Les cryptomonnaies et, plus spécifiquement le Bitcoin, font sans cesse parler d’elles dans la presse et les réseaux sociaux. Une fois, c’est la hausse fulgurante de ces actifs qui fait couler beaucoup d’encre. Une autre fois, ce sont les baisses abyssales qui sont mentionnées. Mais, au-delà, de ces mouvements peut-on considérer les cryptomonnaies comme des investissements ?
La terminologie
La terminologie utilisée pour ces actifs pourrait inciter à croire que nous sommes dans la sphère des investissements. Le terme « monnaies » engendre une confusion. En effet, même s’il est possible de payer certains biens et services en Bitcoin, il ne s’agit pas d’une monnaie à proprement parler. Derrière cet actif, il n’y a aucun Etat, aucune banque centrale qui gère la politique de cette monnaie. On devait donc plutôt parler de « moyen d’échange ».
Les produits
Des produits financiers ayant comme sous-jacents certaines cryptomonnaies sont aussi un incitant à considérer ces actifs comme des instruments de placement. C’est ainsi qu’il existe des ETP sur le Bitcoin et l’Ethereum. Il s’agit de fonds cotés en bourse qui traquent la performance des cryptomonnaies. Ainsi, un ETF Bitcoin propose une alternative pour les investisseurs qui souhaitent participer au marché du Bitcoin sans devoir choisir une plateforme d’échange pour acheter des jetons ou créer un wallet digital pour les conserver en toute sécurité.
Euronext Paris et Euronext Amsterdam viennent d’accepter à leur cote respective des ETP sur les monnaies virtuelles. De ce fait, ces places boursières semblent adouber ces crypto-actifs comme moyens de placement. Elles permettent aussi de les acquérir ou les vendre plus rapidement et plus facilement. A titre d’exemple, le VanEck Vectors Bitcoin ETN est une obligation négociée en Bourse intégralement collatéralisée qui investit dans le Bitcoin. La stratégie permet d’accéder à la cryptomonnaie la plus liquide, couverte à 100 % par le Bitcoin et « stockée à froid » (cold storage) auprès d’un cryptodépositaire régulé avec une cryptoassurance (limitée)[i].
Une illusion
Mais en y regardant de plus près, de quoi s’agit-il exactement ? Le Bitcoin est un algorithme créé de toutes pièces. Il ne s’apparente pas à une monnaie car il n’y a aucun actif sous-jacent et encore moins de contrôle de la part d’une autorité publique. « De ce fait, le Bitcoin, qui est souvent cité ces dernières années, illustre bien le risque de confusion entre placement, monnaie, cryptoactif. Les investisseurs crédules imaginent qu’ils vont gagner beaucoup d’argent en investissant dans le Bitcoin, pour citer le plus répandu, et réussir à revendre ce même « actif » à un autre investisseur tout aussi crédule », prévient Jérôme Dawans, Administrateur-Délégué chez Delande.
Dans l’esprit de certains, le Bitcoin et autres monnaies virtuelles devraient plutôt s’apparenter à un jeu, à du gambling plutôt qu’à un investissement. « Le simple fait d’avoir appelé « monnaie virtuelle » ce qui n’est rien d’autre qu’un jeu planétaire sur Internet a été lourd de conséquences. Parler de cryptomonnaies donne en effet l’illusion qu’il y a une politique monétaire sous-jacente menée par des gens responsables, alors qu’à l’origine du Bitcoin il y a simplement des informaticiens très forts certes, mais incontrôlables, qui ont développé un algorithme génial certes, mais mystérieux et secret. Le Bitcoin est en fait plus proche d’un jeton de casino que d’une pièce d’un euro, et si on l’avait appelé « Pokemoncoin » et non cryptomonnaie, la suite des évènements aurait été bien différente», relève Luc de Brabandère dans son dernier ouvrage.[ii]
Dangers
Rappelons en outre que ces monnaies sont extrêmement volatiles. Il ne s’agit certainement pas d’un placement de bon père de famille. En les achetant, on fait surtout un pari sur leur évolution. Par ailleurs, on pourrait aussi se poser la question du risque que cela induit lorsqu’une société (cotée) déclare accepter les paiements en bitcoin. C’est un risque important à intégrer dans la rentabilité de cette entreprise en cas de forte baisse de ce moyen de paiement. Les crypto-assets ne sont donc pas à proprement parler des investissements. La plus grande prudence s’impose si l’on veut « jouer » dans cet environnement ! De plus, le Bitcoin se caractérise par une consommation d’énergie incommensurable qui n’est pas en ligne avec les efforts entrepris par bon nombre d’acteurs pour réduire les émissions de GES.
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Le Bitcoin n’est pas sans risques !
[i] https://www.capital.fr/entreprises-marches/vaneck-cotera-ses-etp-de-crypto-monnaies-sur-les-bourses-de-paris-et-amsterdam-euronext-1404836
[ii] Petite Philosophie des arguments falacieux, L. de Brabandere, Ed. Eyyrolles, 7/01/2021