Comment l’industrie forestière se met-elle au service de la durabilité ?

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Par Christoph Butz, gérant de la stratégie Bois de Pictet Asset Management

L’industrie forestière s’implique activement dans le développement de nouvelles technologies d’utilisation du bois. On pourrait même aller jusqu’à dire que tout ce qui peut aujourd’hui être fabriqué à partir de matériaux fossiles pourra demain être fabriqué à partir d’un arbre.

Bien que ce développement soit tout récent, plusieurs entreprises européennes se sont déjà lancées dans la production d’une grande variété de nouveaux produits. A titre d’exemple, Stora Enso a mis sur pied une usine pilote pour la production de cathodes de carbone faites de lignine (sous-produit du processus de fabrication de la pâte de bois) à des fins de stockage d’énergie. La société finlandaise prévoit également de fabriquer des fibres de carbone, ainsi que plusieurs types de liants biosourcés.

 

Nouveaux matériaux, nouveaux produits

 

L’industrie forestière développe de nombreux autres projets visant à fabriquer de nouveaux matériaux et produits biosourcés qui ont jusqu’à présent été fabriqués à partir de matériaux extraits de ressources fossiles. L’entreprise finlandaise UPM investit, par exemple, dans la production de produits biochimiques, tels que le biomonoéthylène glycol (BioMEG) et les charges fonctionnelles renouvelables à base de lignine. Sa toute nouvelle bioraffinerie, dont la matière première principale sera le bois, produira également du biomonopropylène glycol (BioMPG) et des sucres industriels. Selon UPM, ces produits biochimiques pourront être intégrés dans la chaîne de production de divers produits de consommation. Plus écologiques, ils conviennent à une grande variété d’applications. En voici quelques exemples : textiles, bouteilles en PET, emballages, liquides de dégivrage, matériaux composites, produits pharmaceutiques, cosmétiques, détergents et charges fonctionnelles pouvant remplacer le carbone noir dans diverses applications du caoutchouc.

 

Carburants renouvelables

 

Les carburants renouvelables dans les transports constituent un autre emploi pleinement fonctionnel. UPM possède une bioraffinerie à Lappeenranta qui produit environ 100.000 tonnes de diesel et de naphta renouvelables, en utilisant comme matière première un sous- produit de la fabrication de la pâte à papier. Il est important de noter que, contrairement à la fabrication des biodiesels à partir de denrées alimentaires ou d’aliments pour animaux, la production de biodiesel à partir du bois n’entre pas en concurrence avec la chaîne alimentaire humaine.

La liste de produits ci-dessus n’est en aucun cas exhaustive, et elle ne fera probablement que s’allonger avec les innovations technologiques des prochaines années, qui multiplieront les types de produits pouvant être fabriqués à partir du bois.

 

Une nouvelle dynamique

 

La tendance à la réduction des émissions de CO2 au niveau mondial se traduira très probablement par un recours accru aux applications traditionnelles et nouvelles du bois en tant que matière première durable et renouvelable pouvant réduire l’utilisation de matières premières d’origine fossile.

Une fois que cette dynamique se sera répercutée sur les bénéfices, la valorisation des forêts gérées de manière durable devrait aussi augmenter. Les sociétés industrielles qui utilisent le bois pour fabriquer de nouveaux produits pourraient ainsi voir leur multiple de valorisation considérablement augmenter en raison d’une meilleure rentabilité et d’une croissance plus forte.

 

Recette durable

 

Tous les ingrédients sont réunis pour opérer un changement de cap durable dans l’utilisation des ressources en employant toujours plus de matériaux renouvelables à la place des matières fossiles. Et les entreprises de l’industrie forestière ont la recette d’un succès durable. Les efforts entrepris par de nombreuses entreprises pour chercher et créer de nouveaux produits et de nouvelles sources de revenus sont encourageants. Il reste certes encore beaucoup de chemin à parcourir. Ces nouveaux produits ne représentent aujourd’hui encore qu’un faible pourcentage du chiffre d’affaires des entreprises qui les fabriquent, mais ils ne cessent de se développer, et rapidement.

 

Nous ne pouvons aujourd’hui dire avec certitude qui seront les gagnants, mais les acteurs de la chaîne de valeur sylvicole en feront presque certainement partie, qu’il s’agisse des propriétaires forestiers, des développeurs de technologies ou encore des consommateurs finaux, qui obtiendront des produits respectueux de l’environnement fabriqués à partir d’arbres cultivés de manière durable.

 

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