Selon les données fournies par Quantalys au 30 avril, on constate que ce sont les obligations américaines qui ont le mieux performé en avril de cette année. Comment explique-t-on cette performance assez inattendue ? Les performances publiées le sont en euros. On assiste donc ici, essentiellement, à un effet devises.
En effet, le dollar s’est fortement redressé par rapport à l’euro. « En réalité, les investisseurs qui auraient simplement été investis en dollars auraient encore mieux performé. C’est une excellente année pour le dollar américain. Ce ne sont donc pas les obligations qui performent bien mais la devise sous-jacente », explique Alex Goldwasser, Administrateur chez Goldwasser Exchange (société de bourse). Cette bonne performance des obligations en avril serait donc un miroir aux alouettes.
Les raisons d’un dollar fort
Mais quelles sont les raisons qui ont poussé la devise américaine à la hausse ? « Lors de toutes les crises économiques mondiales, le dollar remonte. Cette devise est considérée comme une valeur-refuge. Il faut aussi souligner que les taux d’intérêt américains sont repartis à la hausse. Cela a augmenté l’attrait pour cette monnaie », constate Alex Goldwasser. L’économie américaine souffre également moins de la crise économique et surtout des retombées du conflit en Ukraine. Ce conflit est plus éloigné de des frontières qu’en Europe et l’économie américaine est plus large et plus puissante que l’économie européenne.
Quelles attentes sur les taux ?
Aujourd’hui, les taux d’intérêt américains sont de l’ordre de 3,2% sur 10 ans. C’est un rendement intéressant dans le contexte actuel. Cependant, les attentes de relance économique post-Covid se sont estompées. Aujourd’hui, l’inflation aux Etats-Unis a atteint un niveau qui n’avait plus été enregistré depuis 40 ans. « Ce niveau élevé d’inflation pourrait constituer un sérieux frein pour la croissance. Les prix élevés pourraient inciter les gens à moins consommer. En ce qui concerne l’évolution des taux d’intérêt, il faut donc faire particulièrement attention aux données liées à la croissance », prévient Alex Goldwasser.
Selon ce spécialiste du secteur obligataire, la hausse des prix enregistrée depuis un an devrait freiner la consommation et donc l’inflation future. Les taux d’intérêt ne devraient donc pas remonter significativement car cela constituerait un nouveau frein pour l’économie. « La récession va provoquer une baisse des prix en raison d’un ralentissement de la consommation. Les interventions des banques centrales ne seront sans doute pas nécessaires dans ce scénario envisagé », note Alex Goldwasser.
Dans ce contexte, les obligations libellées en dollars rapportent plus que les obligations en euro. « On ne se rend pas compte à quel point le pouvoir d’achat des Européens a diminué, d’une part, en raison de l’inflation et d’autre part, en raison de la faiblesse de l’euro. Les perspectives ne sont malheureusement pas très bonnes pour l’euro. Un investissement en obligations libellées en dollars peut donc être envisagé », conclut Alex Goldwasser. A envisager dans le cadre d’une diversification du portefeuille, bien entendu !