L’impact du changement de régime sur l’allocation d’actifs

Par Lesley-Ann Morgan et Patrick Brenner, spécialistes multi-actifs chez Schroders

En 2022, les actions et les obligations ont reculé de manière synchrone, faisant naître des interrogations sur la fonction de ces investissements au sein du portefeuille, ainsi que sur leur corrélation. Faut-il alors réexaminer la composition traditionnelle d’un portefeuille d’investissement ?

 

Depuis la crise financière de 2009, les belles performances des actions et des obligations ont véritablement dopé le rendement total des investissements. En 2022, toutefois, les actions et les obligations ont simultanément fait piètre figure, plombées par les craintes relatives à l’inflation et à la croissance. Pour le portefeuille 60/40 standard (composé à 60 % d’actions mondiales et à 40 % d’obligations), 2022 a été le pire cru depuis 50 ans, à l’exception de la crise financière mondiale, avec un recul de 14,4 %.

 

Changement de régime

 

Les détenteurs d’actifs et les investisseurs doivent composer avec un nouveau régime dans lequel les obligations ne protègent plus les portefeuilles d’investissement contre le recul des cours des actions. Plusieurs grandes tendances vont déterminer les perspectives d’investissement à moyen terme. On peut les décrire ensemble sous le terme de «changement de régime ».

 

  • Les banques centrales privilégieront la maîtrise de l’inflation par rapport à la croissance.
  • Les gouvernements réagiront avec une politique budgétaire plus active.
  • Le nouvel ordre mondial remettra en question la mondialisation.
  • Confrontées à une hausse des coûts, les entreprises réagiront en investissant dans la technologie.
  • La réponse au changement climatique s’accélèrera.

 

Implications de ce changement de régime pour les investisseurs

 

Quelles sont les implications de ce changement de régime pour les investissements liquides ? Quel est son effet en termes de corrélations ?  Comment les investisseurs doivent-ils tenir compte des thèmes indiqués ? L’année écoulée a été mouvementée pour les gestionnaires de portefeuille, confrontés à un nouveau régime d’inflation et de taux élevés, alors que les marchés d’actions et d’obligations affichaient une corrélation positive. Ce nouveau régime nécessitera les adaptations suivantes, à moyen terme, en matière d’allocation d’actifs.

 

  1. Corrélations

 

Les investisseurs qui estiment que les corrélations resteront positives peuvent envisager d’inclure dans leur allocation de base des matières premières et d’autres primes de risque alternatives. Ceux qui jugent au contraire que les corrélations redeviendront négatives doivent continuer à diversifier leur portefeuille. Ils auront toutefois moins besoin de catégories d’actifs qui ne sont pas influencées par des facteurs macroéconomiques.

Dans un contexte de baisse attendue des rendements, les investisseurs devront travailler plus dur pour obtenir la même performance. Concrètement, cela implique une approche plus diversifiée de la génération de rendement et un accent plus fort sur l’alpha.

 

  1. Obligations

 

Les obligations auront toujours une place dans l’allocation stratégique, mais n’offriront plus les mêmes avantages qu’autrefois en termes de diversification. L’étude du rendement sur le cycle de taux suggère que les performances des obligations varieront davantage sur le cycle et que les expositions par rapport à l’indice de référence vont devoir être gérées de manière plus active.

 

  1. Liquidités

 

Avec la hausse des taux d’intérêt, la duration plus limitée et les risques de contrepartie, les liquidités seront amenées à jouer un rôle plus important dans les portefeuilles d’investissement, mais très probablement davantage sur le plan tactique que stratégique.

 

  1. Actions

 

Dans le nouveau régime, un certain nombre de facteurs auront probablement un effet sur la performance des actions. Les investisseurs devront être plus sélectifs dans le choix des régions et des entreprises, ciblant celles qui profiteront de la technologie, de la transition énergétique et de la démondialisation.

 

  1. Matières premières

 

À moyen terme, une corrélation moins stable entre les actions et les obligations, l’inflation persistante, les tensions géopolitiques et la réduction à zéro des émissions nettes de gaz à effet de serre seront bénéfiques pour les investissements en matières premières. Les investisseurs doivent envisager d’inclure des matières premières dans leur allocation stratégique d’actifs.

 

  1. Devises

 

Les différentes politiques monétaires, budgétaires et de transition énergétique entraîneront davantage de divergences régionales en termes de devises, qui pourront être mises à profit de manière tactique.

 

  1. Valorisations

 

Lorsqu’il s’agit de déterminer si, d’un point de vue tactique, une certaine classe d’investissement doit être surpondérée ou sous-pondérée à court terme, les valorisations jouent un rôle important.

 

  1. Construction de portefeuille

 

Lors de la construction d’un portefeuille, il est essentiel de bien comprendre l’interaction entre les différentes classes d’investissement. Les corrélations actuelles entre les actions et les obligations nécessitent un réexamen de la construction d’un portefeuille. Par conséquent, il peut être nécessaire d’appliquer divers scénarios à un portefeuille, en faisant différentes hypothèses sur les corrélations positives futures entre les actions et les obligations, au lieu de se fier aveuglément aux corrélations moyennes lissées du passé. Cela signifie aussi que les investisseurs doivent gérer de manière dynamique leur allocation d’actifs par rapport à leur indice de référence stratégique, puisque les corrélations sont instables.

 

Lire aussi Regime shift: what it means for strategic asset allocation, de Lesley-Ann Morgan et Patrick Brenner, spécialistes multi-actifs chez Schroders.

 

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