Comment le profil MiFID sera revu sous l’angle de la durabilité?

Dans le cadre de la règlementation MiFID II (Markets in Financial Instruments Directive), la Commission européenne rend obligatoire, à partir de 2022, la prise en compte des préférences des investisseurs en matière de durabilité. Cela concerne les services financiers de type conseil ou gestion de portefeuille. Qu’est-ce que cela va avoir comme conséquences pour l’investisseur ? Et pour le secteur financier ?

 

Un questionnaire plus approfondi

 

Le questionnaire MiFID a pour but de bien cerner le profil de l’investisseur et de veiller à une adéquation entre ce profil et les produits d’investissement qui lui sont recommandés. Ce questionnaire comprend alors une série de points relatifs aux connaissances et à l’expérience financières du client. Il l’interroge aussi sur sa capacité à supporter des pertes, sur ses objectifs financiers. Son horizon d’investissement et sa tolérance au risque sont aussi cernés.

 

A partir de 2022, ce questionnaire intégrera des questions sur les préférences du client en matière de durabilité. Cette exigence de la Commission européenne s’inscrit dans la continuité des nouvelles initiatives de l’Union européenne en matière de taxonomie et sur la législation SFDR. Les clients seront désormais interrogés sur leurs préférences en matière de durabilité et sur la proportion de leur portefeuille qu’ils désirent voir être soumise à ces critères durables.

L’investisseur peut alors décider, par exemple, ne pas vouloir que son portefeuille intègre ce genre de critères. Il peut aussi décider que la totalité ou seulement une portion (20 ou 50% par exemple) de son portefeuille réponde à ces critères. Les clients seront donc invités par leur banquier privé à réévaluer leur profil MiFID.

 

Une offre ciblée

 

La composition du portefeuille du client, et les produits qui y sont intégrés, devront alors répondre aux exigences du client aussi en matière de durabilité. Le choix pourra se faire sur base de la réglementation SFDR qui classe les produits en différentes catégories (article 6, 8 ou 9). Cependant, ce ne sera pas facile pour le secteur de la gestion de jongler avec toutes ces réglementations en même temps. En effet, il s’avère que certains produits article 8 ne pourraient pas être considérés comme durables sous MiFID II. La proportion des produits à orientation durable sera revue dans les portefeuilles des clients. Les investisseurs qui souhaiteraient que l’ensemble de leur portefeuille répondent à certains critères durables déterminés doivent réaliser qu’ils ne pourront plus investir que dans des fonds durables et que certains choix d’investissement seront limités.

 

Des défis

 

La mise en place conjointe du profil MiFID traditionnel et des préférences ESG va entraîner de nombreux défis pour le secteur de la gestion privée. Parmi ceux-ci, on peut relever certaines difficultés dans le chef du client. Pour permettre aux clients de définir correctement leurs préférences en matière de durabilité, il va falloir mettre en place des outils en matière d’éducation financière. Qu’entend-on par ESG ? Quels produits pourront ou non entrer dans la composition du portefeuille en fonction des préférences émises ? Comment cerner les préférences des clients ?

 

Il va aussi falloir conjuguer les exigences MiFID traditionnelles avec les préférences ESG. Parfois, les deux seront contradictoires. En effet, le profil de risque peut être défensif et les connaissances financières faibles alors que le client veut intégrer des critères ESG. Or, les produits ESG sont, aujourd’hui, principalement des produits investis en actions. Ils sont donc réservés à des clients avec une certain niveau de risque. Pour bien les appréhender il faut aussi avoir de bonnes connaissances financières.

 

Il faut également que l’institution financière dispose, dans sa gamme, des produits financiers qui correspondent à la fois aux profils de risque et aux critères de durabilité exigés par le client.

 

Dans le secteur de la gestion d’actifs, on constate que les maisons de gestion amorcent un tournant en convertissant graduellement leurs fonds traditionnels en fonds durables. Elles intègrent dans leur gamme ces critères de durabilité. On peut donc s’attendre à ce que, à terme, les asset managers tendent vers une gamme globale plus durable.

 

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La rubrique La Finance Ethique

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