Alimentation : les leçons à tirer de la crise sanitaire

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Par Mayssa Al Midani, gérante du fonds Pictet Nutrition chez Pictet AM

Circuits logistiques trop longs, sécurité alimentaire à revoir, effets de la malnutrition sur la résistance au virus… la crise sanitaire nous en dit long sur la façon dont nous nous alimentons. Voici les quelques leçons à en tirer, et les opportunités d’investissement qui en découlent.

 

 

La crise sanitaire nous rappelle, plus que jamais, l’importance de préserver sa santé. La plupart des malades qui ont succombé au virus affichaient des facteurs de comorbidité, tels que l’obésité, le diabète ou d’importants problèmes cardiovasculaires [1].

L’amélioration de la santé de tous passe par une meilleure alimentation, plus saine et plus équilibrée. Cela implique de consommer des produits de meilleure qualité nutritive.

Autre phénomène mis en avant par la crise liée au confinement, la chaîne d’approvisionnement est fragile. Nous avons pris conscience de certaines aberrations.

 

Nous devons nous approvisionner à proximité immédiate des grandes villes

 

Aux Etats-Unis par exemple, il faut jusqu’à onze mois entre le moment où une pomme est cueillie et celui où elle est effectivement consommée. Entretemps, la chaîne de conservation, de logistique et de distribution est nécessairement trop longue. Cette façon de consommer les produits les plus simples est non seulement énergivore (il faut stocker, réfrigérer et déplacer les produits), mais elle présente aussi des risques importants pour la sécurité des aliments. Plus le nombre d’intervenants est élevé dans cette chaîne, plus le risque de défaillance, à un moment ou à un autre, est élevé.

 

Nous avons compris, plus que jamais, la nécessité de nous approvisionner non pas au bout du monde, mais plutôt à la sortie immédiate des grandes agglomérations. Ceci implique de privilégier les circuits les plus courts possible, mais aussi les fermes verticales. Ces centres de production de fruits et de légumes, au lieu d’avoir une emprise au sol forte et d’utiliser un trop grand nombre de ressources en terres cultivables, sont disposés sur plusieurs étages. Cette technique permet de cultiver à proximité immédiate des grandes villes.

 

Il faut viser une meilleure qualité nutritive

 

Indépendamment de cette période de crise qui a accentué les prises de conscience, on estime que les besoins en alimentation vont croître de 50% au cours des trente prochaines années [2]. Dans le même temps, le défi climatique que nous connaissons fait diminuer les surfaces cultivables, et les ressources en eau sont limitées. De même que nous devons limiter les déperditions d’énergie, nous devons trouver une voie vers l’efficacité alimentaire, avec moins de pertes, tout en cherchant toujours une meilleure qualité nutritive.

 

Pour le moment, un tiers de la production alimentaire est gaspillée chaque année.

La quantité produite est en outre mal répartie. Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), une personne sur cinq, dans les pays émergents, souffre de sous-alimentation chronique, et deux milliards de personnes sont carencées en micro-nutriments. Dans le même temps, les pays les plus riches font face à un fort taux de diabète, et le nombre de personnes en surpoids est élevé : 32% des plus de 20 ans aux Etats-Unis…

 

Et pour les investissements ?

 

Le secteur alimentaire devrait être en croissance permanente dans les prochaines années, en raison des besoins grandissants mais aussi de la nécessité de se nourrir plus sainement, avec des produits de meilleure valeur. En outre, ce secteur a un caractère défensif très fort. Il n’est que peu soumis aux cycles économiques puisqu’il répond à un besoin essentiel. Et les sociétés du secteur affichent, en règle générale, un ratio d’endettement moins fort que celles des autres marchés. Elles ont également davantage de liquidités et sont souvent plus profitables que la moyenne du MSCI World All Countries.

 

L’essentiel à retenir

 

  • Les besoins en produits alimentaires augmentent alors même que les ressources s’épuisent. Il faut donc une meilleure efficacité de la production.
  • Nombreuses sont les sociétés qui misent également sur une meilleure qualité nutritive des aliments, pour renforcer le système immunitaire et limiter les risques sur la santé.
  • Il est possible d’en faire un thème d’investissement fort, en privilégiant l’efficacité, et la logistique alimentaire et les aliments de qualité.

[1] Organisation Mondiale de la Santé, janvier 2021: https://www.who.int/westernpacific/emergencies/covid-19/information/high-risk-groups#

[2] Pictet Asset Management, janvier 2021

 

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