
A la fin juin 2021, sur base des chiffres fournis par Quantalys, on constate que les fonds dont les sous-jacents sont liés à l’évolution des matières premières ont surperformé durant les six premiers mois de l’année. Quelles sont les principales raisons de cette évolution ? Se dirige-t-on vers un super-cycle des matières premières ?
Trois causes
« La première raison de cette hausse des matières premières peut se trouver dans la reprise de l’économie chinoise. La Chine a été la première économie à redémarrer après la pandémie. C’est aussi le plus gros consommateur de matières premières. En effet, à elle seule, la Chine absorbe 60% de la production mondiale d’aluminium et 70% de la production de fer », épingle Bernard Keppenne, Chief Economist chez CBC Banque et Assurance.
En marge de cette forte demande chinoise, on assiste aussi à une nouvelle dynamique économique. L’arrivée des vaccins et les campagnes de vaccination ont permis la réouverture des économies et la reprise de la consommation. « De plus, avec la hausse des anticipations concernant l’inflation, certains investisseurs veulent se protéger contre cette hausse. Ils achètent alors des matières premières comme protection », ajoute Bernard Keppenne.
Pétrole et énergies renouvelables
Par ailleurs, on a assisté à une hausse spectaculaire du prix du baril de pétrole en un an. Le baril est en effet passé de 20 dollars en avril 2020 à 77 dollars aujourd’hui. Cette hausse se traduit par une augmentation des prix de l’énergie. Cette augmentation des prix de l’énergie va se répercuter par une reprise de l’inflation. Mais il s’agit ici, avant tout, d’un rattrapage par rapport à la situation pendant la pandémie. « Il faut aussi pointer l’influence des plans de relance des Etats et plus particulièrement celle du Green Deal européen. En effet, en voulant favoriser les énergies renouvelables, ces plans engendrent une demande accrue pour certaines matières premières comme le lithium, par exemple. Cette demande pousse aussi les prix à la hausse », précise Bernard Keppenne.
Vers un super-cycle ?
Doit-on alors s’attendre à un super-cycle des matières premières ? Beaucoup d’investisseurs estiment que ce sera la tendance. On entend par super-cycle, une hausse généralisée du prix des matières premières à long terme. « Par long terme, on est ici sur un horizon de 20 à 30 ans. On peut alors exprimer un certain scepticisme sur une telle hausse à long terme. Pour notre part, nous ne voyons pas de super-cycle se dégager. En effet, sur cette période, certaines matières premières devront être abandonnées comme le pétrole ou le charbon. Ce ne sera pas un super-cycle puisque toutes les matières premières ne seront pas concernées par la hausse », précise Bernard Keppenne.
De plus, la Chine freine volontairement la hausse du prix des matières premières en réfrénant sa demande. Les Chinois veulent clairement calmer le jeu. Il ne faut pas non plus oublier que nous vivons, actuellement, une période de rattrapage de l’économie après la pandémie. Les effets de ce rattrapage vont s’estomper dans le temps. En 2023, nous aurons atteint les niveaux de croissance d’avant-crise. Le rythme de la demande pour les matières premières va ralentir. De ce fait, on devrait assister à un retour au calme sur les marchés des matières premières.