Hit-parade des fonds : Les obligations souffrent de la reprise économique

@Pexels

Selon les chiffres fournis par Quantalys, les fonds investis en obligations ont connu un très mauvais début d’année. En effet, selon Ethenea, l’univers des obligations à rendement négatif a atteint près de 17.000 milliards de dollars l’année dernière. « Les rendements totaux des obligations d’entreprise high yield et high grade ont été très disparates cette année. Le facteur déterminant a été la duration, médiocre, qui pèse bien plus sur les titres high grade à plus longue échéance que sur leurs homologues à duration plus brève. Mais cet écart s’explique aussi par diverses tendances sous-jacentes en matière de risques », explique Maya Bhandari Gérante de portefeuilles multi-actifs Chez Columbia Threadneedle.

 

 

 

 

 

 

Quelles causes ?

 

Les données économiques des pays développés, dont les États-Unis, ont été généralement très solides depuis le début de l’année. Cela a conduit les investisseurs à prévoir une forte reprise cette année, avec le risque d’une inflation plus élevée que d’habitude et d’un assouplissement des conditions par les banques centrales. « Du coup, la plupart des portefeuilles obligataires ont été confrontés au contrecoup de la hausse des rendements aux États-Unis et ailleurs. Les marchés anticipent à présent une réduction des achats d’actifs réalisés dans le cadre des mesures d’assouplissement quantitatif (QE), potentiellement vers la fin de cette année. Le marché prévoit certainement un resserrement des conditions plus important que ce que la Fed veut faire croire aux investisseurs. Néanmoins, dans un avenir proche, le marché a peut-être été un peu rapide en ce qui concerne le nombre de hausses de taux prévues », estime Jim Leaviss, CIO of Public Fixed Income chez M&G.

 

On constate que les performances négatives concernent principalement les dettes souveraines et le segment « Investment Grade », c’est-à-dire le segment des emprunts les moins risqués. « Leurs rendements étaient à des niveaux historiquement bas en début d’année, ce qui a rendu ces titres très sensibles à la remontée des taux et aux craintes sur l’inflation. A l’inverse, les performances restent bonnes depuis le début d’année sur le crédit offensif. Celui-ci bénéficie de rendements plus élevés et conserve donc son attractivité malgré une inflation plus consistante. Le risque de remontée des taux s’avère plus faible pour ces emprunts », précise Eléonore Bunel, Head of Fixed Income chez Lazard Frères Gestion.

 

Quelles prévisions ?

 

Il est indéniable que le rythme de la reprise post-pandémique est désormais extrêmement soutenu. À mesure que les économies se débloquent, que les programmes de vaccination progressent et que les restrictions d’accès commencent à s’atténuer, les gens retrouvent le chemin des emplois dans le secteur des services.

 

On comprend aussi le rôle de l’inflation sur l’évolution des marchés obligataires. Cette inflation va-t-elle s’installer durablement ou sommes-nous dans une situation de hausse temporaire des prix ? « Le redémarrage de l’activité économique s’accompagne de frictions, car toutes les parties de l’économie ne peuvent pas redémarrer au même rythme. Par exemple, des goulets d’étranglement apparaissent actuellement au niveau de l’approvisionnement, ce qui entraîne une hausse des prix des matières premières, des matériaux et des transports. Toutefois, nous pensons que ces effets seront temporaires et ne se traduiront pas par une inflation structurellement plus élevée accompagnée d’une hausse des salaires », note Jeroen van Herwaarden de chez Triodos Investment Management.

 

Mais alors à quoi doit-on s’attendre concernant l’évolution des taux d’intérêt et donc du marché obligataire ? « Selon nous, les taux devraient continuer leur remontée au second semestre dans un contexte de forte reprise économique, créatrice d’inflation. La vraie question concerne le « tapering » de la Fed, c’est-à-dire l’arrêt progressif des politiques monétaires ultra-accommodantes visant à favoriser la sortie de crise. Ce « tapering » pourrait survenir dès la fin d’année aux Etats-Unis. La BCE pourrait alors suivre la même voie en Europe, mais pas avant 2022 », ajoute Eléonore Bunel.

 

Si ce scénario se confirme, le contexte restera globalement baissier sur le marché obligataire l’an prochain, mais des rendements positifs pourront toujours être trouvés sur certains segments comme les dettes subordonnées financières ou le « High Yield », plus risqués mais plus rémunérateurs. Les stratégies à faible duration, c’est-à-dire peu sensibles à la hausse des taux, offriront quant à elles une bonne résistance.

 

Cette vue est également partagée par les gestionnaires de Triodos Investment Management. « Pour le moment, nous ne nous attendons pas à une hausse structurelle et significative des taux d’intérêt européens, car les perspectives à long terme en matière de croissance économique et d’inflation restent modérées. Bien que nous prévoyions une forte reprise de la croissance pour le reste de l’année, il faudra attendre la fin de 2021 ou le début de 2022 pour que l’économie européenne retrouve ses niveaux d’avant la pandémie (en termes de PIB par habitant) ».

 

Encore investir ?

 

Faut-il alors encore investir en obligations ? Il ne faut pas se focaliser uniquement sur le rendement. L’investissement en obligations doit s’envisager aussi sous l’angle du risque. « Même si les obligations offrent un rendement à peine positif, les fluctuations de valeur à court terme (« volatilité ») et la perte maximale de valeur en temps de crise (« maximum drawdown ») restent nettement inférieures à celles des actions. Lors de la crise de mars 2020, un portefeuille largement diversifié en obligations d’entreprises, par exemple, a aussi subi des pertes importantes, mais bien moindres qu’un portefeuille en actions. Les obligations souveraines ont même dégagé des profits. Les pertes ont également été récupérées beaucoup plus rapidement. D’autres facteurs, tels que la personnalité, l’âge, l’horizon d’investissement et les aspirations de rendement, jouent un rôle tout aussi important dans le choix du placement approprié », conseille Volker Schmidt, Senior Portfolio Manager et expert en obligations chez Ethenea.

 

Avec les obligations, les investisseurs ont plus de clarté qu’avec les actions. Les obligations doivent être remboursées dans le délai imparti, au taux d’intérêt convenu au moment de l’investissement. Les pertes de cours intermédiaires auront été compensées au plus tard à ce moment-là. Cette promesse ne s’applique pas aux actionnaires.

 

Consultez aussi sur MoneyStore

Qu’est-ce que les obligations subordonnées ? Comment y investir ?

Les obligations offrent des opportunités même sans intérêt

Qu’est-ce que les obligations vertes ou green bonds ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *