Selon les données fournies par Quantalys à fin avril 2023, on constate que les fonds investis en actions chinoises accusent une baisse de près de 6% en avril et de 5% depuis le début de l’année. Comment explique-t-on une telle baisse à la sortie de la politique de zéro Covid ? Le point avec Frank Vranken, Chef Stratégiste chez Edmond de Rothschild.
Réouverture et économie
Les impacts de la réouverture de la Chine ont été surestimés. « Pour l’instant, il n’y a pas d’inflation en Chine. Le monde occidental ralentit et cela impacte l’économie chinoise. Ce sont surtout les services qui ont bénéficié de la reprise post-Covid. Les gens ont recommencé à voyager. On a assisté aussi à un boom dans les ventes de voitures mais il faut souligner que, dans ce secteur, les producteurs ont beaucoup diminué leurs prix », souligne Frank Vranken.
Certains observateurs pensent que le taux de croissance de l’économie chinoise pourrait atteindre 6% en 2023. Notre interlocuteur est plus prudent. « Nous entrevoyons plutôt un taux proche des 4%. En effet, L’économie chinoise dépend encore fortement des exportations. Le pari de relancer l’économie sur base de la consommation intérieure n’est pas vraiment une réussite », constate Frank Vranken. Les Chinois ont un fort taux d’épargne. En moyenne, ils épargnent un tiers de leur salaire car ils ne bénéficient pas d’un bon système de sécurité sociale. Une grande partie de cette épargne a été logée dans l’immobilier. Or, dans ce secteur, les prix se sont écroulés. « Avec un sentiment de d’appauvrissement et une perte de confiance, la consommation intérieure chinoise a diminué », relève Frank Vranken.
Des marchés financiers sous influence
En ce qui concerne les marchés boursiers, l’influence du Parti communiste et des autorités chinoises ne doit pas être négligée. Les récentes mesures prises à l’égard de certaines sociétés de consulting en sont un nouvel exemple. « Comme on l’a vu dans le secteur de l’éducation ou vis-à-vis de certains grands patrons chinois, dès que la capitalisation boursière ou l’influence du management deviennent trop importantes, les autorités chinoises prennent des mesures pour contraindre les sociétés. Dans ce marché, on n’est donc jamais à l’abri de telles interventions », ajoute ce stratégiste.
De ce fait, beaucoup d’investisseurs préfèrent jouer la carte du marché chinois en investissant dans des sociétés occidentales qui sont actives en Chine plutôt que d’investir dans des sociétés au niveau local. Par ailleurs, on constate que ce ne sont pas les Chinois qui vont dynamiser leur marché boursier. Les Chinois considèrent la bourse davantage comme un casino et n’ont pas de vision à long terme pour leurs investissements. Il ne faut donc pas compter sur l’appui des investisseurs locaux.
De plus, ce marché est manipulé par une « équipe nationale » composée de banquiers et d’assureurs qui interviennent pour orienter les cours. « Les marchés boursiers ne sont pas le premier souci des autorités chinoises qui préfèrent développer les marchés obligataires. Les marchés financiers chinois ne font pas preuve d’une bonne gouvernance », note Frank Vranken. Ces marchés sont volatils, peu transparents et la confiance dans le système est toute relative. Un marché à considérer donc avec prudence dans le cadre d’une diversification du portefeuille.
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