modifie en rien la destination finale.
Ce que le rapport nous enseigne
Le rapport contient très peu d’éléments réellement nouveaux. Les connaissances scientifiques croissantes sur le changement climatique permettent à ses auteurs d’affirmer avec plus de certitude que le climat est en train de changer, que l’activité humaine en est responsable et que les conséquences de ces changements seront dramatiques. Mais ces arguments étaient déjà admis par la majeure partie de l’opinion publique et du monde politique.
Ce qui est plus révélateur, c’est qu’en dépit du langage austère et rigoureux des scientifiques qui l’ont rédigée, cette analyse actualisée ne laisse aucun doute sur l’ampleur de la menace à venir. Le GIEC a judicieusement exposé les conséquences de l’inaction. Des dégâts physiques supplémentaires sont à craindre. Dans tous les scénarios envisagés, les températures augmenteront de 1,5°C dans les années 2030.
Si les émissions sont réduites d’ici à 2050, les températures baisseront plus tard dans le siècle. Mais des hausses initiales (résultant des décalages entre émissions et hausses de température) sont inévitables. Si aucune mesure n’est prise pour réduire les émissions au cours des prochaines décennies, la hausse des températures pourra atteindre jusqu’à 4°C par rapport au niveau de référence historique d’avant la fin du XXe siècle.
Ce que cela signifie
Si la différence entre 1,5°C et 4°C peut paraître mineure, les conséquences humaines ne le sont pas. Une hausse des températures de 1,5°C entraînera des sécheresses 2,4 fois plus fréquentes et des précipitations extrêmes 1,5 fois plus fréquentes. À 4°C, ces risques doublent quasiment pour atteindre des fréquences 5,1 fois et 2,8 fois plus élevées respectivement. De nombreuses régions du monde deviendront alors inhabitables. Des migrations massives seront inévitables. Les conséquences économiques seront lourdes. Ces mises en garde pourraient constituer l’élément déclencheur dont les États ont encore besoin pour coordonner une action ambitieuse et globale visant à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici le milieu du siècle.
Ce qu’il faut faire
Pour atteindre cet objectif, il faudra réduire de moitié les émissions mondiales au cours des dix prochaines années, soit une baisse annuelle de 6 à 7 %. Au cours des 50 dernières années, les émissions de CO2 ont augmenté de 2 % par an en moyenne.
Bien que possible, ce scénario est très optimiste, sauf si des mesures nettement plus agressives sont prises. À titre d’exemple, on pourra peut-être participer aux prochains Jeux olympiques, mais cela n’arrivera pas à moins de repenser complètement ses priorités et son régime d’entraînement.
La crise de la Covid pourrait fournir le tremplin nécessaire. L’année 2020 est la seule année durant laquelle les émissions mondiales ont diminué de 6 %, soit un rythme proche de celui qu’il faudra maintenir, même si cette baisse semble avoir été au moins en partie temporaire, les émissions mondiales ayant augmenté de 2 % par rapport à l’année précédente en décembre 2020.
Cela étant, les responsables politiques ont continué à mettre l’accent sur la menace climatique, en associant les plans de relance aux objectifs climatiques et en fixant des objectifs nationaux de décarbonation afin de parvenir à un bilan carbone nul vers le milieu du siècle.
À ce jour, les États qui ont défini des objectifs nationaux de zéro émission nette représentent plus de 70 % des émissions et de la production économique mondiales. Les engagements en matière de dépenses d’infrastructures vertes pourraient s’élever à environ 2.000 milliards de dollars au cours des dix prochaines années, la grande majorité des fonds devant provenir de sources privées.
Malgré cette ambition, le gros du travail nécessaire pour tenir ces engagements reste à faire et dépendra fortement des avancées technologiques dans les secteurs où les émissions sont les plus difficiles à réduire. L’AIE prévoit que près de la moitié des réductions d’émissions de CO2 au-delà de 2030 proviendront de technologies encore en cours de développement.
Les entreprises doivent redoubler d’efforts
Les entreprises ont commencé à suivre cette tendance, mais elles ont encore du chemin à parcourir. D’après une analyse des entreprises qui se fixent des objectifs dans le cadre de l’initiative Science Based Target, les sociétés qui se sont engagées à réduire leurs émissions suffisamment rapidement pour limiter la hausse des températures à long terme à 1,5°C représentent environ 15 % de la valeur des marchés actions mondiaux.
Les investissements dans les technologies propres et les nouveaux produits de croissance augmentent eux aussi, mais ils restent trop souvent cloisonnés dans des catégories de produits distinctes plutôt que de viser une refonte globale de l’ensemble de la gamme de produits.
Compte tenu de l’ampleur des changements nécessaires, il est difficile de savoir si l’économie mondiale parviendra à réaliser la transition vers la zéro émission nette au cours des 30 prochaines années. Mais la question clé est le calendrier, pas l’impératif d’une transition. Les objectifs moins ambitieux visant à limiter la hausse des températures à long terme à environ 2°C prolongeront le processus de quelques décennies, mais ne remettront pas en cause la nécessité d’atteindre un bilan carbone nul, ni l’impératif d’agir.
Les constructeurs automobiles préparent-ils leurs collaborateurs à un avenir plus numérique ?
Par Catherine Macaulay, analyste en investissement durable, Schroders, et Rodrigo Kohn, analyste actions européennes, Schroders
Le 19 juilllet 2021
À mesure que les ambitions en matière de changement climatique grandissent dans le monde, le secteur automobile sera probablement contraint de relever ses objectifs de réduction des émissions. De nombreux pays, dont la Norvège, la France, le Royaume-Uni, la Suède, l’Irlande et les Pays-Bas, ont déjà annoncé l’élimination progressive des véhicules à moteur à combustion interne (MCI) entre 2025 et 2040.
Les entreprises doivent recourir à des alternatives à faible émission et zéro carbone, sans quoi elles s’exposent à de lourdes amendes. Leur aptitude à relever ce défi dépend de leur capacité d’innovation et d’exécution.
Parallèlement, les progrès technologiques continuent de transformer l’industrie. Les processus de production sont de plus en plus automatisés, les technologies de conduite autonome de plus en plus sophistiquées et les attentes des consommateurs concernant l’expérience numérique des véhicules continuent d’augmenter.
Implications sur la main-d’œuvre
Les implications de la transformation verte et numérique sur la main-d’œuvre sont profondes et impacteront tous les domaines, de la structure de l’effectif aux pratiques de formation et de recrutement.
De fait, le défi est complexe. La transformation des modèles économiques nécessitera des programmes de formation solides, permettant aux équipementiers et aux fournisseurs de redéployer le personnel existant dans de nouveaux domaines. Les entreprises automobiles doivent également se disputer les talents IT avec les entreprises technologiques, les obligeant à repenser leur marque et tenter d’attirer un nouveau profil de collaborateur.
Neuf équipementiers et fournisseurs internationaux ont donner leur avis pour déterminer comment ils équipent leur main-d’œuvre en vue de prospérer durant l’ère numérique et électrique à venir.
Cinq axes
- Les entreprises qui adoptent une approche trop réactive de l’électrification risquent de ne pas disposer des compétences nécessaires à l’avenir. L’offre de formation d’une entreprise en matière d’électrification est un bon indicateur de son engagement à mettre en œuvre le programme dans ce domaine. Les entreprises qui estiment que l’adoption des véhicules électriques sera lente, sous l’effet des réglementations en matière de subventions et d’émissions, privilégient la production de véhicules hybrides plutôt que le développement de lignes de production dédiées aux véhicules électriques. Leur offre de formation reflète cette approche. Cela pourrait les désavantager en termes de compétences à l’avenir, à mesure que l’industrie décarbone.
- Le secteur étant fortement syndiqué, les entreprises devront compter sur les départs en retraite prévus pour réduire la taille de leur main-d’œuvre. On estime que la production de véhicules électriques nécessite au minimum 20 à 30 % de personnel en moins. La production de véhicules électriques requiert également des compétences différentes. Cet effet sera amplifié par l’augmentation du degré d’automatisation des processus de production.
Parallèlement, compte tenu des niveaux élevés de syndicalisation, il est difficile pour les entreprises de réduire la taille de leur main-d’œuvre. Les entreprises peuvent profiter des départs en retraite à l’âge normal et des départs anticipés, mais cela ne résout qu’une partie du problème. Toutes les entreprises doivent reconnaître la nécessité de créer des effectifs flexibles pour pouvoir réaffecter les employés existants à de nouveaux postes.
- Élaborer des programmes de formation efficaces nécessite une planification sophistiquée de l’effectif, qui identifie les lacunes et le potentiel des employés existants. Il est essentiel de s’assurer que les bonnes personnes ont accès aux programmes de formation, tout en veillant à ce que les stratégies de formation et de recrutement répondent aux besoins actuels et futurs de l’entreprise. Comprendre les systèmes et les processus mis en place par les entreprises pour gérer la demande de compétences et identifier les candidats appropriés sont des éléments clés du puzzle.
- Les statistiques générales sur les heures de formation peuvent être trompeuses. Les statistiques de formation générales couvrent tout ce qui va des ressources humaines (RH) aux heures de formation à la conformité. Bien que de telles formations soient importantes pour le fonctionnement quotidien d’une entreprise, elles ne permettent pas aux collaborateurs de disposer des compétences nécessaires pour prospérer dans des environnements changeants. Il est important de concevoir des programmes de formation approfondis et d’essayer d’avoir une idée de la portée de ces programmes.
- Les entreprises sont confrontées à la concurrence féroce de nouveaux secteurs et doivent être innovantes dans leurs approches de recrutement, notamment en attirant les jeunes et les talents technologiques. Le développement de solides apprentissages, stages et relations avec les universités est important pour attirer les jeunes. Des stratégies innovantes telles que la refonte de l’identité d’une marque et la transformation des styles de travail sont nécessaires pour attirer les talents technologiques. Assurer la satisfaction globale des collaborateurs est également plus important que jamais dans cet environnement très concurrentiel.
Mesurer le degré de sophistication de la stratégie de formation et de recrutement d’une entreprise est complexe. Les statistiques générales ne révèlent qu’une facette de la réalité, et les entreprises sont réticentes à divulguer trop d’informations compte tenu de la sensibilité de ces sujets sur le plan concurrentiel.
Bien qu’il soit difficile de tirer des conclusions directes sur l’investissement, les éclairages tirés de ces consultations peuvent aider à mieux comprendre le degré de préparation des entreprises face à la transition. Cela s’applique à tous les secteurs confrontés aux risques liés à la transition.
Vendre au plus haut ? Une décision qui peut coûter cher !
Par Duncan Lamont, Head of Research and Analytics chez Schroders
Le 9 juin 2021
Les valorisations des marchés d’actions atteignent des sommets. Dès lors, les investisseurs doivent-ils encore s’engager ou le moment de sortir est-il venu ? Si l’on se retourne sur 100 ans d’histoire, qu’adviendra-t-il du rendement si un investisseur décide de sortir au plus haut ? Conclusion : choisir le moment opportun sur le marché est impossible et très onéreux !
Fin mars, le rapport cours/bénéfice du S&P 500 progressait à 34 fois. Un niveau supérieur à la bulle Internet fin 1999, lorsque le rapport cours/bénéfices n’a pas dépassé 31 fois. Et nettement supérieur à la moyenne de 17 fois sur le long terme. Le tableau n’est pas différent si l’on considère le CAPE, ou Shiller PE, le rapport cours/bénéfice cyclique corrigé. Celui-ci n’a été supérieur que lors du battage médiatique Internet.
Trop cher : faut-il donc vendre ?
Cette valorisation élevée correspond-elle à un conseil à la vente ? C’est à l’investisseur de décider. Mais reconnaître un pic de marché s’avère d’une difficulté sans précédent. En effet, vendre toutes ses actions sur la base de valorisations à faire blêmir s’est avéré une stratégie perdante dans le passé. On peut mitiger l’exposition, mais des mesures draconiennes peuvent avoir des conséquences drastiques.
Les ventes poussent à la faute
Prenons l’exemple d’un investisseur dans le S&P 500, qui a la chair de poule lorsque le ratio cours/bénéfice dépasse la moyenne de 50 %. Chaque fois que cela se produit, cet investisseur cède ses actions. Et il réinvestit lorsque les valorisations ont reculé. Il s’agit d’une stratégie qui, en bout de course, ne donne rien !
S’il prend ses décisions sur la base de la CAPE, il n’aurait fallu que quelques mois pour que cet investisseur se retrouve à la marge des marchés boursiers depuis 2013, et il aurait « raté » pas mal d’opportunités.
Le tableau ci-après indique ce qu’un investisseur aurait perdu avec une telle stratégie. En moyenne, il perdrait un bénéfice potentiel de 43 % en vendant trop rapidement. Par le passé, les cours ont continué à progresser pendant 17 mois, en moyenne, avant que les marchés atteignent des sommets. Aujourd’hui, on est revenu à 12 mois.
Maintenir ses investissements finit par payer
Mais comment éviter de perdre en vendant quand les marchés sont chers ? Chaque marché bull finit par tourner au vinaigre. Et l’investisseur qui ne bouge pas subira alors une baisse pour son choix, qu’il aurait pu éviter en vendant. Cependant, les pertes éventuelles qui auraient pu être évitées ne compensent pas les bénéfices perdus. Même en cas de pertes, celles-ci seraient restées limitées.
En termes de rendement, une stratégie consistant à maintenir l’investissement d’un investisseur au cours des 130 dernières années aurait généré un rendement annuel de 9,7 %. 100 dollars investis en 1890 en vaudraient 1,1 million aujourd’hui dans le cadre d’une stratégie de sortie systématique de marchés affichant une valeur élevée. Pas mal. Mais ces 100 dollars vaudraient 18,1 millions si les investissements avaient été maintenus. Une différence sensible.
Le clou de l’histoire
Vendre des actions uniquement parce que le marché semble cher constitue rarement une bonne idée. Les marchés peuvent renchérir. Mais cela peut même devenir moins cher sans baisse des marchés (une reprise des bénéfices peut rendre les ratios bénéficiaires plus favorables).
Les investisseurs ne doivent pas uniquement se laisser guider par une valorisation élevée. Ils doivent également tenir compte de leurs convictions, de leurs objectifs d’investissement, de leur appétit pour le risque et de leur horizon de placement. Celui qui s’inquiète malgré tout peut envisager de réduire son allocation aux actions. Ou la déplacer vers des segments du marché qui semblent moins chers, comme les marchés en dehors des États-Unis ou les actions de valeur.
Déterminer le bon moment pour tout vendre est trop demandé. Dans les histoires à succès des investisseurs sortis au bon moment, on ne parle jamais de la majorité qui n’a pas su choisir le moment opportun sur le marché.
Lire également Why you shouldn’t try to time the top of the market, par Duncan Lamont, Head of Research and Analytics chez Schroders.
Le compte à rebours avant la COP26 a commencé !
Le 25 mai 2021
Le dernier rapport de l’ONU a sonné l’alarme pour le monde entier. La ligne directrice est claire. Cette année est celle où « ça passe ou ça casse » pour la lutte contre le changement climatique, a averti le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Le prochain sommet des Nations Unies sur le climat, la COP26, doit se dérouler à Glasgow en novembre. Reportée l’an dernier à cause des restrictions dues au Covid-19, elle sera co-présidée par le Royaume-Uni et l’Italie. Il est attendu des pays participants qu’ils annoncent leurs nouveaux objectifs climatiques en avance.
Les faits
Plus de 190 pays ont signé l’accord de Paris sur le climat, qui vise à limiter la hausse des températures à un niveau bien inférieur à 2 degrés, idéalement à un niveau de 1,5 degré par rapport aux niveaux de 1900.
Cependant, commentant un rapport provisoire de l’ONU Environnement publié le 26 février, son Secrétaire Général rapporte qu’il sonne l’alerte pour la planète.
Pour limiter la hausse des températures mondiales à 1,5 degré, il nous faut réduire les émissions de carbone de 45 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
Mais le rapport révèle que bien que la majorité des pays représentés aient revu leurs ambitions à la hausse pour atteindre les objectifs d’émissions de CO2, leur impact combiné ne suffit pas. L’ONU Environnement affirme ainsi qu’ils sont « en route pour atteindre seulement 1 % de réduction des niveaux d’émissions d’ici 2030 comparé aux niveaux de 2010 ».
Le rapport synthétique initial sur les « Contributions Déterminées au niveau National » résume l’impact de 48 plans pour le climat, qu’ils soient nouveaux ou mis à jour, en incluant les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Quelles ont été les réactions à ce rapport ?
Puisque le rapport ne sera publié dans sa version finale que plus tard dans l’année, il s’agit simplement ici d’un aperçu. Cependant, Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de l’ONU Environnement, a affirmé qu’il démontre que les niveaux actuels d’ambition climatique sont « bien loin de nous mettre sur la voie qui nous permettra d’atteindre nos objectifs de l’accord de Paris ». Elle a également ajouté que « les décisions d’accélérer et d’élargir l’action climatique partout doivent être prises immédiatement ».
Le président de la COP26, Alok Sharma, a affirmé que le rapport devait « servir au passage à l’acte » et a demandé à tous les pays d’établir des objectifs ambitieux pour 2030. « Nous devons prendre acte du fait que la fenêtre de tir pour préserver notre planète est en train de se refermer à toute vitesse » a-t-il averti.
Autres recommandations
Alors que les campagnes de vaccinations ont donné l’espoir de voir la fin des confinements, et même de la pandémie elle-même, le changement climatique prend à nouveau de l’ampleur.
Des représentants des gouvernements, des militants du climat, des hommes d’affaires et des célébrités médiatiques se pressent pour souligner l’urgence de la situation. Malala Yousafzai, lauréate du Prix Nobel et militante en faveur de l’éducation, le naturaliste Sir David Attenborough, le fondateur de Tesla, Elon Musk, ainsi que des célébrités telles que l’actrice Emma Thompson, Arnold Schwarzenneger, Leonardo DiCaprio et Pharrell Williams.
Le président des États-Unis, Joe Biden, a lui-même accueilli son propre sommet de dirigeants sur le changement climatique le 22 avril, après avoir rapidement renoncé à l’accord de Paris en entrant à la Maison Blanche.
Bill Gates a publié un livre très médiatisé sur le sujet et a affirmé il y a peu : « Éviter le désastre climatique nécessite de trouver une autre manière de faire du commerce, le courage de prendre des risques que de nombreux PDG n’ont pas l’habitude de prendre – et que les investisseurs n’ont pas l’habitude de récompenser ».
L’intervention très médiatisée du fondateur de Microsoft, Bill Gates, dans le débat sur le changement climatique doit être saluée. Il saisit bien le défi du siècle : comment cesser de rejeter 51 milliards de tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère chaque année. Cela doit être fait le plus rapidement possible pour éviter des catastrophes climatiques, et ce, de manière économique et équilibrée. Le système énergétique mondial, si l’on combine l’électricité, les transports et le chauffage / la climatisation, est concrètement responsable de la moitié des 51 milliards de tonnes de gaz à effet de serre qui sont rejetés dans l’atmosphère. L’évolution du système énergétique vers un système plus durable est ce que l’on appelle désormais la « transition énergétique ».
En tant qu’investisseurs dans cette tendance, il convient d’investir de manière responsable les capitaux dans les entreprises directement impliquées dans le changement structurel du système énergétique mondial au cours des 30 prochaines années.
Les implications, pour les entreprises et les investissements, des agissements des régulateurs et des législateurs afin d’éviter une catastrophe climatique sont concrets. Elles témoignent d’une évolution dans la façon dont nous produisons et consommons de l’énergie, d’une ampleur que nous n’avons pas connue depuis plusieurs générations.
La volonté politique d’intervention continue à prendre de l’élan, ce qui signifie que les entreprises et les investisseurs doivent rester actifs s’ils veulent, ainsi que leurs investissements, rester opérationnels. Pour pouvoir ne serait-ce que commencer à envisager d’atteindre les ambitieux objectifs de neutralité carbone, les entreprises doivent elles-mêmes élaborer des plans chiffrables de décarbonisation.
Ce mouvement souligne l’importance de l’investissement actif. Et l’importance de la compréhension active de ce que les entreprises font pour s’améliorer, tout en les tenant responsable en cas de manquement.
En recherchant ces entreprises qui façonnent un futur plus propre, les investisseurs peuvent bénéficier de la transition vers un monde sans carbone. Il s’agit là d’un des défis et d’une des opportunités les plus novateurs auxquels les entreprises vont devoir faire face dans les prochaines années et décennies.
Il est très clair que beaucoup d’entreprises, non seulement dans les industries lourdes mais aussi dans tous les secteurs, travaillent déjà sur ou ont conçu des plans carbone. Un changement a clairement eu lieu dans la prise en compte du changement climatique. D’une sorte de sujet risqué et lointain au sein des salles de conseil, il est devenu un sujet bien présent à l’ordre du jour.
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Pourquoi l’Asie va passer le relais de la croissance à d’autres pays émergents ?
Le 12 avril 2021
Cette année, les marchés émergents asiatiques ont pris un bon départ. On s’attend à un retournement. Trois raisons font penser que d’autres marchés émergents vont prendre le relais. Les perspectives pour les marchés émergents sont optimistes. En 2021, la croissance moyenne de ces marchés atteint 7 %. Mais une rotation pourrait s’opérer. À court terme, la Chine et les économies tournées vers l’exportation mènent la danse, grâce à une demande solide de biens de production. Mais cette reprise cyclique va ralentir dans le courant de l’année.
Le relais sera pris par d’autres pays émergents au fur et à mesure que les stocks se rempliront et que l’économie mondiale se redressera, ce qui fera glisser la demande des biens de production vers les services. Cela peut entraîner un retournement de la surperformance récente des marchés émergents asiatiques. En voici trois raisons :
Indicateurs au sommet et cycle en bout de course
Les principaux indicateurs de l’économie chinoise semblent avoir atteint un sommet. Les décideurs politiques chinois font preuve de prudence dans la réduction des stimulants monétaires et budgétaires. Mais un resserrement progressif, combiné à un renforcement de la régulation du secteur immobilier, mettra la pression sur l’activité économique. On prévoit un recul de la croissance chinoise à 5,7 % en 2022.
Deuxième raison : le cycle de l’industrie manufacturière arrive en bout de course en Asie.
Le ratio de nouvelles commandes par rapport au stock a fortement reculé. Lorsque ce ratio est élevé, les stocks de biens sont faibles par rapport aux commandes qui entrent, ce qui entraîne l’augmentation de la production. Lorsque ce ratio est faible, les nouvelles commandes peuvent être facilement rencontrées avec les stocks existants, sans avoir à augmenter la production.
La raison de ce recul vient du fait que les entreprises ont rattrapé la forte demande de biens pendant la pandémie et que les commandes à l’exportation se sont réduites. Ceci a supprimé un stimulant important favorisant la forte croissance de la production industrielle. La position centrale de la Chine dans la chaîne d’approvisionnement mondiale signifie que, normalement, le secteur industriel chinois prend la tête dans le reste de l’Asie (voire du monde), ce qui indique que le cycle de stocks dans la région va bientôt connaître un revirement.
Au fur et à mesure que les mesures de stimulation dans les pays occidentaux, en particulier aux États-Unis, seront introduites, la demande repartira légèrement. Quelques exceptions soutiendront l’activité économique, notamment dans le secteur des semi-conducteurs. Mais, globalement, il apparaît que l’industrie exportatrice perdra de la puissance dans le courant de l’année, au fur et à mesure que la reprise de l’économie mondiale fera glisser la demande des biens vers les services.
La croissance va s’accélérer
La troisième raison tient dans le niveau de la croissance. Au moment précis où l’activité industrielle en Asie tiédira, la croissance sur les autres marchés émergents va s’accélérer à mesure que les pires effets de la crise de la Covid s’estomperont et que la vaccination atteindra sa vitesse de croisière.
De nombreux pays asiatiques ont relativement bien traversé la crise de la Covid et dépendent davantage de l’industrie de transformation. Ils profiteront donc moins de la vaccination et de la « normalisation » de l’activité que d’autres marchés émergents au secteur de services plus développé.
La situation est bien entendu plus nuancée, la reprise de certains marchés émergents étant freinée, comme au Brésil qui semble devoir bientôt affronter une nouvelle vague de contamination. La récente augmentation du nombre d’infections en Inde représente également, à cet égard, une évolution inquiétante. Mais, de façon générale, d’autres régions devraient reprendre le rôle de l’Asie comme moteur de la croissance sur les marchés émergents.
Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?
Les investisseurs doivent tenir compte d’une rotation au sein des marchés émergents dans le courant de l’année. Cette année, par exemple, les actions asiatiques ont enregistré de meilleures performances que les actions d’Amérique latine. Cela peut changer au cours de l’année.
Les trois composantes cruciales de l’investissement durable
Par Nicholette MacDonald-Brown, Gérante analyste actions européennes, chez Schroders
Le 15 mars 2021
Les fonds durables ont connu une croissance rapide ces dernières années, dans un contexte de sensibilisation accrue à l’environnement et vu la mise en avant des questions sociales par la pandémie actuelle. Cependant, il n’existe pas de définition standard du secteur de l’investissement durable.
Le terme « durabilité » est souvent galvaudé dans l’investissement et est devenu un terme « passe-partout » pour un certain nombre d’approches différentes. Dans ce domaine, on peut cependant considérer que trois éléments sont cruciaux :
- Purpose (objectif) : ce que l’investissement durable peut atteindre en termes de performances des investissements et d’influence sur le comportement des entreprises ;
- People (collaborateurs) : l’évaluation de la durabilité est souvent un jugement et ne peut être ramenée à des scores ou notations fournies par un tiers ;
- Process (processus) : réunir l’objectif et les collaborateurs pour créer un processus reproductible qui évolue et s’améliore au fil du temps.
Investir à dessein
L’investissement durable a pour objectif d’avoir un impact positif sur la société et le comportement des entreprises, tout en aidant les investisseurs à atteindre leurs objectifs d’investissement. Il s’agit de choisir d’allouer le capital investi à des entreprises déjà gérées de manière durable, en transition ou en voie d’amélioration de leur profil de durabilité.
On croit communément, à tort, que les investisseurs doivent compromettre leurs aspirations en matière de risque et de rendement afin d’obtenir un impact positif. Ce n’est pas le cas : la durabilité est un élément essentiel plutôt qu’un compromis.
L’investissement durable établit des normes minimales de comportement pour une entreprise faisant l’objet d’un investissement. Si une entreprise s’engage dans des activités ou comportements qui causent de graves préjudices à la société, aucune valorisation, même attractive, ne peut compenser cet impact négatif. Mais fixer de telles limites n’est pas préjudiciable aux performances des investissements.
Performance et durabilité
En tant qu’investisseurs, il faut chercher des modèles économiques durables. Il faut investir sur le long terme en cherchant à évaluer les perspectives futures des entreprises. Peuvent-elles développer leur activité ? Peuvent-elles améliorer leurs marges bénéficiaires ? Sont-elles sous la menace d’amendes réglementaires, ou en retard par rapport à leurs concurrents ?
Par exemple, si une entreprise ne tient pas suffisamment compte de son impact sur l’environnement, elle risque d’être sanctionnée par les régulateurs et de voir ternir sa réputation auprès de ses clients. Si elle sous-paye ses employés, elle pourrait avoir des problèmes de fidélisation du personnel, et ses marges bénéficiaires pourraient diminuer à l’avenir en cas de nécessité de relever les salaires. En revanche, les entreprises qui tiennent compte de leur impact sur les parties prenantes – comme les employés ou l’environnement – sont mieux placées pour éviter ces risques.
L’identification des risques de durabilité et le potentiel d’amélioration sont un élément essentiel pour tenter d’obtenir des performances d’investissement plus élevées.
Analyse humaine
L’évaluation des risques et des opportunités en matière de durabilité relève souvent du jugement.
L’investissement durable signifie avoir un impact positif sur la société et le comportement des entreprises. On peut distinguer trois catégories d’impact des sociétés :
- ce qu’une entreprise fait, en termes de produits ou services qu’elle fournit ;
- les coûts ou avantages que l’entreprise impose à la société (ce qui peut ne pas être immédiatement évident).
- la manière dont l’entreprise se comporte vis-à-vis de ses employés, de ses fournisseurs et d’autres parties prenantes.
Poser des questions sur des sujets de durabilité aide à mieux comprendre une entreprise. Plutôt que de traiter uniquement avec l’équipe de direction d’une entreprise, le dialogue sur les questions de durabilité au sein de l’entreprise permet souvent de se faire une idée plus claire de l’aspect opérationnel d’une entreprise.
L’Europe en tant que région est plus avancée que la plupart des pays en matière de rapports sur le développement durable. Mais il est alors d’autant plus crucial de vérifier si une entreprise considère la durabilité comme un exercice de « case à cocher », ou si elle est réellement intégrée à l’entreprise.
Au lieu de s’appuyer sur des outils flous tels que les scores fournis par des tiers, les conversations avec les entreprises permettent de se faire une idée nuancée et prospective.
Quel impact du changement climatique sur les rendements dans les 30 prochaines années ?
Le 17 février 2021
Chaque année, les économistes de Schroders donnent leur analyse du rendement attendu durant les 30 années à venir. À partir de cette année, l’impact du changement climatique est pondéré d’une nouvelle manière. Et le résultat est clair : le rendement des actions est fortement influencé par le changement climatique, tandis que les rendements obligataires et les liquidités sont nettement moins impactés.
En ce qui concerne le scénario de référence en matière de changement climatique, Schroders part toujours du principe que des mesures vont être prises pour réduire les émissions de carbone. Cela a des répercussions sur la productivité des différents pays. En d’autres termes, la productivité des pays « froids » augmente en règle générale avec la hausse des températures annuelles. Par ailleurs, la productivité est généralement plus faible dans les pays « chauds » en raison de l’élévation des températures. Mais certaines économies « plus chaudes » peuvent accroître leur productivité en investissant dans des technologies à faible intensité de carbone.
Méthodologie : la fusée à trois étages
Cette année, la méthodologie a été affinée de manière à mieux refléter l’impact du changement climatique sur les prévisions de rendement. L’analyse reflète désormais le fait que les augmentations de température ne sont pas uniformes, mais qu’elles sont définies dans le modèle. Les effets de transition de la décarbonation de l’économie et du glissement des investissements vers les énergies propres sont également pris en compte dans l’analyse. D’après les derniers résultats actualisés, les prévisions de rendement sont légèrement plus basses pour les actions et les valeurs à revenu fixe. Les résultats soulignent plus que jamais l’importance d’une approche active au cours des prochaines années.
La méthodologie comprend trois volets :
- Les coûts physiques du changement climatique : l’évolution de la production et de la productivité au regard de l’augmentation de la température.
- Les coûts de transition : l’impact économique des mesures prises pour limiter les hausses de température.
- Les actifs échoués : il est tenu compte des pertes liées à l’abandon du pétrole et des autres énergies carbonées. C’est ce qui se produit lorsque ces énergies ne peuvent plus être utilisées et restent dans le sol.
Impact du changement climatique sur les liquidités et les revenus fixes
L’une des principales composantes des projections à long terme est l’hypothèse retenue concernant le rendement des liquidités. Ces prévisions dépendent presque entièrement des fluctuations des principaux taux d’intérêt dans les principales économies développées. Dans l’ensemble, les liquidités devraient produire cette année des rendements réels inférieurs à ceux de l’année dernière dans les pays développés, en grande partie à cause de la pandémie de Covid-19. Les prévisions ont été révisées à la baisse pour les rendements obligataires, compte tenu de la baisse des taux d’intérêt neutres à long terme. En raison du changement climatique, les prévisions de rendement des liquidités sont moins élevées pour des pays développés comme les États-Unis, le Royaume-Uni et le Japon, mais plus élevées pour des pays comme la Corée du Sud et Singapour. Cette réévaluation découle principalement des adaptations de la productivité au changement climatique.
La prévision de rendement des obligations souveraines s’appuie sur le rendement des liquidités en ajoutant une prime de terme pour anticiper le rendement des obligations à plus long terme (10 ans). Par rapport à l’année dernière, les prévisions pour les obligations souveraines sur les principaux marchés développés ont été largement revues à la baisse en raison des hypothèses liées au rendement réel des liquidités. En comparaison, les prévisions de rendement ont été relevées pour les obligations souveraines de la région Asie-Pacifique par rapport à l’année dernière, parce que les rendements liés aux liquidités pour l’Australie et Singapour sont plus élevés que les estimations antérieures.
Les anticipations concernant le rendement des obligations de sociétés sont basées sur le rendement supplémentaire des obligations de type investment grade et des obligations à haut rendement par rapport aux obligations souveraines. Les deux ressorts du rendement supplémentaire des obligations d’entreprises sont les variations des spreads et les pertes attendues liées aux défauts, ces éléments étant tous deux étroitement liés au cycle économique.
Impact du changement climatique sur les actions
Le changement climatique a un impact majeur sur les actions. L’élévation des températures qu’il engendre ainsi que les coûts de transition qui vont de pair, y compris les actifs échoués, ont un impact sur les actions à cause de leurs effets sur la croissance de la productivité. Il est évident que le changement climatique fera des gagnants et des perdants. Les actions européennes en particulier bénéficieront du gain de productivité résultant de l’adoption de technologies propres et elles n’accuseront que des pertes minimales en termes d’actifs échoués. Les prévisions de rendement des actions ont baissé pour la plupart des marchés émergents. Les prévisions de rendement des actions américaines ont également été revues à la baisse en raison du changement climatique et de la révision à la baisse de l’hypothèse initiale de rendement des dividendes. Cela a contribué à une adaptation à la baisse des prévisions pour les actions mondiales. En revanche, les prévisions de rendement des actions dans la région Asie-Pacifique ont été revues à la hausse en raison des gains de productivité.
Dans leur recherche de meilleurs rendements, les investisseurs continueront, dans les trente prochaines années, à subir des pressions pour repousser la courbe des risques, ce qui souligne l’importance d’une stratégie d’investissement actif.
Lire aussi
- How climate change could impact investment returns over the next 30 years.
- Prévisions complètes à long terme de Schroders : méthodologie en prévision de rendement à 30 ans.
Optimisme pour les marchés émergents cette année
Par David Rees, Tom Wilson et James Barrineau, spécialistes des marchés émergents chez Schroders
Le 20 janvier 2021
L’arrivée d’un vaccin contre le Covid-19 suscite un regain d’optimisme pour les marchés émergents cette année. Qu’est-ce que cela signifie pour les actions et les obligations des marchés émergents ?
Les perspectives pour les marchés émergents cette année incitent à l’optimisme. Les nouvelles qui se succèdent à propos des vaccins sont encourageantes et tout porte à croire qu’ils seront administrés à grande échelle d’ici le second semestre de l’année. Ce climat de confiance soutient la reprise de l’économie. En outre, les mesures de relance budgétaire et monétaire qui continuent d’être prises dans le monde entier soutiennent le commerce international et la croissance économique. Cela devrait également avoir un effet bénéfique pour les marchés émergents. De plus, les analystes s’accordent à dire que le dollar américain va continuer à s’affaiblir. Ce sera tout profit pour les investissements sur les marchés émergents.
La Chine en tête
L’impact de l’épidémie de Covid-19 est très variable sur les différents marchés émergents. Une reprise économique se dessine cependant sur la majorité d’entre eux. Beaucoup des grandes économies émergentes ne se sont pas contractées autant qu’on le craignait au départ. Après un repli estimé à -1,9 % en 2020, on peut prévoir une croissance de +6,9 % pour les marchés émergents en 2021. La Chine sera en tête de peloton avec une croissance économique d’environ +9 %.
Actions des marchés émergents
La mise au point de vaccins devrait entraîner un retour à la normale de la vie en société et de l’activité économique au cours du second semestre 2021 et jusqu’en 2022, permettant ainsi un rebond des bénéfices des entreprises.
Le résultat des élections américaines n’est pas sans importance pour les marchés émergents. La politique de l’administration Biden entraînera vraisemblablement un creusement du déficit budgétaire américain et un tassement du billet vert. Les actions des marchés émergents devraient donc surperformer celles des marchés développés. Les tensions entre les États-Unis et la Chine vont probablement persister.
Le succès des vaccins, conjugué aux résultats des élections américaines, a conduit à un changement significatif de leadership sur les marchés émergents. Il en a résulté une révision à la baisse du risque attendu pour les actions plus cycliques en particulier et une révision à la hausse des prévisions de bénéfices. Les investisseurs investissent à nouveau en actions des marchés émergents. La forte sous-valorisation de nombreuses sociétés cycliques est à présent corrigée, mais leurs valorisations restent raisonnables. On s’attend à ce que les bénéfices repartent à la hausse.
À plus long terme, on peut tabler sur une croissance économique mondiale qui restera faible, sur un soutien massif de la part des grandes banques centrales mondiales, sur des taux d’intérêt ultra bas et sur des rendements faibles. Les actions de croissance à long terme basées sur un modèle « asset light » continueront donc sans doute à emporter la préférence.
Dette émergente
Il y a de fortes probabilités que le dollar américain perde du terrain au cours des prochains trimestres. A cela s’ajoute le double déficit croissant des États-Unis. Voilà qui devrait favoriser la dette en devise locale.
Pour la dette des marchés émergents en dollars, le différentiel de rendement (spread) entre la dette de haute qualité et le taux équivalent sur les obligations du gouvernement américain n’est que de 14 % en dessous du niveau d’avant la pandémie. Cela a permis aux gouvernements d’augmenter leur déficit budgétaire sans mettre en péril leur solvabilité.
Les spreads des obligations à haut rendement des marchés émergents restent bien au-dessus de leur niveau d’avant la pandémie. Étant donné que les tensions suscitées par une période de croissance plus faible et de dépenses plus élevées mettront à l’épreuve la solvabilité des gouvernements et des entreprises. On ne prévoit aucun resserrement. Les rendements entre 6 et 8 % affichés par bon nombre d’obligations semblent attrayants.
La dette d’infrastructure : Une alternative attrayante aux titres à revenu fixe
Par Jérôme Neyroud, responsable des investissements, dette d’infrastructure, chez Schroders
Le 7 décembre 2020
La dette d’infrastructure senior est préservée par rapport à bon nombre des défis auxquels sont confrontés les titres à revenu fixe traditionnels lorsque les taux d’intérêt sont très bas. Dans le contexte actuel de crise de la Covid-19 qui a durement touché l’économie mondiale, le risque de crédit et le risque de défaut sur les emprunts obligataires ont augmenté. La politique accommodante des banques centrales du monde entier met sous pression les taux d’intérêt et les rendements effectifs. Le Financial Times a récemment souligné que plus de 60 % du marché obligataire mondial offre aujourd’hui un rendement inférieur à 1 %.
Les investisseurs éprouvent des difficultés à trouver des placements offrant des rendements attrayants tout en conservant les caractéristiques de risque des titres à revenu fixe. Beaucoup d’investisseurs négligent cependant la dette d’infrastructure senior européenne. Cette sous-catégorie est moins exposée à plusieurs problèmes rencontrés par les titres traditionnels à revenu fixe. La dette d’infrastructure senior européenne offre deux avantages importants dans cet environnement de marché :
- Un spread plus élevé.
En tant qu’instrument de dette privée, la dette d’infrastructure n’est pas éligible aux programmes de rachat des banques centrales. Les spreads ne sont donc pas autant sous pression. Pour ce type de titres, les spreads sont principalement déterminés par les marges que les banques ajoutent à leurs coûts de financement. Devant la menace de récession, les banques ont tendance à compenser l’augmentation des coûts de financement.
- Le taux de référence
En règle générale, les marchés publics basent leurs cours sur certaines valeurs de référence, telles que l’IBOR. La plupart des taux de référence sont actuellement négatifs. Les coupons détenus par les investisseurs sont de ce fait inférieurs aux spreads. Mais ce n’est pas le cas avec la dette d’infrastructure européenne. Les prêteurs sont souvent en mesure de négocier un plancher sur les taux de référence (ou une marge plus élevée en échange de taux de référence sans plancher). Le rendement effectif de la dette d’infrastructure senior a certes diminué, mais à un rythme plus lent que sur le marché des titres à revenu fixe. La valeur relative de la dette senior d’infrastructure a de ce fait augmenté.
Résilience dans les situations de crise
Le statut de la dette d’infrastructure a fait ses preuves pendant plusieurs décennies comme catégorie d’investissement stable. Le schéma des pertes attendues est comparable à celui de la dette à rating A, tandis que la dette d’infrastructure offre un spread net plus élevé.
De plus, la dette d’infrastructure senior affiche une volatilité moindre en termes de solvabilité. Historiquement, les titres de créance ont moins fait l’objet d’ajustements à la baisse que les sociétés non financières.
La dette d’infrastructure est-elle immunisée contre le coronavirus ?
Les premières réactions des acteurs du marché sont encourageantes :
- 66 émetteurs d’obligations d’entreprises ont fait défaut contre seulement deux émetteurs de financement d’infrastructures et de projets (entre mars et mai 2020).
- Cinq émetteurs de financement d’infrastructures et de projets ont fait défaut (pas en Europe) au cours des douze mois qui ont précédé le 31 mai 2020.
Solvabilité II : la cerise sur le gâteau
En raison des caractéristiques uniques de la dette d’infrastructure, la Commission européenne a accordé une réduction des frais de crédit (capital de solvabilité requis) pour ce type de dette en 2016. Ces frais ont été réduits d’environ 30 % par rapport aux obligations d’entreprises ayant un rating comparable.
Dette d’infrastructure : plus de rendement, mais pas plus de risques
On s’attend à voir persister un risque accru et la pression sur les rendements effectifs sous l’effet de l’assouplissement quantitatif. Les investisseurs sont confrontés au défi de trouver des rendements sans augmentation sensible du risque. La dette d’infrastructure senior européenne peut être une alternative intéressante aux titres traditionnels à revenus fixes, sans augmentation inutile du risque. Elle apporte une plus grande diversification sectorielle tout en réduisant la volatilité.
Lire aussi Senior infrastructure debt vs fixed income: which poses fewer challenges for investors?, de Jérôme Neyroud, Responsable des investissements, Dette d’infrastructure, chez Schroders.
Quel est l’impact économique à court terme du changement climatique ?
Le 26 novembre 2020
Le changement climatique est une tendance à long terme. Les investisseurs doivent cependant être conscients de l’impact économique à court terme des catastrophes naturelles causées par le changement climatique, telles que les cyclones tropicaux et les inondations.
Depuis les années 1980, le nombre moyen de cyclones par décennie est passé de 14 à 23, tandis que le nombre d’inondations a doublé sur la même période. La hausse des températures entraîne un réchauffement de l’eau de mer, qui provoque à son tour une augmentation de l’énergie thermique et la formation de cyclones. L’évaporation plus importante entraîne des précipitations plus importantes et donc des risques d’inondation. Ces conditions météorologiques extrêmes sont devenues plus destructrices et plus fréquentes au cours des quatre dernières décennies. Les catastrophes naturelles ont des conséquences dévastatrices pour l’être humain et l’environnement. Leur impact économique n’est pas facile à mesurer. On peut analyser les conséquences directes en se basant sur les données du réassureur Munich Re. Cette analyse montre que l’impact des catastrophes naturelles a fortement augmenté ces dernières décennies.
Impact croissant
Pour les États-Unis, l’impact des inondations est passé de 360 millions de dollars dans les années 1980 à 4 milliards de dollars dans les années 1990. Durant la première décennie de ce siècle, l’impact financier a été de 1,2 milliard de dollars. La Chine est le pays le plus touché par les inondations, avec des dommages d’un coût moyen de 11 milliards de dollars dans les années 1990 contre 2,6 milliards de dollars au cours de la première décennie de ce siècle. La plupart des cyclones élisent domicile aux États-Unis. Les conséquences financières au début de ce siècle se chiffraient à 24 milliards de dollars, contre 2 milliards dans les années 1980. La Chine et le Japon sont aussi régulièrement confrontés à des tempêtes tropicales.
Plus de prospérité, plus d’impact
Un grand nombre de facteurs contribuent à l’impact économique des phénomènes météorologiques. Il est clair que l’intensité et la fréquence des événements extrêmes sont des facteurs importants. Mais ce sont les changements démographiques, l’exposition et la vulnérabilité des personnes et des actifs touchés par les événements climatiques qui déterminent l’ampleur des pertes. Il est clair que le nombre de biens et de personnes exposés aux événements climatiques est fonction du degré de développement et de la croissance d’un pays.
S’il est évident que les cyclones tropicaux et les inondations ont gagné en force et en gravité depuis les années 1980, l’ampleur des pertes économiques dépend en grande partie des richesses accumulées. Des pertes plus élevées pourraient refléter la présence en plus grand nombre de biens susceptibles d’être endommagés ou détruits. Les pertes doivent être normalisées pour comprendre si le changement climatique joue un rôle dans l’augmentation de l’ampleur des dommages causés par les catastrophes.
Le changement climatique est également un facteur
L’impact économique est lié à l’augmentation de la prospérité. Même lorsqu’on corrige les chiffres pour tenir compte de l’augmentation de la prospérité, une tendance à la hausse reste visible dans l’évolution de l’ampleur des dommages. L’impact moyen par rapport au PIB durant la deuxième décennie de ce siècle est plus élevé que dans les années 1980. Les spécialistes du climat en concluent que l’impact du changement climatique s’est accru au cours des dernières décennies.
Repli de la croissance économique après une catastrophe naturelle
Certaines études évoquent la notion de destruction créative, à savoir que les catastrophes naturelles conduisent au final à une hausse de la productivité et de la croissance. Des recherches récentes ont cependant montré que les cyclones ont entraîné un recul du revenu national qui n’a pas été rattrapé en 20 ans. Les catastrophes provoquent un ralentissement temporaire de la croissance et une destruction de capital. On observe une baisse de 3,6 points après 20 ans, ce qui veut dire qu’une catastrophe naturelle fait reculer la croissance économique de deux ans en arrière.
Le changement climatique est toujours abordé comme une tendance à long terme, mais il faut mettre les investisseurs en garde contre les effets à court terme. L’élévation de la température moyenne affecte la croissance de la productivité, mais peut également constituer une menace potentielle pour le PIB.
Lire aussi What’s the short-term economic impact of climate change ?, des spécialistes du climat de Schroders.
Pourquoi les investissements verts sont-ils si résilients dans la crise du Covid-19 ?
Le 12 octobre 2020
Contrairement aux crises précédentes, le thème d’investissement « changement climatique et transition énergétique » a enregistré de bonnes performances pendant la pandémie de Covid-19. On peut identifier sept tendances qui permettent d’expliquer cette résilience. C’est encourageant, cependant il faudra en faire plus pour atteindre l’objectif fixé dans l’accord de Paris sur le climat.
Tendance 1- Financement plus important et soutien politique plus large que par le passé
Après la crise financière, les investissements dans les énergies renouvelables avaient fortement diminué. À présent, les choses se présentent sous un meilleur jour. Les banques sont plus réceptives. Plus important encore, les circonstances économiques sont nettement plus favorables à l’énergie durable. Au cours du premier semestre, les investissements ont même augmenté de 5 % sur une base annuelle. De plus, le soutien gouvernemental aux mesures écologiques joue également un rôle considérable. La faiblesse des taux d’intérêt rend les projets plus rentables.
On peut pointer cependant certains risques. Si les conséquences de la crise actuelle continuent à se faire ressentir, les investisseurs risquent de devenir plus réticents par rapport aux investissements verts.
Tendance 2 – La demande de technologies liées aux énergies durables est robuste
Ces derniers mois, la demande de technologies en lien avec la transition énergétique a affiché une robustesse remarquable. Cette bonne santé se manifeste particulièrement au niveau de la demande de voitures électriques. On remarque une combinaison de facteurs, tels que le retard dans la livraison de commandes antérieures, les nouveaux modèles et les mesures de soutien. La demande est également forte sur le marché américain de l’énergie solaire. Comme risque à court terme, il faut cependant pointer la fin des mesures gouvernementales de soutien.
Tendance 3 – Les entreprises prennent leurs responsabilités
Les entreprises assument de plus en plus leurs responsabilités au niveau de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Plus de 250 entreprises se sont fixé comme objectif d’utiliser 100 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2028. Apple veut que l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement soit neutre en carbone d’ici 2030. Microsoft vise un bilan carbone négatif dès la même année et veut que toutes ses émissions soient compensées d’ici 2050. Unilever s’est fixé des objectifs similaires et investit un milliard d’euros pour remplacer les ressources fossiles par des alternatives durables.
Tendance 4 – La crise du coronavirus accélère le changement du bouquet énergétique
Un effet secondaire positif de la pandémie de Covid-19 est son impact sur les marchés de l’énergie. Elle accélère en effet certaines tendances, notamment sur le marché de l’électricité. L’utilisation des énergies renouvelables a atteint un sommet dans plusieurs pays au cours des six derniers mois. En Chine, la part de l’électricité verte dans le mix énergétique a été supérieure à celle des combustibles fossiles. La crise sanitaire a aussi entraîné une relation volatile entre l’offre et la demande, volatilité avec laquelle les services publics ont appris à composer.
Tendance 5 – Émergence de nouvelles technologies pour la transition énergétique
Une autre tendance est l’émergence de nouvelles technologies pour la transition énergétique. Les innovations dans le domaine des batteries, du stockage de l’énergie et l’intérêt croissant pour l’hydrogène vert. En ce qui concerne l’hydrogène, il reste une série d’obstacles à surmonter, mais c’est l’une des rares sources d’énergie à zéro émission qui peut être appliquée dans un grand nombre de secteurs.
Tendance 6 – Le coût des énergies renouvelables diminue, l’efficacité augmente
Ce n’est pas nouveau, mais la tendance à la baisse des coûts de production des énergies renouvelables poursuit sur sa lancée en 2020. L’énergie éolienne est, aujourd’hui, le moyen le moins cher de produire de l’énergie. Outre les améliorations technologiques, on assiste également à une baisse des coûts de stockage de l’énergie excédentaire.
Tendance 7 – La mobilité durable est encore diffuse
Toutes les tendances énumérées ci-dessus sont positives. Le tableau est en revanche mitigé en ce qui concerne la mobilité durable. L’électrification des voitures, du transport de masse et de la micromobilité est une nécessité pour réduire les émissions de CO2 liées à la mobilité. Durant la pandémie de Covid-19, les ventes de vélos ont explosé. Cependant, les voyages en train ont été durement touchés. Le confinement a contraint les entreprises à chercher des alternatives, comme le télétravail. Reste à savoir si cette tendance va se poursuivre.
Il faudra en faire plus
Il faudra faire plus pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius. Les changements structurels doivent s’accélérer pour éviter que les dommages causés à l’environnement ne deviennent permanents.
Lire aussi Seven reasons behind the resilience of ‘green’ investments in the pandemic, de Schroders.
Les investisseurs doivent être attentifs à la forme de la reprise, mais aussi à sa couleur, verte ou brune ?
Le 22 septembre 2020
On parle beaucoup d’une reprise en forme de U, de V ou de W. Or, la couleur de la reprise est tout aussi importante pour les investisseurs. Verte ou brune ? Telle est la question.
Les émissions de CO2 ont chuté de manière spectaculaire pendant la crise du coronavirus. D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les émissions de cette année seront inférieures d’environ 8 % à celles de 2019. Et les prévisions tablent sur une baisse de 6 % des besoins totaux en énergie primaire pour cette année. Cela signifie que le choc causé par le Covid-19 à l’économie mondiale est sept fois plus important que celui de la crise financière.
Aujourd’hui, les émissions de CO2 sont fonction de l’activité macro-économique. En cas de reprise de cette dernière, les émissions repartiront à la hausse. Une reprise brune signifie que l’activité économique reste fortement dépendante des combustibles fossiles. C’est le type de reprise auquel on a toujours assisté après les crises précédentes. Mais si les choses se passaient autrement cette fois-ci ?
Et si on assistait à une relance verte ?
La pandémie affecte profondément les perspectives du marché pétrolier. Une grande partie de la demande de pétrole provient du secteur des transports qui s’est retrouvé en grande partie à l’arrêt. Parallèlement à cela, la pression structurelle sur le secteur pétrolier, déjà présente avant l’apparition du coronavirus, devrait persister au-delà de la crise du coronavirus.
Depuis 2014, les entreprises de combustibles fossiles enregistrent des résultats inférieurs à ceux du S&P500. On s’attend à ce que cette tendance se poursuive compte tenu de la pression à la baisse sur les prix pétroliers, de la baisse de la demande du secteur des voyages et de la transition vers les énergies renouvelables.
Comment les compagnies pétrolières ont-elles réagi au choc des prix du pétrole ?
Ces derniers mois, les compagnies pétrolières ont procédé à diverses réductions de valeur sur leurs réserves de pétrole et de gaz. En partie à cause de la baisse des prix pétroliers. Mais la pression sur les émissions de CO2 n’y est pas non plus étrangère. Si cela se confirme, le cours du pétrole aura beau remonter, une grande partie de ces gisements restera dans le sol.
Il y a trois ans, aucune entreprise énergétique européenne ne s’était fixé pour objectif de réduire les émissions de CO2 de l’énergie produite. Aujourd’hui, toutes les entreprises poursuivent cet objectif. En outre, cinq grands producteurs (BP, Eni, Repsol, Shell et Total) ont récemment actualisé leurs ambitions climatiques à long terme. Repsol et Total se sont alignés sur Paris tandis que Shell prévoit de réduire l’intensité de ses émissions de 65 % à l’horizon 2050.
Gagnants et perdants
Comme dans toute transition, il y aura des gagnants et des perdants. Comme la pression exercée sur les entreprises pour les inciter à lutter contre le changement climatique va probablement aller grandissant, les marchés financiers vont devoir intégrer dans les cours les risques économiques de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.
Toute tentative de limiter les émissions mondiales de CO2 implique une nécessaire réduction de la quantité de combustibles fossiles utilisés. Pourtant, les valorisations actuelles des entreprises énergétiques supposent implicitement que leurs réserves d’énergie auront une valeur marchande dans le futur. Si la donne change, cela aura des conséquences sur les marchés boursiers.
Les « actifs échoués » sont insuffisamment valorisés
Pour atteindre les objectifs de l’accord sur le climat, 60 % des réserves actuelles de pétrole et de gaz et 80 % des réserves de charbon resteront inutilisées. Il y aura donc des « actifs échoués ». Selon l’AIE, il s’agit d’investissements qui ont déjà été effectués, mais qui cesseront d’être rentables avant leur fin de vie économique.
Nous sommes encore loin d’atteindre les objectifs de l’accord sur le climat. Des changements structurels sont nécessaires pour accélérer la transition vers une économie à faibles émissions.
Le vert est meilleur – pour l’environnement, l’économie et l’emploi
Depuis le début de la pandémie, le secteur des énergies renouvelables surperforme nettement les entreprises d’énergie fossile. Une reprise verte est bénéfique pour l’environnement, réduit la pollution et pourrait même s’avérer plus forte qu’une reprise où les émissions de CO2 suivent le rythme de la reprise de l’activité économique.
Une étude récente montre qu’un investissement dans les énergies propres crée trois emplois pour chaque emploi perdu dans le secteur des énergies fossiles. Chaque million de dollars d’investissement qui passe de l’énergie fossile à l’énergie durable crée encore cinq emplois supplémentaires. C’est l’effet à court terme sur l’emploi. L’énergie verte est un secteur relativement jeune, la réduction des émissions de CO2 dans le secteur de l’énergie va de pair avec une forte croissance de la production et de l’installation de technologies durables. Ce contexte permet de soutenir l’emploi à un moment où les gouvernements tentent de faire face à la crise du Covid-19.
Lire aussi Green or brown? Why the colour of the recovery matters to investors, de Schroders
La domination des actions américaines touche-t-elle à sa fin ?
Par Sean Markowicz, stratégiste, et Stuart Podmore, expert en finance comportementale chez Schroders
Le 18 août 2020
Voilà plus d’une décennie que les actions américaines jouent un rôle dominant. D’après l’indice MSCI USA, elles ont gagné 13 % en glissement annuel depuis la crise financière, contre 6 % pour les actions hors États-Unis. Leurs performances sont restées supérieures à la moyenne même pendant la pandémie de coronavirus. Toutes les conditions d’un basculement sont réunies. Rien ne dit toutefois que cela se produira, ni quand. Mais les investisseurs feraient bien, à l’avenir, de ne plus se focaliser uniquement sur les États-Unis, ne fût-ce que du point de vue de la gestion des risques.
Pourquoi les actions américaines sont-elles si dominantes ?
La principale cause est la croissance plus forte des bénéfices des entreprises américaines. Non seulement les bénéfices augmentent plus rapidement, mais les entreprises américaines sont aussi parvenues à en réinvestir une part croissante. Depuis 2008, ces entreprises ont ainsi réussi à atteindre un rendement boursier supérieur de 25 % à celui des autres entreprises.
Cette surperformance est due à un certain nombre de développements à long terme. La mondialisation a ouvert de nouveaux marchés d’exportation pour les États-Unis, tout en permettant aux entreprises américaines d’avoir aussi accès à une main-d’œuvre bon marché en Chine, par exemple. En outre, la fiscalité et l’accès au crédit ont été très favorables aux entreprises américaines ces dernières décennies.
Les investisseurs sont disposés à payer une prime pour les entreprises à forte croissance, comme Apple, Amazon et Google. Le reste du monde n’a cependant pas une telle exposition à ce type d’entreprises à croissance rapide.
Il est difficile pour les investisseurs d’ignorer le succès des actions américaines. D’où le momentum ou comportement grégaire. De plus, lorsque des investisseurs possèdent ce type d’actions à succès depuis une décennie, il devient de plus en plus difficile pour eux de leur tourner le dos. À cela s’ajoute qu’en période d’incertitude économique, on s’inspire surtout de dirigeants forts pour atténuer une partie des risques et prendre les décisions à notre place. Les investisseurs font de même. Ils ont les yeux rivés sur les États-Unis et pensent que le pays est toujours considéré comme un marché dominant et fiable, possédant l’énergie et le dynamisme nécessaires pour se redresser rapidement.
Qu’est-ce qui peut remettre en cause la domination américaine ?
Bien que les marchés américains aient affiché d’excellents résultats au cours de la dernière décennie, les investisseurs oublient un peu vite les faibles résultats que cette région a enregistrés durant la décennie précédente. Le leadership en matière de performance est cyclique. Il y a toujours des gagnants et des perdants. Cela fluctue. Aujourd’hui, l’écart se creuse entre les rendements relatifs et les prévisions de bénéfices. Les investisseurs sont prêts à payer une prime pour les actions américaines, alors que les prévisions de bénéfices ne le justifient plus. Le cours des actions américaines est dopé par un large optimisme.
Les actions américaines sont-elles (trop) chères ?
Les valorisations actuelles des actions américaines ne sont pas de bon augure pour les rendements futurs. Elles sont tellement étirées que le rendement des actions américaines risque d’être à la traîne par rapport à celui des actions du reste du monde. Le ratio cours-bénéfice ajusté cycliquement (CAPE) est actuellement d’environ 25 pour les actions américaines, contre 13 pour les actions mondiales. Cela rend les perspectives pour cette région moins attractives que celles d’autres marchés.
Sur quoi les investisseurs doivent-ils se concentrer à l’avenir ?
Les actions des géants technologiques semblent vulnérables. Alors que les entreprises comme Amazon, Apple, Google, Facebook et Microsoft ne forment que 20 % du marché boursier américain, elles représentent ensemble un tiers du rendement total des cinq dernières années. Il est un fait que lorsqu’une entreprise a acquis une position de leader, elle a tendance à être moins performante. Elle devient trop grande pour rester performante. Elle conservera peut-être sa position dominante, comme IBM et General Electric, mais elle ne sera plus un moteur de rendement à l’avenir.
Les investisseurs pourraient s’intéresser aux actions cycliques, plus sensibles aux conditions économiques. Les actions cycliques représentent 58 % de l’indice MSCI All Country World ex-USA, mais ont une pondération de 36 % sur les marchés boursiers américains. Une fois que le niveau plancher du cycle a été atteint, les actions de ce type sont celles qui affichent de meilleures performances.
Les actions américaines vont-elles pouvoir conserver leur position dominante?
Pour que les actions américaines continuent à afficher de bons résultats, il est important que les prévisions de bénéfices restent conformes aux cours boursiers. La croissance des bénéfices peut certainement aider, mais les marges doivent, elles aussi, continuer à augmenter. Il faudra que les entreprises technologiques continuent à dominer le marché sans retour de manivelle d’ordre réglementaire.
Bref, la barre est placée haut. Les circonstances semblent mûres pour un basculement. Cela ne veut pas dire pour autant qu’un basculement se produira, mais du point de vue de la gestion des risques, les investisseurs ont tout intérêt à ne plus se focaliser uniquement sur les États-Unis dans la décennie à venir.
Plus de détails dans l’article intitulé « Is this the end for US stock market dominance? », avec la participation de Sean Markowicz, stratégiste, et de Stuart Podmore, expert en finance comportementale chez Schroders.
De la phase de récession à celle de reprise : Quelles positions pour les investisseurs ?
Par Tina Fong, Stratège chez Schroders
Le 14 juillet 2020
Les marchés semblent avoir adopté une forme en V, alors que la reprise se fera probablement plus longue. Quelles positions est-ce que les investisseurs devraient prendre si l’économie passe de la phase de récession à la phase de reprise ?
Une bonne compréhension des différentes phases du cycle économique peut s’avérer utile dans l’allocation d’actifs. Pour ce faire, on peut utiliser l’écart de production (output gap) mis au point par Schroders US. En termes simples, l’écart de production mesure la différence entre la production économique réelle et potentielle (à l’aide du PIB). Pour mesurer l’écart de production, il faut examiner le chômage et le taux d’emploi par rapport à leur tendance à long terme.
Modèle d’écart de production de Schroders US
Dans le graphique présenté, le cycle se trouve dans une phase de profonde récession qui a fait plonger l’écart de production dans le rouge. Un glissement vers la reprise impliquerait une réduction de l’écart de production – à savoir une situation moins négative – par rapport aux trois derniers mois. Même si le marché semble engagé dans la reprise, le modèle suggère que ce ne sera sans doute pas le cas avant le dernier trimestre de cette année.
Phase de récession
En phase de récession, les obligations d’entreprises – et en particulier celles à haut rendement – enregistrent de bonnes prestations. Les entreprises travaillent à la restauration de leur bilan et les marchés anticipent la reprise de l’économie et des bénéfices des entreprises. Dans ce contexte, les actions peuvent se reprendre, mais la préférence des investisseurs ira, dans cette phase, aux obligations d’entreprise. Sans compter que les marchés d’obligations sont stimulés par les programmes de rachat jamais vus des banques centrales.
Phase de reprise
Quand la confiance revient, parce que le cycle évolue vers la phase de reprise, avec une croissance attractive, mais une inflation modérée, les actions enregistrent de meilleures performances que les obligations. Les cours d’actions ne profitent pas tellement des revalorisations, mais profitent de la plus forte croissance des bénéfices, à savoir le bénéfice par action. Les revalorisations du marché se produisent plutôt dans la phase de récession.
Les matières premières ne profitent pas de cette belle croissance parce que les prestations de secteurs comme les métaux industriels et l’énergie restent à la traîne. Cela dit, les investisseurs peuvent malgré tout prendre des matières premières en portefeuille.
Le dollar, havre de paix en cas de récession, mais l’amour se fane
Lors des dernières récessions, le billet vert a joué le rôle de devise refuge pour les investisseurs. Le yen japonais et le franc suisse se portent également mieux que les autres devises du G10. Dans la phase de reprise, l’amour pour le dollar se fane et la préférence va à des devises plus risquées.
Les secteurs et le style sont déterminants
En cas de récession, les investisseurs préfèrent les secteurs axés sur la consommation au marché. Le plus souvent, les secteurs de la consommation surperforment dans les phases de récession parce que le revenu disponible des ménages est dopé par le recul de l’inflation, des prix pétroliers et des taux d’intérêt.
La plupart des secteurs cycliques, comme la technologie, la communication et l’énergie restent en retrait dans le S&P 500 durant les phases de récession. Mais, en phase de reprise, ce sont précisément les secteurs cycliques, soit les actions technologiques et industrielles, qui prennent les rênes.
En matière de style, les meilleures performances sont enregistrées par les actions de croissance et de qualité, ainsi que les actions qui proposent un rendement en dividende élevé. Les petites capitalisations enregistrent également de meilleures performances que celles des grandes capitalisations. La récession est le pire moment pour les actions de valeur, mais elles retrouvent leur attrait en phase de reprise.
Cette fois, la situation s’avère (légèrement) différente
Les prestations des marchés suivent aujourd’hui un modèle légèrement différent par rapport aux précédentes récessions. Plus précisément, les emprunts d’État américains réalisent de meilleures performances que les actions et les obligations à haut rendement. Les performances des matières premières sont particulièrement mauvaises ; les chutes de prix extrêmes en sont la cause. La croissance fait mieux que la valeur, mais la force des rendements se situe au-delà de la moyenne. Le fort rendement du secteur technologique est peu courant alors que les biens de consommation sous-performent.
Les performances des actifs américains portent à penser que cette récession est comparable aux précédentes
Conclusion
En phase de reprise, les investisseurs privilégient souvent une plus grande exposition aux actions qu’aux obligations. Une reprise des bénéfices doit toutefois se manifester. Il existe un sérieux argument en faveur des obligations au regard de la politique souple adoptée par les banques centrales, associée à leurs programmes de rachats. L’exposition aux matières premières peut connaître une croissance supérieure à la moyenne, notamment en raison des fortes sous-performances de cette catégorie de placements au cours de la récession actuelle. Par ailleurs, les investisseurs peuvent envisager de passer du dollar à des devises plus risquées. Les investissements de valeur restent un défi parce que la Fed maintiendra plus longtemps les taux à un niveau assez faible. Les investisseurs peuvent adopter une attitude pro-cyclique dans leur portefeuille pendant la phase de reprise.
Lire aussi Moving from recession to recovery: how can investors position themselves? , de Tina Fong,stratège chez Schroders.
La crise du Covid-19 renforce les vérités inéluctables
Par Keith Wade, chef économiste chez Schroders
Le 22 juin 2020
La crise du Covid-19 exerce un effet multiplicateur sur différentes tendances qui se dessinaient déjà avant l’apparition du virus. Les investisseurs devront encore se montrer plus habiles. Il convient de tenir à l’oeil quatre vérités inéluctables : la faiblesse des taux, l’augmentation du coût des soins de santé, l’émergence du populisme et l’accélération des changements technologiques.
L’impact économique de la crise du Covid-19 est énorme. Le confinement a mis fin brutalement à la plus longue expansion économique aux Etats-Unis. Elle a précipité l’économie mondiale dans sa plus grande chute depuis la Grande Dépression. L’influence du coronavirus se fera également sentir à long terme.
La croissance et le rendement restent sous pression et cela peut durer jusqu’à 40 ans après la pandémie. En d’autres termes, les conséquences économiques et l’endettement consécutifs à la pandémie sont significatifs,. L’apparition d’un virus de ce type pousse les consommateurs à une plus grande prudence. Brutalement, l’équilibre penche vers l’épargne. L’histoire nous montre que les dépenses des consommateurs après une pandémie ne reprennent que très lentement. Les investissements des entreprises reculent également. Le recul de la rentabilité affaiblit les investissements en capital.
Zoom sur quatre vérités inéluctables.
- Faiblesse des taux d’intérêt
La combinaison d’une plus forte propension à l’épargne et du recul des investissements en capital entraîne le ralentissement de la croissance et, par conséquent, des taux moins élevés, le chômage et l’inflation restant stables. Le retour de la productivité traîne également la patte. La Covid-19 renforce la tendance déjà signalée, à savoir une longue période de taux réels faibles.
- Augmentation du coût des soins de santé
Avec le vieillissement de la population, on pariait déjà sur une augmentation des coûts des soins de santé. Cette tendance est exacerbée par la crise du Covid-19. On s’attend à ce que les pouvoirs publics consacrent davantage de dépenses aux soins de santé pour renforcer leur système de santé. Tout comme les banques ont dû renforcer leurs matelas après la crise financière, une évolution semblable se dessinera dans le secteur de la santé après la pandémie. À l’heure actuelle, les soins de santé représentent déjà près de 20 % des dépenses publiques des pays de l’OCDE. Ces dépenses continueront à augmenter. Un défi pour le financement des dépenses publiques. Soit les pouvoirs publics devront augmenter les impôts, soit ils devront faire des économies.
On s’attend à ce que les pouvoirs publics pratiquent la répression financière (c’est-à-dire le maintien des taux loin en-dessous de la croissance nominale du PIB) pour réduire leur ratio endettement/recettes. Une telle politique pourrait être mise en œuvre par la combinaison du rachat d’obligations publiques par la banque centrale (QE), le contrôle de la courbe de rendement (comme au Japon) et une réglementation forçant les investisseurs à garder en portefeuille les obligations publiques.
- Émergence du populisme
Le populisme est l’un des facteurs perturbateurs évoqué depuis un certain temps. Il y a un danger dans les pouvoirs publics qui sapent l’indépendance des banques centrales, s’affranchissent des objectifs d’inflation et, en bout de course, font tourner la planche à billets. Cela débouche sur une hausse de l’inflation, voir une hyperinflation. Mais, à cause du vieillissement de la population, une hausse de l’inflation touche une grande partie de l’électorat puisqu’elle érode la valeur réelle de leur épargne et de leur pension.
Plus les circonstances causées par le Covid-19 seront pénibles, plus grand sera le risque de mesures populistes.
- Accélération des changements technologiques
La progression des salaires réels reste faible, l’inégalité entre les revenus augmente. Une situation qui sera exacerbée par l’accélération des développements technologiques après la crise. La crise est mère de toutes les inventions. Ce n’est pas pour rien que les entreprises technologiques caracolent en tête du récent rally sur Wall Street.
Les entreprises examinent leur chaîne d’approvisionnement à la loupe, voilà une autre conséquence. Elles ont besoin de distribution avec, de préférence, une plus grande proximité avec les fournisseurs. Cela va de pair avec l’augmentation de l’automatisation, de la robotisation, mais pas avec une plus forte demande sur le marché du travail. Les besoins d’une production de proximité sapent la globalisation. L’intelligence artificielle et la robotisation peuvent également se faire aux dépens de l’emploi dans les pays émergents si l’on souhaite raccourcir la chaîne d’approvisionnement. Par ailleurs, la règle du winner-takes-it-all en technologie entraîne l’augmentation des inégalités.
Anticiper sur l’économie post-coronavirus
L’économie mondiale a fait un arrêt d’urgence. Les investisseurs regardent déjà plus loin que l’évolution actuelle et anticipent sur la période post-coronavirus. On peut considèrer que les tendances visibles avant l’apparition du virus seront encore plus visibles après. L’interventionnisme public et la menace du populisme continueront d’augmenter. L’investisseur doit trouver son chemin parmi ces vérités inéluctables.
Lire aussi Covid-19 : the inescapable truths faced by investors, par Keith Wade, chef économiste chez Schroders.
Le coronavirus n’arrêtera pas la transition énergétique
Par Mark Lacey, Head of Commodities chez Schroders
Le 22 mai 2020
La pandémie du coronavirus affecte notre vie dans toutes ses facettes, y compris la transition énergétique. Mais les opportunités à long terme restent intactes. La propagation du coronavirus perturbe l’économie et la vie de tous les jours. L’incidence sur la croissance économique sera considérable. En ce qui concerne la transition énergétique, on peut distinguer trois risques principaux : la demande des consommateurs, la chaîne d’approvisionnement et les effets de l’incertitude et des limitations des déplacements. Il n’empêche que la transition énergétique restera un thème important à long terme. Si l’on veut lutter contre le réchauffement climatique, la transition énergétique reste à l’ordre du jour et constitue donc une opportunité à long terme pour les investisseurs.
Le ralentissement économique affecte la demande des consommateurs
La crise a une incidence sur la demande des consommateurs sur les marchés finaux et affecte entre autres les produits électriques, les voitures électriques et les applications d’énergie renouvelable domestique. À court terme, ce tassement de la demande aura un impact négatif sur les producteurs de ces biens ou de composants comme les batteries.
Problèmes logistiques et chaîne d’approvisionnement
La chaîne d’approvisionnement et les risques logistiques posent problème dans les sous-secteurs de la transition énergétique. C’est la Chine qui domine la chaîne mondiale, en particulier pour l’énergie solaire et les batteries lithium-ion. Les restrictions frappant les déplacements en Chine et l’arrêt de la production dans un nombre croissant de pays ont des répercussions. Les réseaux de transport mondiaux sont limités. Les développeurs dans le domaine de l’énergie renouvelable seront les plus touchés par les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement. Cela qui risque d’entraîner des retards dans certains projets. Ces perturbations pourraient aussi se traduire par une hausse du prix de certains composants. Tout dépendra de la durée de l’arrêt de la production.
Incertitude et limitation des déplacements
La limitation des déplacements génère de l’incertitude dans le monde entier. La conjugaison de ces deux facteurs peut avoir un impact sur les nouveaux projets d’énergie durable. L’année 2020 devait être une année record pour les nouveaux projets d’énergie éolienne et solaire. Mais ces projets vont prendre du retard. L’ampleur de ce retard dépendra des réactions politiques au niveau mondial.
Malgré l’incertitude, les valorisations ont été affectées par les baisses du marché. Les entreprises actives dans la transition énergétique ont vu leur cours diminuer sensiblement, ce qui offre des opportunités aux entreprises de qualité qui étaient précédemment surcotées.
Les risques liés à l’épidémie du coronavirus sont élevés à court terme, notamment pour les prévisions de bénéfices de 2020. Mais la valeur à long terme et le potentiel des entreprises actives dans la transition énergétique n’ont pas changé. Bien que ce soit le coronavirus qui détermine désormais l’ordre du jour, le changement climatique et la nécessité de réduire les émissions de CO2 n’ont pas diminué. L’arrêt de l’activité économique entraîne une amélioration considérable de la qualité de l’air. Des investissements sont nécessaires pour préserver la qualité de l’air une fois que l’activité économique reviendra à son niveau normal.
Lire aussi
- How has coronavirus impacted the energy transition?, de Mark Lacey, Head of Commodities chez Schroders.
- Will Covid-19 prove a pivotal moment for climate change? Our Climate Progress Dashboard is tracking the global impact, d’Andrew Howard, Head of Sustainable Research chez
Quel est l’impact du coronavirus sur le secteur bancaire européen ?
Par Justin Bisseker, European Banks Analyst chez Schroders
Le 1er avril 2020
L’Europe est devenue l’épicentre de la crise du coronavirus. Quel est l’impact de cette crise sur le secteur bancaire régional ? Il est peu probable que les cours continuent à baisser.
La propagation du coronavirus et le lockdown décidé dans un nombre croissant de pays ont un impact énorme sur l’économie et le secteur bancaire. Les décideurs politiques tentent de limiter les dégâts. Pour les banques, tout dépendra de la durée de la perturbation et de l’ampleur de l’intervention des gouvernements.
Les gouvernements ont déjà pris de nombreuses mesures pour atténuer l’impact financier de la crise. Les banques centrales baissent les taux d’intérêt, ce qui réduit le coût des prêts à court terme. Il est clair que toutes les banques ne ressentiront pas l’impact du virus de la même manière. Certaines banques sont en meilleure santé que d’autres. C’est pourquoi la sélection des actions dans ce secteur revêt la plus haute importance.
Un resserrement du crédit est peu probable
La crise du coronavirus va sans doute entraîner une augmentation des pertes sur prêts pour les banques. Comme bon nombre de gouvernements ont émis des garanties, on ne s’attend pas à un resserrement du crédit ni à une pénurie de crédit. Les mesures de soutien permettent d’atténuer l’impact des pertes sur crédit. En règle générale, ces pertes sont réparties entre les banques (20 %) et le gouvernement (80 %).
Plus le ralentissement économique est long et profond, plus grand est le risque pour les bénéfices et les positions de capital des banques. Pour l’instant, certains secteurs sont gravement touchés, par exemple le pétrole et le gaz, les voyages, les loisirs et certains secteurs du commerce de détail. Selon les règles comptables actuelles, une détérioration de la qualité des actifs entraîne des pertes déjà encourues, mais qui ne seront peut-être pas réalisées. On tient compte du fait que la réglementation sera assouplie si la crise s’étend sur plusieurs mois.
Baisse des recettes
Il est clair que les revenus des banques diminuent. À court terme, les revenus provenant des frais bancaires et des activités de trading diminuent. Ils sont en effet plus sous pression que le revenu net d’intérêts. Dès l’amorce d’une reprise, les revenus de la première catégorie rebondiront rapidement. Les taux d’intérêt très bas affectent quant à eux les marges à plus long terme. La situation varie d’une banque à l’autre et d’une région à l’autre. Les banques scandinaves sont plus résistantes à cette crise que les banques de la zone euro et du Royaume-Uni.
Le dividende sous pression si la crise perdure
Si la crise se prolonge, elle risque de contraindre les banques les plus faibles à cesser de verser des dividendes et, au bout du compte, à lever des capitaux. L’assouplissement des réserves de capitaux qui a été annoncé par les banques centrales est un élément important pour gagner du temps. Il faut cependant s’attendre à ce que les réserves de capital doivent être reconstituées à un moment donné. C’est donc un argument de plus pour se montrer sélectif en ce qui concerne les actions des banques.
Le secteur bancaire européen pourrait-il rebondir ?
Jusqu’à présent, les interventions des gouvernements et des banques centrales n’ont pas réussi à apaiser les craintes des investisseurs. Un vaccin pourrait sauver les marchés, mais il ne sera pas disponible avant plusieurs mois. L’indice MSCI Europe affiche un rendement négatif de 33,7 % cette année, alors que le sous-indice des banques affiche un rendement négatif de 43,5 % (au 19 mars 2020).
Aucun gouvernement n’a encore de stratégie de sortie à ce stade, mais le lockdown pourrait être maintenu à moyen terme. Cela représenterait un fardeau social et économique trop lourd pour l’avenir. Si les perturbations ne durent que quelques semaines, le secteur pourrait bien connaître un fort rebond. Grâce à des mesures de soutien efficaces, l’impact sur les bénéfices de 2021 et 2022 pourra être nettement inférieur à celui intégré dans les cours actuels.
Actuellement, les actions des banques sont cotées en moyenne à un ratio cours/bénéfice prévu (2021) de seulement 6x, contre une moyenne de 9,4x. En outre, les actions offrent actuellement un rendement de dividende de près de 10 %. Le principal risque est un ralentissement économique dans la durée si les mesures actuelles sont prolongées à moyen terme. De nombreuses banques risquent alors de se retrouver dans le rouge. Le marché intègre déjà ce risque dans les cours.
Les banques en meilleure santé qu’en 2008
Les banques sont en meilleure santé aujourd’hui qu’elles ne l’étaient en 2008. Elles sont mieux capitalisées, disposent de solides réserves de liquidités, connaissent aujourd’hui un assouplissement plutôt qu’un durcissement des règles en vigueur et sont le canal du soutien gouvernemental aux entreprises et aux particuliers concernés. Le risque est faible de voir les cours boursiers continuer à sombrer, avec à la clé une recapitalisation forcée.
Lire aussi ‘What is the impact of Covid-19 on European banks?’, de Justin Bisseker, European Banks Analyst chez Schroders.
L’innnovation dans les soins de santé : Des oppportunités d’investissement
Par John Bowler, gestionnaire de fonds, Global Healthcare, chez Schroders.
Le 5 mars 2020
L’innovation dans le domaine des soins de santé est un thème d’investissement porteur. Il y a un lien direct entre l’évolution des besoins en soins et l’allongement de l’espérance de vie.
Vivre plus longtemps avec plus de maladies
L’augmentation de l’espérance de vie dans de nombreux pays va de pair avec un risque accru de maladies chroniques et, partant, une demande accrue de services de soins de santé. Dans plusieurs pays développés, le groupe des 65 ans et plus est la cohorte qui connaît la croissance la plus rapide. Comme les budgets des soins de santé sont sursollicités, le secteur se voit contraint de développer des nouvelles technologies pour améliorer l’efficacité de l’offre de soins. Il y a là des opportunités de croissance à saisir pour les investisseurs.
Alors qu’en 1950, l’espérance de vie moyenne dans le monde était de 47 ans, elle est passée de nos jours à 73 ans et atteindra 83 ans en 2030. D’après les prévisions, le groupe des 65 ans et plus représentera 14,1 % de la population mondiale en 2040, contre 9,3 % aujourd’hui. Dans certains pays, ce chiffre est encore plus élevé, par exemple 25 % au Royaume-Uni et plus de 35 % au Japon. Le vieillissement de la population entraîne aussi son lot de complications dans le domaine de la santé. Les maladies liées au vieillissement vont augmenter. Le diabète, par exemple, causera cette année 25,5 millions de décès, contre 14,5 millions en 1990.
Les budgets des soins de santé exigent une efficacité accrue
Les pays développés consacrent en moyenne 10 à 12 % de leur PIB aux soins de santé. Les États-Unis arrivent largement en tête avec 17 % du PIB. D’après les prévisions, ce chiffre grimpera jusqu’à 25 %. Le vieillissement de la population met à mal les budgets des soins de santé.
Beaucoup de dépenses liées aux soins de santé dans les pays développés sont inefficaces et représentent parfois même, dans le pire des cas, un véritable gaspillage. Certains patients reçoivent par exemple des soins inutiles ou de mauvaise qualité qui n’améliorent pas leur santé. Bon nombre de systèmes de santé font peu appel aux médicaments génériques, tandis que certains dispensent des soins coûteux dans les hôpitaux plutôt que dans des établissements plus rentables. Les prestataires de soins de santé ont donc besoin de trouver des moyens d’améliorer leur efficacité et de réduire le gaspillage.
La technologie permet d’accroître l’efficacité des soins
Le rôle que l’automatisation et les nouvelles technologies peuvent jouer apparaît clairement dans le traitement du diabète. D’après les prévisions, 642 millions de personnes dans le monde souffriront de cette maladie en 2040 (en 2015 : 415 millions). Les glucomètres portables permettent de mesurer jour et nuit le taux de glucose dans le sang, réduisant ainsi la nécessité d’effectuer des tests sanguins. Cet appareil permet aux patients diabétiques de surveiller et de gérer leur propre santé, ce qui réduit la demande de soins professionnels.
L’innovation dans les soins de santé offre des possibilités d’investissement intéressantes
Une application efficace de la technologie réduit le gaspillage, limite les erreurs et améliore l’efficacité. Le développement de nouvelles technologies de santé va en s’accélérant. Les entreprises qui sont à la pointe de ce secteur peuvent offrir des possibilités d’investissement intéressantes. La valeur des investissements dans l’industrie pharmaceutique et la biotechnologie a augmenté de 232 % entre 2010 et 2018. Au cours de la même période, la valeur des investissements dans les technologies de la santé a augmenté de 186 %.
Selon une étude de BofA Merrill Lynch, certains sous-secteurs des soins de santé pourraient connaître des taux de croissance annuels composés supérieurs à 50 % entre 2018 et 2025. Par exemple, la taille du marché des Big Data (pour améliorer les résultats des patients) et de l’intelligence artificielle dans les soins de santé devrait augmenter de plus de 50 % jusqu’à atteindre 36,1 milliards de dollars.
Lire aussi
- How the aging population could be a boon for investors, de John Bowler, gestionnaire de fonds, Global Healthcare, chez Schroders.
- The three fastest-growing trends in healthcare
Attention: Les différences entre les classes d’actifs se réduisent !
Par Dorian Carrell et Kristjan Mee, stratégistes multi-actifs chez Schroders
Le 18 février 2020
Les investisseurs en actions et en obligations sont confrontés à un certain nombre de défis communs. Deux mondes souvent considérés – à tort – comme différents sont en train de se rapprocher de plus en plus à mesure que le cycle économique et d’investissement touche à sa fin. Mais les actions et les obligations sont en fait les deux faces d’une même pièce. Il devient difficile pour les entreprises de choisir quel intérêt faire primer. Choisir les unes a des conséquences pour les autres.
Endettement plus important que lors des crises précédentes
Les entreprises des pays développés ont profité des taux bas. Elles ont considérablement augmenté leur endettement. Les entreprises américaines hors secteur financier actives sur le marché obligataire sont plus exposées à l’endettement que pendant la crise financière ou la crise des dotcom. Il s’agit d’une tendance préoccupante du point de vue de l’investisseur en obligations. Mais elle augmente aussi les risques pour l’investisseur en actions, car un endettement plus important fait augmenter le risque de turbulences financières.
Graphique : L’endettement des entreprises explose tandis que leurs bénéfices restent stables
L’accumulation de dettes est la plus forte dans des secteurs (que les investisseurs considèrent comme) relativement sûrs. L’endettement des entreprises non cycliques a crevé le plafond. Il s’agit des entreprises de biens de consommation, de communication, de soins de santé et d’utilité publique. Les entreprises cycliques ont, au contraire, été plus réticentes à s’endetter.
Les entreprises non cycliques restent malgré tout sensibles au cycle
Les investisseurs en obligations et ceux en actions ont tendance à penser que ces entreprises non cycliques sont moins sensibles au cycle économique qui touche à sa fin. Mais le zèle de ces entreprises sur les marchés obligataires écorne cette image. Une stratégie d’investissement dans un panier de sociétés non cycliques peut accroître l’exposition au risque au lieu de la réduire.
Le rachat d’actions atteint sa limite
Une autre tendance que l’on constate en particulier aux États-Unis est la mise en place de nombreux programmes de rachat d’actions. Les conséquences sont doubles pour l’investisseur en actions. Tout d’abord, cela réduit le nombre d’actions en circulation, ce qui est bon pour le bénéfice par action. En outre, le prix de l’action grimpe parce que le programme de rachat crée une demande supplémentaire sur le marché.
Mais lorsque le bilan comprend moins d’actions, cela veut dire que le tampon protégeant les investisseurs en obligations contre les pertes est plus limité. Au pic cyclique de 2017, 150 milliards de dollars américains, soit 34 % des acquisitions aux États-Unis, étaient financés par des titres représentatifs de dette (Goldman Sachs, 3 décembre 2019). Si l’on peut affirmer que le passage des actions aux obligations a été un choix rationnel compte tenu de la faiblesse des taux d’intérêt, ce comportement peut avoir atteint à présent sa limite naturelle, en particulier pour les entreprises les plus vulnérables.
Certains investisseurs seront peut-être surpris de constater qu’avant 2004, les nouvelles émissions d’actions dépassaient régulièrement les rachats. La baisse de la flexibilité peut entraîner une réduction des dividendes distribués aux actionnaires ou même l’émission de nouvelles actions pour compenser le déficit. Le secteur des services d’utilité publique joue le rôle du canari dans une mine de charbon. Depuis 2013, les services publics émettent plus d’actions qu’ils n’en rachètent. Cela va à l’encontre de la tendance générale du marché.
Attention au BBB
Le marché obligataire a un secteur vulnérable : le segment BBB. Il s’agit des entreprises les plus vulnérables de la catégorie investment grade. Les émissions de dette ont considérablement augmenté dans ce segment. Les obligations BBB représentent aujourd’hui plus de 50 % du marché américain de type investment grade. Le potentiel d’abaissement de la note est donc énorme. C’est un aspect avec lequel les investisseurs n’avaient pas compté lorsqu’ils ont acheté ces obligations pour s’assurer un revenu stable.
Les investisseurs en actions et en obligations sont confrontés à un certain nombre de défis communs. Les deux mondes sont en train de se rapprocher l’un de l’autre. Les investisseurs en actions devront analyser les bilans plus comme les analystes obligataires, mais en mettant peut-être moins l’accent sur la croissance des bénéfices. De leur côté, les investisseurs en obligations devront accorder plus d’attention aux marges actuelles et aux bénéfices futurs.
Les entreprises qui chouchoutent leurs actionnaires pourraient mettre la pression sur les détenteurs d’obligations. Le risque de défaillance plus élevé pourrait creuser les spreads de crédit. Les entreprises qui se concentrent sur les détenteurs d’obligations seront en revanche sans doute moins généreuses dans les montants distribués aux actionnaires.
Lire aussi The converging worlds and diverging interests of equity and bond investors, de Dorian Carrell et Kristjan Mee, stratégiste multi-actifs de Schroders.
Les actifs privés restent attractifs
Le 28 janvier 2020
L’intérêt pour les actifs privés (private assets) va croître dans les années à venir. Actuellement, les actifs privés représentent environ 10 à 15 % d’un portefeuille institutionnel. Mais cette part va augmenter au cours des trois prochaines années. Comme les risques macroéconomiques et géopolitiques deviennent de plus en plus préoccupants pour les investisseurs, ceux-ci vont exiger une plus grande diversification de leur portefeuille et rechercher un rendement non corrélé attractif. Les actifs privés peuvent répondre à cette attente.
Capital à risque privé
Le capital à risque privé est considéré comme créateur de valeur, tant pour l’économie que pour les investisseurs. Il y a donc un trend de croissance à long terme. L’afflux croissant de capitaux vers le capital à risque privé comporte cependant des défis. En particulier, les valorisations privées des « licornes » préalables à leur entrée en bourse ont tellement augmenté ces dernières années qu’elles peuvent décevoir une fois cotées en bourse. Uber, Lyft, Slack et Pinterest, les chouchous du monde du capital à risque privé, cotent aujourd’hui en dessous de leur prix de lancement.
Dette privée
La dette privée est l’une des catégories d’actifs privés qui connaît la croissance la plus forte. Après les grands fonds souverains, les investisseurs institutionnels ont, eux aussi, découvert cette catégorie. Lorsque les banques se sont retirées du crédit après la crise financière et que les relations entre les entreprises et les prêteurs se sont améliorées, on a vu apparaître un large éventail de possibilités. L’attractivité croissante de la dette privée comporte des risques tels que des nouveaux prêteurs et une concurrence accrue. La prudence est de mise par rapport aux prix et conditions moins favorables. Compte tenu des signes de ralentissement de la croissance économique, les investisseurs devraient donner la priorité à la qualité des gestionnaires et au maintien de positions de dette privée diversifiées dans les diverses régions et secteurs.
Immobilier commercial
Les prix de l’immobilier commercial européen varient fortement et évoluent dans des directions opposées. Voilà pourquoi les investisseurs ne doivent donc pas se contenter de suivre un seul marché, mais doivent en suivre plusieurs. La plus grande différence est celle enregistrée entre le stockage de détail et le stockage industriel. La fragmentation du marché se poursuivra en 2020. On peut privilégier les bureaux dans les « villes gagnantes » qui ont une économie diversifiée, comme Amsterdam, Berlin, Copenhague, Paris, Munich, Manchester, Londres et Stockholm. Le secteur du commerce de détail reste difficile. Le défi consiste à donner aux espaces commerciaux une nouvelle affectation en les transformant en hôtels, bureaux et logements.
Financement des infrastructures
En raison de la faible croissance économique et des valorisations élevées sur les marchés publics, les investisseurs recherchent des placements soutenus par des tendances structurelles à long terme. Le financement des infrastructures répond bien à cette attente.
Les investisseurs ont pendant longtemps considéré les investissements dans les infrastructures comme inintéressants et peu emballants. Le marché était considéré comme mature et la demande de financement semblait diminuer. Pourtant, cette catégorie d’actifs en apparence poussiéreux – qui semble à première vue très éloignée des paillettes et du glamour des start-ups technologiques – est davantage sous le feu des projecteurs ces dernières années. La transition énergétique, la mobilité urbaine et la révolution numérique sont des secteurs dans lesquels les besoins de financement sont considérables et les capitaux privés peuvent y pourvoir. Cela modernise l’image de l’infrastructure. L’investissement dans l’infrastructure devient de ce fait un investissement branché et socialement responsable.
Titres liés à l’assurance
L’incertitude qui règne actuellement sur les marchés publics renforce la demande de rendements non corrélés que peuvent procurer les titres liés à l’assurance (ILS). Les ILS sont un bon moyen de répartir les risques. Par le passé, les ILS ont ajouté un élément stabilisateur aux stratégies de placement exposées à la volatilité des classes d’actifs traditionnelles.
Environ un tiers du marché relativement jeune des ILS est constitué d’obligations catastrophes (« CAT bonds »). Ces obligations sont les instruments les plus liquides du marché des ILS. Ces dernières années n’ont pas été faciles pour les ILS. Après une décennie de sécheresse, les années 2017 et 2018 ont été marquées par plusieurs ouragans qui ont frappé les États-Unis, par les incendies de forêt qui ont dévasté la Californie et par des typhons qui ont provoqué des dégâts considérables au Japon. Les primes d’assurance vont par conséquent augmenter dans les régions sinistrées. Les investisseurs y trouveront une compensation pour la période de pertes supérieures à la moyenne.
Lire aussi Private assets in 2020: What next?, de Nils Rode, Ji-Eun Kim, Duncan Owen, Charles Dupont et Beat Holliger, spécialistes des investissements privés chez Schroders.
Émergence de super-entreprises américaines : quelles conséquences pour les investisseurs?
Par Sean Markowicz, stratégist chez Schroders
Le 10 décembre 2019
Les plus grandes entreprises américaines ont réussi à consolider leur position de force sur le marché et à générer des bénéfices anormaux grâce à l’innovation technologique, à l’augmentation des fusions et acquisitions et à l’application laxiste de la législation antitrust. Les investisseurs doivent-ils se faire du souci ?
La concurrence est un des fondements de l’économie de marché. Elle pousse les entreprises à maintenir des prix bas, à fabriquer des produits de meilleure qualité et à offrir des salaires attractifs. Mais au cours des deux dernières décennies, on a vu apparaître des signes d’affaiblissement de la concurrence dans l’économie américaine.
La concentration du marché s’est renforcée dans plus de 75 % des secteurs d’activité américains, ce qui s’y traduit par une domination de plus en plus marquée par une poignée de super-entreprises en termes de chiffre d’affaires, de bénéfices et de rendement. Face à une telle domination, il est permis de se demander si ce ne sont pas les consommateurs qui en font les frais et si cela n’exacerbe pas l’inégalité de revenu. Cette domination pourrait induire une réponse régulatoire qui risque de porter préjudice aux investisseurs qui détiennent une participation dans ces entreprises.
La concurrence sous pression
L’innovation technologique a remodelé le paysage concurrentiel. C’est surtout visible dans le secteur des technologies de l’information. Google représente 88 % de l’ensemble des recherches en ligne aux États-Unis et Facebook contrôle 42 % des réseaux sociaux, tandis qu’Apple (iOS) et Google (Android) se partagent le marché des systèmes d’exploitation mobiles. Cette position dominante crée d’énormes barrières à l’entrée. La concurrence est encore affaiblie davantage par l’avalanche de fusions et acquisitions. Aux États-Unis, le nombre moyen de fusions et acquisitions est passé d’environ 5.600 à plus de 10.000 par an au cours des trois dernières décennies. Le laxisme des autorités de la concurrence a permis aux grandes entreprises de consolider encore davantage leur part de marché.
L’inégalité augmente
La vigueur accrue du marché a aidé les entreprises américaines à se tailler une part beaucoup plus grosse du gâteau économique. Depuis les années nonante, la part des bénéfices des sociétés dans le PIB est passée d’environ 6-8 % à 10-12 % aujourd’hui. En revanche, la part du revenu des travailleurs régresse depuis trois décennies et la tendance s’est encore accélérée depuis le début du siècle puisque cette part a chuté de 64 % à 57 %.
Cette réallocation de la production vers les super-entreprises, qui met les salariés hors jeu, a contribué à accroître l’inégalité de revenu. Le rendement des actions a augmenté parallèlement à la concentration dans les secteurs d’activité. Les actions représentent une part beaucoup plus faible de la richesse des ménages à faible revenu par rapport aux ménages à revenu élevé. Bien que la concentration dans les secteurs d’activité ait augmenté le rendement pour les actionnaires, les avantages ne sont donc pas répartis de façon uniforme au sein de la population américaine.
Dans la pratique, la bonne performance des super-entreprises sur le marché a été plus profitable pour les investisseurs passifs que pour les investisseurs actifs. Le problème, c’est que sous l’effet de la concentration croissante sur le marché boursier américain, les investisseurs passifs prennent aujourd’hui plus de risques qu’ils ne le pensent et qu’ils sont donc plus exposés à un éventuel renversement des tendances du marché.
Qu’est-ce qui peut faire tourner le vent pour les super-entreprises ?
L’insatisfaction croissante suscitée par la stagnation des revenus a contribué à la montée du populisme aux États-Unis et certaines voix se sont élevées pour réclamer une intervention du gouvernement. Un renforcement des règles représente un risque considérable de diminution de la croissance des revenus, des marges bénéficiaires et des valorisations de ces super-entreprises. Dans le passé, les mesures de régulation prises à l’encontre de certaines super-entreprises ont coïncidé avec une baisse des valorisations ainsi que des cours boursiers et elles ont été suivies d’un ralentissement de la croissance du chiffre d’affaires. Les cours des actions risquent d’être mis sous pression si le contrôle exercé par le régulateur vient à se renforcer au cours des années à venir.
Il n’est pas dit que ces super-entreprises resteront dominantes. Elles pourraient être les Nokia ou les Blackberry de demain. Les investisseurs passifs sont les plus exposés à ce risque. Mais une analyse approfondie de chaque entreprise et de ses perspectives peut aider les investisseurs à maîtriser les dangers à venir.
Lire aussi The rise of US superstar firms and its implications for investors, de Sean Markowicz, stratégist chez Schroders.
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Les États-Unis se dirigent-ils vers une récession en 2020 ?
Par Martin Arnold, économiste chez Schroders
Le 19 novembre 2019
Alors que la guerre commerciale est au centre de l’attention des médias, l’industrie manufacturière américaine affiche des résultats macroéconomiques atones. L’économie américaine va-t-elle au-devant d’une récession ? Décryptons les signaux du marché obligataire et du marché du travail pour évaluer le risque d’une récession en 2020.
Courbe des taux d’intérêt inversée
Le marché obligataire a fait ses preuves comme outil prédictif d’une récession. À une seule exception près (en 1966), une courbe des taux d’intérêt inversée a toujours été annonciatrice d’une récession dans les 12 à 18 mois qui suivent.
La courbe des taux reflète l’évolution du niveau des taux d’intérêt des obligations souveraines à diverses échéances. Il est généralement moins coûteux d’emprunter à court terme qu’à long terme. La courbe des taux d’intérêt d’une économie qui fonctionne normalement devrait donc avoir la forme d’une pente ascendante, les obligations à long terme ayant un taux d’intérêt plus élevé que les obligations à court terme.
Dans le cas d’une courbe des taux d’intérêt inversée, le taux des obligations américaines à 10 ans est inférieur à celui des obligations à 3 mois. La plus récente inversion de la courbe des taux d’intérêt a eu lieu en mai de cette année, ce qui donne à penser que l’économie américaine se dirige peut-être vers une récession.
Graphique : La courbe des taux d’intérêt américains annonce une récession
Un modèle de récession de Schroders évalue à 40 % la probabilité d’une récession. Chaque fois que le risque de récession a franchi le seuil critique des 25 %, il s’en est suivi une récession, hormis en 1966.
Mais il y a encore d’autres signaux. La réserve fédérale de New York mesure le sentiment des investisseurs obligataires au moyen du modèle « excess bond premium ». Selon cet indicateur, le risque de récession n’est que de 10 %.
Essoufflement du marché du travail
Le marché du travail américain est robuste. Aux États-Unis, les travailleurs commencent à travailler moins d’heures, mais la croissance des salaires reste saine. Dans ces conditions, la croissance de l’activité économique devrait se poursuivre en 2020. Le marché du travail semble pourtant s’essouffler. Si cette tendance se maintient, on pourrait entrer dans une période de ralentissement économique ou de récession. Les indicateurs prédictifs incitent également à la prudence.
Graphique : L’indicateur des tendances de l’emploi se trouve-t-il à un tournant ?
Comment les investisseurs peuvent-ils réagir ?
Certains signes annoncent un ralentissement imminent de la croissance, mais l’économie ne va pas pour autant entrer en récession. Les banques centrales des grandes économies y contribuent en maintenant des taux d’intérêt très bas. Mais les investisseurs peuvent s’interroger sur la sensibilité de leurs placements boursiers au cycle économique. Les périodes de ralentissement et de récession sont les phases du cycle conjoncturel au cours desquelles les marchés boursiers affichent les résultats les plus médiocres.
On prévoit en tout cas une récession au niveau de la croissance des bénéfices des entreprises américaines. Les marges bénéficiaires sont mises sous pression par la croissance salariale et la baisse de la demande. Si le ralentissement économique s’accélère, les entreprises réduiront leurs dépenses d’investissement et peut-être même leurs effectifs. Dans un tel scénario, les investisseurs feront preuve de prudence face aux valorisations élevées des marchés d’actions.
Si l’on tient compte des signaux combinés émanant du marché du travail et de celui des obligations, un ralentissement de la croissance semble inévitable aux États-Unis. Mais cela ne débouchera pas forcément sur une récession à condition que les mesures de stimulation soient maintenues. Les banques centrales ou les mesures incitatives prises par les gouvernements peuvent contribuer à maintenir les valorisations à un niveau relativement élevé.
Lire aussiIs the US heading for recession in 2020?, de Martin Arnold, économiste chez Schroders.
Les titres liés à l’assurance : De quoi s’agit-il ? Comment cela fonctionne?
Par Beat Holliger, spécialiste ILS chez Schroders
Le 9 octobre 2019
Les conditions de marché difficiles pour les classes d’actifs traditionnelles entraînent une demande accrue de placements moins corrélés, comme les titres liés à l’assurance (« insurance linked securities » – ILS). De quoi s’agit-il et comment est-ce que cela fonctionne ?
Définition
Comme leur nom l’indique, les « insurance linked securities » sont des titres liés à des assurances. Le rendement est déterminé par des événements naturels plutôt qu’économiques. Cela signifie qu’ils ne sont donc pas corrélés aux classes d’actifs traditionnelles, dont le rendement dépend davantage de la conjoncture économique, des résultats des entreprises ou des risques géopolitiques. La valeur totale du marché des ILS est estimée à environ 103 milliards de dollars américains.
Catastrophes et autres malheurs
Un tiers du secteur des ILS se compose d’obligations catastrophes (« catastrophe bonds » ou CAT bonds). Les CAT bonds sont librement négociables et ont normalement une maturité de trois à cinq ans. La plupart des chiffres sont disponibles pour ce segment.
Les deux autres tiers du marché des ILS se composent de contrats privés non négociables, ayant une maturité de 12 mois en général. Ce marché permet aux investisseurs d’avoir accès à une variété de risques d’assurance, tels que les risques liés au transport maritime et aérien et des assurances spécialisées. Comme ils ne sont pas négociables, les placements dans ce segment du marché des ILS offrent une « prime d’illiquidité » supplémentaire.
En quoi les ILS se distinguent-ils des obligations émises par les sociétés ou les États ?
- Risque de crédit
Les ILS sont en fait un moyen utilisé par les entreprises pour se couvrir contre les risques résultant d’un événement. L’investisseur en ILS touche des intérêts prélevés sur la prime d’assurance plus un rendement du marché monétaire. Cela signifie que le rendement est principalement déterminé par le risque d’assurance pris en charge.
Contrairement aux obligations émises par les sociétés ou les États, les ILS ne sont pas directement exposés au risque de crédit de l’émetteur. Cette caractéristique est due à la structure spécifique des ILS qui convertissent un risque d’assurance en instrument d’investissement.
Dans le cas peu probable d’un défaut de l’émetteur d’un ILS (qui ne paierait par exemple pas la prime de risque convenue), le capital nominal n’en serait pas affecté. L’ILS cesserait d’exister et la garantie sur le compte fiduciaire distinct serait remboursée aux investisseurs. En revanche, ce qui pourrait conduire à la perte du capital nominal, c’est bien entendu la survenance de l’« événement assuré ». Si l’ouragan, l’inondation ou le tremblement de terre contre lequel l’acheteur de la protection s’est couvert survient, le capital investi est sollicité. Il ne s’agit cependant pas d’un risque de crédit, mais du risque d’assurance inhérent à l’instrument. C’est aussi une raison majeure expliquant l’absence de corrélation avec les marchés traditionnels.
- Duration
La duration (sensibilité aux variations des taux d’intérêt) des instruments ILS est généralement négligeable. Les ILS sont en théorie des instruments à taux variable, étant donné qu’une partie de l’intérêt du coupon payé est basée sur le rendement du marché monétaire. Le coupon est ajusté mensuellement, ce qui signifie que les modifications de la politique monétaire ont peu d’effet sur la valeur de l’instrument.
Où trouve-t-on des ILS à l’heure actuelle ?
Une opportunité de placement raisonnablement valorisée dans le secteur des ILS est un placement qui offre une rémunération suffisante pour le risque d’assurance inhérent que les investisseurs prennent en charge. Pour ce faire, il faut avoir une idée des dommages modélisés par rapport au rendement potentiel.
2017 et 2018 ont été des années où les pertes assurées ont atteint des montants élevés (respectivement 140 milliards de dollars et 80 milliards de dollars au niveau mondial). Par l’effet combiné des catastrophes naturelles survenues durant ces années, les prix sont devenus plus intéressants en 2019. Les primes ayant été ajustées pour améliorer l’indemnisation, en particulier pour les contrats touchés par les sinistres, les spreads atteignent aujourd’hui leur plus haut niveau en six ans.
Pourquoi la gestion axée sur la valeur at-elle encore du sens ?
Par Kevin Murphy, gestionnaire de fonds chez Schroders
Le 24 septembre 2019
Cela fait déjà un petit temps qu’une stratégie de croissance offre de meilleures performances que l’investissement dans la valeur. Un certain nombre d’investisseurs considèrent que la gestion de portefeuille axée sur la valeur a fait son temps. Mais cette stratégie n’est pas dépassée. Il y a quatre bonnes raisons à l’appui de cette affirmation. Les opportunités pour les investisseurs dans la valeur sont aujourd’hui plus nombreuses que jamais.
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L’investissement dans la valeur fonctionne encore
Il ne faut pas remonter bien loin en arrière pour trouver un exemple actuel illustrant que l’investissement axé sur la valeur fonctionne encore. Si un investisseur avait eu l’intuition des fortes turbulences qui ont secoué les marchés en 2018, il aurait probablement opté pour une stratégie défensive. Il aurait pris une exposition sur la Suisse, sur des matières premières robustes ou sur des produits de marque. Mais le pays le plus rentable de l’année 2018 aura été la Russie, avec ses actions pétrolières et gazières et ses risques politiques. Au cours d’une année turbulente, la valeur a donc bel et bien joué un rôle significatif. L’investissement dans la valeur a un effet défensif en période de turbulences sur les marchés.
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L’investissement dans la valeur fonctionne aussi à l’échelon individuel
L’investissement dans la valeur fonctionne aussi bien par rapport aux marchés qu’à l’échelon des actions individuelles. Le principe est le même. Les investisseurs deviennent avides lorsque les prix grimpent et paniquent lorsque les prix baissent. C’est pourquoi l’investissement dans la valeur fonctionne aussi pour les actions. Prenons l’exemple de l’action Tesco qui, bien que souffrant de la disruption, a néanmoins gagné environ 40 % au cours des deux années écoulées. La disruption produit certains effets, mais elle ne neutralise pas le cycle de valeur.
3. Les actions de valeur croissent aussi
Dans un monde à faible croissance, une prime est versée pour les actions de croissance qui se situent au-dessus des actions de valeur. D’aucuns en tirent la conclusion erronée que les actions de valeur ne croissent pas. Or depuis 2016, les actions de valeur et les actions de croissance ont vu leurs bénéfices progresser au même rythme. La surperformance de la « croissance » par rapport à la « valeur » n’est due qu’à la revalorisation. Les actions de croissance sont devenues plus chères et le ratio cours sur bénéfices a augmenté. Des valorisations plus élevées sont génératrices d’instabilité et de vulnérabilité.
4. Les critères d’évaluation restent importants
Le ratio cours sur bénéfices (PER) est sans doute l’argument le plus convaincant pour inciter à la prudence quand on veut renoncer à des investissements dans la valeur. Les investisseurs obsédés par les sociétés en croissance, qui, soit dit en passant, excluent ainsi toutes les autres sociétés, semblent de plus en plus enclins à abandonner ce ratio qu’ils jugent démodé et non pertinent dans un monde numérique et disruptif. Mais ce reproche est-il fondé ? En ce qui concerne les investissements dans la valeur, le ratio cours sur bénéfices est une espèce de « vérité dérangeante » pour les investisseurs qui croient que la propension du marché à la croissance peut durer indéfiniment et que c’est vraiment différent cette fois-ci. Un ratio cours sur bénéfices n’est pas une étiquette que l’on colle à une entreprise, comme un logo. Non, ce ratio est un indicateur essentiel qui se calcule en divisant le cours de l’action d’une entreprise par ses bénéfices.
Pour illustrer l’importance du ratio cours sur bénéfices dans le cadre d’une analyse d’investissement, on peut également l’inverser, c’est-à-dire diviser les bénéfices par le cours de l’action. L’on obtient ainsi le taux de rendement implicite ou rendement bénéficiaire qui est, à certains égards, comparable au taux obligataire. Lorsque les investisseurs obligataires prêtent de l’argent à une société, ils le font à ce qu’ils pensent être un taux d’intérêt correct pondéré en fonction du risque, c’est-à-dire 2 %, 3 %, 4 % ou une autre valeur, qui leur permettra d’obtenir un rendement. Cela vaut également pour les actions. En fait, les investisseurs en actions prêtent aussi de l’argent à une entreprise et le rendement bénéficiaire indique à quel pourcentage ils le font. Ce qui serait en règle générale un ratio cours sur bénéfices peu cher de 10x (10/1), devient donc un rendement de 10 % par an (1/10), alors que ce qui serait généralement un ratio cours sur bénéfices plutôt cher de 30x (30/1), devient un rendement d’une peu plus de 3 % par an (1/30).
Un ratio cours sur bénéfices peu cher de 10 représente en fait un rendement bénéficiaire de 10 %. Tandis qu’un ratio sur bénéfices cher de 30 correspond à un rendement bénéficiaire effectif de 3 %. Les investisseurs préfèrent actuellement prêter de l’argent à un rendement effectif de 3 % au lieu de 10 %. Face à un choix entre un rendement de 10 % ou de 3 %, la plupart des investisseurs y réfléchiraient à deux fois avant d’opter pour ce dernier. Or, c’est exactement le choix qu’ils font lorsqu’ils décident d’acheter des actions de croissance plutôt que des actions de valeur.
Plus une entreprise grandit, plus il lui est difficile de grandir davantage. Ou, comme le dit le proverbe, « les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel », même s’ils ont commencé à pousser très vite.
On peut interpréter la turbulence des marchés en 2018 comme un avertissement par rapport à ce qui pourrait se produire si les investisseurs commencent à remettre en question les valorisations extrêmement élevées des sociétés en croissance. L’exposition à une stratégie axée sur la valeur peut aider à protéger un portefeuille lorsque les prix sont rattrapés par la force de gravité.
Lire aussi Value investing dead? Four reasons why that just isn’t the case, de Kevin Murphy, gestionnaire de fonds chez Schroders.
Réfléchissez-y à deux fois avant d’investir dans une « licorne »
Par Andrew Evans, gestionnaire de fonds chez Schroders
Le 12 août 2019
Investir dans une « licorne » à valorisation élevée n’est pas un moyen durable de générer du capital.
Des licornes à profusion
La Grande-Bretagne a récemment annoncé qu’elle occupait la troisième place, derrière les États-Unis et la Chine, du classement mondial des sociétés de technologie non cotées en bourse et dont la valeur dépasse 1 milliard de dollars. Au cours des deux dernières décennies, les entrepreneurs britanniques ont produit 72 licornes, dont 13 rien que l’année dernière. Mais, toutes les réactions enthousiastes ne doivent pas faire oublier les données objectives. On peut se baser sur le ratio cours-bénéfices corrigé des variations cycliques (CAPE). Ce ratio reflète l’évolution moyenne des bénéfices au cours des dix années écoulées, corrigée de l’inflation. Le CAPE aide à déterminer si une entreprise ou un secteur est bon marché ou coûteux.
Trois success-stories
La revue The Economist s’est récemment intéressée à douze licornes anciennes et actuelles du secteur de l’Internet, qui sont actives notamment dans les domaines du transport, du streaming musical, de l’immobilier et du commerce en ligne. Six sont originaires des États-Unis, cinq d’Asie et une d’Europe, avec une moyenne d’âge de dix ans. Ensemble, elles représentent une valeur de marché de 350 milliards de dollars. Ces sociétés ont une valorisation combinée de 350 milliards de dollars, soit à peu près autant que la valorisation basée sur les émissions d’actions d’Alibaba (2014), Facebook (2012) et Google (2004). Ces introductions en bourse, qui ont conduit à la création de plus d’un billion de dollars de valeur, comptent parmi les plus réussies et resteront gravées dans la mémoire des gestionnaires de fonds, ajoute l’article. « Les gestionnaires de fonds qui détenaient de telles actions ont obtenu de meilleurs résultats tandis que ceux n’en détenaient pas ont risqué d’être licenciés. »
L’article paru dans The Economist souligne également que onze entreprises des douze en question ne font pas de bénéfices. C’est actuellement le cas pour 84 % des introductions en bourse, contre 33 % il y a dix ans. Les douze ont déjà brûlé 47 milliards de dollars pour atteindre leur niveau actuel. C’est un lourd tribut à payer. Pour justifier la valorisation à 350 milliards, elles doivent augmenter leur chiffre d’affaires de 49 % par an au cours des dix prochaines années. C’est le même taux de croissance qu’Amazon, Alphabet et Facebook ont réalisé durant les dix années qui ont suivi leur introduction en bourse.
Aucun bénéfice et plutôt onéreuses
Il est humain de ne retenir que les grands gagnants. Les cours des actions d’Amazon, Alphabet et Facebook ont bien performé. Mais à côté de cela, des centaines d’entreprises technologiques prometteuses ont connu l’échec et disparu sans laisser la moindre trace. Nul ne peut dire si les douze réussiront ou non. Mais pour un investisseur en valeur, il n’est pas avisé d’investir dans des sociétés qui ne font pas de bénéfices et qui affichent de surcroît une valorisation élevée. Cela n’est pas un moyen durable de générer du patrimoine sur le long terme.
Retrouvez le texte complet de cette analyse dans l’article joint intitulé « Why investors should think hard before feeding a ‘unicorn’ », d’Andrew Evans, gestionnaire de fonds chez Schroders.
Les énergies renouvelables vont bientôt faire baisser les prix de l’énergie
Par Simon Webber, Lead Portfolio Manager chez Schroders
Le 11 juillet 2019
Les efforts pour lutter contre le changement climatique se rapprochent d’un moment charnière. On s’attend à voir déferler sur le marché une vague d’énergie renouvelable bon marché qui exercera une pression à la baisse sur les prix de l’énergie au cours de la décennie à venir. Cette baisse rendra les véhicules électriques plus attrayants que les véhicules à combustible fossile. Cette évolution accélérera la transition de l’énergie fossile à l’énergie durable.
Les coûts de l’énergie renouvelable sont en baisse
L’énergie renouvelable est, à ce stade, encore plus coûteuse que l’énergie fossile. 30 % de l’énergie renouvelable européenne est produite grâce à des subventions énormes et grâce à l’argent des contribuables. La facture énergétique des citoyens a donc augmenté. Mais, le développement technologique et l’augmentation d’échelle de la production énergétique ont, entre-temps, permis de faire baisser les coûts de l’énergie éolienne et solaire renouvelable en Europe à un niveau inférieur au prix moyen de vente en gros.
On assiste à une évolution similaire aux États-Unis. James Robo de NextEra Energy, le plus grand producteur d’énergie renouvelable, s’attend à ce que d’ici le début de la prochaine décennie, le coût total de la construction des nouveaux parcs solaires ou éoliens soit même inférieur aux coûts variables du fonctionnement d’une centrale au charbon. Il ne sera donc plus rentable économiquement de maintenir ces centrales en activité. Une part plus importante des énergies renouvelables dans le mix de production d’énergie fait baisser le prix de l’énergie. Plus la production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelable bon marché augmentera, plus elle se substituera aux sources d’énergie fossile.
La voiture électrique moins chère que celle à combustible fossile
La baisse des prix énergétiques fera aussi diminuer le coût des voitures électriques. La diminution rapide du coût des batteries et l’électricité bon marché font baisser le coût total de la voiture électrique.
Or, les investisseurs semblent peu convaincus par la perspective d’un futur où l’énergie renouvelable jouera un rôle prédominant. Contrairement à l’opinion la plus répandue, l’énergie renouvelable rend l’électricité et les véhicules électriques plus abordables. Mais l’énergie durable ne réduit qu’une partie des émissions de CO2. Pour les secteurs d’activité comme le ciment, l’aviation et l’élevage, il n’existe pas encore de solutions technologiques appropriées permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Des solutions existent en revanche pour la chimie et les produits de consommation, mais elles sont encore très onéreuses.
Lire aussi Investors should note the approaching tipping point for renewable energy, de Simon Webber, Lead Portfolio Manager chez Schroders.
La stratégie de placement 60/40 offre-t-elle le meilleur rendement ?
Par Claire Walsh, Personal Finance Director chez Schroders
Le 5 juin 2019
Au cours des vingt dernières années, les investisseurs ont connu deux des plus grands krachs boursiers de l’histoire. Ils veulent donc jouer la sécurité en ce qui concerne les rendements et éviter les pertes. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’investisseurs ont un portefeuille 60/40, c’est-à-dire que 60 % des placements sont investis dans des actifs plus risqués – qui offrent en général un rendement plus élevé – et 40 % dans des obligations d’État. Reste à savoir si une stratégie 60/40 offre encore des avantages aujourd’hui.
Rendements du passé…
Nous avons analysé les rendements des trente dernières années sur la base d’une stratégie 60/40 en nous intéressant en particulier à la volatilité et au rendement. Cette analyse montre que la volatilité reste en effet limitée et que cette stratégie a permis d’obtenir un rendement supérieur.
Un investissement de 1 000 dollars dans trois stratégies différentes fin 1988 aurait procuré des rendements différents au bout de trente ans.
- 1 000 dollars investis uniquement en actions auraient généré un rendement de 7,2 % par an (soit 7 554 dollars)
- 1 000 dollars investis uniquement en obligations d’État auraient généré un rendement de 6,2 % par an (soit 5 806 dollars)
- 1 000 dollars investis dans un portefeuille 60/40 auraient généré un rendement annuel de 7,5 % (8 091 dollars)
Graphique : Une stratégie 60/40 peut produire des rendements meilleurs
(Source : Schroders)
Le secret d’une stratégie 60/40 réussie : le rééquilibrage annuel
Pour que la stratégie fonctionne correctement, le portefeuille doit être ajusté au moins une fois par an, de manière à ce que le ratio reste à 60/40. C’est ce qu’on appelle un rééquilibrage. En pratique, cela consiste à vendre des actifs très performants et à réinvestir le capital dans des valeurs à la traîne. Idéalement, les actifs sous-performants rattraperont et amélioreront le rendement, tandis que la volatilité restera limitée.
La stratégie 60/40 fonctionne-t-elle encore ?
Les taux d’intérêt ultra bas des dernières années et la politique monétaire ont cependant perturbé les rendements. Cette politique s’est traduite par un faible rendement des obligations d’État. Un investissement en obligations d’État en 2008 n’aurait rapporté que 2,5 %, alors que les actions auraient rapporté 10,3 % sur la même période. À l’heure actuelle, un portefeuille 60/40 ne produit pas le même rendement que par le passé.
En 2013, Warren Buffett préconisait une stratégie 90/10. Cette stratégie aurait certainement porté ses fruits, étant donné que l’indice MSCI World a grimpé de 242 % depuis son plus bas niveau en 2009. Mais une telle surpondération des actions est très risquée.
Avantage psychologique
Une stratégie stricte 60/40 offre surtout un avantage psychologique, même si elle est aujourd’hui moins efficace que par le passé. Un rééquilibrage régulier permet d’éviter certaines erreurs classiques des investisseurs, telles que la vente de titres à leur prix plancher et l’achat de titres à leur cotation la plus élevée. Le rééquilibrage offre aux investisseurs une certaine tranquillité d’esprit.
Lire aussi Can a 60/40 split portfolio deliver better outcomes?, de Claire Walsh, Personal Finance Director chez Schroders
Les investisseurs peuvent-ils profiter de la révolution des données?
Par Ben Wickset Mark Ainsworth, spécialistes données chez Schroders
Le 15 mai 2019
La collecte et l’analyse des données changent de façon radicale. Une quantité gigantesque d’informations est désormais disponible, des données de géolocalisation à l’enregistrement douanier, en passant par des données démographiques. La manipulation de ces données était impensable il y a peu. Les investisseurs qui combinent le traitement et l’analyse de données à l’échelle industrielle à une expertise d’investissement avérée pourront en tirer de nombreux avantages.
Le fantastique développement de la puissance de calcul, de la capacité de stockage et des informations des ordinateurs augmente l’ampleur des « données alternatives » qu’un analyste ou gestionnaire de fonds pourrait interpréter. Ces développements représentent un défi disruptif pour l’industrie des investissements. Mais ils offrent également de nombreuses opportunités.
Les données alternatives ouvrent des possibilités
« Données alternatives » est le terme global pour l’information qui ne représente pas encore un élément stable de la recherche en investissements. Dans les grandes lignes, les données alternatives sont tout ce qui ne touche pas aux comptes des entreprises, au prix des actions ou à l’information économique. Comme les données alternatives ne sont pas structurées, des traitements considérables peuvent s’avérer nécessaires pour en tirer des conclusions significatives. Une nouvelle génération d’analystes de données relève le défi et met au point les techniques nécessaires au traitement de grandes quantités de données.
Un bon analyste de données fait preuve de différentes qualités. Une bonne connaissance des mathématiques, des statistiques, de la programmation et des algorithmes est essentielle. Mais une bonne appréhension de l’origine des données et de leur applicabilité est tout aussi importante. L’association de la connaissance approfondie par les investisseurs des marchés financiers et des titres et de l’expertise en matière de collecte, traitement et analyse de données aboutit à d’excellentes opportunités d’investissement.
L’impact le plus important de l’analyse de données sur les fonds gérés activement pourrait être que, grâce à l’aide d’autres spécialistes, le professionnel en investissements pourra élargir sa vision et libérer du temps et de la réflexion pour explorer et évaluer de nouvelles possibilités.
Beaucoup de données pour peu d’acteurs
La grande quantité d’information disponible pour la recherche en investissements constitue une puissance disruptive. L’analyse de données implique des défis techniques et d’organisation et entraîne de nombreuses tâches de recherche et de développement. Mais elle offre également une chance exceptionnelle aux gestionnaires de fonds actifs. Les nouvelles méthodes d’analyse dans les processus d’investissements existants doivent améliorer, à terme, les prestations des investisseurs.
Les organisations qui réussiront à s’adapter atteindront une taille suffisante et disposeront de l’expertise technologique suffisante pour affronter la concurrence. L’ampleur et la diversité des données disponibles exigent d’importants moyens techniques et de traitement des données pour pouvoir en tirer le maximum.
Au lieu de créer une concurrence équitable, où l’amélioration de la disponibilité de l’information permet d’augmenter l’efficacité du marché, la révolution de l’information fait exactement le contraire. Elle crée des domaines difficilement accessibles et la possibilité, pour un cercle limité d’acteurs disposant des moyens et de l’économie d’échelle, d’en profiter pour améliorer leur performance.
Lisez aussi Harnessing the data science revolutionpar Ben Wicks et Mark Ainsworth, spécialistes données chez Schroders.
Pourquoi et comment faut-il diversifier ses placements ?
Par Johanna Kirklund, responsable des investissements multi-actifs chez Schroders
Le 18 avril 2019
On ne soulignera jamais assez l’importance de la diversification. Les investisseurs sont souvent tentés de s’en tenir à ce qu’ils connaissent. Il s’agit d’une stratégie de placement promue par de célèbres pionniers de l’investissement comme Warren Buffett. Mais les investisseurs ont aussi tout intérêt à envisager les avantages de la diversification.
À l’appui d’un tableau, voici un aperçu de la performance des différentes catégories d’actifs depuis 2005. Il en ressort que les différentes catégories ont des performances très variables d’une année à l’autre. La diversification contribue à réduire les risques et à améliorer le rendement du portefeuille à long terme.
- Les avantages de la diversification
- Gestion du risque: ne pas perdre de l’argent est un impératif crucial aux yeux des investisseurs. L’investisseur qui diversifie ses placements court moins de risques de subir des pertes que celui qui mise tout sur une seule catégorie d’actifs.
- Meilleur accès aux liquidités: la complexité des modalités d’entrée et de sortie d’un placement peut faire toute la différence. L’investisseur qui détient en portefeuille des actifs présentant des différences en termes de liquidité a toujours accès à son argent en cas de besoin.
- Lissage des pics et des baisses: la fréquence et l’ampleur des hausses et des baisses des placements déterminent la volatilité du portefeuille. La diversification permet de lisser les résultats.
Une diversification correcte au sein d’un portefeuille permet de produire des rendements plus attrayants. C’est un outil important pour obtenir des rendements pondérés en fonction des risques.
Il n’y a aucune règle définissant le nombre d’actifs différents à détenir au sein d’un portefeuille. Détenir trop peu d’actifs différents augmente le risque, mais en détenir trop rend leur gestion plus difficile.
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Tout ce qui brille est or
L’or est considéré comme un outil de diversification optimal. Le cours du métal précieux ne suit en règle générale pas celui des autres actifs. En 2011, le marché boursier a perdu environ 5 % en raison de la crise de la dette européenne. Cette année-là, l’or a gagné 11 %. Grâce à la diversification, les investisseurs exposés à l’or auraient limité leurs pertes.
L’or est un des actifs les plus performants depuis 2005. Le métal jaune a la réputation d’être une valeur refuge en période d’incertitude. Le rendement de l’or est d’autant plus frappant que les matières premières ont été la classe d’actifs la moins performante au cours des 14 dernières années.
Si un investisseur avait investi 1000 dollars dans l’or en 2005, son capital actuel se chiffrerait à 2925 dollars, soit un rendement annuel de 8,3 %. En revanche, s’il avait investi cette somme dans les matières premières, il ne lui resterait que 630 dollars (rendement annuel de -2,3 %). La diversification a donc tout son sens.
Lisez aussi 14 years of returns: history’s lesson for investors, de Johanna Kirklund, responsable des investissements multi-actifs chez Schroders.
Augmentation du poids de la Chine au sein des indices : Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs?
Le 25 mars 2019
L’augmentation du poids de la Chine au sein des indices pourrait entraîner un substantiel afflux vers les marchés d’actifs chinois, mais les investisseurs peuvent agir sans attendre.
La Chine reste fortement sous-pondérée dans les portefeuilles d’investissement par rapport à la taille de ses marchés d’actifs et de son économie. La facilitation de l’accès aux marchés chinois permettrait d’y remédier. Les fournisseurs d’indices réagissent à cette sous-pondération et augmentent le poids de la Chine dans leurs indices et les investisseurs ne tarderont pas à suivre massivement. On peut prévoir un afflux de 200 milliards de dollars sur les marchés boursiers locaux et un afflux du même ordre de grandeur sur les marchés obligataires locaux, ces montants pouvant même grimper jusqu’à 400 milliards de dollars en cas d’ouverture complète des marchés. Les investisseurs doivent agir sans attendre les fournisseurs d’indices. Il y a pour l’instant d’excellentes opportunités à saisir du côté des actions et valeurs chinoises à revenu fixe.
Les marchés chinois sont vastes et difficiles d’accès
Troisième marché du monde en taille, le marché de la dette et le marché boursier chinois représentent respectivement 11 % et 12 % du marché mondial. Mais les investisseurs internationaux n’ont actuellement accès qu’à une petite partie de ces marchés. Les actions chinoises ne représentent que 4 % de l’indice MSCI All-Country World et les obligations externes libellées en USD représentent à peine 0,5 % de l’indice Bloomberg Barclays Global Aggregate. Le marché obligataire local en renminbi (RMB), d’une valeur de plus de 11 billions de dollars américains, est même complètement exclu des principales émissions obligataires de référence.
Si les actifs chinois sont si peu représentés dans les principaux indices de référence, c’est surtout parce que les autorités chinoises l’ont voulu ainsi. Des règles strictes limitant les participations étrangères dans les entreprises chinoises et des contrôles de change stricts ont rendu l’accès aux marchés locaux chinois extrêmement difficile pour les investisseurs internationaux. Les autorités chinoises voulaient garder le contrôle. Elles craignaient en effet pour la stabilité de la monnaie et de l’économie en cas d’ouverture plus grande des marchés.
Les actifs chinois n’étaient donc guère représentés dans les principaux indices de référence. Mais les choses sont en train de changer. Les marchés s’ouvrent de plus en plus aux capitaux étrangers. Le marché boursier est celui où cette ouverture est la plus visible. Mais d’importants progrès ont aussi été enregistrés sur le marché obligataire. Alors que les fournisseurs d’indices obligataires incorporent progressivement des actifs chinois, les investisseurs actifs sont déjà en mesure de profiter des opportunités d’investissement disponibles sur ces marchés.
Nouvelle donne
Bloomberg a récemment annoncé que des obligations chinoises étaient désormais intégrées dans son indice Global Aggregate et que la Chine occuperait vraisemblablement une des quatre premières places en termes de pondération d’ici 2020. MSCI envisage également de donner plus de poids aux actions chinoises dans ses indices. Il n’existe aucun véritable précédent historique permettant de savoir comment se développera la présence croissante de la Chine dans les indices de référence et ce que cela signifiera pour les marchés financiers et les investisseurs. On peut distinguer trois scénarios possibles d’évolution de cette présence chinoise.
- Intégration complète – la Chine ouvre entièrement ses marchés financiers et les actifs chinois sont intégralement repris dans les indices de référence.Ce scénario semble possible à long terme, mais improbable à court terme.
- La voie moyenne – la Chine continue à ouvrir progressivement ses marchés. La pondération des valeurs chinoises dans les indices augmente progressivement, mais le plein potentiel ne sera pas exploité.
- Aucun changement – l’intégration des marchés de capitaux chinois au point mort.
En cas d’ouverture totale du marché, 400 milliards de dollars afflueront vers le marché des actions A, tandis que, dans le scénario intermédiaire, on peut malgré tout s’attendre à un afflux de nouveaux capitaux à hauteur d’environ 200 milliards de dollars. L’intégration d’obligations chinoises locales dans l’indice Bloomberg change radicalement la donne. Cela pourrait générer un flux de 200 milliards de dollars vers les marchés obligataires chinois.
Afflux substantiel
Une autre façon de déterminer l’ampleur de l’afflux potentiel consiste à se baser sur la part du marché qui est détenue par des investisseurs étrangers et sur son évolution au fil du temps. À l’heure actuelle, la part du marché local des obligations d’État chinoises qui est détenue par des investisseurs étrangers ne représente que 4 %, alors qu’elle est d’environ 20 % pour les marchés émergents. Même si les participations étrangères n’atteignaient que 10 % des 4,7 billions de dollars de l’immense marché local des obligations d’État, cela pourrait générer un afflux de capitaux d’environ 300 milliards de dollars. À tous les niveaux possibles, une meilleure intégration du marché chinois dans les indices de référence mondiaux déclencherait une augmentation significative de l’afflux de capitaux. Dans l’intervalle, les marchés ne s’arrêtent pas. Ce calcul est basé sur la taille actuelle des marchés, alors que ceux-ci sont en plein essor. Les investisseurs doivent cependant savoir gérer les fluctuations des devises. La pondération de la Chine dépendra dans une large mesure de sa cohérence avec d’autres facteurs à l’intérieur de l’indice de référence.
Quelle attitude les investisseurs doivent-ils adopter par rapport à la Chine ?
La Chine a déjà une part importante (30 %) au sein de l’indice MSCI des marchés émergents, mais les actions A n’y représentent que 2 %. D’après les prévisions, elles devraient cependant atteindre les 10 % d’ici 2020. Il faudra encore plusieurs années avant que les actions A ne constituent une part plus importante du portefeuille des investisseurs qui suivent le MSCI.
Lire aussiWeightlifting China – how big will it get?, de Duncan Lamont, responsable de la recherche chez Schroders.
Cinq questions concernant l’investissement ESG dans les pays émergents
Le 12 février 2019
Malgré l’intérêt croissant pour les critères ESG, cette forme d’investissement ne décolle pas encore sur les marchés émergents. Comment cela s’explique-t-il ?
D’après une étude de la Global Sustainable Investment Alliance, les actifs ESG mondiaux ont augmenté de 25 % entre 2014 et 2016. L’étude Schroders Global Investor Study 2017 confirme que cette tendance se poursuit. Selon cette dernière, 78 % des personnes interrogées accordent aujourd’hui plus d’importance à l’investissement durable qu’il y a cinq ans.
La plus grande partie des actifs ESG, ainsi que leur croissance, se trouvent sur les marchés développés.
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Les critères ESG sont-ils importants sur les marchés émergents ?
Des études montrent que les investissements ESG influencent positivement le rendement sur les marchés émergents. De nombreuses recherches empiriques ont montré que les investissements ESG sont susceptibles d’avoir un effet positif sur le rendement. L’intégration des investissements ESG peut non seulement améliorer les performances, mais aussi contribuer à réduire le risque du portefeuille. Les marchés émergents ont tendance à être plus volatils que les marchés développés. La réglementation moins stricte, l’évolution rapide de la démographie et les changements dans le contexte politique peuvent accroître l’incertitude pour les investisseurs sur les marchés émergents. Ces facteurs ont un impact moindre sur les entreprises mieux gérées et plus durables.
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Les décideurs politiques et les entreprises des marchés émergents se soucient-ils de la durabilité ? Dans la négative, les marchés développés doivent-ils continuer à le faire ?
Améliorer la politique menée et les pratiques dans les pays émergents. Au niveau national, les réformes ont évolué dans la bonne direction ces dernières années. L’urbanisation, la pollution, le stress hydrique et le changement climatique ne sont que quelques facteurs parmi d’autres qui augmentent la pression sur les décideurs politiques pour les pousser à s’engager à s’attaquer aux problèmes environnementaux. La Chine et l’Inde sont à l’avant-garde, la Chine cherchant à se positionner parmi les leaders du mouvement mondial de lutte contre le changement climatique.
Certaines bourses encouragent aussi des comportements plus durables en introduisant des normes de reporting sur tous les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise, en particulier en Afrique du Sud et au Brésil. Par ailleurs, les normes locales deviennent aussi de plus en plus strictes pour les investisseurs sur les marchés émergents. La mondialisation et la technologie moderne renforcent encore la convergence des normes ESG mondiales.
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Dispose-t-on de données ESG pour les marchés émergents ?
Des normes de reporting unanimement admises font encore défaut. Par le passé, la transmission de l’information a toujours été un point faible sur les marchés émergents et, à cause du manque de transparence sur certains de ces marchés, les investisseurs ont éprouvé plus de difficultés pour évaluer avec précision les aspect ESG. Ces dernières années, les nouvelles politiques menées et les exigences en matière d’introduction en bourse ont permis d’améliorer la transparence sur les marchés émergents. De plus, les bourses ont contribué à encourager un reporting plus clair et une meilleure transmission des informations et à formuler des recommandations en matière de gouvernance d’entreprise. Bon nombre de bourses de valeurs des marchés émergents ont renforcé leurs exigences d’admission à la cote et plusieurs bourses ont adhéré ces dernières années à l’initiative Sustainable Stock Exchange des Nations unies relative aux marchés boursiers durables, qui donne des lignes directrices en matière de reporting ESG.
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Les critères ESG doivent-ils se limiter à la seule gouvernance sur les marchés émergents ?
Les problèmes de gouvernance sont parfois plus faciles à identifier et généralement mieux compris, tandis que les critères sociaux et environnementaux exigent souvent une analyse plus approfondie. Sur cette base, les gestionnaires de fonds actifs peuvent réaliser une analyse approfondie des entreprises qui ont les modèles économiques les plus durables. De plus, les outils traditionnels de mesure de la qualité de la gouvernance s’avèrent parfois insuffisants pour évaluer des entreprises des marchés émergents. La structure du marché local et les questions culturelles doivent en effet être également prises en compte.
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L’engagement peut-il faire une différence sur les marchés émergents ?
Comme les entreprises des marchés émergents font souvent preuve de moins d’ouverture, leur engagement n’en est que plus crucial. L’engagement donne aussi aux investisseurs la possibilité de soutenir et d’encourager une croissance durable là où les règles légales et réglementaires permettant d’atteindre ce résultat sont insuffisantes ou pas encore en vigueur.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article intitulé ESG and emerging markets investing, de l’équipe investissement durable de Schroders.
Quelles sont les perspectives pour les matières premières et métaux précieux pour 2019 ?
Le 15 janvier 2019
Le sentiment négatif envers les matières premières est en train de s’estomper et 2019 pourrait générer des rendements positifs pour les investisseurs en matières premières.
- Les restrictions de l’offre soutiennent les principales catégories de matières premières, malgré les préoccupations liées à la demande.
- Les pénuries touchent principalement l’énergie, les métaux et l’agriculture
- L’affaiblissement de la croissance aux États-Unis, les pressions inflationnistes et le tassement possible du dollar renforceront le climat d’investissement pour les actifs réels(investissements tangibles).
Les investisseurs sont très préoccupés par les matières premières, mais des rendements positifs sont possibles en 2019. Si l’on regarde vers le futur, il y a un contraste évident entre l’offre et la demande, d’une part, et les préoccupations macroéconomiques, d’autre part. Les marchés se focalisent notamment sur les conséquences du conflit commercial et la croissance mondiale. Mais ils tiennent moins compte de l’impact inflationniste du conflit commercial et de l’assouplissement de la politique budgétaire dans l’UE et en Chine. Les effets du dollar fort s’atténuent également en 2019.
Énergie – resserrement du marché pétrolier
Le marché de l’énergie connaît un basculement de tendance provoqué par une série de catalyseurs négatifs. Les perspectives pour 2019 sont optimistes, car on s’attend à un resserrement du marché. Les attentes liées à la production pétrolière en Amérique du Nord sont trop élevées et la capacité disponible n’a jamais été aussi faible. Même si le ralentissement de la croissance en 2019 entraîne une baisse de la demande de pétrole et que l’Amérique du Nord augmente sa production, la demande restera supérieure à l’offre de l’OPEP. Ce déséquilibre affectera les stocks aux deuxième et troisième trimestres de 2019. Et il fera monter le prix du pétrole.
Métaux – basculement en vue pour les métaux précieux
Les métaux communs n’enregistreront pas des résultats exceptionnels en 2019. L’aluminium sort du lot en raison de son prix peu élevé et de la forte pénurie d’approvisionnement. À plus long terme, un potentiel pour le nickel est prévisible, en raison de la forte croissance de la demande et de l’offre limitée. Les métaux précieux ne sont actuellement plus en vogue, car les investisseurs se focalisent trop sur les facteurs à court terme. La question la plus importante est cependant de savoir quand l’économie américaine commencera à ressentir les effets de la hausse des taux d’intérêt, du poids relativement élevé de la dette des États-Unis et du tassement de la croissance des marchés émergents. Il se peut que 2019 soit une année charnière et que le sentiment à l’égard des métaux précieux s’améliore.
Agriculture – possibilités à long terme dans le secteur des produits agricoles de base
Les fondamentaux sont très différents en fonction des différentes sous-catégories agricoles. Les circonstances politiques et économiques exercent une forte pression sur ces marchés. En raison d’un resserrement de l’offre, les attentes sont positives pour les céréales et l’alimentation animale. Cela vaut également pour le coton. Les attentes sont en revanche négatives pour les oléagineux et le soja. Les produits agricoles de base approchent de leur tendance négative à long terme. Bien qu’il manque encore un catalyseur, il y a une opportunité intéressante à long terme.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article Outlook 2019 : Commodities de Schroders
Quelles perspectives pour la croissance économique mondiale en 2019 et 2020 ?
Par Keith Wade, économiste en chef chez Schroders
Le 21 décembre 2018
La croissance de l’économie mondiale se poursuit, mais il y a des signes clairs indiquant qu’elle a atteint son point culminant à présent que les économies américaine, européenne et asiatique connaissent un ralentissement. Selon les dernières estimations, la croissance du PIB américain devrait atteindre 2,5 % au quatrième trimestre de cette année (contre 3,2 % au troisième trimestre). L’on s’attend à voir les économies européenne et japonaise se redresser au cours de ce trimestre, bien qu’elles affichent toutes les deux des performances décevantes cette année. Les indicateurs vont dans le sens d’une perte de dynamisme de la croissance.
Le tableau est plus contrasté dans les marchés émergents. La Chine et les économies asiatiques sont sous pression en raison des tensions commerciales actuelles, tandis que l’économie brésilienne est sur le point de redémarrer au lendemain des élections. Le ralentissement de la croissance en Chine se manifeste par l’affaiblissement des recettes des casinos de Macao, le paradis des jeux de hasard, qui sont toujours considérés comme un bon indicateur des revenus des consommateurs chinois et de l’activité économique du pays.
La baisse des recettes des casinos à Macao, révélateur du ralentissement de l’économie chinoise
Le ralentissement durera jusqu’en 2020
Sur base d’une actualisation des prévisions, on peut tabler sur une croissance mondiale de 3,3 % pour cette année qui retombera à 2,9 % en 2019. Les prévisions pour l’année prochaine sont légèrement inférieures aux précédentes, qui étaient de 3,1 %, et reflètent les révisions à la baisse dans la zone euro et les marchés émergents. Malgré la baisse de régime de la croissance et la diminution des prix pétroliers, Schroders prévoit que l’inflation mondiale atteindra 2,9 % en 2019. Cela s’explique par l’inflation plus élevée sur les marchés émergents, où la faiblesse des monnaies fait grimper les prix à l’importation.
Pour 2020, un nouveau tassement de la croissance mondiale à 2,5 % est prévu, surtout à cause de la croissance de l’économie américaine (qui n’atteindrait que 1,3 %) et d’un nouveau ralentissement de l’économie chinoise qui se limiterait à 6 %. En Europe et au Japon, la croissance en 2020 s’élèvera à respectivement 1,5 % et 0 %. Si ces prévisions sont exactes, 2020 sera l’année de croissance économique mondiale la plus faible depuis 2008. Cela s’explique en grande partie par la réduction des politiques publiques de relance et par le resserrement de la politique monétaire aux États-Unis, ainsi que par les conséquences de la guerre commerciale qui se prolonge entre les États-Unis et la Chine. Les prévisions seront inférieures au consensus parce que la plupart des observateurs pensent que le président Trump trouvera un moyen de stimuler l’économie à temps avant les prochaines élections présidentielles. Or, c’est devenu plus délicat depuis que les rapports de force au Congrès américain ont changé à la suite des élections partielles de novembre. La bonne nouvelle est que l’inflation mondiale devrait retomber à 2,7 % en 2020 en raison du ralentissement de la croissance en 2019.
Fin de la politique monétaire stricte aux États-Unis, première hausse des taux dans la zone euro en 2019
On s’attend à ce que le resserrement de la politique monétaire américaine prenne fin en 2019 et prévoit encore trois hausses de taux, ce qui veut dire que le taux d’intérêt culminera à 3 % en juin 2019. La Fed souhaite un atterrissage en douceur de l’économie, surtout à cause de l’intensification probable de la pression politique. Sachant que l’économie va continuer à baisser de régime en 2020, on s’attend à des baisses de taux d’intérêt et on prévoit que leur niveau s’établira à 2,5 % d’ici la fin de l’année. Entre-temps, on s’attend à ce que la Banque centrale européenne (BCE) mette fin à son programme de rachat d’actifs en janvier prochain et à ce qu’elle relève ses taux en septembre. Il s’agirait de la première hausse de taux de la BCE sous la présidence de Mario Draghi, et de sa dernière aussi puisqu’il abandonnera ses fonctions en octobre 2019.
La faiblesse du dollar en 2019: une bonne chose pour les marchés émergents, mais pas pour la zone euro
Le pic des taux américains combiné à un resserrement de la politique monétaire dans d’autres régions devrait entraîner un affaiblissement du billet vert en 2019. Le différentiel de taux d’intérêt restera certes favorable aux États-Unis, mais les marchés des changes l’auront sans doute déjà intégré dans leurs cours. Ils se concentreront sur le « double déficit » croissant aux États-Unis – le déficit budgétaire et celui de la balance courante qui tirent la monnaie vers le bas. Une baisse du dollar aurait en revanche un effet positif pour les marchés émergents. Si une nouvelle escalade des tensions commerciales et la perspective d’un ralentissement de la croissance économique mondiale ne sont pas de bon augure, un dollar plus faible contribuerait à atténuer les pressions sur la région.
Ce scénario est en revanche moins favorable pour la zone euro. Un euro plus fort entraînera un resserrement des conditions financières, tandis que le ralentissement aux États-Unis freinera la croissance mondiale. Ces deux facteurs font qu’il est plus difficile pour la BCE de continuer à relever les taux d’intérêt. La BCE n’a pas saisi l’occasion de normaliser les taux d’intérêt en 2018 et l’année écoulée sera peut-être considérée comme une occasion manquée. La zone euro risque de se retrouver coincée avec des taux d’intérêt bas et un levier monétaire limité pour lutter contre le prochain ralentissement économique.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse de Keith Wade dans le chapitre intitulé: ‘Forecast update: US recession 2020?tiré du dernier Economic and Strategy Viewpoint (décembre 2018).
Cyber-risques : A quoi les investisseurs doivent-ils être attentifs ?
Le 16 novembre 2018
La cybercriminalité est un risque de plus en plus important pour les entreprises et les organisations du monde entier. Elle engendre un poste de coûts non négligeable, qui ne fait qu’augmenter. C’est la raison pour laquelle les investisseurs doivent être mieux informés sur la façon dont les entreprises gèrent ce risque.
La croissance rapide de la quantité de données stockées par les entreprises, alors que la plupart d’entre elles n’ont que relativement peu d’expérience en matière de gestion et de sécurisation des données, a attiré les cybercriminels qui se servent de techniques et d’outils de plus en plus sophistiqués. À l’échelle mondiale, la cybercriminalité coûte aux entreprises 60 % de plus qu’il y a 5 ans. Aux États-Unis, ces coûts ont même augmenté de plus de 80 %. Aucune entreprise ne peut se permettre d’ignorer la menace que représente la cybercriminalité.
Qu’est-ce qu’un cyber-risque ?
Le cyber-risque est un vaste concept. Pour la plupart des gens, il s’agit du risque de perte ou de dommage dû à des intrusions ou attaques ayant pour cible les systèmes informatiques. Cette perte peut revêtir diverses formes : pertes financières directes, atteintes à la réputation ou à la continuité opérationnelle.
Pourquoi les investisseurs doivent-ils être attentifs aux cyber-risques ?
La cybercriminalité est une source de risque commercial de plus en plus critique, en particulier pour les entreprises propriétaires d’actifs incorporels importants comme des marques, des relations clients ou des technologies. Une fuite de données peut avoir comme impact négatif des conséquences directes sur la compétitivité des entreprises, les revenus futurs et les obligations. Les fuites de données sont souvent révélatrices de mauvaises pratiques en matière de gouvernance et d’une gestion défaillante. On peut assez rapidement changer les méthodes de travail ou modifier la politique menée, mais il faut beaucoup plus de temps pour rétablir la confiance du marché et des clients.
Les investisseurs doivent vérifier dans quelle mesure les entreprises sont préparées aux cyberattaques. La stratégie choisie par les entreprises doit garantir que les processus et les ressources soient en place pour limiter autant que possible l’impact d’une intrusion sur les opérations commerciales et sur la capacité à créer de la valeur.
L’entreprise dispose-t-elle d’une expertise suffisante en interne et la direction assume-t-elle ses responsabilités ?
Une entreprise doit posséder l’expertise nécessaire pour se protéger de manière adéquate contre la cybercriminalité et la direction doit être prête à prendre ses responsabilités :
- Expertise. Il est essentiel que l’entreprise dispose d’une équipe de cybersécurité spécialisée et bien équipée, dirigée par un responsable central de la sécurité informatique faisant rapport de préférence au PDG ou au conseil d’administration. L’équipe de sécurité doit aussi régulièrement avoir recours à une expertise externe spécialisée pour se tenir au courant des nouvelles menaces et des nouveaux outils de sécurité. En interne, l’équipe doit être le propriétaire direct de tâches technologiques spécifiques comme les tests d’intrusion, les correctifs de sécurité, etc.
- Responsabilité au niveau de la direction.Le conseil d’administration doit avoir la maîtrise technique spécifique pour évaluer si l’entreprise dispose des ressources opérationnelles et administratives appropriées pour limiter les cyber-risques.
Une analyse du degré d’expertise et de responsabilité du conseil d’administration au sein de chaque entreprise fournit aux analystes et aux gestionnaires de fonds une base de discussion avec les dirigeants de l’entreprise pour mesurer le degré d’exposition aux cyber-risques.
Les investisseurs doivent se renseigner sur les cyber-risques
Les cyber-risques deviennent de plus en plus importants pour toutes les organisations. Les investisseurs doivent être mieux informés sur la manière dont les sociétés qui font partie de leur portefeuille sont prêtes à gérer ces risques. Cela signifie que les investisseurs doivent s’informer sur la façon dont la gestion des risques est organisée au plus haut niveau et sur l’expertise technique présente au sein de l’entreprise, afin de pouvoir identifier les risques avant qu’ils ne surviennent.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans le chapite intitulé ‘Cyber: preparing for the unpredictable’, du dernier Rapport sur l’investissement durable de Schroders.
Quelle solution concrète pour le stockage d’énergie alternative ?
Le 24 octobre 2018
À l’heure actuelle, le stockage énergétique est la principale faiblesse de l’énergie verte. La production au départ des deux principales sources d’énergie renouvelable (éolienne et solaire) est décalée dans le temps par rapport à la demande d’énergie. Par conséquent, sans stockage, l’énergie renouvelable ne peut pas couvrir plus de 20 % de la demande d’électricité. Un stockage énergétique efficient est indispensable en vue d’une application à grande échelle de l’énergie alternative.
Le graphique ci-dessous illustre le décalage entre la production et la consommation d’énergie photovoltaïque pour un ménage moyen. La plus grande partie de l’énergie solaire est produite entre les deux pics de la demande des ménages. La plus grande partie de l’énergie éolienne est produite pendant la nuit, lorsque la demande est à son point le plus bas et que les prix de l’énergie sont parfois même négatifs.
Graphique 1 : Production d’énergie solaire par rapport à la demande d’énergie
Il existe aujourd’hui plusieurs types de stockage d’énergie. Les technologies de stockage peuvent être subdivisées en systèmes électrochimiques, mécaniques, chimiques et thermiques.
- L’énergie peut être stockée de manière électrochimique, comme dans les véhicules électriques et les appareils électroménagers.
- Les systèmes mécaniques sont le stockage hydroélectrique par pompage et le stockage d’air comprimé.
- Les systèmes chimiques permettent de stocker l’énergie par hydrogène et méthane, souvent sous terre ou sous forme liquide dans des réservoirs réfrigérés à haute pression.
- Le stockage thermique consiste à utiliser l’énergie thermique pour alimenter une réaction chimique endothermique réversible afin de stocker l’énergie sous forme de potentiel chimique.
La qualité de chaque type de stockage varie. Le stockage hydroélectrique par pompage est devenu la solution la plus courante pour le stockage massif, en raison de son applicabilité à grande échelle et de son rendement énergétique élevé de plus de 80 %. Dès que la production d’énergie devient excédentaire, l’énergie est utilisée pour pomper l’eau d’un réservoir inférieur vers un réservoir supérieur. Lorsque la demande augmente, l’eau est libérée vers le réservoir inférieur, actionnant au passage des turbines qui produisent de l’énergie. Cette solution n’est cependant pas applicable partout à cause de la pénurie d’eau ou de limitations géographiques. De ce fait, le stockage hydroélectrique par pompage est limité à 10 pays.
Graphique 2 : Part de la capacité mondiale d’énergie renouvelable par technologie
Solution concrète pour le stockage d’énergie alternative
La startup suisse Energy Vault a développé une solution consistant à empiler des blocs de béton au lieu d’eau. L’énergie excédentaire permet à une grue d’empiler des blocs de béton les uns sur les autres, ce qui augmente le niveau d’énergie potentielle. Lorsque la demande d’énergie augmente, la grue décharge les blocs en utilisant la gravité pour transformer l’énergie potentielle en énergie cinétique, laquelle actionne un générateur qui produit de l’électricité. Grâce à un taux de conversion d’environ 85 % (contre 90 % pour les batteries au lithium-ion) et à l’avantage que le béton est beaucoup plus dense que l’eau, ce qui permet de stocker plus d’énergie par unité de volume, ce concept pourrait devenir une solution viable pour le stockage d’énergie à grande échelle dans les zones où le stockage hydroélectrique par pompage n’est pas envisageable.
D’autres formes de stockage de l’énergie sont en train de gagner du terrain, en particulier le stockage domestique distribué et même les véhicules électriques qui sont utilisés comme batteries domestiques. Comme le coût du stockage ne cesse de diminuer dans la plupart des technologies, le stockage décentralisé devrait devenir une solution de plus en plus attractive sur le plan économique. L’empilement de blocs de béton ne sera sans doute pas la seule solution au problème du stockage de l’énergie alternative. Mais le stockage d’énergie dans des grandes installations de stockage massif ainsi que dans des installations à plus petite échelle comme des batteries sera essentiel pour permettre une utilisation généralisée de l’énergie renouvelable.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article intitulé :Is this the first concrete solution for renewable energy storage?,de l’équipe Investissement durable de Schroders.
Où se situent les lignes de fracture annonciatrices de la prochaine crise ?
Par Keith Wade, économiste en chef chez Schroders
Le 25 septembre 2018
Dix ans après la crise financière, le monde semble être plus sûr qu’avant. Les banques sont mieux capitalisées et soumises à des règles plus strictes, la volatilité des marchés financiers est faible et les banques centrales sont en train de démanteler progressivement leur politique très accommodante. La période qui a précédé la crise financière mondiale avait été marquée par des déséquilibres dans l’économie mondiale. Qu’en est-il aujourd’hui ? Analyse des lignes de fracture et des endroits où l’on risque de voir s’accumuler des tensions à l’avenir.
Déséquilibre dans l’économie mondiale
Au cours des années qui ont précédé la crise financière de 2008, beaucoup d’économies émergentes avaient renforcé leur épargne à la suite d’une série de crises en 1997-98. Il en a résulté un excédent de l’épargne par rapport aux investissements. Cela s’est traduit par un excédent croissant de la balance courante des marchés émergents. Une grande partie de ce capital excédentaire a été accumulé dans les réserves de change des économies asiatiques qui voulaient se protéger contre une future crise monétaire ou, dans le cas de la Chine, pour constituer un tampon en vue de pallier une éventuelle appréciation du taux de change. Ces réserves de change se sont ensuite déplacées vers les États-Unis et d’autres économies développées comme le Royaume-Uni, où elles ont augmenté la valorisation des actifs, provoqué une augmentation des investissements en capital et réduit l’épargne intérieure.
Dans la période qui a précédé la crise financière, l’argent a ainsi pu transiter des économies émergentes pauvres vers les économies développées riches. Aux États-Unis, le déficit de la balance courante s’est creusé tandis que l’excédent augmentait sur les marchés émergents. Une grande partie du capital excédentaire créé par l’abondance s’est retrouvée dans les systèmes bancaires des marchés développés, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, où il a été introduit dans l’économie à des conditions de plus en plus accessibles grâce à une explosion des prêts hypothécaires à risque, ce qui a permis aux ménages et aux entreprises de s’endetter lourdement.
Les économies développées n’ont pas été en mesure d’absorber efficacement l’augmentation du capital des marchés émergents, ce qui a entraîné un important phénomène de mauvaise allocation du capital. L’épicentre était situé aux États-Unis et au Royaume-Uni, où la facilité avec laquelle on pouvait souscrire un prêt hypothécaire a provoqué une poussée des prix des maisons. L’éclatement de la bulle immobilière a ensuite miné la confiance dans les banques américaines et britanniques, ce qui a eu un impact systémique sur une grande partie du système financier mondial. Les flux de capitaux dans le système bancaire se sont brutalement interrompus.
Des changements significatifs
Au cours des dix années qui ont suivi la crise financière, la distribution des rôles a fortement changé. Sur la base des données du FMI, l’excédent du compte courant des marchés émergents a disparu, tandis que les pays développés sont passés d’un déficit à un excédent. L’écart entre les deux a été considérablement réduit : il est passé de 1200 milliards USD en 2008 à 400 milliards USD en 2017.
Graphique : Le déséquilibre économique mondial a diminué après la crise financière.
Alors que la zone euro enregistrait un déficit de la balance courante en 2007, dix ans plus tard elle affiche une balance excédentaire. Ce sont l’Italie et l’Espagne qui ont été les moteurs de ce basculement. L’Allemagne a été en excédent pendant toutes ces années. Les États-Unis ont réduit leur déficit de 245 milliards de dollars pour le ramener à 466 milliards de dollars au cours de la dernière décennie. En revanche, les marchés émergents, avec à leur tête la Chine et les pays producteurs de pétrole, sont passés d’un excédent à un déficit.
Les points faibles de l’économie mondiale d’aujourd’hui
Le déséquilibre économique mondial est aujourd’hui nettement inférieur à ce qu’il était il y a dix ans. Une série de points pourraient susciter des tensions à l’avenir.
- Les marchés émergents sont vulnérables
Les marchés émergents sont plus dépendants des sources de financement externes. Ils sont donc vulnérables aux pressions sur la monnaie et les réserves si la Fed augmente ses taux d’intérêt ou limite les liquidités.
- Le déficit de la balance courante des États-Unis subsiste
Les États-Unis ont réduit le déficit de leur balance courante au cours de la décennie écoulée. Mais la politique fiscale généreuse de Trump et l’aggravation du déficit budgétaire qui s’ensuit creusent encore davantage le déficit de la balance courante du pays. Les États-Unis pourraient se retrouver à nouveau en situation de double déficit, avec un déficit budgétaire et un déficit de la balance commerciale.
La robustesse de l’économie américaine et la hausse des taux d’intérêt permettent de financer facilement le déficit courant, comme en témoigne la vigueur du billet vert. Mais en cas de normalisation de la politique dans le reste du monde, les actifs américains deviendront moins attrayants et le financement devra se faire à des conditions moins favorables.
- Le renforcement de l’euro semble inévitable
Le déséquilibre le plus important à l’heure actuelle se situe entre la zone euro et le reste du monde. La zone euro joue pour l’instant à peu près le même rôle que la Chine et les marchés émergents avant la crise financière. La politique ultra accommodante de la BCE incite les investisseurs à rechercher du rendement dans d’autres monnaies et à se détourner de l’euro. C’est ce qui explique la faiblesse de l’euro.
Un euro faible est un outil important dans la lutte contre la déflation au sein de la zone euro. Mais il est impossible de maintenir une monnaie faible dans une économie avec une balance courante en déficit. Mario Draghi n’y parvient que grâce à une politique ultra-accommodante. La pression à la hausse sur la monnaie est toujours là. Si la BCE perd le contrôle, cela risque d’être problématique pour la zone euro, qui lutte toujours pour créer un taux d’inflation durable d’environ 2 % et fait face à des défis en termes de croissance et d’endettement dans les pays périphériques.
Les tensions se concentrent autour de la zone euro
La réduction du déséquilibre est rassurante pour l’économie mondiale et la croissance future. L’économie mondiale ne dépend en effet plus du recyclage de l’excédent de la Chine vers les États-Unis. Le revers de la médaille est que la Chine et les marchés émergents sont devenus plus vulnérables au resserrement des conditions de liquidités à l’échelle mondiale.
Les lignes de faille qui pourraient causer une prochaine crise se concentrent sur la zone euro qui parvient actuellement à combiner un excédent du compte courant et une monnaie faible grâce à une politique monétaire particulièrement accommodante.
Dans un monde parfait, la reprise au sein de la zone euro irait de pair avec une hausse des taux d’intérêt et une monnaie stable. Dans la pratique, cela pourrait devenir un défi majeur. La BCE tente de modifier sa politique en évitant une appréciation significative de l’euro et le risque de dérapage dans la région. Le risque existe qu’à l’instar du Japon avant elle, la zone euro reste prisonnière d’une politique monétaire très flexible pendant une période indéfinie.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article intitulé: Ten years on from the crisis, where might the future fault lines lie?, de Keith Wade, économiste en chef chez Schroders.
Le rôle du dollar dans le commerce mondial est largement sous-estimé par les investisseurs
Par Craig Botham, économiste spécialiste des marchés émergents chez Schroders
Le 13 août 2018
Selon une loi économique communément admise, un dollar fort est mauvais pour les marchés émergents. Les causes traditionnelles de ce phénomène, telles que l’appétence au risque des investisseurs ou les conditions financières du moment, sont cependant de plus en plus remises en question. Des éléments de plus en plus nombreux donnent à penser que c’est en fait le rôle du dollar comme « monnaie de facturation » dominante dans le commerce mondial qui explique l’impact du dollar sur les marchés émergents.
Le dollar en tant que monnaie de facturation
Des recherches scientifiques récentes (Gopinath, 2015) font apparaître que beaucoup d’exportateurs font le choix de fixer le prix de leurs produits dans la monnaie d’un pays tiers. Cela signifie en d’autres termes qu’ils fixent leurs prix dans une monnaie qui n’est ni la leur ni celle de leur partenaire commercial. Le dollar est de loin la monnaie de facturation la plus utilisée. La domination du dollar en tant que monnaie tierce va bien au-delà de la domination des États-Unis dans la demande mondiale. Selon Gopinath, la facturation en dollars est 4,7 fois plus élevée que la part des États-Unis dans les importations mondiales. À titre de comparaison, ce ratio n’est que de 1,2 pour l’euro.
Cette position dominante ne se limite pas aux marchés émergents : le Japon, la France et d’autres marchés développés facturent aussi beaucoup en dollars. La découverte la plus frappante de Gopinath est que, pour beaucoup de pays, la part de la monnaie nationale dans leurs échanges commerciaux est proche de zéro. Pour faire simple, les pays commercent entre eux en utilisant le dollar comme monnaie de facturation, même si aucun des deux pays n’utilise le dollar comme monnaie nationale.
Selon cette interprétation, toute appréciation du dollar fait baisser la demande mondiale d’importations parce que les prix à l’importation augmentent simultanément pour tous les pays, sauf pour les États-Unis. Dans le même temps, l’appréciation du dollar fait augmenter le coût du crédit, en particulier dans les économies où la dette libellée en dollars représente une part prépondérante. Un dollar plus fort est donc un frein pour la croissance des marchés émergents, car il génère une pression inflationniste, indépendamment de ce que peuvent faire les taux de change pondérés en fonction des échanges commerciaux. Cela signifie aussi que les banques centrales ont une bonne raison pour lutter contre la dépréciation de leur monnaie par rapport au dollar, dès lors qu’une telle dépréciation offre peu d’avantages au niveau des exportations, tout en générant en même temps une inflation plus élevée.
Conséquences pour les investisseurs
Les investisseurs peuvent en tirer des enseignements. Le premier est que, dans le cas des marchés émergents, les investisseurs font peut-être mieux de se concentrer sur le taux de change de la monnaie locale par rapport au dollar plutôt que sur le taux de change pondéré en fonction des échanges commerciaux lorsqu’ils valorisent la monnaie locale pour déterminer si une correction de change corrigera les déséquilibres extérieurs et pour évaluer les effets inflationnistes. La confiance dans la parité de pouvoir d’achat, les taux de change effectifs réels et autres mesures de la juste valeur donneront des conclusions moins solides pour les investisseurs.
Peut-être faudra-t-il adapter la réflexion sur la manière dont les banques centrales des marchés émergents doivent réagir. Leur attention pourrait se porter davantage sur la stabilité monétaire que sur l’inflation et la croissance. Un dollar fort peut entraîner un resserrement plus prononcé de la politique monétaire que ce à quoi on pourrait s’attendre normalement. Cela n’est pas sans conséquences en particulier pour les investisseurs en obligations et en devises, mais aussi pour les investisseurs en actions sur les marchés émergents, étant donné le rôle que ces conditions monétaires jouent sur les marchés boursiers.
Cette nouvelle théorie du dollar comme « monnaie de facturation » est un défi par rapport à la vision que les économistes et les marchés ont eu des monnaies jusqu’à présent et elle a un impact significatif sur les variables économiques et financières. On a ainsi un aperçu plus complet de la raison pour laquelle le dollar est si important pour les marchés émergents, tout en expliquant aussi pourquoi le dollar a sur le commerce mondial et l’inflation un impact plus important que ce que l’on a tendance à croire. Pour les investisseurs, cette nouvelle théorie a des implications importantes pour les investissements sur l’ensemble des marchés émergents et dans toutes les catégories d’investissement.
Retrouvez le texte complet de cette analyse dans l’article “Why investors are wrong about the role of the dollar”, de Craig Botham, spécialiste des marchés émergents chez Schroders.
Les particuliers sous-estiment fortement le coût de la vie à la retraite
Le 10 juillet 2018
Les Belges non pensionnés prévoient de consacrer en moyenne 34 % de leur pension aux dépenses de la vie courante[1]mais, dans les faits, c’est près de 50 % de ce montant en moyenne dont ils auront besoin une fois pensionnés.
L’enquête Schroders Global Investor 2018 révèle un écart important entre les attentes et la réalité financière de la vie de pensionné.
Proportionnellement au dernier salaire, les revenus des pensionnés sont inférieurs (de 54% en moyenne) au niveau dont les actifs proches de la retraite pensent avoir besoin pour vivre confortablement (75% en moyenne).
Réalisée auprès de plus de 22 000 investisseurs issus de 30 pays[2], l’enquête indique que 30 % des pensionnés belges pensent qu’ils n’ont pas un revenu suffisant pour vivre confortablement, contre 14 % à l’échelle européenne et 15 % à l’échelle mondiale.
Fig 1 Ventilation attendue des dépenses (chez les actifs non pensionnés)
Question posée : Quelle part approximative de votre revenu annuel (c’est-à-dire la somme que vous touchez chaque année) prévoyez-vous de dépenser dans chacun des postes suivants pendant vos années actives en tant que pensionné ?
Fig 2 Répartition réelle des dépenses (chez les pensionnés)
Question posée : Quelle part approximative de votre revenu annuel (c’est-à-dire la somme que vous touchez chaque année) prévoyez-vous de dépenser dans chacun des postes suivants pendant vos années actives en tant que pensionné ?
37 % des pensionnés belges interrogés reconnaissent qu’un revenu légèrement supérieur ne ferait pas de tort, tandis que 33 % indiquent disposer d’un revenu suffisant pour vivre leur retraite de manière confortable.
Les actifs en fin de carrière qui se trouvent dans la tranche d’âge des 55 ans ou plus risquent d’avoir une bien mauvaise surprise s’ils surestiment leurs revenus de pensionnés. Ils pensent en effet avoir besoin en moyenne de 75 % de leur salaire actuel pour vivre une retraite confortable.
Pourcentage moyen pour
vivre une retraite confortable : |
Belgique | Europe | Monde |
Actifs non pensionnés & âgés de 55+ | 75,1 % (n=97) | 72,4 % (n=1.465) | 73,9 % (n=2.947) |
Pourcentage moyen du dernier salaire réellement perçu à la pension
Actifs pensionnés & âgés de 55+ |
54,1 % (n=114) | 63,0 % (n=1.382) | 60,8 % (n=2.820) |
Fig 3 Revenu de pensionné (question posée aux 55+)
Questions posées : Quel est le revenu annuel, exprimé en pourcentage de votre salaire ou revenu actuel, dont vous pensez avoir besoin pour vivre une retraite confortable ?
Quel revenu annuel, exprimé en pourcentage de votre dernier salaire, toucherez-vous une fois que vous aurez pris votre pension ?
En réalité, les pensionnés belges perçoivent en moyenne 54 % de leur dernier salaire annuel, alors que ce pourcentage est de 61 % à l’échelle mondiale. Au niveau mondial, l’écart le plus faible s’observe en Europe où les pensionnés perçoivent 63 % de leur dernier salaire annuel, alors que les actifs proches de l’âge de la retraite évaluent leurs besoins à 72 %. Cela veut dire que le revenu des pensionnés belges est inférieur de 9 % en moyenne à celui des retraités européens par rapport à leur dernier salaire annuel.
Un signe peut-être que les pensionnés belges pensent que leur revenu final ne sera pas suffisant : ils continuent d’investir en allouant en moyenne 23 % du total de leur épargne-pension[3]à des placements financiers, contre 19 % pour les retraités à l’échelle mondiale et 18 % à l’échelle européenne.
À l’inverse, les Belges proches de l’âge de la pension estiment ne devoir investir en moyenne que 8 % de leur épargne-pension.
C’est en Asie que les projections des non-pensionnés concernant la part du revenu consacrée aux dépenses de la vie courante sont les plus réalistes, cette part atteignant 32 % de leur pension – en moyenne, les résultats sont similaires en Europe (35%) et en Belgique (34%). En réalité, cette part s’élève à un peu plus de 38 % chez les pensionnés d’Asie, tandis que les pensionnés européens et belges consacrent 50% aux dépenses de la vie courante.
Il est fort à craindre que partout dans le monde, les particuliers sous-estiment la proportion de leur revenu qu’ils devront consacrer à leurs dépenses courantes après leur départ à la retraite, ainsi que le montant dont ils devront disposer pour vivre une retraite confortable, en particulier dans l’environnement actuel caractérisé par des rendements faibles et une inflation en hausse. Cet écart de perception représente un danger bien réel, qui ne peut être corrigé d’un simple coup de baguette magique. Pour éviter d’être confrontés à des difficultés financières une fois venue l’heure de la retraite, les particuliers doivent prendre conscience de l’importance de commencer à épargner le plus tôt possible.
Ne commencer à épargner en prévision de sa pension qu’à l’approche de ses 50 ou 60 ans risque de ne pas suffire pour combler un niveau d’épargne insuffisant.
L’enquête révèle que, peut-être faute de disposer d’une pension suffisante, les retraités continuent d’investir, et placent des sommes supérieures à ce qu’ils avaient prévu lorsqu’ils étaient encore actifs.
Pour consulter l’intégralité de l’Enquête Schroders Global Investor 2018 « Épargner pour bénéficier d’une retraite confortable », consultez le site.
[1]Dépenses quotidiennes telles que l’alimentation, l’habillement et le paiement du loyer/prêt
[2]En avril 2018, Schroders a confié à Research Plus Ltd la réalisation d’une enquête indépendante en ligne auprès de plus de 22 000 personnes investissant depuis 30 pays à travers le monde. Parmi ces pays, figurent l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, l’Italie, le Japon, les Pays-Bas, l’Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Cette enquête considère comme un investisseur toute personne envisageant d’investir au moins 10 000 euros (ou une somme équivalente) au cours des 12 prochains mois et ayant modifié ses placements au cours des dix dernières années
[3]Tout type de placement destiné à générer un revenu de retraite, comme par exemple un plan d’épargne-pension d’entreprise, le régime des pensions du secteur public, un plan d’épargne-pension individuel ainsi que toute autre forme d’épargne ou de placement, tel que les hypothèques rechargeables, les dons d’argent par des proches ou encore les héritages.
Actions défensives et cycliques : attention les défensives ne sont pas sans risque !
Par Andrew Evans, gestionnaire de fonds chez Schroders.
Le 4 juin 2018
De nombreux investisseurs sont attirés par l’apparente «sécurité» qu’offrent certains secteurs d’activité. Mais cette sécurité est liée au prix que vous payez pour une action et non pas à la dynamique sous-jacente de l’entreprise.
Actions défensives
Les investisseurs en actions classent les entreprises par secteur pour mesurer leurs performances à différents moments du cycle économique. Par exemple, les producteurs de denrées alimentaires, de boissons et de tabac entrent dans la catégorie des biens de consommation de base, un secteur souvent qualifié de «défensif». La raison de ce classement vient du fait que la demande de nourriture, de cigarettes, etc. reste généralement stable, indépendamment des performances de l’économie. Les revenus et les profits de cette catégorie d’entreprises ont donc tendance à bien résister, même en période de récession économique. Il s’ensuit que ces entreprises défensives sont souvent considérées comme des investissements sûrs et fiables.
Actions cycliques
À l’autre extrémité du spectre, il y a les secteurs «cycliques» qui affichent les performances les meilleures en période de haute conjoncture, mais dans lesquels la demande reflue lorsque l’économie ralentit. L’automobile et la vente au détail sont des exemples typiques de secteurs de consommation cycliques parce que les ventes augmentent dans ces secteurs lorsque les perspectives économiques inspirent confiance. Les actions industrielles entrent dans la même catégorie parce que les entreprises investissent davantage lorsqu’elles s’attendent à une hausse de la demande. Les revenus et les bénéfices, et donc les cours des actions, de ces entreprises cycliques peuvent cependant être sujets à une certaine volatilité parce que la demande fluctue en fonction des performances de l’économie en général.
Qu’est-ce que le risque?
L’erreur que commettent bon nombre d’investisseurs est de confondre la volatilité quotidienne des cours boursiers et le risque. En termes d’investissement, le risque désigne le risque de subir une perte permanente de capital. La recherche a montré que le prix payé par l’investisseur est le principal déterminant du rendement qu’il obtient. Le risque le plus critique est donc avant tout le risque de trop payer pour un investissement.
Si certaines actions sont peu chères, cela peut naturellement être dû à diverses raisons. Il est difficile de faire la distinction entre ces actions et celles qui sont bon marché, mais qui ont une marge de progression. C’est là qu’interviennent les avantages du stock picking. Les investisseurs actifs qui sont prêts à fouiller un peu parviennent à trouver des sociétés dont les titres se négocient à des prix attrayants et qui ont un bilan suffisamment solide pour résister aux périodes difficiles.
Cela ne signifie pas pour autant que l’investisseur qui achète des titres de sociétés moins chers a la garantie d’obtenir un rendement plus élevé. Les actions n’offrent aucune garantie. Leur valeur pouvant être volatile, les investisseurs risquent de ne pas récupérer leur mise. Il faut parfois du temps et beaucoup de patience avant que le marché estime une action à sa valeur réelle. C’est aussi pour cette raison que les placements en actions sont plutôt indiqués pour les investisseurs qui ont un horizon de placement à long terme.
Approche du «revenu total»
Pour les investisseurs en quête de revenus, les dividendes constants offerts par les sociétés des secteurs de la santé, de l’alimentation et des boissons sont attrayants. Mais si les investisseurs paient un prix trop élevé pour ces actions, ils risquent de passer à côté de la croissance du capital, voire de subir une perte.
Une façon de limiter ce risque est d’opter pour la méthode du «revenu total». Cette méthode tient compte à la fois du prix payé pour l’achat d’une action et du dividende perçu. Les investisseurs qui suivent une stratégie de ce type se concentrent non seulement sur le dividende actuel de l’action, mais aussi sur son potentiel de croissance. Dans certains cas, ils peuvent même détenir des actions qui ne distribuent aucun dividende pour l’instant, mais qui en distribueront vraisemblablement dans le futur.
Bien qu’une telle approche ne permette pas d’obtenir le dividende le plus élevé à un moment précis, elle offre des perspectives de croissance du capital et de revenu sous forme de dividendes.
Consultez aussi :
Qu’est-ce que les valeurs cycliques et défensives ?
Pourquoi n’y a-t-il plus suffisamment de nouvelles entreprises qui font leur entrée en bourse ?
Par Schroders
Le 3 mai 2018
Nous considérons le marché des actions comme un fait acquis. Il est rare que les investisseurs prennent du recul et s’interrogent sur la raison d’être des marchés boursiers. Les marchés publics servent à fournir des capitaux aux entreprises pour financer leur croissance future. Voilà en tout cas comment le système fonctionnait auparavant, mais plus maintenant !
Des alternatives de financement plus simples
Le nombre d’entreprises cotées en bourse diminue aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe occidentale. Le nombre d’entreprises ressentant le besoin d’une introduction en bourse diminue tandis que le nombre d’entreprises qui quittent le marché boursier est en hausse, principalement à la suite de fusions et d’acquisitions. Il n’y a pourtant aucun signe indiquant que l’esprit d’entreprise serait en déclin. Un nombre important de nouvelles entreprises sont créées, mais elles optent la plupart du temps pour un autre mode de financement. Les crédits bon marché et l’accès plus aisé au capital à risque privé ont réussi à se faire une place sur le marché. Les entreprises reculent devant les frais et l’agitation liée à une cotation publique. Il existe d’autres modes de financement moins coûteux et plus simples, sans s’encombrer de toutes les règles liées à une cotation en bourse. Il en résulte que les bourses sont peuplées d’entreprises plus matures. De ce fait, les investisseurs risquent de passer à côté de la phase de forte croissance que connaissent les entreprises relativement jeunes.
Les marchés émergents sont l’exception
Ce qui précède ne s’applique pas à tous les marchés boursiers. Certains de ces marchés ont beaucoup de succès. Les marchés émergents ont enregistré des prestations nettement meilleures que celles des marchés développés, grâce à l’augmentation du nombre de cotations boursières sur les marchés émergents d’Asie et d’Europe. La Chine en tête. Les marchés boursiers ont également connu une belle croissance dans les pays asiatiques développés. Sur ces marchés, les profits semblent toujours supérieurs aux coûts.
Plus d’émissions d’actions que d’introductions en bourse
Même si les marchés boursiers ne remplissent plus à grande échelle leur fonction première, cela ne veut pas dire pour autant qu’ils n’ont pas d’autres fonctions importantes. On peut pointer ici la possibilité pour les entreprises cotées en bourse de lever des nouveaux capitaux. Depuis 2001, le nombre d’émissions d’actions par des entreprises cotées en bourse aux États-Unis est quatre fois plus élevé que le nombre d’introductions en bourse. Cette même tendance est perceptible aussi ailleurs, même en Chine qui est pourtant réputée pour son nombre élevé d’introductions en bourse.
Marché boursier contre marché de la dette
Le désintérêt pour une cotation en bourse a des conséquences. Les exigences liées à une notation boursière renforcent la norme en matière de gouvernance d’entreprise. Grâce aux investisseurs actifs, les marchés assurent aussi une allocation efficace du capital. Les entreprises en difficulté sont ainsi décotées de manière transparente. Ce processus de destruction créatrice est essentiel au bon fonctionnement et à la bonne santé de l’économie. Les marchés de la dette jouent en revanche un rôle contrasté. La tentation est grande d’allonger la durée de la dette pour masquer des pertes.
Notons encore un autre effet important de la perte d’attrait d’une cotation en bourse, à savoir l’impact négatif sur les épargnants. Les marchés publics sont, pour les épargnants, une manière peu coûteuse et simple de profiter de la croissance du secteur des entreprises. Si les entreprises de qualité ne cherchent plus à être cotées en bourse, la qualité des marchés boursiers risque de s’en ressentir, avec à la clé, une baisse du rendement sur les actions par rapport aux marchés d’actions privés. Ce sont les épargnants qui en feraient les frais.
Investir sur le marché public et sur le marché privé
Les investisseurs doivent élargir leur champ d’action et jouer aussi la carte du capital à risque privé. Une approche plus holistique des marchés publics et privés semble plus indiquée de nos jours.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article intitulé : What is the point of the equity market?, de Duncan Lamont, responsable de la recherche chez Schroders.
Moins de sucre dans l’assiette : quelles conséquences en portefeuille?
Par Elly Irving, analyste ESG chez Schroders
Le 9 avril 2018
Le sucre pourrait faire du « Big Food » le prochain « Big Tobacco ». En effet, l’industrie alimentaire et des boissons a subi de profonds changements et les investisseurs peuvent tenir compte de ces facteurs en portefeuille.
Trois catalyseurs expliquent ce changement d’environnement pour les entreprises alimentaires et de boissons.
- Une prise de conscience croissante chez les diverses parties prenantes
Les médias, les consommateurs et le législateur accordent toujours plus d’attention au rôle du sucre dans l’alimentation. La réglementation en matière de publicité et d’étiquetage a été étendue, tandis que des directives volontaires en faveur d’une réduction de la consommation de sucre ont vu le jour.
- Tendances en matière de démographie et de santé
La hausse des cas d’obésité, de diabète et autres maladies non transmissibles met les budgets des soins de santé sous pression. D’après l’OMS, la prévalence de l’obésité a doublé au niveau mondial depuis 1980. Durant la même période, la consommation de sucre a elle aussi augmenté. Les frais de santé croissants ont convaincu les pouvoirs publics d’instaurer des taxes sur le sucre. Depuis 2015, 17 nouvelles taxes sur le sucre ont été introduites.
- La recherche scientifique indépendante augmente le risque d’actions en justice
La recherche scientifique portant sur les effets de la consommation de sucre sur la santé s’intensifie. Le risque de poursuites judiciaires à l’encontre des producteurs alimentaires et de boissons croît également, surtout si le nombre de cas d’obésité continue de grimper. À l’instar de Public Health England, un certain nombre de catégories de produits alimentaires et boissons sont dans le collimateur : les sodas, les céréales, les friandises, les yaourts et les glaces. À eux seuls, les sodas représentent déjà 28 % de la consommation journalière de sucre des enfants.
Si les entreprises alimentaires veulent survivre, elles doivent s’adapter au changement de comportement des consommateurs. On observe ainsi quatre tendances dans ce secteur :
- Fusions et reprises en raison de la demande de produits plus sains
Les grandes entreprises alimentaires tentent de croître dans ce segment en opérant des fusions ou reprises de producteurs de moindre taille, répondant mieux à la demande de produits plus sains. Les entreprises qui ne parviennent pas à s’adapter assez rapidement, deviennent la proie d’actionnaires activistes.
- Adaptation et innovation
Les grands producteurs alimentaires et de boissons adaptent leur offre existante, d’une part, en réponse à la demande changeante du consommateur et, d’autre part, en raison des taxes sur le sucre qui les menacent. Le succès n’est toutefois pas garanti. Une adaptation de l’offre de produits peut s’avérer coûteuse et même porter préjudice à la marque si elle ne satisfait pas les attentes du consommateur.
- Davantage de promotion
L’évolution vers des alternatives plus saines occasionne des dépenses en promotion plus élevées afin de compenser la baisse des ventes des produits nocifs pour la santé. Le secteur publicitaire lutte également contre la diabolisation du sucre par les médias, aidés par l’instauration d’une taxe sur le sucre.
- Davantage de transparence au niveau de l’entreprise
Les entreprises du secteur alimentaire se voient de plus en plus imposer des contraintes afin d’expliquer comment elles réagissent à ces tendances. Les entreprises fixent des objectifs nutritionnels. Les taxes sur le sucre font également l’objet d’une attention accrue dans les rapports annuels.
Et en portefeuille ?
Dans l’analyse du secteur et de ces entreprises, il convient donc de tenir également compte de leur manière de relever les défis liés à la consommation de sucre. Cela entraîne des adaptations dans la composition du portefeuille afin de mieux maîtriser le risque inhérent à une exposition au secteur alimentaire et des boissons.
Retrouvez le texte complet Sugar: current state of play, de Elly Irving, analyste ESG chez Schroders, dans leSustainable Investment Report (annual report 2017).
Google, Amazon et Facebook vont-ils durer?
Par Katherine Davidson, gestionnaire de fonds chez Schroders
Le 12 mars 2018
Vu leur taille gigantesque, leur pouvoir énorme et leur force de frappe financière, les entreprises de la Big Tech telles que Google, Amazon ou Facebook sont dans le collimateur des régulateurs et des législateurs. Les géants de la toile risquent-ils de se voir rogner les ailes? Ces entreprises représentent-elles vraiment une menace pour le marché et quels sont les risques à long terme pour les investisseurs dans le secteur de la Big Tech ?
Le vent tourne pour la Big Tech
On dirait bien que le vent est en train de tourner et que les entreprises de la Big Tech ne sont plus en odeur de sainteté. Google s’est vu infliger une amende colossale par Bruxelles pour abus de position dominante au sein de l’Union européenne, tandis que des hauts dirigeants de la Silicon Valley ont comparu devant le Sénat américain et le parlement britannique pour rendre des comptes à propos de l’utilisation abusive de leurs plateformes par des extrémistes et des pirates informatiques russes. L’introduction de la législation RGPD (règlement général sur la protection des données) sur le territoire de l’Union européenne augmentera la complexité et le risque pour les entreprises qui exploitent les données de leurs utilisateurs. Ajoutez à cela les soucis causés par les cours trop élevés des actions et quelques plongeons du Nasdaq, et vous comprendrez que les derniers mois ont été éprouvants pour les nerfs des investisseurs qui ont pris des positions significatives en actions GAFAN ( Google, Apple, Facebook, Amazon, Netflix).
Bienfaiteurs ou responsables de détournements de données?
Ce qui caractérise les entreprises de la Big Tech, c’est l’effet réseau. La valeur de leurs services augmente avec leur nombre d’utilisateurs. Les réseaux sociaux en sont un bel exemple. Chaque nouvel utilisateur accroît le nombre de connexions potentielles et les possibilités de partage de contenus. Une fois qu’une masse critique a été atteinte, il devient difficile pour les concurrents de séduire les utilisateurs des services des leaders du marché. Ce monopole naturel suscite la méfiance des décideurs politiques. Mais si on regarde les choses du point de vue de l’autorité de la concurrence, qui analyse de manière traditionnelle la formation des prix et le risque de préjudice pour le consommateur, il est difficile d’accuser les entreprises de la Big Tech d’abus de position dominante.
La plupart des services qu’elles offrent sont gratuits. Les utilisateurs de ces services gratuits créent de la valeur pour les entreprises. Celles-ci rentabilisent les données de leurs utilisateurs en les vendant à des annonceurs. Quand on les interroge, les consommateurs affirment que leurs données ne peuvent pas être vendues en contrepartie de divers services, mais la pratique démontre le contraire. Les consommateurs cochent sans réfléchir les clauses de consentement et acceptent les cookies au lieu d’interrompre leur navigation . L’atteinte aux données ne semble avoir aucune influence sur les habitudes de navigation des consommateurs. La réglementation RGPD autorise en théorie les utilisateurs à ne pas fournir leurs données, mais dans quelle mesure ce choix est-il tenable s’ils se voient ensuite interdire l’accès à des services gratuits?
On ne distingue d’ailleurs aucun signe indiquant que les annonceurs seraient lésés par un monopole des géants technologiques. Les prix des publicités sur Google sont fixés aux enchères et ils ne sont donc pas faussés à ce niveau. Les prix des publicités sur Facebook sont fixés par Facebook même, mais l’actuel «coût par mille» (CPM) tourne encore actuellement autour des 2 dollars américains, ce qui est moins cher que presque tous les autres médias.
Le modèle commercial d’Amazon est différent, mais ne semble causer aucun préjudice au consommateur. Au contraire, à cause de l’effet disruptif d’Amazon, les producteurs et les secteurs ont été contraints de baisser leurs prix, et l’innovation a été stimulée. Dans une perspective traditionnelle, il ne semble pas que les consommateurs soient lésés par la domination des géants technologiques.
Destruction créatrice
Les entreprises technologiques sont aussi accusées d’entraver l’innovation en rachetant des start-ups prometteuses et en débauchant les talents. Mais les entreprises comme Google et Amazon sont très innovantes et elles favorisent l’émergence de nouvelles entreprises tout en aidant les entreprises existantes à évoluer. À l’instar d’Amazon qui a mis la main sur le secteur de la vente de détail au XXIème siècle, Google a stimulé les entreprises de télécommunications à accélérer le déploiement du haut débit et incité l’industrie automobile à investir dans le développement de voitures autonomes.
Cependant les autorités gardiennes de la concurrence auraient dû se montrer plus critiques lors du rachat de WhatsApp et d’Instagram par Facebook. Difficile de créer une concurrence innovante si ces géants technologiques rachètent leurs éventuels rivaux.
Manipulation des utilisateurs
L’utilisation des données des utilisateurs permet de s’adresser à eux de manière ciblée sur les médias sociaux, et ce, d’une manière nettement plus efficace que ce que l’on croyait possible avec les médias conventionnels. Une utilisation malveillante des données permet de manipuler les utilisateurs en influençant ce qu’ils voient et lisent. En revanche, les réseaux sociaux peuvent aussi être un moteur de libre expression et d’engagement social.
Reste à savoir si les réseaux sociaux doivent être considérés comme des plateformes ou comme des éditeurs responsables des contenus publiés sur leur plateforme. Dans ce dernier cas, le défi serait colossal vu la masse gigantesque de données. À l’heure actuelle, la quantité de vidéos téléchargées chaque jour sur YouTube représente une durée totale de 65 ans. Facebook et, dans une moindre mesure, YouTube améliorent déjà de manière proactive la connaissance de leurs contenus. Ils améliorent leur intelligence artificielle et engagent des personnes «réelles» chargées d’identifier et d’éliminer les faux contenus et les contenus extrémistes.
Le bénéfice du doute
Il n’est pas si simple de chiffrer la valeur sociale que les entreprises de la Big Tech ont créée ou détruite. On peut cependant rester positifs et considérer, qu’avec leurs services gratuits et leurs innovations, ces entreprises contribuent à la société plus qu’elles n’abusent de leur position de monopole. Mais il y a des risques latents qui menacent la durabilité de leur modèle d’entreprise. Parmi les risques principaux, on peut pointer la régulation et le revirement des consommateurs.
La reflation va-t-elle ou non se poursuivre en 2018? Trois facteurs décisifs
Par Johanna Kyrklund, responsable des investissements multi-actifs chez Schroders
Le 22 février 2018
Trois facteurs seront décisifs pour le maintien des circonstances réflationnistes cette année :
- La croissance. La croissance mondiale du PIB pendant les deux années à venir se situera autour des 3%. La réforme fiscale pourrait créer une surprise de taille aux USA. Mais on ne s’attend pas à ce que les entreprises américaines dépensent l’intégralité des sommes dont elles disposent grâce à la baisse des impôts.
- Taux des obligations américaines à 10 ans. Les valorisations des actions américaines sont tenables tant que le taux des obligations américaines à 10 ans ne dépasse pas la barre des 3%. Il faut pour cela que l’inflation reste modérée.
- L’inflation.Comme la rupture technologique et le vieillissement de la population pèsent sur l’inflation, on s’attend à ce que le taux d’inflation ne dépasse pas la barre des 3% et à ce que la normalisation monétaire se déroule graduellement. Dans ce contexte, les valorisations freinent les rendements à moyen terme. Mais une période de rendements plus bas est plus vraisemblable qu’un marché baissier.
Qu’est-ce qui pourrait modifier la donne?
L’inflation pourrait jouer les trouble-fête. Sous l’effet de la reprise du commerce mondial, la croissance pourrait atteindre un niveau inattendu et provoquer ainsi une poussée d’inflation. Les salaires sont un autre facteur. Une analyse de la Fed montre que, lorsque le chômage descend au-dessous d’un certain seuil, cela peut amplifier la corrélation entre chômage et inflation et faire ainsi grimper l’inflation. Un tel scénario d’accroissement du commerce mondial et d’accélération de l’inflation entraînerait une révision à la hausse de la prévision d’inflation qui passerait alors de 2,3% à 3%. Il s’ensuivrait une certaine volatilité sur les marchés des obligations d’État, tout en créant aussi des opportunités sur les marchés des actions dans les secteurs cycliques axés sur la valeur.
Une croissante décevante serait plus inquiétante. Les marchés développés sont en pleine phase d’expansion; la croissance économique est au rendez-vous et l’inflation augmente. La phase suivante, celle du ralentissement, est la pire phase pour les rendements. Le danger, c’est qu’au départ, un ralentissement de la croissance fait toujours bonne impression: la production est encore au-dessus de la tendance et bien que la croissance recule, elle est encore toujours positive. Mais durant cette phase, les prévisions de rendement et les valorisations des actions sont plutôt élevées, avec un risque de déception et de rendement négatif. Pour l’instant, tous les voyants sont encore au vert, mais les trois tendances suivantes doivent être tenues à l’œil:
- Les États-Unis et la Chine sont en train de réduire leurs liquidités. La normalisation comporte toujours un risque que le resserrement soit trop rapide.
- Les courbes de rendement sont en train de s’écrêter. Les marchés obligataires intègrent déjà dans leurs cours un ralentissement de la croissance. Cela contraste avec l’optimisme des marchés des actions.
- Le dollar pourrait rester faiblesi le reste du monde se raccroche au train de la croissance économique américaine. Mais sii le billet vert s’apprécie, cela pèsera sur la croissance chinoise tout en provoquant un resserrement des liquidités.
On peut donc tabler sur des circonstances reflationnistes dans lesquelles les actifs des marchés émergents sembleront relativement peu chers. Dans le courant de 2018, les préoccupations se feront plus vives par rapport à un resserrement synchronisé des liquidités. La plus grosse surprise serait que le taux des obligations d’État en fin d’année soit inférieur à son niveau actuel.
Quelles perspectives pour les matières premières et l’or en 2018 ?
Par Mark Lacey, spécialiste en énergie et métaux précieux chez Schroders
Le 12 janvier 2018
Lorsque l’inflation mondiale repart à la hausse, le moment est venu d’augmenter l’exposition aux matières premières. Le dollar américain fort a eu des effets négatifs pour les matières premières durant la tendance baissière qui a pris fin sur les marchés en 2016. La dépréciation du dollar américain semble marquer le prélude d’un nouveau marché baissier pour le billet vert. Un dollar américain plus faible en 2018 sera un facteur positif pour le marché des matières premières.
Analysons les prévisions par catégorie de matières premières
- Les perspectives pour le pétrole et l’énergieen général se sont améliorées. Les principaux risques sont à présent à la hausse. La production est à la traîne dans plusieurs pays, alors que la consommation mondiale reste élevée. Les réserves pétrolières vont fortement diminuer en 2018. L’année 2018 sera aussi marquée par une hausse du gaz naturel. Le marché du gaz naturel américain se caractérise par une offre trop faible alors que la demande augmente de manière structurelle. Une hausse des prix est donc inéluctable.
- Les fondamentaux d’un certain nombre de matières premières agricoles importantes s’améliorent en 2018. Les marchés du froment ont apparemment atteint leur plancher et beaucoup de produits agricoles de base sont soutenus par la croissance structurelle de la demande à long terme.
- Les perspectives sont positives pour les métaux de base comme l’aluminium et le nickel, pour lesquels l’impact d’une éventuelle baisse de l’offre est le plus fort. Le cuivre et le minerai de fer sont, quant à eux, les plus sensibles à une baisse potentielle de la demande en 2018.
- Si l’euphorie entourant les marchés des actions s’estompe en 2018, cela pourra profiter aux métaux précieux. Les valorisations des marchés des actions sont élevées. Les périodes d’accroissement des tensions géopolitiques et de volatilité accrue sur les marchés financiers sont généralement tout bénéfice pour l’or et l’argent. Les investisseurs sont sous-pondérés dans ces deux métaux précieux, malgré les rendements solides affichés en 2016 et 2017. Compte tenu de leur cours peu élevé, les actions dans le secteur de l’or pourraient bien performer mieux que le métal jaune lui-même.
Prévisions favorables pour l’énergie et l’or
Les prestations des actions liées au secteur énergétique sont largement à la traîne, malgré l’amélioration des fondamentaux des matières premières. La déception liée aux rendements médiocres, voire négatifs ainsi que la destruction continue de capital ont conduit les investisseurs à éviter les actions dans le secteur des matières premières. Ils attendent le moment où les entreprises du secteur des matières premières et notamment les entreprises énergétiques afficheront un rendement correct et généreront un cash-flow libre consistant. Dès que les investisseurs auront la certitude que l’obsession de la «croissance» a été reléguée à un passé révolu, des capitaux afflueront à nouveau vers le secteur. L’énergie et les métaux précieux vont gagner en attractivité en 2018.
Rarement aussi peu chers
Les cours des actions liées aux matières premières n’ont jamais été (relativement) aussi peu chers qu’aujourd’hui. Beaucoup d’entreprises du secteur de l’énergie et des métaux précieux ont un attrait certain pour les investisseurs en 2018 grâce à leur focus sur le cash-flow libre, au renforcement de leur bilan et au rendement du capital. La hausse des prix des matières premières et le niveau très bas des cours offrent aux investisseurs une occasion séduisante de répartir les risques et de se protéger contre l’inflation.
Perspectives 2018 : Quelle croissance et quelle inflation ?
Par Keith Wade, économiste en chef chez Schroders
Le 11 décembre 2017
L’économie mondiale enregistre son rythme de croissance le plus rapide depuis 2011 et cette reprise est de plus en plus synchrone à l’échelle mondiale. C’est une raison suffisante pour revoir à la hausse les prévisions de la croissance mondiale de 2018 à 3,2%. Après ce pic, la croissance redescendra à 3 % en 2019.
Le scénario Boucles d’Or (goldilocks) perd-il de son éclat?
Toute la question est de savoir si la reprise robuste alimentera aussi l’inflation, avec pour conséquence un resserrement de la politique monétaire. Jusqu’ici, l’accélération de l’activité n’a pas encore fait repartir l’inflation à la hausse, mais il est permis de se demander si le scénario Boucle d’Or – celui d’une croissance forte accompagnée d’une inflation faible – va se poursuivre.
La reprise économique mondiale concerne tant les économies développées que les économies émergentes. Le taux de croissance prévu pour l’économie américaine en 2018 a été revu à la hausse de 2 % à 2,5 %, tandis que celui de la zone euro a été relevé de 2 % à 2,3 % et celui du Japon de 1,5 % à 1,8 % (contre 1,5 % précédemment). Les prévisions de croissance pour les marchés émergents ont été portées à 4,9 % (au lieu de 4,8 % initialement).
Le taux d’inflation prévu pour 2018 a ainsi été revu à la hausse en tablant désormais sur 2,3 % à cause de l’augmentation des prix du pétrole et des matières premières et de la hausse des prix à la production. Les forces cycliques poussent l’inflation américaine à nouveau vers les 2 %. Le retard entre la croissance et l’inflation est considérable et la reprise de l’activité économique en 2017 va entraîner une accélération de l’inflation en 2018. Voilà l’effet Boucles d’Or va s’estomper et l’économie mondiale va entrer dans une phase de croissance plus forte, mais aussi d’inflation supérieure aux prévisions.
La politique monétaire bascule vers un resserrement
Il en résulte un risque de resserrement de la politique monétaire. On peut estimer que trois hausses des taux d’intérêt interviendront en 2018 après une première modification ce mois-ci. Le taux directeur sera de 1,5 % fin 2017 et de 2,25 % fin 2018. Il augmentera ensuite une dernière fois en 2019 pour s’établir à 2,5 %.
La BCE va mener une politique moins accommodante que ce que l’on pense. La croissance et l’inflation seront suffisamment robustes pour permettre de mettre un terme à la politique d’assouplissement quantitatif dès septembre 2018. Une première hausse des taux d’intérêt interviendrait alors en Europe en 2019.
La Banque du Japon est également sur le point de changer son fusil d’épaule. La Banque du Japon va relever l’objectif pour les taux à dix ans sous l’effet d’une croissance économique robuste. Bien qu’il s’agisse d’une étape modérée, les marchés vont ressentir la chose comme un point de basculement vers une politique plus stricte.
Scénarios de reflation
Le scénario de reflation surnommé‘global trade boom’, se traduit par une hausse de la croissance et de l’inflation. La reprise entraînera une augmentation des prix des matières premières. Le scénario ‘American fiscal reflation’table sur une impulsion budgétaire allant de pair avec des baisses d’impôt sensibles et une augmentation des dépenses d’infrastructure, ce qui fera rebondir l’inflation. Les effets du scénario ‘American fiscal reflation’se feront ressentir surtout aux États-Unis.
Une activité économique plus forte est aussi une des caractéristiques du scénario ‘productivity revival’, même si dans le cas présent, on n’assiste pas à une accélération de l’inflation parce que la croissance supplémentaire est compensée par une amélioration de la productivité. Ces derniers temps, des signes encourageants indiquent que la productivité américaine s’améliore; ce scénario part du principe que cette tendance va se poursuivre au cours de la période considérée.
Les risques: la déflation et la stagflation
Deux scénarios pouvent conduire l’économie mondiale à la déflation: il s’agit des scénarios ‘secular stagnation’ et ‘bond yields surge’. Dans le premier scénario, la reprise cyclique actuelle s’essouffle et l’économie mondiale retombe dans une tendance déflationniste faible. Bien que cela paraisse improbable, il est important de se rendre compte que la croissance économique mondiale se heurte encore à des obstacles structurels considérables (par exemple les taux d’endettement élevés et la détérioration des données démographiques). Le scénario ‘bond yields surge’prévoit un net resserrement des conditions financières dû au démantèlement, par la Fed et la BCE, de leur politique d’assouplissement quantitatif, ce qui donne naissance à un environnement déflationniste.
L’issue des deux scénarios est une stagflation (croissance faible et inflation en hausse): il s’agit des scénarios ‘inflation accelerates’ et ‘protectionism rises’. Comme son nom l’indique, le scénario ‘inflation accelerates’table sur une accélération de l’inflation sur fond de ralentissement de la croissance économique du fait que les banques centrales réagissent en adoptant une politique moins accommodante. Dans le scénario ‘protectionism rises’, les pays relèvent leurs tarifs commerciaux en réponse au protectionnisme accru. Ce relèvement provoque à son tour un ralentissement de l’activité économique et une hausse de l’inflation à mesure que les prix commerciaux et les tarifs à l’importation augmentent.
De Boucles d’Or à la reflation
L’année 2017 a été caractérisée par une croissance constante et une inflation basse: c’est le scénario que l’on appelle ‘Boucles d’Or’. Les choses semblent vouloir prendre un autre tour en 2018. Pour l’année prochaine, on s’attend à ce que l’inflation augmente parallèlement à la croissance économique et au resserrement de la politique monétaire. D’après l’analyse des différents scénarios, le risque de reflation est plus grand que celui d’aboutir à un environnement déflationniste, étant donné qu’il y a de fortes chances que des mesures de soutien budgétaire soient prises et que l’on assiste à une croissance des échanges mondiaux.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article From goldilocks to reflation’/ Outlook 2018: Global Economy, de Keith Wade, économiste en chef chez Schroders.
Investir et épargner, plus important que consommer
Le 27 novembre 2017
Une étude réalisée auprès de plus de 22 000 investisseurs dans 30 pays montre que les répondants placent l’investissement dans les marchés en tête de leurs priorités, avant l’épargne bancaire, l’achat de biens immobiliers ou d’articles de luxe (vacances, nouvelle voiture) ou encore le remboursement de dettes. Mais beaucoup ont des anticipations de performance irréalistes, ce qui suggère un déficit de connaissances en matière d’investissement. Il est en revanche encourageant de constater, à l’échelle mondiale, que les personnes interrogées sont très demandeuses d’apprendre comment bien investir.
L’investissement, première priorité devant l’épargne, les achats de luxe ou le remboursement de dettes
Quand on interroge les investisseurs sur l’utilisation prioritaire qu’ils comptent faire de leur revenu disponible de l’année à venir, la plupart affirment avoir l’intention d’investir. 23 % des personnes interrogées à l’échelle mondiale ont l’intention d’investir en valeurs boursières (actions, matières premières, obligations ou placements similaires). Arrivent ensuite (20 %) les personnes qui ont l’intention de mettre de côté leurs liquidités disponibles soit sur un compte en banque (16 %) soit chez eux (4 %), malgré le niveau très bas ou l’absence de taux d’intérêt.
En Belgique, investir est devenu aussi important que d’épargner (22 % pour les deux), ce qui est encourageant car les investisseurs belges sont désormais conscients qu’ils doivent changer leur comportement en matière d’investissement. Cependant, les investisseurs belges restent encore en retrait des investisseurs mondiaux.
Le remboursement de dettes (y compris des emprunts hypothécaires) n’est une priorité que pour 9 % des répondants, ce qui s’explique sans doute par le niveau très bas des coûts d’emprunt.
77 % des Belges interrogés envisagent de désinvestir des comptes d’épargne dès que l’avantage fiscal sera modifié
Les Belges possèdent environ 19 millions de comptes d’épargne, qui totalisent de 230,77 milliards d’euros d’avoirs (juillet 2017). Jusqu’à récemment, les comptes d’épargne belges jouissaient d’un avantage fiscal sur la première tranche de 1880 euros d’intérêts. Le récent accord signé durant l’été par le gouvernement fédéral belge vise à limiter cet avantage à 940 euros pour 2018 et à accorder un avantage fiscal à la première tranche de 627 euros de dividendes.
L’enquête Schroders Global Investor 2017 a demandé aux investisseurs belges s’ils envisageaient d’investir une partie de leur épargne placée sur ces comptes d’épargne dans d’autres types de placements si l’avantage fiscal était accordé à d’autres produits de placement.
Dans l’ensemble, 77 % ont répondu par l’affirmative. L’enquête n’a fait état d’aucune différence entre les hommes et les femmes, mais a démontré une légère différence entre la génération Y (73 %) et les investisseurs d’au moins 36 ans (79 %). L’enquête a également conclu à des différences régionales légères : les investisseurs de Bruxelles et de Wallonie sont plus disposés à investir dans d’autres produits que les comptes d’épargne (80 % pour Bruxelles, 81 % pour la Wallonie), tandis que les investisseurs flamands sont plus conservateurs (74 %).
À la question de savoir s’ils investiraient dans les sociétés de services aux collectivités, qui sont souvent utilisées par les intercommunales, si elles étaient cotées sur le marché boursier, 53 % des investisseurs belges ont répondu positivement (56 % chez les hommes, 48 % chez les femmes). L’enquête a également montré une différence régionale sensible. En effet, 63 % des investisseurs vivant en région flamande seraient disposés à investir dans les sociétés de services aux collectivités, contre 54 % à Bruxelles et seulement 35 % en Wallonie. Cette différence notable entre d’un côté la Flandre et Bruxelles et de l’autre côté la Wallonie peut s’expliquer par le fait qu’il existait des projets d’introduction en bourse d’une société de services aux collectivités flamande.
Des anticipations de performance irréalistes
L’étude met en évidence que les investisseurs ont des anticipations de performance irréalistes. Pour les cinq années à venir, les investisseurs mondiaux tablent sur un rendement annuel moyen de 10,2 % (8,7 % en Europe, 7,7 % en Belgique, 11,7 % en Asie et 11,7 % sur le continent américain), bien que l’indice MSCI World ait enregistré un rendement annuel de 7,2 % sur les 30 dernières années.[1]
Confiance des investisseurs
Interrogés à propos du contexte géopolitique actuel et de son impact sur leurs décisions d’investissement, les investisseurs donnent des réponses variables et parfois contradictoires.
Quand on leur demande dans quelle mesure l’incertitude actuelle liée à la politique internationale et à la situation mondiale affecte leurs investissements, plus de la moitié des répondants (59 % à l’échelle mondiale, 56 % en Belgique) déclarent ne plus vouloir prendre beaucoup de risques en investissant. Mais ils sont presque aussi nombreux à avoir répondu qu’ils considèrent les événements mondiaux comme des opportunités d’investissement (57 %) ou qu’ils ne laissent pas la politique et l’actualité mondiale les détourner de leurs objectifs d’investissement (54 %). Ces réponses donnent à penser que si les investisseurs semblent relativement confiants et se fixent comme priorité d’investir leur revenu disponible dans les marchés, ils s’efforcent de ne pas céder à l’autosatisfaction.
Les investisseurs semblent plus prudents : 42% considèrent les événements mondiaux comme des opportunités d’investissement, 44% ne laissent pas la politique et l’actualité mondiale les détourner de leurs objectifs d’investissement.
- Enquête Schroders Global Investor Study 2017 rapport complet
- Infographies des résultats pour la Belgique
- Présentation des résultats de l’enquête Schroders Global Investor : cliquez ici
[1] Source : Thomson Reuters, indice MSCI World, taux de croissance annuel cumulé de l’indice MSCI World sur la base de la performance absolue de 1987 à 2017, en date du 22 septembre 2017.
Vers la fin de la désinflation sur les marchés émergents
Le 24 octobre 2017
Le basculement de l’assouplissement quantitatif (quantitative easing ou QE) vers le resserrement quantitatif (quantitative tightening ou QT) est l’étape suivante vers une normalisation de la politique monétaire.
Si les marchés sont efficaces, ce basculement du QE vers le QT a déjà été intégré dans les cours par les marchés financiers et son effet devrait être minime. Ces derniers mois, la Fed a communiqué de manière très transparente sur ses intentions et l’annonce, le 20 septembre dernier, de l’allègement de son bilan n’aura donc été une surprise pour personne. Mais les autres grandes banques centrales ont une longueur de retard. La Banque du Japon (BoJ) et la Banque centrale européenne (BCE) sont encore en plein QE. Par conséquent, les liquidités mondiales vont encore provisoirement continuer à augmenter.
Mais la croissance des liquidités ralentit
- Le rythme de croissance des liquidité diminuera de moitié en 2018 pour retomber à zéro en 2019, étant donné que la Fed va étendre son QT dans les mois à venir, tandis que la BCE va continuer à démanteler son QE.
- De plus, on ne peut pas parler de liquidités mondiales parce que les investisseurs internationaux doivent tenir compte des coûts de conversion des devises et des coûts de couverture des changes dans l’évaluation des rendements. La configuration actuelle des taux d’intérêt peut retenir le capital au lieu de le laisser circuler librement entre les pays ou régions pratiquant le QE et ceux pratiquant le QT.
La fin de la désinflation en vue sur les marchés émergents, un facteur positif pour les investisseurs en actions
La Russie, l’Inde et le Brésil ont enregistré une forte baisse de leur taux d’inflation. Cette désinflation joue davantage sur les marchés émergents. Cela s’est traduit par un afflux considérable d’obligations des marchés émergents, les investisseurs tablant sur un assouplissement de la politique monétaire des banques centrales des marchés émergents. L’inflation a apparemment cessé de baisser.
- Les devises des marchés émergents perdent de leur allant, ce qui relance l’inflation.
- Certains signes indiquent que la croissance sur les marchés émergents a atteint son plancher et que la croissance restera stable en tout cas l’année prochaine. Ici aussi la pression désinflationniste semble disparaître.
- Les prix pétroliers repartent à la hausse cette année et les matières premières agricoles sont relativement stables. Il semble bien que la majeure partie de l’impact des baisses de prix de 2012-2016 soit derrière nous.
Implications pour les investisseurs sur les marchés émergents
L’inflation représente un élément important du taux réel et influence ainsi les conditions monétaires d’un pays et la marge de manœuvre dont dispose la banque centrale. Cela peut à son tour agir sur les marchés des actions et des obligations. Les marchés émergents affichent également des différences considérables à ce niveau. Certains pays pratiquent une politique beaucoup moins accommodante qu’ailleurs. Le Brésil et la Russie appliquent la politique monétaire la plus stricte, tandis que la Turquie applique la politique monétaire la plus accommodante.
La tendance désinflationniste a fait son temps, de même que les baisses de taux d’intérêt qui vont de pair. Si l’inflation se stabilise ou repart à la hausse, les banques centrales ne pourront plus assouplir leur politique monétaire davantage. Les pays qui connaissent un taux réel élevé ont encore un peu de marge pour appliquer des baisses de taux. Dans certains cas, l’inflation peut encore continuer à baisser sous l’effet de facteurs intérieurs spécifiques. Les actions pourront toujours profiter de la croissance plus forte et la reprise de l’inflation peut avoir des répercussions positives sur les bénéfices des entreprises.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans le dernier article de la série Economic and Strategy Viewpoint, de Keith Wade, économiste en chef chez Schroders, et de Craig Botham, économiste spécialiste des marchés émergents chez Schroders.
La multiplication des infections résistantes aux antibiotiques : un risque invisible pour les investisseurs !
Par Seema Suchak, analyste ESG chez Schroders
Le 26 septembre 2017
Les infections résistantes représentent un coût potentiellement élevé. Des économistes ont estimé que la résistance accrue aux antibiotiques pourrait être à l’origine de quelque 10 millions de décès par an et que les coûts y afférant pourraient atteindre les 100 milliards de dollars US d’ici 2050 si aucune mesure n’est prise. La résistance croissante des bactéries aux antibiotiques constitue l’un des principaux défis pour les sciences médicales. Pourtant, les risques et opportunités de ce phénomène pour les entreprises n’ont encore été que peu étudiés, de même que les implications pour les investisseurs.
De plus en plus de types de bactéries sont capables de résister aux antibiotiques. Par conséquent, les médecins éprouvent de plus en plus souvent des difficultés à soigner des patients atteints d’une infection. La résistance aux antimicrobiens (RAM) s’est accélérée suite à un usage abusif et excessif d’antibiotiques chez l’homme et l’animal. Ainsi, chaque année, 480 000 personnes à travers le monde contractent une tuberculose résistante à différents antibiotiques. De plus, en 2016, on a appris que des bactéries avaient développé une résistance à la colistine, un antibiotique « de dernier recours ».
La RAM pourrait affaiblir la valeur des industries impliquées dans la production ou l’utilisation d’agents antimicrobiens conventionnels, dans la mesure où les instances législatives limitent de plus en plus la disponibilité et l’usage excessif de ceux-ci.
Implications pour le secteur des soins de santé
Le secteur des soins de santé n’est pas considéré comme responsable de la résistance accrue chez l’homme et l’animal mais il n’en reste pas moins leur fournisseur d’antibiotiques. Par conséquent, ce secteur se retrouvera in fine confronté à une législation et à une réglementation restrictives. Les producteurs d’antibiotiques actuels, en particulier ceux qui fournissent le secteur agricole, seront soumis à des restrictions particulièrement strictes.
En revanche, pour les entreprises innovantes qui parviendront à développer de nouvelles formes d’antibiotiques, de nombreuses opportunités et une belle récompense financière sont à la clé, même si ces entreprises n’échapperont pas, elles non plus, à des restrictions commerciales. De réelles opportunités s’offriront surtout aux entreprises qui développent des alternatives aux antimicrobiens, telles que des vaccins ou des probiotiques, ainsi qu’aux entreprises de services capables de diagnostiquer des infections ou d’améliorer les conditions d’hygiène.
Implications pour l’industrie alimentaire
De nombreuses études portent sur le rôle de l’industrie agro-alimentaire dans la RAM et mettent surtout en évidence une régulation accrue ainsi qu’un comportement plus critique de la part des consommateurs. Les producteurs alimentaires qui dépendent des antibiotiques pour maintenir certaines infections sous contrôle seront les plus touchés. Les entreprises qui fournissent des compléments alimentaires pour l’alimentation animale pourront quant à elles saisir cette opportunité pour innover et limiter la dépendance aux antibiotiques. Les commerces et restaurants commencent également à prendre conscience de l’attitude plus critique des consommateurs quant à l’usage d’antibiotiques et beaucoup jouent déjà sur cette tendance.
Vu l’impact considérable de la RAM sur différents secteurs, on peut établir un constat important : parmi les entreprises qui réalisent les plus grosses ventes d’antibiotiques aux États-Unis, la RAM n’apparaît pas sur l’écran radar des risques dans sept entreprises sur dix.
Les «villes intelligentes» sont-elles la solution au problème du changement climatique?
Le 31 août 2017
Près d’un quart de la population mondiale vit dans des villes. D’après les prévisions, ce pourcentage pourrait doubler à l’horizon 2030. L’évolution technologique et les mégadonnées («big data») permettent aux villes de gérer plus intelligemment cette problématique (environnementale). Selon la dernière actualisation en date du classement Global Cities, c’est Los Angeles qui occupe la première place des métropoles mondiales, suivie assez étonnamment par Londres, en forte progression.
Le rôle des universités dans le succès des villes semble bien être énorme. C’est pourquoi la présence d’universités performantes sur le territoire des villes est devenue un nouveau facteur pris en compte dans l’évaluation annuelle de ces dernières.
La connectivité est la clé
L’urbanisation et la croissance démographique mondiale font subir aux villes une pression considérable causée par le trafic routier, la pollution, la pauvreté et la surpopulation. Les villes sont dès lors un facteur important de la politique climatique. Avec leur réseau de personnes qui fournit une quantité énorme de données, les villes intelligentes offrent des possibilités en termes d’amélioration de l’efficacité et d’avantages technico-environnementaux. La connectivité est une clé. Les villes intelligentes représentent 40% des avantages économiques de l’Internet des objets. Le transport, l’énergie, la gestion des données et l’infrastructure sont les principaux terrains sur lesquels des changements vont s’opérer.
Pour faire face à l’augmentation de la population, on a besoin d’une infrastructure de transport plus efficace. Des investissements sont nécessaires dans l’infrastructure et les services. Les véhicules électriques jouent un rôle dans la réduction de la pollution atmosphérique, mais ils requièrent un vaste réseau de points de chargement. Les systèmes énergétiques intelligents rendent l’approvisionnement en énergie plus respectueux de l’environnement, un des grands défis restant d’arriver à faire correspondre l’offre et la demande.
Nouvelles villes, nouvelles opportunités
Une grande partie de la hausse de la démographie mondiale se concentrera dans des nouvelles villes. Plus de 100 nouvelles villes de plus d’un million d’habitants verront le jour au cours des dix prochaines années. Ce développement offre de belles opportunités de redessiner l’infrastructure énergétique mondiale en tenant compte des objectifs climatiques à long terme. Les marchés émergents seront pionniers en la matière. Il est en effet plus facile d’intégrer des technologies intelligentes dans des villes nouvelles que d’adapter des villes existantes à ces technologies.
Le marché mondial pour ces applications pourrait atteindre la barre des 400 milliards de dollars en 2020. C’est donc un marché porteur d’opportunités pour les investisseurs qui sauront profiter de cette expansion.
Quel est le rôle des critères ESG dans les placements en obligations d’État?
Par Jessica Ground, Schroders
Le 31 juillet 2017
Comment l’intégration des critères ESG peut-elle générer des rendements supérieurs à la moyenne pour les investisseurs en obligations d’État? Dans un rapport détaillé, Jessica Ground, Global Head of Stewardship chez Schroders, s’intéresse au rôle des critères ESG pour les investisseurs en obligations d’État.
Les marchés des actions et des obligations des entreprises tiennent déjà largement compte des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance. Les entreprises doivent justifier leur politique au regard des facteurs ESG. Mais on ne parle guère à ce stade de la mesure dans laquelle les critères ESG peuvent être intégrés dans le marché des obligations d’État, alors que ces valeurs à revenu fixe constituent pourtant dans bien des cas une partie essentielle du portefeuille. Or, les critères ESG vont gagner en importance pour les autorités publiques, en partie parce que les défis sociaux et environnementaux prennent de l’ampleur.
L’analyse ESG surtout pour les risques à (moyen et) long terme
L’analyse ESG s’utilise souvent comme un instrument de maîtrise des risques. La relation entre les risques ESG et les prestations des obligations d’État n’est pas linéaire. Des risques ESG plus élevés peuvent même conduire à une surperformance des obligations d’État. Cela joue notamment pour les risques extrêmes à court terme, comme une cyberattaque ou un ouragan, lorsque les investisseurs trouvent refuge dans la sécurité des obligations d’État.
Les investisseurs qui veulent générer un rendement supérieur à la moyenne grâce aux critères ESG doivent dès lors se focaliser davantage sur les risques extrêmes à moyen et à long terme. Il s’agit des changements qui s’accumulent au fil du temps, qui ont un impact sur la croissance du PIB et qui touchent en définitive à la durabilité de la dette. En ce qui concerne les risques extrêmes à long terme, l’analyse cible les aspects sociaux et liés à la gouvernance.
Les critères ESG dans un cadre plus large
Le Japon est une bonne étude de cas pour l’évaluation des risques extrêmes à long terme à la lumière des critères ESG. Comme le pays est confronté au vieillissement de sa population, à la déflation et à une croissance chroniquement faible, la dette a atteint un niveau record par rapport au PIB. Pourtant, les obligations d’État japonaises continuent à afficher de bonnes performances et sont même considérées comme une valeur refuge. Cette bonne santé est due à la puissance des autorités publiques, à des institutions nationales fortes comme la Banque du Japon, à la politique monétaire et à la cohésion sociale. L’effet cumulé de ces facteurs a permis au pays de conserver sa qualité de crédit élevée en dépit des problèmes précités.
Le défi pour les investisseurs consiste donc à ne pas se contenter d’examiner les effets que les tendances environnementales ou sociales ont sur l’économie, mais à analyser ces données à la lumière du cadre de gouvernance nationale afin d’évaluer les risques au plus juste.
Les pays émergents sont plus vulnérables
L’impact des facteurs ESG qui jouent à long terme varie d’un pays à l’autre. Les marchés émergents sont plus vulnérables à cause de leur cadre institutionnel plus faible. La plupart des études sur le lien entre les critères ESG et les obligations d’État portent sur les marchés développés. Grâce aux instruments dont ils disposent et à l’infrastructure institutionnelle, ces derniers sont plus ou moins insensibles aux risques extrêmes à long terme. En ce qui concerne les marchés émergents, il importe de voir dans quelle direction ils évoluent. Pour dresser l’inventaire des risques, il faut tenir compte aussi d’éléments tels que le développement de l’enseignement, l’évolution démographique et les mesures prises à l’échelle nationale.
Identification des tendances
Il s’agit donc d’identifier les tendances dans les risques, plutôt que de définir un point de basculement. Les améliorations sont aussi importantes que les détériorations lorsque l’on génère l’alpha.
L’implication entre les détenteurs d’obligations d’État et les émetteurs est moindre que celle entre les détenteurs d’obligations des entreprises et les émetteurs, mais elle existe. Elle s’exprime à un stade plus précoce sur les marchés émergents parce que l’impact est plus important. Pour vraiment réaliser des changements ESG, il faut que les préoccupations des actionnaires soient relayées non seulement auprès des agences nationales chargées d’émettre les obligations d’État, mais aussi directement auprès des gestionnaires des autorités publiques.
Implication sur le plan géopolitique
L’implication peut prendre un caractère géopolitique. La Chine est par exemple le principal détenteur d’obligations d’État américaines. Est-ce à dire que les autorités d’un pays pourraient à l’avenir contrôler celles d’un autre pays et leur demander de rendre des comptes sur leur comportement au regard des critères ESG?
Le climat de croissance économique est porteur de défis de plus en plus nombreux, ce qui rend d’autant plus important de jauger la solidité des fondations sur lesquelles les pays sont construits. L’application de l’analyse ESG dans le processus fondamental d’investissement est un incontournable pour les investisseurs qui veulent identifier les changements structurels et en profiter.
Le rapport détaillé intitulé « Sustainability and sovereign fixed income” , de Jessica Ground, est téléchargeable ici.
Comment savoir si les marchés des actions sont chers ou pas chers? Cinq baromètres
Le 13 juin 2017
Quel est le meilleur baromètre pour trouver des marchés où les actions sont peu chères? La valorisation est la clé de toute décision d’investissement. La valorisation n’est pas un bon indicateur pour prédire les fluctuations des marchés des actions à court terme, car ces derniers sont dominés par la peur, l’âpreté au gain et d’autres facteurs biaisants.
- Ratio cours-bénéfices prévisionnel
Le ratio cours-bénéfices prévisionnel, aussi connu sous le nom de PER prévisionnel, est un baromètre général. La valeur boursière totale est divisée par le bénéfice attendu par action de toutes les entreprises cotées en bourse au cours des 12 prochains mois. Plus ce ratio est faible, meilleure est la valorisation. L’inconvénient est que nul ne connaît l’avenir et que personne ne sait à combien se chiffreront les bénéfices des entreprises. Les analystes essaient de faire des estimations, mais ils sont souvent à côté de la plaque. Ils surestiment les bénéfices des entreprises et le prix des actions semble alors inférieur à leur prix réel.
- Ratio cours-bénéfices glissant
C’est pour cette raison que l’on a plus souvent recours au ratio cours-bénéfices glissant ou PER glissant, qui consiste à diviser la valeur en bourse par le bénéfice réalisé au cours des 12 mois écoulés par l’ensemble des entreprises cotées en bourse. Mais ce baromètre peut, lui aussi, donner une image biaisée, notamment si les bénéfices affichent un tassement et qu’ils repartent à la hausse conformément aux prévisions.
- Ratio cours-bénéfices corrigé des variations cycliques (CAPE)
Le CAPE ou PER de Shiller est un ratio cours-bénéfice corrigé des variations cycliques. Ce ratio compare la valeur boursière au bénéfice moyen des dix dernières années en corrigeant les bénéfices pour tenir compte de l’inflation. Cela permet de filtrer les fluctuations dans les bénéfices à court terme. Si ce ratio est élevé, les rendements à court terme sont faibles. Mais c’est un mauvais indicateur pour prédire les points de basculement sur les marchés. D’après cet indicateur, les marchés américains des actions sont très chers depuis des années, mais cela ne les empêche pas de devenir encore plus chers.
- Ratio cours-valeur comptable
Ce baromètre compare la valeur de marché des marchés des actions à sa valeur comptable, soit ce qu’il reste pour les actionnaires une fois que l’entreprise s’est acquittée de toutes ses obligations. Un ratio cours-valeur comptable élevé est synonyme d’un marché cher. Par exemple parce que l’on prévoit une forte croissance dans le futur. Son lien avec la valeur intrinsèque de l’entreprise rend le ratio cours-valeur comptable populaire auprès des investisseurs, notamment les investisseurs axés sur la valeur. Mais ce ratio joue un rôle moins important dans les entreprises technologiques et les entreprises du secteur tertiaire qui n’ont que peu d’actifs physiques. Des différences dans les méthodes comptables à travers le monde peuvent aussi être une cause d’écarts.
- Rendement du dividende
Le rendement du dividende est un facteur très fréquemment utilisé pour calculer un rendement futur. Un rendement du dividende faible est considéré comme un signe de faible rendement futur. Mais ce baromètre est en perte de vitesse. Une des raisons de cet insuccès est le rachat massif d’actions par les entreprises pour donner des liquidités à leurs actionnaires au lieu de verser un dividende (et ces rachats d’actions font grimper les cours des actions). Cet indicateur ne fonctionne pas non plus pour une série de grandes entreprises de croissance, qui ne versent aucun dividende ou seulement un dividende modeste, mais qui investissent leurs revenus dans leur croissance future.
Comparer les régions
Les investisseurs ne doivent pas se contenter de comparer les régions sur la base d’un indicateur de valorisation. Il faut aussi tenir compte des différences au niveau des règles comptables ou dans la composition des marchés des actions. Les actions technologiques sont par exemple plus chères que celles des autres secteurs en raison de leurs perspectives de croissance élevée. Un marché où les actions de ce type sont relativement nombreuses affichera une valorisation plus élevée. Pour comparer les marchés, Schroders évalue chaque marché à l’aune de sa propre moyenne historique et fait la comparaison sur cette base.
Les USA trop chers, l’Europe de plus en plus chère et le Japon attractif
Si l’on se base sur les valorisations, on ne peut que conclure que les marchés américains des actions vont au-devant de moments difficiles. Mais en même temps, c’est le marché qui affiche la croissance la plus forte et il y a sans doute encore des perspectives de croissance si Trump parvient à mettre en œuvre son plan de réforme fiscale. Il faut un certain courage aux investisseurs pour tourner le dos aux États-Unis.
L’Europe commence à coûter cher, tandis qu’au Japon, les valorisations semblent plus favorables; le ratio cours-valeur comptable de 1,3 semble attractif de prime abord. Le revers de la médaille est que les entreprises japonaises sont d’une inefficacité notoire. Les marchés émergents rattrapent une partie de leur retard, mais offrent encore toujours des valorisations relativement attractives.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article How cheap are world stockmarkets? Five key tests, de Duncan Lamont, responsable de la recherche et de l’analyse chez Schroders.
Trump va-t-il voir son souhait se réaliser: une baisse du dollar?
Par Keith Wade, économiste en chef chez Schroders
Le 11 mai 2017
Donald Trump semble rompre avec la tradition qui veut que le président soit partisan d’un dollar fort. Selon lui, un dollar trop fort constitue une menace pour la compétitivité des entreprises américaines. Les possibilités dont dispose le président pour influer sur le cours de sa monnaie sont limitées. Le cours du dollar est déterminé par toute une série de facteurs. Certains arguments plaident néanmoins en faveur d’une baisse du dollar. L’intervention de Donald Trump arrive peut-être à point nommé.
Un dollar fort pèse sur l’activité
Il ne fait aucun doute que nous sommes en présence d’un dollar fort. Les entreprises américaines actives à l’échelon international en subissent les désagréments. Quand on examine le déficit du compte courant des États-Unis, on ne remarque rien d’anormal. Le déficit s’élève à 1,5% du PIB et il est stable depuis 2014. Mais quand on examine la quote-part des échanges commerciaux dans la croissance réelle de l’économie américaine, on constate que les exportations nettes sont stables jusqu’en 2014; elles reculent ensuite et pèsent sur la croissance de l’économie.
Le dollar paie-t-il le prix de son envol rapide?
Le dollar s’est apprécié à la suite du resserrement de la politique monétaire de la Fed, alors qu’au même moment dans le monde, d’autres banques centrales menaient une politique monétaire accommodante. Les taux d’intérêt relatifs sont un déterminant important des cours sur les marchés des changes. Cela voudrait dire que les hausses d’intérêt de la Fed soutiennent le dollar tant que les autres banques centrales restent dans l’expectative. La relation entre le taux d’intérêt et le taux de change n’est pas aussi évidente. La valeur d’une monnaie a tendance à anticiper les variations des taux d’intérêt, parce que les investisseurs adaptent leur rendement attendu. Lorsque les taux d’intérêt diminuent, le cours de la monnaie baisse jusqu’au point où il y a un potentiel d’appréciation suffisant pour rétablir l’équilibre. C’est la base de ce qu’il est convenu d’appeler le surajustement (overshooting) du taux de change. La monnaie anticipe alors trop la variation du taux d’intérêt, mais elle se stabilise ou s’apprécie ensuite lorsque la variation du taux d’intérêt se produit réellement.
L’analyse de huit cycles de taux montre que le cours du dollar a tendance à se tasser ou à stagner juste après que la Fed a procédé à une modification de son taux d’intérêt. On observe aujourd’hui un phénomène similaire. Le dollar a fortement grimpé avant que la Fed n’entame son cycle de resserrement, mais il se tasse aujourd’hui après avoir dépassé sa valeur à long terme. Sans doute Donald Trump va-t-il voir son souhait se réaliser et le dollar va-t-il s’affaiblir au lieu de se renforcer en cas de surajustement.
Un dollar faible est intéressant pour les marchés émergents, mais pas pour l’Europe et le Japon
Si le cours du dollar fléchit, cela fera disparaître un facteur déflationniste pour l’économie américaine. Plus coûteux, les biens importés alimentent l’inflation. Dans la perspective de la Fed, cela implique un élargissement des conditions monétaires dont elle devra tenir compte pour élaborer sa politique monétaire. D’un autre côté, le resserrement des conditions monétaires risque de s’avérer problématique pour la BCE et la Banque du Japon. Les soucis déflationnistes sont toujours présents en Europe et au Japon. Les investisseurs doivent donc tenir compte des réactions négatives de l’euro et du yen.
Une baisse du dollar apporterait en revanche un ballon d’oxygène aux marchés émergents. Le dollar fort a coïncidé avec une période de performances maussades des actions des marchés émergents par rapport au reste du monde. Ce sentiment pourrait changer en cas de baisse du dollar.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article Has the dollar turned?, de Keith Wade, économiste en chef chez Schroders.
Les marchés financiers ont-ils quelque-chose à gagner d’une victoire électorale des populistes?
Le 21 avril 2017
Après un repli momentané – provoqué par les résultats du référendum au Royaume-Uni et des élections présidentielles américaines – les marchés financiers sont repartis à la hausse. Les victoires électorales des populistes sont-elles bonnes pour les marchés financiers.
Il n’est pas simple d’analyser les causes sous-jacentes du récent rallye sur les marchés financiers. Keith Wade relève que les conditions d’un rallye étaient déjà présentes avant les événements politiques de 2016. En effet, la Fed avait relevé son taux d’intérêt d’une manière moins agressive que prévue et adopté un ton modéré. Elle a ainsi soutenu l’espoir que les marchés soient suffisamment liquides. Par ailleurs, les marchés se sont stabilisés grâce à l’ouverture de la Chine concernant la politique de taux de change. On a également assisté, à la fin de l’été 2016, à une reprise synchrone de l’économie mondiale.
Lorsque les marchés ont appris avec surprise le résultat du référendum Britannique sur la sortie de l’UE et des élections présidentielles américaines, les analystes ont craint un dérapage de la reprise économique et des marchés. Mais le dérapage craint ne s’est finalement pas produit. Comment expliquer la réaction des marchés et la poursuite de la reprise économique? Faut-il s’attendre à d’autres bonnes surprises?
Le résultat du référendum sur le Brexit n’a pas (encore) mis le Royaume-Uni en difficulté
Le fort repli des dépenses des ménages britanniques que l’on avait craint après le référendum ne s’est pas produit. Mais l’incertitude croissante avant et après le référendum peut effectivement avoir un impact sur l’économie. Si l’effet de cette incertitude a été trop faible pour avoir un réel impact, c’est notamment grâce à la politique monétaire accommodante menée par la Banque d’Angleterre au lendemain du référendum et grâce à la chute de la livre britannique.
S’agissant des prévisions relatives à l’économie britannique, beaucoup de choses vont dépendre du résultat des négociations sur le Brexit. Le Royaume-Uni risque de pâtir de l’incertitude concernant les futures relations commerciales avec l’UE et les pays tiers. Les dépenses en capital, qui ont accusé une baisse au second semestre de 2016, risquent de s’en trouver encore davantage affectées. Le choix du Brexit érode les investissements des entreprises et influence négativement les prestations économiques. Combinée à la baisse de l’immigration, cette situation affecte le potentiel de production du Royaume-Uni.
Les marchés ont une foi énorme en Trump
Aux États-Unis, la situation est moins ambiguë. Le moral des consommateurs et des entreprises a été regonflé à bloc par l’élection de Donald Trump. Les investissements en capital semblent précisément repartir à la hausse. Les marchés des actions ont grimpé en prévision d’une croissance économique plus élevée. Mais comme le cycle de l’économie américaine est déjà fort avancé, une hausse de la demande entraînera fatalement une hausse des salaires et de l’inflation, ce qui n’est pas bon pour la croissance économique. Les investisseurs doivent donc tenir compte d’une hausse de l’inflation et des taux d’intérêt. Une période de stagflation, caractérisée par une hausse de l’inflation et un ralentissement de la croissance, est généralement annonciatrice d’une période difficile pour les investisseurs. Le tableau s’obscurcit encore lorsque Keith Wade prend en compte les valorisations sur les marchés américains des actions.
Les partis populistes ont comme dénominateur commun l’antimondialisation.
Le populisme au Royaume-Uni est différent de celui que l’on connaît aux États-Unis parce que les circonstances ne sont pas les mêmes. Les populistes ont en commun des thèmes récurrents comme la souveraineté, les barrières commerciales et la limitation de l’immigration, ce qui explique la montée du populisme à l’échelle mondiale. On peut les regrouper sous la bannière ’antimondialisation’.
Le populisme peut être considéré comme un retour en arrière par rapport à la mondialisation. Une économie mondiale dirigée par des populistes se caractérisera par plus de restrictions aux échanges commerciaux et à la mobilité de la main-d’œuvre. Dans une telle configuration, le commerce mondial se tasse et la croissance économique est plus faible. La mondialisation a contribué à un allongement des cycles. Vu sous cet angle, un contexte mondial majoritairement opposé à la mondialisation signifie un raccourcissement des cycles, une hausse de l’inflation et l’obligation pour les banques centrales de jouer un rôle plus actif, sans parler de la volatilité des taux d’intérêt. Les entreprises seront confrontées à des défis plus importants et la croissance salariale sera plus marquée, ce qui aura pour effet de mettre les marges sous pression, à moins que la productivité ne soit améliorée.
Keith Wade voit plusieurs tendances de ce type se dessiner aux États-Unis et au Royaume-Uni. La politique de Trump est plutôt annonciatrice d’une stagflation. Au Royaume-Uni, l’inflation risque d’être plus élevée à cause de la faiblesse de la livre sterling face aux droits d’importation plus élevés auxquels le pays sera confronté dans quelques années.
Focus sur les élections en Europe
Tous les regards se tournent actuellement vers l’Europe où des partis populistes participent aux prochaines élections en France, en Allemagne et en Italie. Si la France ou l’Italie décident de quitter l’Union européenne, cette sortie provoquera un chaos énorme parce qu’elle implique aussi le démantèlement de la zone euro. Les marchés ne réagiraient pas positivement à un tel scénario.
Pour l’instant, l’Asie reste relativement préservée des tendances populistes. Le Japon poursuit ses efforts en vue d’arriver à une économie ouverte, tandis que la Chine tente de mettre sur pied un partenariat économique régional entre 16 pays de cette partie du monde. Pendant que l’Occident cède aux sirènes du protectionnisme, l’Orient, avec à sa tête la Chine communiste, a les coudées franches pour devenir le champion du libre échange.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article Global strategy: Is populism good for markets?, qui est un chapitre du rapport Global Markets Perspective – Q2 2017 de Keith Wade, économiste en chef chez Schroders.
Dans quel sens l’inflation va-t-elle évoluer?
Par Ben Arnold, Investment Writer chez Schroders
Le 13 mars 2017
La plupart des banques centrales et des investisseurs tablent sur une inflation plus élevée en 2017. Analyse de la situation à l’échelle mondiale.
Pourquoi l’inflation est-elle si importante pour les investisseurs?
L’inflation érode la valeur de l’épargne à mesure que le temps passe. Plus l’inflation est élevée, plus l’épargne perd de son pouvoir d’achat. Voilà pourquoi les investisseurs investissent dans des placements en titres dans l’espoir d’obtenir un rendement supérieur à l’inflation. C’est ce «rendement réel» qui est la véritable source de croissance du portefeuille d’investissement. Lorsque l’inflation augmente, les investisseurs ont plutôt tendance à investir leurs capitaux en dépôt pour essayer d’obtenir un rendement supérieur à l’inflation.
Où en est l’inflation à l’heure actuelle?
Depuis la crise financière de 2008-09, l’inflation est exceptionnellement basse dans les pays développés. Certains pays ont même connu une déflation. Ces derniers mois, l’inflation générale des pays du G7 est repartie à la hausse. L’inflation sous-jacente, dans laquelle ne sont pas compris les prix des denrées alimentaires et de l’énergie, évolue d’une manière plus stable.
La hausse des taux américains
Prévisions d’inflation de Schroders: 2,6% en 2017 et 2,3% en 2018
Depuis l’été, l’inflation a redémarré aux États-Unis et elle dépasse actuellement l’objectif de 2% que s’était fixé la banque centrale américaine, la Fed. La hausse des prix énergétiques alimente l’inflation, alors qu’en revanche, les prix des denrées alimentaires diminuent. La Fed a déjà relevé son taux d’intérêt à deux reprises. Si Donald Trump parvient à mettre à exécution les projets qu’il a annoncés durant sa campagne électorale, cela va encore doper l’inflation. Un conflit entre le gouvernement et la Fed est à prévoir. Avec Donald Trump à la barre, il y a de quoi se faire beaucoup de soucis concernant l’évolution de l’inflation aux États-Unis.
L’inflation dans la zone euro
Prévisions d’inflation de Schroders: 1,6% en 2017 et 0,9% en 2018
L’inflation en Europe est passée de 0,2% en août 2016 à 1,8% en janvier de cette année, notamment à cause de la hausse des prix de l’énergie. En Europe, 2017 est une année d’élections aux Pays-Bas, en Allemagne, en France et en Italie et les résultats de ces scrutins pourraient avoir des conséquences sur la croissance économique et, de là, sur l’inflation. La hausse de l’inflation érodera sans doute le pouvoir d’achat des ménages. Bien que les risques politiques de 2016 n’aient eu qu’un faible impact économique, la situation en Europe est plus fragile et les risques politiques de 2017 pourraient bel et bien avoir des conséquences sur l’économie européenne.On observe un redressement des fondamentaux en Europe et l’apparition d’un climat propice sur le marché du travail. L’emploi se développe et les salaires ne suivent pas encore, mais ils pourraient entamer une manœuvre de rattrapage. Malgré l’inquiétude politique, l’optimisme prévaut chez les investisseurs en ce qui concerne l’Europe.
L’inflation en Chine
Prévisions d’inflation de Schroders: 2,5% en 2017 et 2,3% en 2018
L’inflation en Chine est passée à 2,5% en janvier. La Chine pourrait devenir une force déflatoire dans l’économie mondiale. La relation avec l’Occident est gravement perturbée, Donald Trump accusant la Chine de dévaluer sa monnaie afin de miner la compétitivité internationale des États-Unis. Or, c’est précisément l’inverse qui est en train de se passer. En réduisant ses réserves étrangères, la Chine soutient justement sa monnaie. Si la Chine cesse de soutenir le renminbi, ce dernier risque de chuter de 10% à 20%, entraînant ainsi une forte baisse du coût des exportations chinoises. Ce scénario pourrait avoir un effet déflationniste prononcé sur l’économie mondiale.
Et après?
Une inflation en hausse aux États-Unis pourrait inciter la Fed à relever son taux d’intérêt pour tenter de réduire la surchauffe de l’économie. Fin 2018, le taux d’intérêt pourrait s’élever à 2%. Les marchés réagissent à la hausse de l’inflation. Les prix des obligations baissent parce que, quand l’inflation augmente, les rendements obligataires deviennent moins attrayants, ce qui fait baisser les cours. Les investisseurs en actions espèrent précisément que l’inflation en hausse entraînera une amélioration des bénéfices des entreprises.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’articleWhat next for inflation?, de Ben Arnold, Investment writer chez Schroders, avec des contributions de Keith Wade et Johanna Kyrklund.
Une meilleure approche du client pour récupérer la confiance perdue
Le 9 février 2017
La confiance du consommateur dans les prestataires de services financiers a été mise à rude épreuve ces dernières années. Dans les principales économies, le centre de gravité s’est déplacé de la facilitation du marché vers une protection accrue du consommateur. Le secteur financier parviendra-t-il ainsi à regagner la confiance du consommateur?
Perception du risque par les investisseurs
Cette attention accrue pour la régulation est un facteur que les investisseurs ne peuvent pas ignorer. Bien qu’il ne soit pas possible de prédire les faux pas que nous réserve l’avenir, il est important de bien évaluer les risques de chaque investissement. Cette évaluation consiste à identifier les entreprises qui vont subir les pressions les plus fortes des organes de contrôle ainsi que les démarches de certaines entreprises individuelles pour gérer l’exposition à la réglementation renforcée dans le domaine de la protection du consommateur.
Le client doit revenir au centre des préoccupations des banques et institutions de crédit
Une analyse de Schroders montre que les banques et les institutions de crédit sont particulièrement exposées au risque d’être confrontées à une réglementation renforcée dans le domaine de la protection du consommateur. Les organes de contrôle leur imposent des exigences de plus en plus strictes. Il est donc grand-temps que les banques et les institutions de crédit axent à nouveau leur stratégie sur le client en plaçant les intérêts et la protection de celui-ci au centre de leurs priorités.
Différences géographiques: Les Britanniques en tête
Les marchés développés n’en sont pas tous au même stade d’évolution en termes de protection du consommateur. Au Royaume-Uni, la pression exercée par les autorités sur les banques a amené ces dernières à atteindre un niveau inégalé de protection du consommateur. Aux États-Unis, la situation est inégale. Seulement certaines institutions de crédit ont entamé des démarches pour replacer le client au centre de leurs préoccupations, sans parler d’une véritable amélioration de la protection du client. En Europe aussi, les banques font preuve d’une certaine lenteur à appliquer la nouvelle réglementation de protection du consommateur.
Un modèle a ainsi été développé qui permet de mesurer l’exposition des institutions financières à la protection accrue du consommateur. Ce modèle mesure plus précisément l’exposition d’une institution aux produits de crédit à haut risque social (comme les produits financiers complexes controversés à fort effet de levier) et la manière dont elle gère la protection du consommateur. Pour l’évaluation de ce dernier point, un dialogue avec des prestataires de services financiers a été instauré. Ce dialogue se focalise sur:
- une redéfinition de la culture de marketing et de vente qui passe par la suppression des objectifs de vente imposés aux employés en contact avec les clients.
- une plus grande transparence des produits grâce à un marketing plus clair et plus transparent.
- une simplification des portefeuilles de produits et de services.
- une plus grande implication du client et la communication du taux de satisfaction des clients.
- une réduction du nombre de plaintes des clients et une amélioration du règlement du contentieux.
Cet article fait partie du Responsible Investment Report Q4 2016 de Schroders
Quelles perspectives le métal jaune offre-t-il aux investisseurs pour 2017?
Par David Brett, investment writer chez Schroders,
Le 18 janvier 2017
En ce qui concerne l’or, trois facteurs incitent à acheter et quatre à vendre. Le prix de l’or a été passablement volatile en 2016. L’or est prisé des investisseurs en raison de sa rareté. L’offre d’or étant limitée, le métal jaune est considéré comme une réserve de valeur. Mais ce qui rend surtout l’or si précieux, ce sont ses multiples utilisations et l’attrait qu’il exerce. Facilement transformable, l’or est un conducteur électrique largement utilisé dans un grand nombre d’applications industrielles. Mais le métal jaune doit aussi et surtout son succès à l’attrait visuel qu’il exerce; l’or s’utilise d’ailleurs pour la confection de bijoux depuis la nuit des temps.
Trois raisons d’investir dans l’or
- La rareté. L’or est rare, durable et de valeur constante. Il est considéré comme un placement refuge.
- Protection du pouvoir d’achat mondial. En période d’inflation ou de déflation, l’or est considéré comme un facteur de valeur stable. Sa valeur est mondialement reconnue au point que l’on peut le considérer comme une espèce de devise mondiale.
- Diversification de portefeuille. Le cours de l’or évolue souvent en sens opposé par rapport à celui des actions et des obligations.
Quatre raisons de vendre son or
- La hausse des taux d’intérêts. La hausse des taux d’intérêts affecte la demande d’or. Le métal précieux est considéré comme une protection contre l’inflation. Quand les banquiers parviennent à juguler l’inflation, cela déprime le cours de l’or.
- Un dollar américain fort. Le cours de l’or étant calculé en dollars américains, lorsque le dollar est fort, cela rend l’or plus cher pour les investisseurs internationaux.
- La production d’or. Une offre surabondante peut avoir une incidence négative sur le cours de l’or; le métal jaune est en cela soumis au même mécanisme que les autres matières premières.
- Besoin de revenu. L’or n’offre aucun revenu et tombe parfois en disgrâce auprès des investisseurs en quête de rendement en période de taux d’intérêt peu élevés. Ce facteur pourrait d’ailleurs avoir contribué à l’érosion du cours de l’or ces dernières années.
Difficile à évaluer
L’or est difficile à évaluer. Il n’offre aucun rendement ni coupon ni distribution de dividendes. Il est difficile à comparer aux actions ou obligations. C’est pourquoi on utilise souvent d’autres méthodes d’évaluation comme le ratio or-argent. Comme pour d’autres types d’actifs, il est recommandé de veiller à maintenir une exposition équilibrée au sein du portefeuille. Pour le Conseil mondial de l’or, l’exposition idéale se situe entre 2% et 10% en vue de protéger le portefeuille et d’améliorer ses résultats.
Prévisions pour l’or en 2017
Le prix de l’or a plafonné durant la période du passage au nouveau millénaire et il a même atteint son niveau record juste après la crise financière. Depuis lors, son cours a baissé. Le cours de l’or a tendance à reprendre des couleurs en cas de pic d’inflation ou de déflation ou en cas de choc sur les marchés. Des scénarios moins dramatiques auront un effet moins positif sur le métal précieux. En définitive, le prix de l’or dépend principalement du moral des investisseurs. Plusieurs raisons sont de nature à inciter les investisseurs à acheter de l’or: l’incertitude, une inflation potentiellement élevée ou une faiblesse de la monnaie.
Il règne actuellement un climat haussier mondial autour de l’or. Compte tenu de la hausse des prix énergétiques, du marché du travail plus tendu aux États-Unis et de l’attente d’une politique commerciale américaine plus agressive, les prévisions d’inflation risquent d’augmenter rapidement, ce qui aura pour effet de soutenir le cours de l’or.
Si les marchés ont certes intégré les effets positifs de l’élection de Trump, ils ont jusqu’ici ignoré les effets négatifs potentiels, qui sont une inflation plus élevée, un accroissement des risques géopolitiques et un protectionnisme croissant. L’or est une protection en période de perte de crédibilité des banques et de sous-estimation des risques. Les prévisions d’inflation, d’évolution des cours des devises et de résultats des marchés financiers sont les plus extrêmes depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article A short history of investing in gold – and what to expect for 2017, de David Brett, investment writer chez Schroders.
Comment un taux d’intérêt bas influence les cotations et les rendements
Par Duncan Lamont, Schroders
Le 21 décembre 2016
Voilà environ huit ans que l’économie mondiale connaît des taux d’intérêt extrêmement faibles. Pourtant, le phénomène n’a rien d’unique. Tant les États-Unis que le Royaume-Uni ont connu vers la période de la Seconde Guerre mondiale deux décennies durant lesquelles le taux d’intérêt est resté en dessous de la barrière de 1%. Quant au Japon, cela fait depuis 1995 qu’il connaît un taux d’intérêt inférieur à 1%. Les réactions des marchés des actions ont été très variables en fonction du cas. En Amérique, les marchés des actions affichaient d’excellents résultats, alors que ceux du Royaume-Uni n’enregistraient qu’un résultat modéré et qu’au Japon, le rendement peinait à rester positif. Duncan Lamont estime pourtant que les enseignements du passé présentent des similitudes étonnantes.
Les résultats sont fonction des cotations et des bénéfices des entreprises
Les résultats des marchés des obligations dépendent en grande partie des cotations, mais aussi de la marge de croissance des bénéfices des entreprises.
- Taux bas aux États-Unis de 1933 à 1950. Durant cette période, les bourses américaines ont eu un rendement annuel de 11,6%. Au début, les cours des actions se situaient à un niveau assez bas; la croissance économique a ensuite été stimulée par les dépenses publiques et par le fait que comme les bénéfices des entreprises étaient modestes, ils avaient donc une marge de croissance importante. Les cours actuels correspondent cependant à un marché cher et les marges bénéficiaires atteignent un niveau élevé, avec peu de potentiel haussier. Ces éléments semblent annoncer des temps difficiles pour l’avenir.
- Taux bas au Royaume-Uni de 1933 à 1950. Durant cette période, le rendement annuel n’a atteint que 5,6% au Royaume-Uni. Les marchés américains des actions avaient plongé bien plus bas que ceux de Londres, ce qui rendait leurs cours plus attrayants. De plus, l’économie britannique a dû se contenter de résultats plus mitigés pendant et après la guerre. Le pays traînait le boulet d’une dette publique colossale après deux guerres mondiales.
- Taux bas au Japon de 1995 à 2016. La période de taux d’intérêt bas au Japon est radicalement différente de celle qu’ont connue les États-Unis et le Royaume-Uni. Depuis 1995, le rendement des actions japonaises n’a atteint que 1,2% par an. La source du problème au Japon, ce sont les bulles économiques des années ‘80 et de la fin de la décennie. À ce moment-là, la Banque du Japon a rapidement rehaussé ses taux, redoutant une surchauffe de l’économie. Mais elle a ensuite fait machine arrière en diminuant rapidement ses taux. Les cours se sont effondrés, tout en restant à un niveau élevé. La combinaison d’un taux d’intérêt bas et d’une absence de volonté a eu pour effet que les « mauvais » emprunts n’ont pas été identifiés et que les banques n’ont pas été suffisamment recapitalisées. Il en a résulté une mauvaise allocation des capitaux, les entreprises saines étant privées de financement. Cette situation a aussi contribué à la baisse relative de la productivité japonaise. En 2016, le PIB japonais dépasse à peine son niveau de 1995 et le phénomène est encore renforcé par le vieillissement de la population. Les problèmes économiques sont aggravés par la déflation persistante. En outre, les entreprises japonaises étaient particulièrement inefficaces, mais on distingue des signes d’amélioration à cet égard.
Taux bas actuels
Les cours sont un facteur important. Duncan Lamont applique diverses méthodes de calcul et toutes indiquent que les marchés américains sont actuellement chers. CAPE, K/W et K/B se situent toutes au-dessus de leur moyenne historique, mais l’économie se porte par ailleurs mieux que dans d’autres parties du monde développé. La croissance en Europe est faible, l’évolution démographique se détériore rapidement et le secteur financier est affaibli. Les cotations japonaises semblent raisonnables en fonction de leur passé, mais pas par rapport au reste du monde. Cette situation est plutôt une conséquence des problèmes structurels propres au Japon. Les actions des marchés émergents paraissent moins chères et l’évolution démographique y est plus favorable, tandis que les finances publiques s’y portent mieux. Mais la croissance se tasse et la dette chinoise est préoccupante. Les bulles de crédit finissent rarement bien et tout cela n’augure rien de bon pour les marchés émergents et les marchés développés.
Conclusion: les jeux sont ouverts
Les rendements à long terme sont faibles lorsque les cours sont élevés, sauf si l’on enregistre une nette amélioration des bénéfices des entreprises. Les finances publiques, la politique fiscale, l’évolution démographique, le secteur bancaire et l’inflation réclament notre attention. Et sur cette base, aucun marché ne peut être vraiment qualifié d’attrayant. Si la croissance de l’économie mondiale se stabilise ou s’améliore, les marchés émergents et le Japon seront en bonne position, tandis que le marché américain, plus cher, sera mis en difficulté. Mais en cas de détérioration de la croissance, ce sont les marchés émergents, le Japon et l’Europe qui risquent d’être mis sous pression et ce sont alors les États-Unis qui semblent posséder la meilleure capacité de résistance.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article How low rates affect stockmarket returns, de Duncan Lamont, chercheur spécialisé chez Schroders.