Pourquoi faut-il se préoccuper de la taille du bilan des banques centrales ?

Depuis la crise financière de 2008, les bilans des banques centrales ont fortement augmenté. En effet, elles ont appliqué des politiques monétaires qualifiées de non conventionnelles. Les banques centrales disposent de deux types d’outils pour mener leur politique monétaire : les taux d’intérêt directeurs et les programmes d’achats d’actifs.

Avec la pandémie du Covid-19, les programmes d’achats nets d’actifs par les banques centrales ont encore augmenté. La taille des bilans de ces institutions est donc en expansion. Mais cela pourrait se stabiliser et la taille de ces bilans pourrait même être amenée à décroître. En quoi la diminution de la taille des bilans des banques centrales pourrait être préoccupante ?

 

Vente d’actifs

 

Les banques centrales ont appliqué le quantitative easing durant de nombreuses années. Elles ont ainsi injecté des liquidités dans l’économie. Cette politique était relevante dans une économie qui manquait de souffle. Cependant, quand on commence à assister à une surchauffe de l’économie, les banques centrales doivent revoir leur politique d’achats d’actifs et réduire la taille de leur bilan. « Dans ce cas, elles accordent moins de prêts et les liquidités diminuent sur les marchés. Il y a aussi moins d’emprunts, la demande chute et le risque d’inflation diminue. Dans cette hypothèse, la banque centrale vend des actifs au lieu d’en acheter. Elle peut aussi ne pas renouveler les actifs venus à échéance », précise Frank Vranken, CIO chez Edmond de Rothschild Belgique.

 

Une arme et des dangers

 

Pour une banque centrale, gérer la taille de son bilan est une arme bien plus redoutable que celle des taux d’intérêt directeurs. L’influence sur l’économie est plus directe. L’effet d’une hausse des taux d’intérêt est plus lent à se distiller dans l’économie.

 

Les dangers de la réduction de la taille du bilan de la banque centrale sont cependant nombreux. En diminuant la taille de son bilan, la banque centrale diminue la liquidité sur les marchés. Il y a moins de monnaie en circulation. La masse monétaire diminue et cela va impacter la croissance économique. « L’argent est moins facile et, donc, le potentiel de croissance diminue. En marge de l’évolution économique réelle, la politique monétaire joue aussi un rôle important sur les marchés financiers », constate Frank Vranken.

 

En effet, en diminuant les possibilités de prêts, les banques centrales réduisent les possibilités de transactions des acteurs financiers qui travaillent avec des effets de levier. C’est le cas, par exemple, des hedge funds qui empruntent pour réaliser des opérations en bourse.

 

Les marchés boursiers évoluent en fonction des fondamentaux économiques. Mais ils sont aussi tributaires des politiques monétaires et de la taille du bilan des banques centrales. Les annonces concernant une modification de la politique monétaire d’un pays ou de la réduction du bilan de sa banque centrale ont donc des impacts non négligeables sur les marchés financiers qu’ils soient obligataires ou d’actions. Un élément à suivre donc de près !

 

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