Selon les données fournies par Quantalys à fin novembre, on constate que la Chine revient dans le haut du classement après les obligations des pays émergents et les fonds investis dans le secteur de l’or. Ce redressement des fonds investis en actions chinoises augure-t-il d’une meilleure année 2023 pour ce pays ? Analyse avec Anton Brender, Economiste chez Candriam.
Des tensions qui se dissipent
On se souvient encore des tensions qui prévalaient en 2021 sur les chaines d’approvisionnement, sur l’engorgement des ports et sur les délais de livraison. « C’est la bonne nouvelle : les tensions sur les chaînes d’approvisionnement s’atténuent. Mais, les indices PMI montrent que l’on doit s’attendre à une contraction de l’activité industrielle dans plusieurs pays. En Chine, on constate que les forces déflationnistes sont puissantes », note Anton Brender. Bien sûr, les restrictions liées au Covid 19 ont particulièrement pesé sur l’économie chinoise. « On assiste, à chaque lock down, à un effondrement de l’activité du secteur manufacturier ainsi que dans les services. Aujourd’hui, on constate un allègement des restrictions mais le secteur de la santé chinois reste encore très fragile », reconnaît Anton Brender. La croissance chinoise a rebondi au troisième trimestre mais les ventes au détail et la confiance des consommateurs restent déprimées.
Encore des faiblesses
L’économie chinoise révèle encore quelques faiblesses. A court terme, les exportations ne devraient pas soutenir la croissance. De plus, dans une économie où les revenus se sont affaiblis, les dépenses des ménages ont diminué. Le chômage des jeunes y est important et pèse sur l’équilibre social du pays. Les Chinois ne vont sans doute pas renouer rapidement avec la confiance.
Parmi les faiblesses de ce pays, il faut bien sûr relever les perturbations dans le secteur immobilier. « Il faut réaliser que derrière les grands scandales immobiliers, il y a quelque chose de bien plus profond qui affecte l’économie chinoise. Les promotions immobilières sont en chute importante et compenser la contribution négative de l’immobilier résidentiel sur la croissance s’avère un exercice difficile », relève cet économiste.
Des engagements difficiles à tenir
Le président Xi Jinping s’est engagé à doubler le PIB par habitant d’ici 2035. Or, selon Anton Brender, c’est un pari qu’il ne pourra pas tenir car cela supposerait un taux de croissance annuel moyen de 4,7%. « Si la Chine ne parvient pas à réduire son excédent d’épargne, la croissance pourrait fortement décélérer, comme ce fut le cas au Japon pendant les années 90 », épingle Anton Brender. La Chine reste cependant une économie au premier rang au niveau mondial avec 1,4 milliard d’habitants. Elle est soumise à de fortes pressions et défis. L’économie de ce pays peut cependant compter sur le soutien de sa banque centrale et sur les mesures de son gouvernement. Le gouvernement ne lâchera pas le secteur immobilier et continuera à développer les infrastructures. A noter que la croissance chinoise restera bien au-dessus de celles des pays développés en 2023. Selon les prévisions qui foisonnent en cette fin d’année, la croissance chinoise devrait s’établir entre 3,6% et 4,5%.