La BCE pourrait maintenir sa politique accommodante jusqu’en 2024

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Par Arthur Jenck et Erik Joly, ABN AMRO Private Banking (Belgique)

 

Le Conseil des gouverneurs a confirmé sa politique actuelle sur les taux d’intérêt. La BCE conservera ses taux directeurs et son rythme d’achat obligataire pendant encore une longue période.

 

 

Taux directeurs

 

Le discours de la BCE indique que le Conseil des gouverneurs « s’attend à ce que les taux directeurs de la BCE restent à leurs niveaux actuels ou inférieurs jusqu’à ce qu’il voie l’inflation atteindre 2 % durablement pour le reste de l’horizon de projection, et il juge que les progrès réalisés en matière d’inflation sous-jacente sont suffisamment avancés pour être compatibles avec une stabilisation de l’inflation à 2 % à moyen terme. Cela peut également impliquer une période transitoire au cours de laquelle l’inflation est légèrement supérieure à l’objectif ».

 

Lors de la conférence de presse, la présidente de la BCE Christine Lagarde a précisé que « bien avant la fin de son horizon de projection » faisait référence à l’horizon de 2-3 ans, bien que le Conseil des gouverneurs dispose d’une certaine latitude sur ce point. Même si cette décision n’a pas fait l’unanimité, elle s’est appuyée sur la base d’une «majorité écrasante».

La politique précédente indiquait que le Conseil des gouverneurs « s’attend[ait] à ce que les taux d’intérêt directeurs de la BCE restent à leurs niveaux actuels ou inférieurs jusqu’à ce qu’il ait vu les perspectives d’inflation converger de manière robuste vers un niveau suffisamment proche, mais inférieur, à 2 % dans son horizon de projection, et cette convergence s’est constamment reflétée dans la dynamique sous-jacente de l’inflation ».

 

Des différences

 

Ainsi, les principales différences dans la politique sont aujourd’hui les suivantes :

 

  • L’objectif d’inflation est maintenant plus élevé.
  • La BCE maintiendra une politique accommodante jusqu’à ce que l’inflation atteigne l’objectif au cours de son horizon de projection plutôt qu’à la fin.
  • Le Conseil des gouverneurs est prêt à accepter un dépassement temporaire dans ce processus.

 

La BCE prévoit actuellement que l’inflation ne dépassera pas 1,5% d’ici la toute fin de son horizon, soit 2023. De plus, la trajectoire de l’inflation est très légèrement ascendante (à environ 0,1 point de pourcentage par an). A titre d’illustration, en supposant que la tendance se poursuive, il faudrait probablement attendre 2025 avant que la BCE ne voie une inflation autour des niveaux cibles bien avant la fin de son horizon de prévision. Cela serait cohérent avec le maintien des taux directeurs à leur niveau actuel jusqu’en 2024.

 

Programme d’achat d’actifs (PAA)

 

Le PAA se poursuivrait également pendant une grande partie de cette période. En effet, la BCE « continue de s’attendre à ce que les achats d’actifs nets mensuels dans le cadre du PAA se poursuivent aussi longtemps que nécessaire pour renforcer l’impact accommodant de ses taux directeurs, et se terminent peu avant de commencer à les relever ».

 

Aucun changement n’a également eu lieu concernant le Programme d’achat d’urgence lié au Covid-19, le PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme). Le « Conseil des gouverneurs continue de s’attendre à ce que les achats dans le cadre du PEPP au cours du trimestre en cours se déroulent à un rythme nettement plus élevé que pendant les premiers mois de l’année ».

 

En outre, il s’attend à ce que les achats nets dans le cadre du PEPP se poursuivent « au moins jusqu’à fin mars 2022 et, en tout cas, jusqu’à ce qu’il juge que la phase de crise du coronavirus est terminée ». La définition exacte de la «phase de crise du coronavirus» n’est pas claire. Certains responsables ont signalé que le niveau du PIB devrait revenir à son niveau d’avant la pandémie, ce qu’il est prévu (et la BCE aussi) être le cas vers mars de l’année prochaine. Bien que l’augmentation du nombre de nouveaux cas de virus ait fait peser des risques à la baisse sur l’économie, on peut s’en tenir au scénario de base.

 

Perspectives macroéconomiques

 

On peut également partager le même point de vue que la BCE concernant les perspectives macroéconomiques. En effet, les risques pesant sur les perspectives économiques sont «globalement équilibrés» : « l’activité économique pourrait surpasser nos attentes si les consommateurs dépensaient plus que prévu actuellement et puisaient plus rapidement dans les économies qu’ils ont accumulées pendant la pandémie. Une amélioration plus rapide de la situation pandémique pourrait également conduire à une expansion plus forte que celle actuellement envisagée. Mais la croissance pourrait sous-performer nos attentes si la pandémie s’intensifie ou si les pénuries d’approvisionnement se révèlent plus persistantes et freinent la production ».

 

Politique future

 

L’implication de cette nouvelle orientation est cohérente avec une période d’accommodement politique beaucoup plus prolongée que celle actuellement prévue par les marchés financiers. Les taux directeurs pourraient rester inchangés jusqu’en 2024, tandis que le PAA se poursuivrait également pendant une grande partie de cette période. Le scénario de base est que le PEPP prendra fin en mars de l’année prochaine. À ce stade, le rythme d’achat dans le cadre de le PAA sera probablement augmenté. L’annonce d’un ralentissement du PEPP et d’un rythme d’achat du PAA plus élevé sera probablement communiquée en même temps, probablement lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de décembre.

 

 

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