Par BNPP AM
Tous les changements anticipés pour 2022 semblent se bousculer depuis le début de l’année : tournant moins accommodant des politiques monétaires partout dans le monde, remontée généralisée des rendements obligataires, doutes sur le caractère temporaire de l’inflation. Après des années de liquidités abondantes et de taux très bas, l’hypothèse d’un changement de régime est jugée de plus en plus probable par de plus en plus d’investisseurs.
Un processus robuste et une réglementation renforcée
Ne nous voilons pas la face, les fonds ABS (Asset backed securities – Titres adossés à des actifs) rappellent de mauvais souvenirs. Cependant, les procédures de surveillance des acteurs du marché de la titrisation ont largement évolué depuis la crise de 2007/2008.
Du côté des agences de notation, les hypothèses permettant de conclure qu’un produit mérite la note AAA doivent être beaucoup plus strictes. Du côté de l’originateur, les règles de rétention lui imposent de conserver à son bilan 5 % des risques cédés, dans un souci d’alignement d’intérêt.
Enfin, du côté des investisseurs, et plus particulièrement des fonds de crédit, la spécialisation est désormais la règle : équipe dédiée aux ABS, outils spécifiques de suivi et d’analyse, accès aux caractéristiques détaillées des prêts sous-jacents.
Ce contexte réglementaire renforcé et cette prise de conscience permettent aux investisseurs de tirer le meilleur parti des avantages des stratégies de titrisation par rapport aux autres stratégies de crédit.
De nombreux atouts face aux changements conjoncturels à venir
Par construction, les produits de titrisation offrent une exposition à l’économie réelle. En effet, leurs actifs sous-jacents sont des prêts aux ménages (immobilier, crédit à la consommation, financement des achats automobiles) et des prêts aux entreprises. De surcroît, la nature de ces sous-jacents permet également de bénéficier d’une structure très granulaire et donc d’une meilleure diversification des risques.
Le marché de la titrisation en euros représente environ 1.200 milliards à l’heure actuelle.
Quelques exemples
Voici quelques exemples de stratégies en titrisation :
- RMBS (Residential mortgage-backed securities), titres adossés à des prêts immobiliers aux particuliers
- Consumer ABS, et plus particulièrement le refinancement d’achat d’un véhicule (prêt ou leasing automobile). Ce sous-segment du crédit à la consommation présente la plus forte granularité des émetteurs avec des prêts de maturité assez courte (2 à 3 ans)
- CLOs (Collateralised Loan Obligations) soit le refinancement de prêts octroyés à des entreprises (corporate loans)
Evolution et perspectives
A partir de novembre 2014, la titrisation a été incluse dans le programme d’achats de titres (APP – Asset purchase program) de la Banque centrale européenne (BCE). Pour la Banque centrale, cette démarche ne visait pas à « protéger le marché » en se positionnant comme acheteur en dernier ressort mais plutôt à assurer aux investisseurs la qualité de cette classe d’actifs qu’ils délaissaient depuis la grande crise financière, et à fluidifier le crédit en zone euro pour relancer l’économie.
Les achats d’ABS ont ainsi constitué une courroie de transmission de la politique monétaire à l’économie réelle.
Même si les achats d’ABS n’ont représenté qu’une part modeste des achats de la BCE au cours des dernières années (1 % environ du total du programme APP à fin 2021), cette décision a contribué à revitaliser le marché avec un montant annuel d’émissions de 115 à 120 milliards d’euros depuis 2017 (à l’exception de 2020). Le fait que la BCE ne détienne que 28 milliards d’euros d’ABS montre aussi que son action n’a pas distordu le marché des ABS en l’asséchant et que le risque d’une réaction au moment où l’assouplissement quantitatif touche à son terme est donc limité.
Ces stratégies offrent également un rendement additionnel loin d’être négligeable (graphique 2) qui s’explique par les stigmates de la crise de 2008 comme rappelé ci-dessus, par les moyens d’analyse à mettre en œuvre (« prime à la complexité »), et par la différence de traitement règlementaire en matière de coût en capital entre Corporate bonds, ABS et CLOs.
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