Par UBP
Les marchés n’ont pas facilité la tâche des investisseurs durant les dix premiers mois de l’année 2022. Les investisseurs ont subi de sérieuses pertes, tant avec les obligations qu’avec les actions, de telle sorte qu’il leur était difficile de trouver un refuge. L’évolution des conditions du marché (toujours aussi difficiles) devrait ouvrir la voie à un retour des hedge funds, car ils sont capables de générer de bons rendements sans augmenter significativement le risque.
Les hedge funds offrent des alternatives aux investisseurs
Depuis cette année, l’incertitude sur les marchés financiers a fortement augmenté et, après des années d’accalmie, la volatilité a resurgi. Une période de 30 ans, marquée par la désinflation, la baisse des taux et la valorisation élevée des actifs, a pris fin. Dans ces nouvelles conditions de marché, il est fort probable que la répartition traditionnelle du portefeuille, à raison de 60 % d’actions et 40 % d’obligations, s’avère moins performante.
Les investisseurs pourraient alors intégrer un volet de placements alternatifs dans leur portefeuille. Les hedge funds, qui ont perdu une partie de leur popularité ces dernières années, devraient à nouveau être envisagés. En effet, sur la base de leurs données historiques, ils enregistrent de bonnes performances quand les marchés sont difficiles et imprévisibles, comme c’est le cas aujourd’hui. Ils présentent des profils risque/rendement attractifs et peuvent apporter une diversification supplémentaire. De plus, sur le plan réglementaire, beaucoup de choses ont changé et les hedge funds sont aujourd’hui plus accessibles, plus liquides, plus transparents et moins chers.
Un scénario avec des rendements moyens plus élevés pour les hedge funds et plus faibles pour le portefeuille traditionnel 60/40, pourrait se produire dans les années à venir. Depuis la grande crise financière, la stratégie 60/40 a produit un rendement supérieur à la moyenne grâce à des conditions de marché favorables, notamment une baisse constante des taux d’intérêt, alors que les hedge funds ont historiquement sous-performé dans ce contexte.
Les marchés étant devenus plus incertains, les rôles pourraient cependant s’inverser et tant les hedge funds que les portefeuilles 60/40 pourraient revenir à leur moyenne historique ou à long terme.
Trois catégories
Dans le segment du marché des hedge funds, le choix ne manque pas, allant des très conservateurs aux très agressifs, des très sensibles aux peu sensibles au marché. Il y en a donc pour tous les goûts et il s’agit de voir quel rôle les placements dans des hedge funds peuvent jouer dans l’allocation du portefeuille et avec quels fonds il est possible de réaliser les meilleurs résultats. Le choix de la stratégie et la sélection des fonds sont donc primordiaux.
On peut identifier trois catégories de hedge funds. Premièrement, on peut distinguer « un investissement asymétrique en actions ». Il s’agit d’une manière plus conservatrice d’investir en actions et, à l’aide de stratégies long/short qui permettent de mieux répartir le risque, de réaliser une surperformance à la fois sur des marchés baissiers et sans direction. Dans les conditions de marché volatiles actuelles, cette catégorie devrait pouvoir enregistrer d’excellentes performances.
Deuxièmement, il y a les « alternatives à l’obligataire », qui doivent offrir le même profil risque/rendement que les placements à revenu fixe traditionnels alors que le rendement est généré par d’autres éléments. L’arbitrage de crédits en fait notamment partie. Ces stratégies devraient bien se comporter en cas de hausse des taux d’intérêt et fournir une protection contre la volatilité des spreads de crédit.
Troisièmement, il est possible d’opter pour une « diversification supplémentaire ». Cette stratégie cherche des sources alternatives de rendement peu corrélées aux actions ou obligations. Elle est particulièrement efficace en cas de baisse des marchés, de volatilité des taux d’intérêt et de fortes différences entre les segments de marché. Les global macro et les fonds de trading actif font partie de cette catégorie.
En pratique
Voilà pour la théorie. Il est également important de prendre en considération les performances des différentes stratégies ces deux dernières années. La performance générale apparaît dans l’indice composite HFRI Fund Weighted. En 2021, pratiquement toutes les catégories se sont relativement bien comportées, avec des rendements compris entre 6 et 12 %. La stratégie Macro : Discretionary Thematic (stratégie basée sur l’analyse top-down de variables macroéconomiques) est restée un peu à la traîne. Cette catégorie ne doit pas être confondue avec la stratégie Macro : Systematic Diversified Index (processus d’investissement basé sur des modèles mathématiques, algorithmiques et techniques) qui a manifestement fait mieux. Il en va de même pour l’ensemble de 2022, avec un rendement moyen de 19,5 % jusqu’à présent.
Les stratégies qui ont sous-performé cette année sont Equity Hedge (actions long/short), Event Driven (qui jouent sur certains événements), Fixed Income Corporate (qui misent sur les obligations d’entreprise et les spreads de crédit) et Fixed Income Convertible Arbitrage (qui tirent profit des écarts de prix entre les obligations convertibles et les actions sous-jacentes), qui ont toutes perdu du terrain. Les stratégies Relative Value (utilisation du levier pour bénéficier de la compression d’écarts de prix entre actifs similaires) et Merger Arbitrage (qui mise sur les écarts de prix après certains événements des entreprises), sont restées quasiment stables.
Et pour l’avenir ?
On peut cependant entrevoir des rendements supérieurs à la moyenne pour les 12 à 24 prochains mois. Dans les fonds Equity Long/Short, les gestionnaires affirment n’avoir jamais vu autant de valeur fondamentale dans leurs univers respectifs. Comme le marché a tout vendu sans distinction depuis début 2022, il est aujourd’hui possible de générer un rendement en distinguant les entreprises fondamentalement fortes (positions longues) et faibles (positions courtes).
Dans l’environnement macro, on peut être positif pour les hedge funds qui jouent sur les tendances existantes, notamment dans les matières premières. Les hedge funds qui gèrent la politique des taux d’intérêt dans les pays du G10 sont également très performants. Dans Credit & Event Driven, on voit de nombreuses possibilités pour les gestionnaires parce qu’une éventuelle récession pourrait s’avérer néfaste, surtout en matière de « distressed » et, notamment, d’arbitrage. Dans Relative Value, c’est surtout la volatilité accrue qui créera des opportunités parce qu’elle engendre plus d’opportunités de trading et plus de dispersion entre les segments de marché, surtout à court terme. Il en va de même dans Systematic.