On pourrait qualifier une valeur refuge comme un actif qui fluctue moins que son indice de référence (c’est-à-dire, une valeur qui a un faible bêta). Ce sont donc des placements qui auraient une faible volatilité. Cela signifie qu’en cas de baisses des marchés, ils ne connaîtraient pas une forte perte de valeur. Ces placements protégeraient donc les portefeuilles contre les aléas des marchés en offrant plus de sécurité. Cependant, cette étiquette de valeur refuge n’est pas éternelle. Une valeur refuge aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain. Elle peut même devenir très risquée. Ces valeurs n’offrent donc aucune garantie à long terme. Où trouver ce type de valeurs ? Qui sont-elles aujourd’hui ?
On en trouve dans toutes les classes d’actifs.
Les actions
On peut considérer que, sur les marchés boursiers, une valeur refuge est une action qui ne connaît pas beaucoup de soubresauts, qui a une faible volatilité. On trouve dans cette catégorie les valeurs d’entreprises qui se caractérisent par une grande transparence dans leur communication, qui ont des résultats stables, qui sont bien gérées et qui sont cohérentes dans leur discours. En général, elles sont moins cycliques. On peut aussi mettre dans cette catégorie les valeurs défensives. Les valeurs du secteur de l’alimentation et des boissons sont aussi plus sûres mais il faudra surveiller leurs valorisations. Mais attention, rien n’est immuable. Il fut un temps où les valeurs financières étaient considérées comme des valeurs refuges. En cas d’inflation, on peut considérer que les entreprises qui ont un pricing power peuvent présenter une opportunité en portefeuille pour se prémunir contre les risques d’inflation.
L’immobilier
Certains considèrent l’immobilier comme une bonne protection contre les aléas des marchés boursiers. Or, c’est une vision qui, si elle convainc beaucoup de Belges, n’est pas du tout partagée par d’autres pays comme les Pays-Bas, l’Espagne ou les Etats-Unis. Cette protection est souvent illusoire car les propriétaires de biens immobiliers ne tiennent généralement pas compte des coûts liés à l’entretien du bien, des frais de transaction, de la fiscalité ou des vacances locatives. Un immeuble peut aussi perdre de sa valeur en raison du changement de certaines normes (cfr normes PEB) ou par la baisse de l’attractivité de certains types de biens ou quartiers. Ce n’est donc pas la valeur refuge que l’on croit.
Et l’immobilier coté ? Les SIR (anciennement sicafi) belges ont parfois bien passé le cap des soubresauts boursiers. Mais cela n’a pas toujours été le cas. La hausse des taux d’intérêt ou la qualité du marché immobilier peut aussi entraîner ces actifs à la baisse.
Les obligations
On peut appliquer les mêmes règles que pour les actions. Les pays souverains les plus stables pourront être assimilés à des valeurs refuge. Ce sont des pays comme l’Allemagne, les Etats-Unis ou les pays scandinaves. On veillera à surveiller les ratings et à ne pas descendre en-dessous de BBB. Mais on a vu que ces obligations gouvernementales étaient aussi soumises à une certaine volatilité. Une hausse des taux d’intérêt provoque une baisse de leur valeur. Ce type de placements n’immunisent donc pas les portefeuilles contre une hausse des taux d’intérêt réels.
Les devises
Pour les devises, il faut d’abord voir dans quelle devise on paye ses achats. Ensuite, à partir de cette devise de base, on regarde quelles sont les autres devises et quelle est leur stabilité. Dans cet environnement, nous trouvons le dollar, la livre sterling et le franc suisse, par exemple. Mais attention, ici aussi, tout comme en actions ou en obligations, rien n’est immuable. Le franc suisse a lui-même connu de fortes fluctuations de même que le dollar a aussi une certaine volatilité.
L’or
Assimilé depuis toujours à la valeur refuge par excellence, l’or connaît aussi des fluctuations de cours importantes. L’or est donc volatil. Ces fluctuations n’en font plus une valeur refuge d’exception. Rappelons que la volatilité du cours de l’or est aussi importante que celle du cours des actions. On ne peut jamais être tranquille avec l’or. Rappelons aussi que l’or ne rapporte rien et dépend uniquement de l’évolution de son cours. Mais, il y a un aspect psychologique indéniable avec l’or. C’est un actif tangible : on peut le toucher et le stocker dans un coffre avec un sentiment de sécurité qui est malheureusement souvent trompeur.
Les actifs réels et les cryptos-actifs
Certains investisseurs considèrent aussi certains actifs réels comme une protection pour leur patrimoine. Œuvres d’art, voitures de collection, vin sont autant d’actifs prisés par certains. On peut aussi mentionner les actifs réels comme les forêts et les terres agricoles. Mais là aussi le marché peut connaître de fortes variations en fonction des effets de mode, du manque de liquidité ou de l’étroitesse du marché. La volatilité et la difficulté d’évaluer ces biens à leur juste valeur sont aussi importantes. Les modes évoluent et rien ne dit qu’une œuvre d’art se vendra à un meilleur prix que celui auquel on l’aura acquise. Même constat pour les cryptos-actifs qui ont fait preuve d’une grande volatilité et dont la valeur est sujette à caution.
Les liquidités
Et si, tout simplement, on gardait précautionneusement son argent sur un compte d’épargne ou sous son matelas ? Quoi de plus sûr, finalement ? Mais, dans ce cas, il faut se méfier d’un ennemi redoutable : l’inflation. L’inflation est calculée sur base d’un indice large. Aujourd’hui, elle est haute ce qui entraine une baisse du pouvoir d’achat. Garder de l’argent sous son matelas est donc le meilleur moyen de perdre de l’argent en cas d’inflation.
Mais alors que faire? Il n’y a donc pas une valeur-refuge par excellence. Le meilleur refuge, la meilleure protection dans un portefeuille est finalement la diversification des placements avec une décorrélation entre les actifs. Cela permet de compenser la baisse d’un actif par la hausse d’un autre. On peut donc diversifier son portefeuille entre les classes d’actifs. Et, au sein de ces classes d’actifs, on peut encore diversifier entre les secteurs et les zones géographiques