Comment le secteur des assurances peut-il être plus durable ?

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Par Xuan Sheng Ou Yong, BNPP AM

Les questions de développement durable telles que le changement climatique font l’objet d’une attention accrue de la part des compagnies d’assurance depuis qu’elles sont confrontées à un ensemble unique de défis. Les catastrophes naturelles affectent sans aucun doute davantage leur performance que celle d’autres institutions financières compte tenu de leur rôle de garants des risques immobiliers et d’investisseurs dans des actifs réels. Pourtant, une enquête récente a révélé qu’un tiers des régulateurs ne savaient pas comment les assureurs étaient préparés à réagir à l’impact du changement climatique sur leur stabilité financière.

 

Risques et opportunités

 

Questions liées aux souscriptions

 

Du côté des souscriptions, les assureurs doivent faire face à certains problèmes majeurs, notamment la difficulté croissante de modéliser les risques liés aux événements extrêmes liés au climat. Cela tient en partie au fait que les probabilités historiques des catastrophes naturelles, des sécheresses et des mauvaises récoltes sont de moins en moins représentatives des probabilités futures dues au changement climatique.

Il est peu probable que les modèles catastrophes classiques, qui reposent en grande partie sur des données historiques, mesurent avec précision le risque dans un monde où le climat se comporte de plus en plus différemment du passé. Ces modèles pourraient dissimuler l’étendue réelle du risque auquel sont confrontés les assureurs et les assurés.

 

Une étude de l’université de Stanford a récemment révélé que les tendances à la hausse des températures aux États-Unis ont contribué à 19 % des pertes de l’assurance récolte nationale entre 1991 et 2017.

 

Pour absorber des pertes plus importantes, ou des pertes moins prévisibles, les assureurs devraient naturellement facturer des primes plus élevées. Par exemple, à l’aube de la saison des feux de forêt de 2021, le California FAIR Plan, l’assureur de dernier recours de l’État, a augmenté ses taux en moyenne de 15,6 % pour les propriétaires de la Californie, en grande partie en raison d’une plus grande exposition aux feux de forêt. Cette hausse s’est ajoutée à une hausse de 20 % 18 mois plus tôt.

 

Cela suggère que les méthodes de modélisation des risques utilisées par les assureurs devront évoluer et considérer les nouvelles sciences du climat pour évaluer efficacement le transfert des risques. À défaut, le bilan de l’assureur peut se détériorer s’il doit payer plus que les provisions.

 

Mauvais signaux de prix et inégalités

 

Une modélisation inadéquate des risques climatiques peut envoyer de mauvais signaux de prix. Les acheteurs d’assurance pourraient poursuivre des activités qui sont en fait confrontées à des risques climatiques plus élevés que prévu, par exemple, l’achat d’une maison qui sera bientôt sujette aux inondations, ou vivre dans une zone où le stress thermique est plus élevé. En d’autres termes, un modèle aussi inadéquat peut conduire à un comportement de marché inefficace de la part des assureurs et des assurés.

 

Outre les questions liées au climat, les assureurs sont également confrontés à la difficulté de créer des produits intéressants à prix réduit afin de réduire les inégalités. Les ménages à faible revenu sont moins susceptibles d’avoir accès à l’assurance maladie. L’augmentation du risque climatique pourrait rendre l’assurance logement moins abordable pour les communautés les plus pauvres, dont beaucoup souffrent de manière disproportionnée des catastrophes.

 

L’industrie pourrait envisager des solutions qui vont au-delà du transfert traditionnel des risques et de l’atténuation des risques pour aider les groupes défavorisés. Les solutions pourraient être aussi simples que l’offre d’assurance paramétrique. Ces polices sont payées après la survenance d’événements prédéfinis plutôt que d’assurer la valeur totale des pertes.

Cela allège le fardeau des procédures de réclamation parfois longues pour ces groupes défavorisés et peut rendre la couverture plus abordable.

 

Parmi les autres idées, on peut citer l’offre de primes à taux réduit pour l’assurance contre les inondations lorsque des mesures de prévention à faible coût sont prises ou des programmes communautaires d’assurance contre les catastrophes.

 

Risques de réputation

 

Une troisième question liée à la durabilité concerne les risques de réputation qui peuvent provenir de l’assurance d’activités socialement nocives (par exemple, à forte intensité de combustibles fossiles).

 

Les militants climatiques ont eu recours à la dénonciation, à la protestation physique et à d’autres formes de plaidoyer pour faire pression sur les assureurs pour qu’ils cessent de couvrir les industries polluantes. Dans certains cas, les militants ont gagné – en mai 33, les assureurs ont refusé de fournir une assurance à un contractant d’une mine thermique.

 

Le risque de réputation est tel que certains réassureurs passent maintenant par le processus fastidieux d’examen de leurs traités relatifs à l’exposition au charbon.

 

 

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