Luxe et durabilité sont-ils compatibles ? Le cas Hermès

Dans l’univers des fonds de placement, les sociétés sont intégrées dans les fonds durables en fonction de certains critères. Dans une stratégie ISR (investissement socialement responsable), on intègre des facteurs ESG (environnement, social et gouvernance). Les contraintes liées à l’intégration de ces facteurs supposent alors l’exclusion de certains secteurs ou de certaines entreprises au sein de l’univers d’investissement. Cette gestion est combinée avec une politique d’engagement dans les assemblées générales des actionnaires. L’ISR va plus loin que l’ESG car cette intégration est contraignante dans le processus d’investissement.

 

Une approche par produit

 

Pour répondre aux critères de durabilité, les entreprises sont ciblées selon trois critères. Elles doivent avoir une bonne gouvernance. Elles ne peuvent pas avoir de mauvais comportements en termes d’ESG, c’est à dire qu’elles ne peuvent pas causer de tort. Ensuite, elles doivent pouvoir prouver qu’elles contribuent à améliorer la situation en répondant aux Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. L’analyse de durabilité se fait au niveau des produits et services fournis par l’entreprise. Il faut que ce produit réponde concrètement à au moins un des ODD, qu’il ait une vraie valeur ajoutée dans ce domaine. Une autre approche consiste à ne pas regarder le produit ou le service mais plutôt la façon de produire en analysant le comportement de l’entreprise dans sa manière d’opérer.

Du côté des clients, on constate que les jeunes sont prêts à payer plus cher pour des marques éco-responsables comme le montre le graphique ci-dessous. La demande en termes de durabilité est donc bien présente.

Le critère ODD

 

Or, on constate que, souvent, les sociétés actives dans le secteur du luxe ne font pas partie de l’univers d’investissement des fonds étiquetés ISR. En effet, le secteur du luxe n’est pas considéré comme durable car les biens produits par ce secteur ne répondent à aucun des ODD. A titre d’exemples, ils n’éradiquent pas la pauvreté, ils ne luttent pas contre la faim dans le monde ou ils ne réduisent pas les inégalités. De ce fait, ils ne font pas partie de la sphère d’investissement des fonds étiquetés article 9 (selon la réglementation SFDR). En effet, aujourd’hui, la nouvelle réglementation SFDR exige une contribution positive à un des ODD.

Cependant, cela ne veut pas dire que les sociétés dans le secteur du luxe n’ont pas développé une politique en termes de durabilité.

 

L’exemple Hermès

 

Si l’entreprise Hermès n’est pas considérée comme durable du fait que ses produits ne répondent pas aux ODD, elle n’en a pas moins développé une politique de durabilité. Faites le test : entrez dans une boutique Hermès et demandez à un vendeur quelle est la politique en termes de « sustainability » de la maison Hermès et vous aurez le détail de cette politique. Celle-ci est par ailleurs disponible sur le site de cette entreprise familiale créée en 1837.

Au niveau des produits, la maison Hermès décline son offre en 16 lignes d’objets de haute qualité. Les articles vendus peuvent être réparés dans les ateliers, ils ont donc une durée de vie très longue. « En 2022, les ateliers de réparation ont redonné vie à 202.000 produits Hermès. Attentive à produire au plus juste, la maison s’attache à intégrer les principes de la circularité dans son processus de fabrication, tout en étant engagée dans la recherche et le développement pour concevoir des matières alternatives innovantes », peut-on lire sur le site.

Dans la fabrication des objets de maroquinerie, Hermès se préoccupe de ne pas utiliser de chrome. Pour ses fameux carrés et autres articles en étoffe, elle est soucieuse de l’origine des textiles et maîtrise sa consommation d’eau et d’énergie.

En matière sociale, elle vise la diversité des genres et l’inclusion. La production se fait essentiellement en Europe sauf pour les parfums qui sont produits en Corée. « Avec 54 sites de production et de formation en France, la maison Hermès est présente dans 11 des 13 régions françaises. Les objets Hermès y sont fabriqués pour 76% d’entre eux, voire 100% pour la maroquinerie. L’entreprise contribue à la revitalisation active de ces territoires : l’implantation des manufactures dans une logique de pôles régionaux permet aux collaborateurs de s’inscrire dans un écosystème social et culturel local. Chaque nouveau site de production est soumis à un référentiel construction durable, gage d’infrastructures responsables ».

On peut donc être durable dans sa façon de produire même si les objets produits ne répondent pas aux ODD de l’ONU.

 

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