Par DPAM
Définir la durabilité n’a jamais été une tâche facile jusqu’à ce que la Commission Brundtland, en 1987, tente de la définir. « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins de la génération actuelle sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
Dans le monde de la finance, c’est l’intégration des facteurs environnementaux (E), sociaux (S) et de gouvernance qui tente de couvrir cette notion de durabilité. Dans le passé, le travail de plusieurs lauréats au prix Nobel pouvait être lié au développement durable, notamment le pionnier de l’agriculture Norman Borlaug qui, en tant qu’initiateur de la révolution verte, a remporté le prix Nobel de la paix en 1970.
Focus sur le développement durable
Cette année, le développement durable aura été au cœur de la sélection de la plupart des Prix Nobel. En effet, le prix dans toutes ses catégories, est clairement réservé à ceux qui œuvrent courageusement à un avenir durable dans le cadre des trois grands piliers de la durabilité (ESG).
Prix Nobel de physique : nous pouvons enfin partager des nouvelles positives sur le climat.
2021 a été secoué par un nouveau rapport sur le climat. Le rapport est plus dramatique que jamais, notamment en raison de la fiabilité accrue des modèles de prédiction scientifique. Nous devons remercier Syukuro Manabe (JP) et Klaus Hasselmann (DE) pour leurs recherches sur la prédiction fiable du réchauffement climatique.
Prix Nobel de chimie : y a-t-il un avenir vert pour l’industrie chimique ?
Les chercheurs Benjamin List (DE) et David MacMillan (US) ont reçu le prix Nobel de chimie cette année pour avoir mis au point une méthode inventive permettant de construire des molécules de manière plus propre et plus efficace afin de contrôler ou d’accélérer les réactions chimiques, appelées « catalyseurs ». Bien que les métaux ou les enzymes soient à l’origine utilisés comme catalyseurs, les deux scientifiques ont travaillé (indépendamment) à la mise au point de catalyseurs organiques, beaucoup plus respectueux de l’environnement (et aussi moins chers et plus faciles à produire). Ces catalyseurs durables peuvent ensuite être utilisés dans le développement de cellules solaires ou même de médicaments. Ils contribuent ainsi à l’ « écologisation » et à la « durabilité » des processus chimiques et, en définitive, à un monde durable.
Prix Nobel d’économie : l’augmentation du salaire minimum n’entraîne pas de pertes d’emplois !
D’importantes recherches ont également été menées (et récompensées !) dans le domaine social. L’économiste du travail et professeur américain David Card est spécialisé dans le rôle des salaires et de la migration. Ses recherches empiriques pionnières mettent fin au mythe selon lequel l’augmentation du salaire minimum entraîne de toute façon des pertes d’emplois.
Cette question fait l’objet d’un débat acharné depuis des années, et principalement aux États-Unis. Ses conclusions seront-elles prises en compte par les gouvernements et les entreprises ? Le prix a également été décerné à son collègue Joshua D. Angrist. Ses recherches méthodologiques et empiriques sur les décisions politiques (notamment sur la relation entre l’éducation et le revenu) apportent un éclairage important sur l’étude et la détermination des relations de causalité dans les thèmes économiques. À la veille du sommet sur le climat de Glasgow (COP26), où les décisions politiques peuvent avoir des conséquences considérables pour la société, cette recherche semble cruciale et peut contribuer à la prise de décisions politiques fiables.
Prix Nobel de la Paix
La liberté d’expression, malheureusement pas encore acquise. La liberté d’expression et la liberté de la presse sont essentielles à un avenir durable. Cette année, le prix Nobel de la paix a été décerné à Maria Ressa, des Philippines, et à Dmitri Muratov, de Russie. Ils ont été reconnus pour leur engagement en faveur de la liberté de la presse et de la liberté d’expression dans leur pays d’origine (dictatorial), malgré les circonstances de plus en plus difficiles dans lesquelles ils doivent eux-mêmes travailler. Maria Ressa a notamment été accusée de diffamation, tandis que le journal de Dmitri a dû faire face à des attaques mortelles contre six journalistes ces dernières années.
À une époque de numérisation accrue, nous pouvons (à juste titre) nous demander si les gouvernements et les grandes plateformes de médias sociaux tiendront compte des conclusions (et des points douloureux) concernant les fake news et la manipulation lors de l’élaboration de réglementations et de plateformes et services respectivement.
Littérature et médecine : la durabilité aussi présente !
Le Tanzanien Abdulrazak Gurnah a reçu le prix Nobel de littérature pour ses travaux sur les conséquences du colonialisme et le sort des réfugiés et des autres confessions. Il est le deuxième auteur noir à recevoir le prix de littérature. Les conflits économiques, souvent liés à des questions de durabilité, provoquent l’afflux croissant de réfugiés. Les décideurs politiques peuvent-ils apprendre quelque chose du travail du Tanzanien ?
Le prix Nobel de médecine est par défaut lié à la durabilité. Cette année, le physiologiste David Julius (US) et le biologiste moléculaire et neuroscientifique Ardem Patapoutian (US-AM) ont reçu le prestigieux prix pour leurs recherches sur les fonctions des récepteurs de la température et du toucher. Leurs découvertes contribuent également à un avenir durable puisqu’elles sont utilisées pour mettre au point des traitements pour diverses affections, dont la douleur chronique.