Analyser les comptes d’une société est assez complexe. Mais quand il s’agit d’une banque, la complexité est encore plus grande. Certains gestionnaires ont d’ailleurs pris l’option de ne pas investir dans ce secteur car ils estiment que les comptes ne sont pas assez clairs et transparents. Les récentes faillites de plusieurs banques américaines et suisse ont remis ce sujet sur le devant de la scène.
Focus sur le bilan
En matière comptable, il faut distinguer le compte de résultats et le bilan. Le bilan est une photographie des dettes et avoirs d’une société à un moment donné. Une infographie disponible sur le site Visual Capitalist (basées sur des données de la Fed) fournit un aperçu du bilan des banques américaines.
On y voit, à l’actif, l’ensemble des crédits qu’elles ont accordés par types de crédits. Les banques accordent des crédits aux entreprises et aux ménages mais aussi à l’Etat au travers des Treasury securities. La part des prêts immobiliers est de 45% dans le bilan des banques américaines. Les actifs en cash ne représentent que 13% de l’actif de ce bilan. Au passif, se retrouve l’ensemble des dépôts effectués dans ces banques. On constate que les banques empruntent à court terme pour prêter à plus long terme. En effet, les déposants peuvent retirer leurs dépôts à tout moment.
Les banques se rémunèrent sur les crédits en fonction des taux d’intérêt. Elles touchent aussi des commissions sur certaines opérations. Elles doivent aussi payer un intérêt sur les dépôts qu’elles ont collectés. Ces revenus et l’ensemble des dépenses se trouvent dans les comptes de résultats des banques.
Dépôts, taux et bilans impactent la stabilité
Lorsque les taux d’intérêt montent, les déposants exigent davantage de rendement sur leurs dépôts. Or, les taux des crédits sont fixés pour une certaine période à des niveaux plus faibles. Les mouvements de taux d’intérêt impactent donc la rentabilité des banques. Normalement, ils peuvent être anticipés et ne devraient pas occasionner de faillites.
Les bilans des banques américaines étaient chargés de crédits à des taux d’intérêt bas. Avec les hausses des taux engagées par la Fed, ces crédits ont perdu de la valeur dans les portefeuilles des banques. On a assisté à des chutes du cours de bourse des banques et … à une perte de confiance des déposants. « Bien que les récentes faillites bancaires ne soient pas uniquement dues à des retraits de fonds de la part des déposants, les retraits massifs de fonds ont joué un rôle important. Plus récemment, dans le cas de First Republic, les déposants ont retiré plus de 101 milliards de dollars au premier trimestre 2023, ce qui aurait représenté plus de 50 % de leurs dépôts totaux, si certaines des plus grandes banques américaines n’avaient pas injecté 30 milliards de dollars de dépôts le 16 mars ». Finalement, c’est J.P. Morgan qui a racheté cette banque.
Une question de confiance aussi
Si la rentabilité des banques repose essentiellement sur les intérêts et commissions qu’elles perçoivent, leur stabilité repose aussi sur la confiance des déposants. Si les déposants retirent en masse leurs dépôts (ce qu’on appelle un bank run), les banques peuvent se trouver en difficulté, en manque de liquidités puisque leurs avoirs sont essentiellement investis dans des crédits. « Il n’y a que dans le secteur bancaire qu’une dissolution de la confiance des clients peut se transformer rapidement en une suppression immédiate des dépôts qui garantissent toutes les possibilités de générer des revenus », peut-on lire sur le site de Visual Capitalist.
Après la crise de 2008, les banques ont été davantage régulées. Les récents accidents survenus dans le secteur devrait amener à davantage de régulation. Les autorités américaines et suisses vont d’ailleurs dans ce sens.