Petit guide pour mieux comprendre les obligations vertes

Par Goldman Sachs Asset Management

 

Le marché des obligations vertes (green bonds) est l’un des segments les plus dynamiques et affichant la plus forte croissance au sein de l’univers obligataire. Au cours des cinq dernières années, les obligations vertes ont connu une transformation majeure, abandonnant leur statut de segment de niche pour devenir une opportunité potentielle pour tout investisseur en obligations.

 

Qu’est-ce qu’une obligation verte ?

 

Les obligations vertes sont des titres de créance qui financent de projets bénéfiques pour l’environnement. Les émetteurs peuvent être des entreprises, des États ou des institutions supranationales qui s’engagent à consacrer les capitaux récoltés exclusivement au financement de projets, d’actifs ou d’activités liés au climat ou à l’environnement. Cet engagement est ce qui distingue les obligations vertes des obligations traditionnelles.

 

Les caractéristiques financières des obligations vertes, telles que leur structure, leurs risques et leur rendement, sont, quant à elles, similaires à celles des obligations classiques. Leur qualité de crédit va d’investment grade (notation Standard & Poor’s de AAA à BBB-) à non-investment grade, bien que la majorité des obligations vertes appartiennent à la première catégorie. Le profil de crédit d’une obligation verte est identique à celui des obligations traditionnelles du même émetteur et, en termes de prix, il n’y a pas de différences significatives entre une obligation verte et non verte. La liquidité des émetteurs d’obligations vertes varie selon les secteurs et les régions compte tenu de l’essor de ce marché. Par conséquent, dans les régions où les options de liquidité sont plus limitées, la capacité des investisseurs à vendre leurs obligations vertes pourrait être restreinte. Les détenteurs d’obligations vertes ont les mêmes recours auprès de l’émetteur. Celles-ci sont en fait des obligations classiques avec un aspect environnemental supplémentaire. Les obligations vertes ont une échéance courte ou longue et offrent différents types de coupons et de rendements

 

Qui décide si une obligation est verte ?

 

Les émetteurs d’obligations vertes qualifient eux-mêmes leurs obligations de vertes sur base de recommandations des régulateurs, des places boursières et des organisations professionnelles. Un certain nombre d’organisations ont créé leurs propres normes et labels de durabilité afin de procurer une plus grande transparence sur la qualité et la performance environnementales d’un produit, processus ou service. « Depuis des années, l’utilisation d’un tel label ou d’une telle référence pour évaluer le caractère vert d’un investissement est une pratique courante sur le marché des obligations vertes », estime l’International Capital Market Association (ICMA). Les émetteurs incorporent souvent ces normes au sein du cadre qu’ils utilisent pour assurer une utilisation des capitaux récoltés bénéfique à l’environnement. L’une des normes les plus largement utilisées – les Principes applicables aux obligations vertes – a été publiée par l’ICMA en 2014.

 

Le « greenwashing »ou écoblanchiment (le risque que l’ambition environnementale d’une obligation verte ne soit pas respectée ou soit surestimée) pose problème sur le marché des obligations vertes. Les investisseurs doivent dès lors examiner minutieusement la documentation de l’obligation, son impact environnemental (y compris son respect des normes applicables aux obligations vertes) et la stratégie de durabilité de l’émetteur.

 

À quoi les capitaux servent-ils ?

 

Les projets financés par les obligations vertes doivent procurer des bénéfices environnementaux clairs qui peuvent être évalués et, si possible, quantifiés par l’émetteur. Les Principes applicables aux obligations vertes définissent des catégories de projets dont la portée est très large, mais qui contribuent toutes à des objectifs environnementaux tels que l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à celui-ci, la préservation des ressources naturelles, la protection de la biodiversité et la prévention et le contrôle de la pollution. Sans définition spécifique mondialement reconnue des projets verts, la plupart des émetteurs chargent un organisme indépendant d’examiner leur cadre d’investissement en obligations vertes et/ou des émissions spécifiques dans l’intérêt des investisseurs. Les Principes applicables aux obligations vertes incitent également à un haut degré de transparence et recommandent qu’un examen externe vienne compléter l’évaluation du projet et le processus de sélection de l’émetteur.

 

Utilisation des capitaux récoltés selon les principes applicables aux obligations vertes

 

Les catégories de projets verts éligibles sont les suivantes (dans un ordre aléatoire) :

 

  • Énergies renouvelables
  • Moyens de transport propres
  • Efficacité énergétique
  • Gestion durable de l’eau et des eaux usées
  • Prévention et contrôle de la pollution
  • Adaptation au changement climatique
  • Gestion durable des ressources naturelles vivantes et des sols
  • Produits, technologies et processus de production éco-efficients et/ou adaptés à l’économie circulaire
  • Préservation de la biodiversité terrestre et aquatique
  • Bâtiments verts

Source: ICMA

 

Quelques exemples d’émissions d’obligations vertes

 

En 2007, la Banque européenne d’investissement (l’organisme de prêt de l’Union européenne) a émis sa première obligation climatiquement responsable (Climate Awareness Bond). Un an plus tard, la Banque mondiale a lancé sa première obligation verte. Ces deux émissions ont constitué l’ébauche du marché actuel des obligations vertes et ont créé un cadre pour la définition des projets éligibles pour un financement par des obligations vertes. La banque Populaire de Chine a publié ses propres directives pour les obligations vertes en 2015 [1] afin de stimuler les émissions et la Chine est désormais l’un des plus grands marchés d’obligations vertes au monde. La Pologne a émis sa première obligation d’État verte en décembre 2016. En 2017, plusieurs municipalités américaines ont également procédé à des émissions considérables pour financer des projets liés aux transports locaux et à l’eau.

 

La première émission d’obligations vertes du gouvernement néerlandais de 2019 avait, pour sa part, pour objectif de financer des projets d’adaptation au changement climatique. Étant donné qu’une grande partie des Pays Bas se situe sous le niveau de la mer et est, par conséquent, plus vulnérable face au réchauffement de la planète, les projets concernent des domaines tels que le renforcement de la protection contre les inondations, le contrôle et la gestion du niveau de l’eau et l’optimisation de la distribution d’eau. Un exemple plus récent d’obligation verte est l’émission par l’Espagne d’une obligation à 20 ans d’un montant de 5 milliards d’euros en septembre 2021 afin de promouvoir des transports propres. Le transport apportant une contribution majeure aux émissions de gaz à effet de serre mondiales, les obligations vertes peuvent jouer un rôle important pour financer l’électrification du secteur.

 

En mars 2022, une obligation à 20 ans de 1,75 milliard d’euros a été émise pour concevoir et financer le Grand Paris Express, un réseau de métro de 200 kilomètres qui doit relier la périphérie de Paris au centre de la ville et qui répond au besoin grandissant d’une mobilité durable. Ce projet est l’une des composantes majeures de l’objectif visant à faire de Paris une ville neutre en carbone complètement alimentée par de l’énergie renouvelable d’ici 2050. En août 2022, l’Allemagne a, quant à elle, émis une nouvelle obligation verte pour un montant de 5 milliards d’euro avec une maturité de 5 ans. Les capitaux récoltés financeront des dépenses vertes, telles que des projets de transports propres, d’énergie renouvelable et d’agriculture et d’exploitation forestière durables.

 

Conclusion

 

Les obligations vertes devraient constituer un outil de plus en plus important pour financer les investissements nécessaires pour promouvoir la transition énergétique et développer une économie durable. Étant donné que leur univers ne cesse de croître et devient plus diversifié, les obligations vertes pourraient devenir une composante majeure au sein des portefeuilles obligataires et permettre aux investisseurs d’avoir un impact environnemental positif tout en bénéficiant d’un rendement potentiel similaire à celui des obligations traditionnelles.

 

[1] En août 2022, la Chine a publié un nouveau cadre pour les obligations vertes afin de s’aligner sur les normes internationales et d’harmoniser Ies marchés chinois d’obligations vertes.

 

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