
Par Pauline Grange, Portfolio Manager chez Columbia Threadneedle
Il n’est guère surprenant que de nombreuses personnes cherchent à rester en bonne santé compte tenu des rapports qui établissent un lien entre la gravité d’une contamination au Covid-19 et l’obésité. Ces rapports nous poussent non seulement à prendre en main notre santé, mais ils sont également susceptibles d’inciter les gouvernements à adopter des stratégies plus proactives pour combattre l’obésité et réduire l’incidence des facteurs de risque des maladies non transmissibles (MNT) telles que le diabète. Ces MNT sont non seulement associées aux cas les plus sévères de Covid-19, mais elles représentent également une charge croissante pour les systèmes de santé publics.
Obésité et maladies
Plus de 70% des Américains sont en surpoids ou obèses[i] et la prévalence de l’obésité morbide a augmenté au cours des deux dernières décennies. La situation est très similaire au Royaume-Uni, où 67% des hommes et 60% des femmes sont considérés en surpoids.[ii]
Ces taux élevés d’obésité constituent un problème de santé publique majeur et sont également à l’origine de maladies chroniques liées à l’alimentation, telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et certains types de cancer. A l’heure actuelle, six Américains sur dix sont touchés par une maladie chronique, et quatre sur dix sont touchés par deux maladies chroniques ou plus.[iii] Divers facteurs contribuent à la prévalence de ces maladies chroniques, mais les plus importants sont les mauvaises habitudes alimentaires et le manque d’activité physique.
Il est désormais largement reconnu que les taux d’obésité plus élevés du Royaume-Uni expliquent en partie pourquoi le pays affiche le taux de mortalité des malades du Covid-19 le plus élevé d’Europe. Alors que les pouvoirs publics prennent conscience du fait que les facteurs culturels et le mode de vie font plus que compenser les gains résultant des dépenses de santé supplémentaires par habitant, nous pouvons nous attendre à une réorientation des politiques en faveur de ces domaines, en particulier pendant la crise actuelle.
Alimentation saine
L’alimentation constitue pour les gouvernements l’un des leviers les plus évidents pour influencer la santé publique et l’incidence de l’obésité. Au fil du temps, les aliments et les boissons peu sains seront probablement soumis à des restrictions de plus en plus sévères en matière de publicité, à des taxes sur le sucre et à des exigences accrues en termes d’avertissements devant figurer sur les étiquetages. Il est plus probable que de telles mesures se concrétisent dans les pays où l’incidence du diabète est plus élevée, où les résultats des malades du Covid-19 sont moins bons et où les systèmes de santé publique sont plus étendus.
Le Royaume-Uni constitue un bon exemple à cet égard. En juillet, Boris Johnson s’est montré plus proactif sur la question de l’obésité après avoir lui-même contracté le Covid-19. Les nouvelles mesures proposées[i] comprennent : l’interdiction de la publicité télévisée et en ligne pour les aliments riches en graisses, en sucre et en sel avant 21 heures ; la fin de certaines offres (par exemple « 1+1 gratuit ») sur les aliments non sains riches en sel, en sucre et en graisses ; l’indication du nombre de calories sur les menus pour aider les gens à faire des choix plus sains lorsqu’ils mangent au restaurant ; et l’obligation de mentionner les « calories liquides » cachées pour les boissons alcoolisées. Enfin, une campagne est lancée pour aider les gens à perdre du poids, à faire davantage d’exercice physique et à mieux s’alimenter.
Investir dans un mode de vie plus sain
La lutte contre la crise mondiale de l’obésité passera par la promotion d’un mode de vie plus actif. L’Organisation mondiale de la santé affirme que le manque d’activité physique est l’un des principaux facteurs de risque de mortalité dans le monde. Les campagnes gouvernementales visant à aider les gens à perdre du poids et à faire plus d’exercice physique devraient jouer un rôle important dans l’inversion de ces tendances. Les enseignes de vêtements de sport telles qu’Adidas participent également à la promotion de ce mode de vie plus sain par le biais de leurs campagnes de marketing et de soutien communautaire, tout en bénéficiant financièrement de son adoption par les consommateurs.
La stratégie Global Sustainable Outcomes évite activement les entreprises dont les produits et services contribuent à la crise de l’obésité et de la santé, comme les producteurs de boissons alcoolisées et les chaînes de restauration rapide, tout en donnant la priorité aux entreprises de consommation dont les produits contribuent à une alimentation et à un mode de vie plus sains. Si les politiques gouvernementales portent leurs fruits, les entreprises proposant des produits plus sains en profiteront, tandis que les autres devront faire face à des coûts et des défis accrus à l’avenir.
Consultez aussi le corner Chroniques d’experts
[i] The Guardian, « Boris Johnson: obesity drive will not be ‘bossy or nannying’ », 27 juillet 2020.
[i] https://www.cdc.gov/nchs/fastats/obesity-overweight.htm
[ii] https://digital.nhs.uk/data-and-information/publications/statistical/statistics-on-obesity-physical-activity-and-diet/england-2020
[iii] https://www.cdc.gov/chronicdisease/resources/infographic/chronic-diseases.htm