Les obligations séduisent à nouveau !

Par Pictet AM

Les rendements réels ont augmenté dans toutes les catégories de titres obligataires, ce qui ouvre des opportunités que les investisseurs n’avaient plus vues depuis de nombreuses années.

 

La renaissance des obligations

 

Les obligations connaissent une véritable renaissance. Les investisseurs sont de plus en plus indemnisés pour le risque, voire, dans certains cas, récompensés. C’est un changement extraordinaire. Depuis ces dix dernières années au moins, les cours des obligations avaient atteint des niveaux intenables.

Par exemple, les taux réels à 10 ans aux États-Unis sont passés de -1% à 1,5% en quelques mois. Des fluctuations d’une telle ampleur sont des événements auxquels on n’assiste qu’une fois par génération. Et elles ont été encore plus fortes ailleurs. Au Royaume-Uni, par exemple, les taux réels sont passés de -2% à 2%. Dans l’histoire moderne de l’investissement, la perspective de profiter de taux réels de 2% sur les marchés obligataires développés a toujours été attrayante.

Ces rendements réels ouvrent la voie à une oasis qui regorge d’eau fraîche et cristalline au bout de ce qui n’a longtemps été qu’un désert impitoyable. Nous nous retournerons sans doute avec étonnement sur la période qui a vu les trois quarts des obligations souveraines émises par les pays les plus riches afficher des rendements nominaux négatifs.

Bien sûr, la prudence est de mise compte tenu des bouleversements géopolitiques et macroéconomiques. Les investisseurs devraient probablement revenir vers les obligations sans précipitation plutôt que d’y plonger la tête la première. Et ils doivent être sélectifs. Pourtant, si certaines parties de l’univers obligataire restent la chasse gardée d’investisseurs aventureux, il est aujourd’hui plus facile d’envisager le moment où elles recèleront également des opportunités d’investissement attrayantes à long terme.

 

Élevés pour longtemps

 

L’une des raisons qui poussent à la prudence est liée au fait que, même si, à certains égards, l’inflation semble ralentir, il est peu probable qu’elle chute aussi vite que ce que les banquiers centraux avaient prévu il y a un an. C’est pourquoi il est encore prématuré de crier victoire dans la guerre contre l’inflation.

 

Les banques centrales risquent donc à présent de maintenir des taux élevés pour longtemps. Toutefois, nous ne revivrons probablement pas en miroir la situation des taux bas qui a persisté pendant environ une décennie après la crise financière mondiale commencée en 2008. Cela dit, nous devrons encore subir une longue période de taux inconfortablement élevés avant que l’inflation ne retrouve les fourchettes cibles initiales des banques centrales (environ 2% dans la majeure partie des pays développés).

 

Pour l’instant, les marchés semblent plutôt tabler sur un dépassement des taux d’intérêt. Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a récemment fait l’éloge de son très agressif prédécesseur Paul Volcker, qui est surtout connu pour avoir fini par surmonter le dernier grand épisode inflationniste américain de la fin des années 1970 et du début des années 1980. Cela laisse entendre que nous allons de plus en plus pencher vers un resserrement excessif plutôt que vers une dilution progressive des mesures politiques avant leur maîtrise totale de l’inflation. En effet, la nouvelle norme pour les réunions de politique semble être une hausse de 75 points de base des taux.

 

Dès lors, les marchés tablent sur un maximum d’environ 5% pour les fonds fédéraux, qui sera atteint au cours du premier semestre 2023, suivi peu de temps après par un retour à l’assouplissement monétaire.

 

C’est apparemment une lecture trop optimiste de la rapidité avec laquelle l’inflation devrait retrouver l’objectif de la banque centrale, compte tenu des pressions persistantes sur les prix et d’un marché du travail tendu.

 

Nous vous attendions, Monsieur Bond

 

Qu’en est-il des investisseurs? Historiquement, cette phase du cycle économique où les taux d’intérêt sont toujours en hausse, mais où l’inflation montre des signes de stabilisation a tendance à bénéficier en premier lieu à la dette souveraine des pays développés. L’attrait de ces obligations dépendra des rendements réels, de la valorisation relative de la devise concernée et du degré de vulnérabilité du marché face aux fuites de capitaux.

 

On peut penser que les rendements des bons du Trésor américain s’approchent rapidement de leur niveau de valorisation correct, en particulier sur la première partie de la courbe. D’autres banques centrales du G10 sont en retard dans leur cycle de resserrement par rapport à la Fed. Dans l’ensemble, néanmoins, leurs marchés obligataires nationaux devraient également atteindre leur juste valeur au cours des prochains trimestres.

Qui plus est, les investisseurs disposent d’une marge de sécurité importante. Les rendements ont suffisamment augmenté pour que les investisseurs puissent supporter des chutes significatives des cours des obligations tout en générant encore des performances positives ajustées de l’inflation

Rester conscients du risque

 

Il est encore tôt, mais les marchés obligataires sont plus attrayants pour les investisseurs qu’ils ne l’ont été depuis des années, voire des décennies. La volatilité et les risques de stagflation généralisée continuent de menacer tous les actifs risqués. On ne peut pas non plus écarter la possibilité que les décideurs politiques fassent s’enrayer la machine. Cependant, les risques que les investisseurs subissent sont aujourd’hui rémunérés, voire récompensés.

 

Consultez aussi le corner Thématiques d’investissement

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *