Le Royaume-Uni dans une tourmente digne d’un marché émergent

Par NNIP

L’un des développements les plus spectaculaires de ces derniers mois a été la décision du nouveau gouvernement britannique, dirigé par le Premier Ministre Liz Truss, d’appliquer une économie de l’offre à la manière des années 1980 pour lutter contre la crise économique actuelle.

 

En voulant réduire agressivement les impôts, principalement pour les plus hauts revenus, le gouvernement aurait effectivement accru les inégalités à un moment où de plus en plus de personnes appartenant à des groupes à revenu faible ou moyen ne peuvent plus se permettre de payer leurs factures.

 

Cette décision faisait partie d’une très grande impulsion budgétaire représentant 4 à 5 % du PIB qui intervenait à un moment où l’offre était limitée et l’inflation élevée. De plus, l’élargissement spectaculaire du déficit budgétaire attendu l’année prochaine en raison de cette nouvelle politique du gouvernement aurait mis en jeu la viabilité budgétaire.

 

Marche arrière de Liz Truss

 

En effet, les marchés n’ont pas adhéré au plan du chancelier Kwasi Kwarteng selon lequel une baisse des impôts conduirait à une croissance potentielle plus élevée et que cela finirait par financer l’augmentation de la dette publique. Pour financer les importants déficits commerciaux du Royaume-Uni, les investisseurs imposent une prime de risque plus élevée. La chute de la demande d’actifs britanniques s’est également traduite par une forte dépréciation de la monnaie. La livre sterling a déjà atteint un plus bas historique face au dollar américain (1£ = 1,13$ au 03/10/22). Une livre plus faible rendra également plus difficile le contrôle de l’inflation. Sous cette pression, finalement, Liz Truss a dû abandonner son idée de réduire la taxation des plus gros revenus.

 

Intervention plus agressive de la Banque d’Angleterre inévitable

 

Pour éviter une crise de la balance des paiements semblable à celle des marchés émergents, la Banque d’Angleterre devra, quant à elle, intensifier son resserrement. Dernièrement, les anticipations de taux ont fortement augmenté, 400 points de base de hausses supplémentaires d’ici la mi-2023 ayant déjà été intégrés. Parallèlement, le rendement du gilt à cinq ans a augmenté de plus de 150 points de base. Une action plus agressive de la Banque d’Angleterre est devenue inévitable. Une hausse d’urgence entre les réunions ne peut être exclue, en particulier lorsque les agences de notation commenceront à déclasser la dette souveraine britannique.

 

Royaume-Uni : rendements en hausse, monnaie en chute libre

 

5-year Gilt yield, GBP/USD exchange rate

Source :  Bloomberg

 

Récession attendue en 2023

 

Des hausses de taux agressives ne feront qu’augmenter la douleur économique au Royaume-Uni. Elles conduiront probablement à une profonde récession l’année prochaine. Le marché du logement est le plus exposé au risque de taux fortement plus élevés puisque 25 % des hypothèques sont à taux variable et plus de 50 % des hypothèques restantes à taux fixe expireront dans les deux prochaines années. Après le choc majeur sur les revenus disponibles de la population dû à la hausse des prix de l’énergie, les ménages britanniques doivent désormais se préparer à un nouveau choc sous la forme d’une hausse des taux hypothécaires.

 

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