
Par NNIP
Le style d’investissement ‘value’ a largement sous-performé au cours des turbulences de la décennie écoulée. Cependant, les portefeuilles d’actions de style ‘value’ peuvent malgré tout surperformer en adoptant une approche adaptative. Il existe trois piliers d’adaptabilité : la prise en compte par les gestionnaires d’actifs de leurs propres biais, la gestion des risques involontaires et l’intégration systématique des facteurs ESG.
Une décennie de perdue
L’investissement en actions ‘value’ a été confronté à d’importants facteurs structurels négatifs durant la décennie écoulée. Cette longue sous-performance est imputable à plusieurs éléments. Les outils non conventionnels utilisés par les banques centrales du monde entier, les bouleversements technologiques rencontrés par les secteurs ‘value’ traditionnels et le faible niveau des taux d’intérêt ont été combinés à l’absence de pressions inflationnistes. En dépit de ces facteurs négatifs, les portefeuilles ‘value’ peuvent malgré tout battre le marché en s’adaptant aux changements du monde qui nous entoure.
Value traps
Pour faire face aux turbulences de la décennie écoulée, les gestionnaires d’actions de style ‘value’ ne disposaient plus de nombreux outils. Certains ont décidé de conserver l’approche traditionnelle basée sur une philosophie d’achat et de conservation qui fonctionnait avant 2007. Le plus souvent, ceci impliquait d’attendre un renversement de tendance, tout en étant confronté au risque de détenir ce que l’on appelle des ‘value traps’. Les value traps sont des actions qui sont bon marché pour une bonne raison et qui continueront à moins bien performer que le marché en raison d’un modèle d’entreprise inefficace ou d’une mauvaise gestion.
Approche adaptative
D’autres gestionnaires ont intégré de nouveaux outils dans leur processus d’investissement afin de réduire le risque de baisse, tout en conservant des portefeuilles affichant les principales caractéristiques du style ‘value’.
La seconde option a montré des résultats plutôt éloquents. Et les stratégies concernées ont régulièrement surperformé sur une base relative, en dépit des importants facteurs négatifs auxquels le style d’investissement ‘value’ a été confronté. Ceci démontre qu’en adoptant une approche adaptative, les investisseurs en stratégies ‘value’ peuvent malgré tout battre le marché. Pour réaliser cette surperformance par rapport à l’ensemble du marché, trois piliers d’adaptabilité majeurs doivent être intégrés au sein du processus d’investissement.
Trois piliers
Le premier pilier est la prise en compte des biais propres aux gestionnaires d’actifs. Chaque gestionnaire de portefeuille a des biais comportementaux, ce qui ne constitue pas un problème en soi aussi longtemps qu’il en a conscience et qu’il compense ceux-ci. En analysant l’historique des transactions des portefeuilles sur plus de 10 années, il est possible d’identifier les biais comportementaux qui ont eu un impact négatif sur la performance, ainsi que les domaines dans lesquels les biais ont été bénéfiques.
Le second pilier est la gestion des risques macroéconomiques involontaires. Tous les gestionnaires de portefeuille connaissent le niveau de risque absolu au sein de leurs portefeuilles. Certains ne sont cependant pas conscients de la façon dont les éléments sous-jacents contribuent à ce risque. Ils ne peuvent dès lors pas le gérer activement. En analysant les sources de risques, en évitant les risques macroéconomiques potentiellement involontaires et en allouant la majeure partie du budget de risque à la composante idiosyncratique (spécifique aux actions), il est possible de réduire significativement la sensibilité des portefeuilles aux chocs externes inattendus. Cette approche n’a pas empêché les stratégies de rester fidèles à leur style puisqu’elles ont conservé leur exposition positive aux facteurs ‘value’ et de dividendes, mais d’une façon qui contrôle le risque macroéconomique.
Le troisième pilier est l’utilisation des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) afin d’améliorer le rapport risque/rendement. Les gestionnaires de portefeuille ‘value’ peuvent passer leur univers d’investissement au crible pour identifier les entreprises à la valorisation la plus attrayante. Néanmoins, se contenter d’une analyse basique des valorisations accroît le risque de détenir des ‘value traps’. En dehors de l’examen de la valorisation, les gestionnaires de portefeuille doivent effectuer une évaluation qualitative approfondie de chaque entreprise.
En intégrant systématiquement et rigoureusement des facteurs ESG dans le processus d’investissement et en réduisant activement l’exposition aux entreprises affichant un risque ESG élevé, il est possible d’offrir un meilleur rapport risque/rendement. L’approche d’exclusion basée sur des normes, l’engagement et la politique de vote, en combinaison avec l’évaluation qualitative des risques ESG pertinents d’une entreprise ainsi que de leur impact financier potentiel, peut réduire le risque baissier des stratégies d’actions à haut dividende européennes et de la zone euro. Le suivi des risques ESG au niveau du portefeuille procure un élément de gestion du risque supplémentaire qui limite les risques ESG involontaires.
Ces trois piliers ont un dénominateur commun : en s’adaptant aux changements du contexte d’investissement, les gestionnaires de portefeuilles ‘value’ peuvent améliorer leur rendement ajusté du risque tout en restant fidèle à leur style d’investissement. Au lieu de s’accrocher à l’approche Value 1.0 qui fonctionnait parfaitement avant la grande crise financière, mais qui a affiché des rendements ajustés du risque très médiocres depuis lors, il est tout à fait possible d’adapter les processus d’investissement à la nouvelle réalité. Value 1.0 a fait place à Value 2.0.