
Par NNIP
Qu’est-ce qu’un « greenium » ? Ce mot est formé par la contraction de « green » et « premium ». C’est la prime verte que les investisseurs sont prêts à payer à une entreprise pour l’émission d’une obligation verte (ou Green Bond) par rapport à l’émission d’une obligation traditionnelle présentant les mêmes caractéristiques. Cette prime s’explique par un surplus de demande des investisseurs pour les obligations vertes par rapport à l’offre disponible. Du fait d’un prix d’achat plus élevé, les obligations vertes offrent donc un rendement plus faible qu’une obligation traditionnelle avec les mêmes caractéristiques.
Un sujet très débattu
L’existence d’un « greenium », qui rend les obligations vertes plus chères que les obligations ordinaires, est un sujet très débattu. Jusqu’à récemment, sur un marché où la demande dépassait toujours l’offre, les investisseurs se sont montrés disposés à payer plus cher pour les obligations vertes, ce qui a maintenu le « greenium » en vie. Mais, avec l’envolée des émissions vertes, les choses pourraient changer. L’Association des marchés financiers européens a en effet constaté qu’en avril, les investisseurs n’ont pratiquement pas payé de prime pour les obligations d’entreprises vertes, alors que le « greenium » moyen s’élevait à 9 points de base en 2020.
Le « greenium » s’inscrit aussi dans un débat plus large. La création d’un impact environnemental positif doit-il nécessairement se faire au détriment des performances financières ? Une étude1 récente menée auprès d’investisseurs en obligations vertes nordiques et néerlandais montrent que les avis sont partagés. 41 % du panel s’attend à ce que les obligations soient émises avec un « greenium », contre 59 % qui se montrent moins convaincus.
1 Etude menée par Kirstein A/S en collaboration avec NN Investment Partners
Plus d’émissions, moins de « greenium » ?
Si l’on compare les spreads de crédit ajustés en fonction des options d’un indice d’obligations vertes libellées en euros et d’un indice comparable d’obligations traditionnelles, il apparaît clairement que le « greenium » s’amenuise depuis la mi-2019. La bonne nouvelle est que cette tendance n’a pas découragé les émetteurs, qui doivent maintenant fixer un prix plus agressif pour leur papier dans un marché où les obligations vertes deviennent moins rares.
Selon Refinitiv, les entreprises du marché des obligations d’entreprises de qualité (ou « investment grade ») libellées en euros ont déjà levé presque autant de fonds au premier semestre 2021 que sur l’ensemble de l’année 2020. Les émissions vertes représentent 16 % du total des ventes d’obligations d’entreprises de qualité libellées en euros, soit le double par rapport à l’année dernière.
Green bonds d’entreprises versus obligations d’entreprises traditionnelles
Bloomberg Barclays MSCI Euro Corporate Green Bond Index/ Bloomberg Barclays Euro Aggregate Corporate Index
Source: Bloomberg