Investir comme un entraîneur de football !

Par Hans Oudshoorn, formateur d’investisseurs chez Saxo

Comment une équipe de titres peut-elle prétendre au titre de champion ? Dans le domaine de l’investissement, comme dans celui du sport, il faut investir du temps, du dévouement et de l’argent pour finir par en récolter les fruits. Et, bien sûr, il faut avoir un peu de chance.

Avec la Coupe du monde 2022, il faut aussi un peu de temps pour s’habituer au début d’un grand tournoi de football à la fin de l’année plutôt qu’en été. Comme cette période de l’année est souvent l’occasion de regarder en arrière et de se projeter dans l’avenir, également en termes de gestion financière, on peut profiter de la Coupe du monde pour jeter un « regard sportif » sur la structure de son portefeuille.

 

Comme le sport

 

Après tout, le sport et l’investissement ont beaucoup en commun. Ils exigent tous deux que l’on investisse du temps, du dévouement et de l’argent pour finalement en récolter les fruits. Et, bien sûr, il faut avoir un peu de chance.

Il existe d’ailleurs un autre parallélisme. Lorsqu’il s’agit de constituer et de gérer un portefeuille d’investissement, il peut être utile de penser comme un coach, un entraîneur de football, par exemple. Un coach n’envoie pas dix gardiens de but et un attaquant sur le terrain, mais veille à ce que l’équipe soit équilibrée. Il en va de même pour les investissements. Il est important de réfléchir à la répartition optimale de ses actifs, que ce soit sur le terrain ou dans un portefeuille. Et lorsqu’il s’agit d’investir, cela peut représenter un véritable défi, car pour la plupart des investisseurs, la constitution et la gestion d’un portefeuille ne font pas partie de leur travail quotidien.

 

 

Répartition entre les catégories d’actifs : une combinaison appropriée de joueurs

 

Pour commencer, par souci de simplicité, outre les liquidités, on se limitera aux deux principales classes d’actifs : les actions et les obligations. Ensuite, la règle empirique suivante peut aider : investir son âge en pourcentage dans des obligations. Si l’on a 40 ans, on peut investir 40 % en obligations. Si l’on conserve 5 % de liquidités, par exemple, il reste 55 % à investir dans des actions. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une règle empirique et non d’une règle absolue. Bien entendu, la répartition finale entre les classes d’actifs dépend de son profil de risque.

 

Investissement de cycle de vie : garder un œil sur le chronomètre du match

 

En appliquant cette règle empirique, le risque du portefeuille se déplace, au fil du temps, des actions (risque plus élevé) vers les obligations (risque plus faible). En termes techniques, on parle également d’investissement de cycle de vie. On prend de moins en moins de risques avec ses investissements à mesure que l’on se rapproche de sa date cible. Par exemple, lorsque l’on souhaite utiliser (le produit de) ses investissements pour rembourser un crédit hypothécaire, pour payer les frais de scolarité ou d’études de ses (petits-)enfants ou pour couvrir des frais de subsistance pendant la retraite. Dans la pratique, cette règle empirique permet non seulement aux investisseurs d’avoir un point d’appui, mais aussi d’avoir l’esprit tranquille. Et c’est précisément la tranquillité d’esprit qui profite souvent aux rendements à long terme.

 

Quelle forme d’analyse utiliser ? Analyse des joueurs

 

Une fois les grandes lignes d’une équipe équilibrée et les règles du jeu connues, comment sélectionner les bons joueurs ou les bons investissements ? Avant d’acheter une action ou une obligation, il est important de justifier sa décision par une certaine forme d’analyse. Les types les plus connus sont l’analyse fondamentale et l’analyse technique, appelées AF et AT en abrégé. L’analyse fondamentale consiste à rassembler des connaissances et à comprendre les secteurs d’activité et les entreprises individuelles. Elle répond à la question « Que dois-je acheter ? ». Cette forme d’analyse, qui porte notamment sur la solvabilité (santé financière), la rentabilité (profitabilité), les perspectives de croissance et le niveau des dividendes, convient parfaitement à la défense et au milieu de terrain.

 

L’analyse technique – qui consiste à étudier les graphiques de prix ou à effectuer des calculs statistiques sur les prix – tourne autour de la question « Quand acheter ou vendre ? » et est une question de timing. La nature plus volatile de la ligne d’attaque est mieux « abordée » avec l’AT.

 

Importance des dividendes et des coupons : sélectionner des joueurs expérimentés et puissants

 

Si une société cotée en bourse réalise un bénéfice net, elle peut choisir de distribuer une partie de ce bénéfice net aux actionnaires. Une telle distribution du bénéfice s’appelle un dividende et a lieu au moins une fois par an. À long terme, le rendement total des actions (au sein du portefeuille ou d’un indice) est déterminé à hauteur de 85 % par les dividendes. Quoi qu’il en soit, une leçon importante à retenir est que l’investissement ne se résume certainement pas à un gain de cours.

 

Par ailleurs, il en va de même pour les coupons des obligations. Ces flux de trésorerie apportent également une contribution importante à long terme aux rendements totaux. L’effet est amplifié si les coupons sont réinvestis.

 

Qui joue où ? Construire une équipe de champions efficace

 

Maintenant que les acteurs et leurs rôles sont connus, il est important de les mettre dans la bonne position pour marquer des points sur le marché financier. Un compte d’épargne, comme l’argent liquide, « est assis sur le banc de touche » et « se tient sur la cible » pour les sauvetages financiers lorsque la voiture ou la machine à laver tombe en panne. Sur une ligne avant les liquidités, on trouve les défenseurs : des obligations relativement sûres qui réduisent la volatilité de l’équipe des titres, mais apportent une contribution financière sous la forme de rendements généralement un peu plus faibles (mais plus stables).

 

Plus en avant, on trouve des milieux de terrain. Les milieux défensifs sont des titres à large spectre qui mettent l’accent sur les marques fortes ainsi que sur les dividendes. Ce sont les joueurs expérimentés de l’équipe, qui ont fait leurs preuves et sur lesquels on peut compter en tant que coach. Les milieux plus offensifs sont des investissements thématiques et sectoriels. On pense ici aux joueurs des secteurs de croissance tels que la cybersécurité et la robotisation, mais aussi à des thèmes tels que la durabilité ou la rareté (comme l’eau). Ce sont les « petits nouveaux » au sein du portefeuille qui ont encore un avenir devant eux, mais qui, en raison de leur expérience limitée et de leurs actions inattendues, représentent parfois un risque plus important au sein de l’équipe.

 

Les actions individuelles, joueurs vedettes personnels, sont les attaquants suspendus.

 

Ceux-ci peuvent marquer un but (opportunité de rendements intéressants). Mais, quelle que soit la qualité de l’analyse, ils ont souvent un risque plus élevé de se blesser (plus grande volatilité, chute brutale). Les options, les « attaquants centraux et les joueurs de flanc », peuvent fournir des rendements supplémentaires si elles sont utilisées intelligemment. Ainsi, la vente d’options d’achat – sur une action individuelle ou un indice autour d’un niveau de résistance (c’est là que l’AT entre en jeu) – peut générer des revenus supplémentaires sur un portefeuille.

 

Suivi et repondération. Déployer des remplaçants en temps opportun

 

En répartissant les actifs à investir entre différentes classes d’actifs, on peut donc adapter le portefeuille au niveau de risque que l’on accepte (profil de risque).

 

Quel que soit son profil, l’investisseur sera confronté aux fluctuations des prix sur le marché boursier. Et les chutes en font partie. Quelle que soit la qualité de la diversification, il n’est pas vrai qu’un portefeuille d’investissement « se porte toujours bien ». En revanche, ce qui est vrai, c’est qu’un portefeuille offensif évolue davantage avec les marchés boursiers qu’un portefeuille défensif. Si l’on commence par un portefeuille offensif à la trentaine et qu’au fil du temps, à mesure que l’horizon d’investissement se raccourcit, on passe à un portefeuille neutre, puis défensif, on élimine le risque (actions). Comme on a toujours une exposition aux actions avec le profil défensif, on reste partiellement sensible aux baisses de prix.

Si l’investisseur a plus de 60 ans, mais qu’il a remboursé sa maison (dans une large mesure), qu’il dispose toujours d’un bon revenu et qu’il n’a pas tendance à dépenser sans compter, il pourra bien être un peu plus à risque avec un profil neutre ou même offensif s’il le souhaite.

 

L’un des points d’attention est la repondération. Les portefeuilles ont souvent une position de départ pour les pondérations des différentes classes d’actifs, mais que se passe-t-il en cas de forte hausse des marchés d’actions ? On obtient alors une distorsion : le poids des actions dans un portefeuille augmente (considérablement). Un peu ce n’est pas grave, mais si on est un investisseur défensif et que la pondération des actions est passée, disons, de 30 à 50 %, il est logique de réduire une partie du risque lié aux actions et de répartir les actifs libérés sur les catégories dont la pondération a diminué (obligations). Il ne faut pas oublier que même un entraîneur de football remplace parfois un ou plusieurs attaquants par des défenseurs pour permettre à son équipe de s’imposer. Jeter donc un coup d’œil à son portefeuille au moins tous les trimestres pour voir comment se comportent les pondérations, faire des ajustements et les modifier si nécessaire est un bon comportement.

 

Résumé

 

En résumé, il peut être judicieux de penser comme un entraîneur de football lors de la constitution et de la gestion d’un portefeuille. Car même en bourse, il faut occuper toutes les lignes pour marquer des points et éventuellement devenir champion. Lorsqu’on sélectionne des joueurs pour la défense et le milieu de terrain, on peut utiliser l’analyse fondamentale. Pour la ligne d’attaque, il vaut mieux penser à l’analyse technique. Il ne faut pas sous-estimer l’importance des dividendes et des coupons, il convient de faire des échanges entre eux si nécessaire en cas de fortes variations du cours des actions et de réduire l’exposition aux actions à mesure que l’horizon d’investissement se raccourcit.

 

 

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