
Selon les données fournies par Quantalys, les fonds investis en valeurs financières ont particulièrement bien performé durant le mois de février 2021. En effet, la performance de l’Euro Stoxx Banks est très supérieure à celle des indices européens généraux tels que l’Euro Stoxx 50. Cette belle performance arrive après dix années consécutives de forte sous-performance. Comment peut-on expliquer cette belle rentabilité ?
Il semblerait qu’il existe un certain nombre de facteurs favorables à l’investissement dans les banques et, plus particulièrement, dans les banques européennes. Mais il y a encore certains arguments qui plaident en défaveur d’un tel investissement d’un point de vue stratégique.
Eléments favorables
« Même s’il convient de garder un œil critique sur le modèle d’entreprise de nombreuses banques à long terme, celles-ci devraient pouvoir bénéficier d’un double scénario. Elles sont les gagnantes à la fois de la réouverture économique et du « trade » de reflation. L’amélioration de la contribution issue de la transformation des échéances due à la légère hausse des taux d’intérêt ne doit bien sûr pas être surévaluée. Cependant, elle permet un certain optimisme quant aux prix. Par ailleurs, on est dans un secteur qui n’a participé qu’en dessous de la moyenne à la reprise des marchés ces 12 derniers mois », estime Michael Blümke, Senior Portfolio Manager, Ethenea. A noter que l’élection de Mario Draghi et la stabilisation politique espérée en Italie élimineront un scénario négatif pour les banques, du moins à court terme.
Rattrapage et risques
« Après le repli des marchés de février-mars 2020, le secteur bancaire peinait, jusqu’à présent, à revenir vers ses niveaux d’avant-crise. Si plusieurs facteurs expliquent ce regain d’intérêt aujourd’hui, l’élément le plus tangible provient du fait que le secteur a, cette fois-ci, été en mesure d’absorber une crise de grande ampleur sans dilution pour ses actionnaires. Il déjoue ainsi les scénarii les plus pessimistes, y compris ceux de la BCE », estime Scander Bentchikou, Portfolio Manager chez Lazard Frères Gestion.
On peut dire que le secteur s’est renforcé ces derniers temps. La situation des bilans des banques s’est consolidée. La capacité d’absorption des chocs extérieurs est aussi meilleure. Les banques restent bien sûr en première ligne face aux grands chocs macroéconomiques. Taux d’intérêt, taux de change, croissance et emploi restent des facteurs prépondérants pour le secteur financier. Les investisseurs doivent aussi prendre en compte le risque prudentiel et la concurrence des nouveaux entrants.
Et pour 2021 ?
On peut penser que le secteur bancaire européen pourrait profiter de la pentification de la courbe des taux observée depuis le début de l’année, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. Il faudrait cependant que celle-ci soit durable. Ce secteur pourrait bien sûr bénéficier de la reprise de l’économie après le succès de la campagne vaccinale. Lorsque la pandémie sera derrière nous, on peut penser que les investisseurs se tourneront vers les secteurs qui ont été délaissés l’année passée. Les valorisations des financières restent encore abordables. On peut aussi voir dans le retour des performances des financières le retour de l’appétit pour la stratégie « value ».
« Nous pensons qu’il est très difficile de suivre les marchés avec précision et de manière répétée. Si nous pensons qu’une entreprise est bon marché d’un point de vue fondamental, nous sommes heureux de la détenir sur le long terme et d’attendre que sa valeur soit reconnue. Nous soutenons les banques britanniques et européennes, et nous pensons qu’elles offrent un rapport risque/rendement plus intéressant que leurs homologues américaines », note Nick Kirrage, Fund Manager, Equities, Schroders.