Qu’est-ce que la règle de Taylor ?

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Depuis la crise de 2008, les banques centrales interviennent davantage pour soutenir l’économie et les marchés. Elles interviennent sous forme de politiques monétaires qualifiées d’accommodantes. On parle de « quantitative easing » ou « assouplissement quantitatif » car, à l’instrument habituel des banques centrales, à savoir la fixation du taux d’intérêt officiel à court terme, s’est ajouté un gonflement du bilan des banques centrales. L’objectif a été de faire baisser les taux d’intérêt aussi à long terme.

 

Rappelons que les banques centrales, rendues indépendantes, ont eu pour mission la stabilité des prix. Cette stabilité est le plus souvent définie comme une inflation proche de 2%. Toutefois, avec la crise du Covid-19, il est devenu encore plus manifeste que la conjoncture économique est leur priorité. D’ailleurs, la Fed, aux Etats-Unis, vient d’entériner un double changement. D’une part, il ne suffira pas d’un faible taux de chômage pour resserrer la politique monétaire. Il faudra se préoccuper aussi plus largement de l’état du marché du travail. D’autre part, l’inflation peut excéder 2% sans appeler de resserrement et ce, dans la mesure où l’on a connu une « sous-inflation ».

Une équation

La règle de Taylor n’a rien à voir avec le taylorisme. Il s’agit d’une règle de politique monétaire édictée en 1993 par l’économiste John B. Taylor. Cette règle a pour but de relier la politique monétaire d’une banque centrale (à travers les taux d’intérêt) à l’inflation et à la croissance. Taylor a alors développé une équation qui relie ces composantes.

Sans entrer dans les détails, cela signifie que le taux d’intérêt officiel de la banque centrale doit être d’autant plus élevé que l’inflation est en excédent de 2% et que l’activité économique est en « surchauffe ». Appliquée à la zone Euro, cela inviterait la BCE à augmenter son taux d’intérêt directeur si elle anticipe un taux d’inflation supérieur à sa cible de 2% ou une contraction du potentiel productif non utilisé (« output gap »). Les paramètres quantitatifs de cette équation peuvent varier d’une situation à l’autre.

Règle utile ?

Cette règle est-elle utilisée ? Le débat sur sa pertinence et son utilisation a longtemps animé les forums de l’économie monétaire. Aujourd’hui, les faits l’ont dépassée et rendue inopérante. Il y a des problèmes avec les données. Les chiffres relatifs à l’inflation et à la croissance ne sont pas publiés à des échéances identiques. La méthodologie de mesure de l’inflation, et plus encore de « l’output gap », est loin de faire l’unanimité. Par ailleurs, la règle se base sur des anticipations forcément non mesurables et tellement aléatoires. Ainsi, la récente crise de la Covid-19 nous a montré à quel point il est difficile de faire des anticipations de croissance. Une ancienne étude, remontant à 1997, de la Banque de France avait déjà montré que les résultats de cette règle de Taylor n’étaient pas concluants.

L’évolution de la politique monétaire, depuis lors, et les crises à la résolution urgentes auxquelles les banques centrales se sont attelées ont fait pâlir l’étoile de cette règle de conduite.

 

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