Selon les données fournies par Quantalys à fin mai, on constate que les fonds investis en valeurs technologiques ont perdu globalement 23% de leur valeur depuis le début de l’année. Ce n’est pas une surprise. En effet, ces valeurs avaient été portées par un contexte qui leur était plutôt favorable durant la crise sanitaire. Dès la fin de l’année 2021, elles ont accusé une baisse. Explications et perspectives.
Rotation dans les portefeuilles
Les valeurs technologiques sont essentiellement localisées aux Etats-Unis. Elles sont traditionnellement répertoriées dans la catégorie des valeurs de croissance (growth). Or, dès la fin de l’année 2021, on a assisté à une rotation dans les portefeuilles des actions de croissance vers les actions value. « Quand on regarde les indices boursiers, on distingue une grande dispersion au sein de ces indices. En effet, les valeurs technologiques sont surtout des valeurs de croissance et ce sont ces valeurs qui, au sein des indices boursiers, ont encaissé les plus fortes baisses depuis le début de l’année. Les actions value se sont mieux tenues. La principale raison de la forte baisse des actions technologiques est leur valorisation trop élevée », explique Lionel Henrion, Senior Wealth Manager à la Banque Nagelmackers.
Hausse des taux et baisse de l’optimisme
Cet expert fait également remarquer que ces titres sont particulièrement sensibles à l’évolution des taux d’intérêt car le besoin en endettement de ces sociétés est élevé. Cependant, les entreprises technologiques de bonne qualité qui ont de bons ratios de dettes sont moins la proie des hausses des taux. « En réalité, davantage que la hausse des taux d’intérêt, c’est tout le contexte économique qui pèse sur ces valeurs. Partant d’un ratio cours/bénéfice de 30, ces valeurs affichent désormais un ratio de 20. On peut estimer que la baisse de ces valeurs est quasi historique. Depuis le début de l’année, ces titres ont abandonné près d’ un tiers de leur valeur. Aux yeux des investisseurs la valorisation de ces actions était trop optimiste », estime Lionel Henrion.
En effet, il y a quelques mois les observateurs anticipaient le meilleur pour ces entreprises. Aujourd’hui, cela semble être l’inverse. Ces sociétés ont bénéficié d’un coup d’accélérateur avec le Covid mais, aujourd’hui, certaines d’entre elles doivent faire face à un besoin d’adaptation. On pense ici notamment à Netflix.
Quel avenir ?
Les investisseurs semblent encore généralement croire à ces modèles économiques. On assiste à un resserrement entre les cours de ces valeurs par rapport aux autres valeurs du marché. Les valeurs technologiques semblent rejoindre le cœur du marché. Quels seraient les catalyseurs qui pourraient inverser la tendance baissière de ces titres en bourse ? « La hausse du dollar n’est pas une bonne chose pour ces entreprises qui engrangent parfois des abonnements à l’étranger dans d’autres devises. Cela pèsera certainement sur leurs bénéfices. En revanche, l’arrêt de la hausse du dollar pourrait soutenir ce secteur. La sortie du confinement en Chine devrait aussi aplanir les difficultés d’approvisionnement de ces sociétés. Par ailleurs, ces entreprises ont tenu leurs engagements en termes de prévisions bénéficiaires », souligne Lionel Henrion. De plus, lorsqu’on assistera à un ralentissement de l’inflation, cela devrait aussi calmer les investisseurs.
Acheter maintenant ?
Est-ce alors le moment d’acheter ces valeurs ? « Tant que le pic d’inflation n’est pas atteint, il y aura encore beaucoup de volatilité sur les marchés. Il serait plus prudent d’attendre la réunion de la Fed en septembre pour voir si l’on assiste à une normalisation dans la politique de la banque centrale américaine. On pourrait alors se repositionner sur les actions avec des niveaux d’entrée intéressants », conseille cet expert. Le différentiel entre les valeurs technologiques et les valeurs traditionnelles pourrait se resserrer et ces valeurs redeviendraient intéressantes. Rappelons que, dans ce segment de marché, il y a des titres de qualité : Microsoft, Apple ou Alphabet (Google). Il pourrait donc y avoir des opportunités d’achat sur ces valeurs après l’été et ce, pour autant que les perspectives de croissance économique restent bonnes.