Selon les données fournies par Quantalys, on constate que les fonds investis en actions européennes ont bien performé depuis le début de l’année. Comment explique-t-on ce rebond ? A quoi peut-on s’attendre concernant les valeurs européennes pour l’année 2023 ? Comment appréhender ce marché boursier en portefeuille ? Analyse avec Frédéric Steinkuhler, Head of Investments chez Waterloo Asset Management.
Les effets d’un atterrissage en douceur
On le sait, les marchés boursiers évoluent en fonction des anticipations. Or, la situation économique en Europe est meilleure que prévu. « Aujourd’hui, le rebond des marchés européens d’actions est essentiellement dû aux anticipations économiques. En effet, on pense que l’Europe évitera la récession et que l’on assistera à un atterrissage en douceur de l’économie. L’inflation diminue. Certes, elle ne diminue pas aussi vite que prévu mais les prix de l’énergie ont baissé », constate Frédéric Steinkuhler. Ce sont ces bonnes nouvelles qui ont dopé les marchés d’actions européens en ce début d’année.
En marge de ces prévisions économiques plutôt favorables, les résultats des entreprises commencent à sortir. Et, de ce côté, les surprises sont plutôt bonnes. Les investisseurs reprennent confiance dans l’économie européenne. « Les sociétés européennes ne publient pas de résultats trimestriels comme aux Etats-Unis. On ne voyait pas très clairement comment les marges avaient évolué. Les publications des résultats rassurent le marché. Aujourd’hui, les investisseurs recherchent les bonnes nouvelles. On est dans un contexte où les investisseurs se concentrent plus sur les bonnes nouvelles que sur les mauvaises », reconnaît Frédéric Steinkuhler.
De bonnes perspectives
Les observateurs des marchés de disposent pas de boule de cristal. On constate cependant, qu’aujourd’hui, les marchés évoluent rapidement sur base de bonnes ou mauvaises nouvelles. « Les marchés sont volatils. Ils ont monté mais pourraient se retourner facilement si, par exemple, on assistait à une déception concernant l’évolution de l’inflation. Cependant, nous ne pensons pas que nous assisterons à des mouvements très marqués sur les marchés européens. On ne va sans doute pas casser les planchers ni à la hausse ni à la baisse », estime ce spécialiste.
Les marchés européens bénéficient de certains atouts. Ils sont traditionnellement plus défensifs que les marchés américains. Les entreprises de croissance y sont moins présentes. En revanche, on y trouve davantage d’entreprises qui distribuent des dividendes. « De plus, la Banque centrale européenne est moins agressive que la banque centrale américaine. La politique monétaire de la BCE est plus modérée. L’Europe a également pu bénéficier d’un dollar fort. Cela a donné aux entreprises exportatrices européennes un avantage compétitif », souligne Frédéric Steinkuhler. Cependant, l’Europe subit davantage les conséquences du conflit en Ukraine que les Etats-Unis. Nous sommes plus dépendants pour nos fournitures en énergie.
Et en portefeuille ?
« En ce début 2023, nous avons plutôt orienté les investisseurs vers le marché obligataire avec des émissions à court terme que ce soit en obligations gouvernementales ou en investment grade. Sur les marchés actions, il faut être conscient que l’on doit avoir une vue à long terme. Dans cette optique, on constate que, sur une base historique, les valorisations sont intéressantes avec des price earning ratios plus bas que la moyenne historique. Nous conseillons aussi d’être diversifié sans prendre de biais sectoriel. Nous sommes neutres d’un point de vue sectoriel », confie Frédéric Steinkuhler.
Globalement, les valeurs européennes avaient davantage souffert en 2022. Aujourd’hui, ce qui a souffert précédemment se remet et nous assistons, en ce début d’année, à un effet de récupération sur base d’anticipations plutôt positives.