Retrouver le cap dans des marchés agités

Entre inflation, taux d’intérêt à la hausse et baisse des actifs financiers, il faut bien ajuster ses placements. Après la crise sanitaire, la guerre en Ukraine a provoqué une nouvelle onde de choc. Alors que l’optimisme prévalait au début de l’année, le ciel s’est assombri dans la sphère économique et financière. L’investisseur a subi une double peine : à la fois une baisse des actions et une baisse des obligations.

Pour faire le point sur cette situation complexe, La Libre et le blog MoneyStore ont reçu lors d’une conférence-débat Benoit Soler, Gérant taux chez Keren Finance et Nicolas Walewski, Fondateur et gérant de fonds actions chez Alken Asset Management. Ces deux gérants de fonds ont exposé l’environnement économique actuel avant de proposer leur vision des placements.

 

Inflation de longue durée

 

« L’inflation que l’on croyait temporaire pourrait, en réalité, durer plus longtemps. Plusieurs facteurs vont la soutenir. Il y a d’abord l’aspect démographique. Avec la baisse des naissances, les pays occidentaux vont manquer de main-d’œuvre et l’immigration ne suffira pas à combler ce manque. Cette situation pèsera sur les salaires. Un deuxième facteur est la transition énergétique. En raison de cette transition, on a massivement désinvesti dans les hydrocarbures. Or, la transition n’est pas pour demain, les investissements dans ce domaine sont onéreux et on devra encore utiliser les énergies fossiles qui seront chères », prévient Nicolas Walewski. De plus, le phénomène de relocalisation de la production vers les pays occidentaux va peser sur les coûts de production. Ces facteurs sont inflationnistes et ils n’engendrent pas de gains de productivité.

Pendant des années, les banques centrales ont lutté contre l’inflation en pratiquant des politiques monétaires accommodantes. « Mais, aujourd’hui, il faut comprendre que l’on a changé de monde. La géopolitique joue un rôle central dans l’économie. Il va falloir réapprendre à vivre avec une énergie plus chère. A cela s’ajoute une situation très préoccupante des dettes publiques qui atteignent des montants astronomiques », note Benoit Soler. Les perspectives de croissance sont revues à la baisse par le FMI dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et d’inflation qui n’est plus temporaire.

 

En actions et en obligations

 

Dans ce contexte, les valeurs énergétiques et les matières premières ont bien performé sur les marchés. « Ces valeurs restent attractives. Pour notre part nous privilégions le style value en choisissant les actions en portefeuille en nous basant sur les écarts de valorisation », ajoute Nicolas Walewski. Dans certains secteurs, les marges sont encore élevées et certaines entreprises procurent encore de beaux dividendes. Ce gérant ne croit plus dans le potentiel des valeurs de croissance.

Du côté obligataire, les deux orateurs ont des vues opposées. Nicolas Walewski préconise de privilégier des durations courtes alors que Benoit Soler recommande de regarder plutôt la qualité de l’entreprise, son niveau d’endettement et le but de cet endettement. « Aujourd’hui, il vaut mieux privilégier les dettes d’entreprises plutôt que les obligations gouvernementales. Il faut cependant éviter les émissions obligataires qui ont eu pour objet des rachats d’actions. A noter aussi que, dans un investissement en obligations, on est assuré de recevoir le montant de son obligation à son échéance sauf cas de défaut bien sûr. Mais si l’entreprise est en faillite, rappelons que les créanciers sont remboursés avant les actionnaires. Il faut donc aussi regarder le type d’obligations auxquelles on a souscrit », conseille Benoit Soler.

 

Derniers conseils

 

Dans des marchés particulièrement agités comme nous les avons connus ces dernières années, il y a certains conseils et règles à suivre. Nicolas Walewski rappelle cette règle d’or qui consiste à ne jamais être un vendeur forcé. On peut se positionner en bourse mais en sachant que l’on ne devra pas être obligé de vendre pour rembourser une dette, par exemple. Il ne faut pas vendre dans les baisses et l’on peut se positionner sur des titres de sociétés qui ont un pricing power, un pouvoir d’ajuster leurs prix dans des périodes d’inflation. Il convient aussi de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Benoit Soler remarque que, dans un contexte anxiogène, existe des biais psychologiques. Dès qu’une relativement bonne nouvelle survient, les marchés bondissent. L’investisseur n’est donc pas à l’abri de nouvelles surprises qu’elles soient mauvaises ou … bonnes.

 

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