
Par Pictet AM
En 2009, une équipe internationale de 26 chercheurs, menés par Johan Rockström du Stockholm Resilience Centre et Will Steffen de l’Université nationale australienne, publiait un article dans les revues Nature et Ecology and Society, dans lequel elle identifiait neuf limites planétaires (planetary boundaries) à ne pas dépasser si l’humanité veut pouvoir se développer dans un écosystème sûr, c’est-à-dire évitant les modifications brutales, non-linéaires, potentiellement catastrophiques et difficilement prévisibles, de l’environnement.
Les auteurs insistent sur la dimension systémique des impacts causés par le dépassement des limites planétaires. Ils rappellent aussi que l’interaction des limites entre elles ne doit pas être sous-estimée, de même que l’inertie des systèmes naturels. Par exemple, même si les émissions mondiales de gaz à effet de serre s’interrompaient demain, la concentration de ces gaz déjà émis dans l’atmosphère pourrait suffire à perturber durablement le climat.
Les 9 dimensions
Le modèle identifie les neuf dimensions les plus critiques pour l’environnement, qui sont essentielles pour le maintien d’une biosphère stable, une condition nécessaire au développement et à la prospérité de l’espèce humaine.
Ces neuf dimensions sont
- l’utilisation de l’eau douce,
- le changement climatique,
- la biodiversité,
- l’utilisation des sols,
- le cycle de l’azote et du phosphore,
- l’acidification des océans,
- l’appauvrissement de la couche d’ozone,
- la charge en aérosols,
- la pollution chimique.
Le modèle spécifie les seuils respectifs que l’humanité ne doit pas franchir, sous peine de risquer des dommages environnementaux irréversibles, avec des conséquences potentiellement catastrophiques. La zone située à l’intérieur des limites, où les activités humaines peuvent se développer en sécurité, est appelée « espace d’exploitation sûr » (safe operating space), soit une « zone de sécurité » pour les activités humaines.
Limites planétaires et zone de sécurité pour les activités humaines
Voici un schéma reprenant les limites et zones de sécurité
Investir
Il est alors possible d’investir dans des sociétés offrant des produits et des services visant à répondre aux défis environnementaux et qui respectent elles-mêmes l’environnement. Pour ce faire, les gérants de fonds peuvent s’appuyer sur ce cadre scientifique unique des limites planétaires. Ce cadre prend en compte neuf grands facteurs environnementaux et spécifie les seuils respectifs que l’humanité ne doit pas franchir, sous peine de provoquer des dommages environnementaux irréversibles. Cette approche permet de réduire l’univers des quelque 40.000 sociétés cotées dans le monde à un univers d’environ 3.500 entreprises.
Les gestionnaires peuvent ensuite se concentrer sur les sociétés qui fournissent des produits et des services qui répondent aux défis environnementaux par l’innovation, la technologie et l’utilisation intelligente des ressources naturelles, soit environ 400 sociétés. Une approche de type bottom-up peut aboutir ensuite à un portefeuille concentré d’environ 50 valeurs.