
On entend parfois parler de prêts de titres. Qu’entend-on par là ? Il ne faut pas confondre cette notion avec les prêts sur titres. Ici, il s’agit d’opérations qui sont réalisées par les fonds d’investissement. Ces opérations de prêts sont principalement exécutées par les fonds indexés, les ETF (ou trackers). Ceux-ci prêtent les actions ou obligations qu’ils détiennent en portefeuille à d’autres acteurs du secteur financier. Comment et pourquoi le font-ils ? Quels sont les risques et les garanties ?
Plus de rentabilité
Les fonds indexés prêtent les titres qu’ils détiennent en portefeuille contre un intérêt (un loyer) que doivent leur payer ceux qui empruntent les titres. « Le but est d’augmenter la rentabilité du fonds, couvrir une partie des coûts du fonds et, de cette manière, s’approcher le plus possible de la rentabilité de l’indice. Le taux d’intérêt pour un prêt de titres sera d’autant plus élevé qu’il sera difficile d’obtenir un prêt pour l’action ou l’obligation en question », peut-on lire sur le site d’Indexa Capital.
A qui bénéficie cette opération ? Parfois, l’émetteur du fonds garde ces revenus pour augmenter sa propre rentabilité. Certains émetteurs font cependant le choix de rétrocéder ces intérêts au fonds (et donc aux souscripteurs).
Voici un exemple de rentabilité que cette technique peut générer
Source : Indexa Capital
Pourquoi emprunter des titres ?
Mais qui sont ces acteurs financiers qui empruntent des titres ? Et pourquoi ? Les emprunteurs sont des vendeurs à découvert. On les appelle aussi des short sellers. La technique consiste à spéculer sur la baisse d’une action en vendant les titres sans les posséder, avec l’espoir de les racheter quand le cours sera plus bas. Le bénéfice (ou la perte) provient de la différence de cours entre les prix de vente et d’achat. On appelle aussi cette technique « shorter ».
Quel risque ?
Dans ce type de prêts, le prêteur court un risque. C’est le risque de contrepartie si l’emprunteur ne sait pas lui restituer les titres à l’échéance du prêt. « Comme dans tous les prêts, le risque existe que l’emprunteur, qui en général est une banque d’investissement, fasse faillite pendant la durée du prêt et ne rende pas le titre prêté au fonds indexé. Ce risque est appelé risque de crédit. Cela impliquerait, si 1% du fonds était prêté à une banque qui ferait faillite, le jour de la faillite, une chute d’environ 1% du fonds. Si le fonds avait prêté 10% alors sa chute serait d’environ 10% », note Indexa Capital.
Les fonds évitent de prêter l’ensemble de leurs portefeuilles. Ils n’en prêtent qu’une petite partie comme le montre le tableau ci-dessous.

Garanties
Mais les fonds peuvent se prémunir de différentes manières contre ce risque. La première façon de se prémunir est la diversification. Il convient alors de ne pas concentrer tous ses prêts de titres sur une seule maison de gestion mais de répartir ces prêts sur plusieurs intervenants différents.
Une deuxième façon de se prémunir est de demander une garantie appelée « collatéral ». « Le type de collatéral et le montant acceptés sont très importants. Garantir un prêt d’un million d’euro avec un collatéral d’un million d’euros en actions ou avec un collatéral de 1,1 million d’euros en obligations d’État allemand est très différent. En cas de défaut de paiement, la valeur des actions pourrait avoir chuté par rapport au début du prêt et avoir une valeur largement en dessous du montant du prêt tandis qu’avec des obligations d’État allemand, la valeur n’aurait a priori que peu changée », prévient Indexa Capital. On peut aussi exiger pour un prêt de titres une valeur du collatéral équivalente à plus de 100% du montant du prêt.
Le prêt de titres présente donc un risque dans les ETF et les trackers à réplication physique. Ce risque est cependant souvent bien maîtrisé. Il permet aussi d’accroître la rentabilité du fonds si les commissions de prêt sont rétrocédées au fonds et non au gestionnaire. Ces opérations de prêts de titres sont souvent décriées dans le milieu financier. Elles permettent cependant d’assurer une certaine liquidité sur les marchés.