Analyse financière : Au-delà des chiffres, l’importance des mots !

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On a souvent tendance à considérer que les chiffres guident le monde de la gestion et de l’analyse financière. Les analystes financiers utilisent régulièrement les résultats des entreprises, le chiffre d’affaires, le cash-flow ou le rapport cours sur bénéfice pour évaluer la qualité d’une société. Mais, au-delà de cette analyse comptable et chiffrée, on peut également se tourner vers les expressions et le vocabulaire utilisés pour qualifier l’entreprise. De même, le répertoire stylistique employé par la société dans ses rapports annuels est également un indicateur pour les analystes financiers.

Dans la presse

Les termes et expressions utilisés dans les titres de presse peuvent ainsi éclairer les observateurs sur la qualité d’une entreprise. La firme de gestion Rosenberg Equities, a ainsi développé un outil basé uniquement sur les titres de journaux (en anglais). « Cet indicateur de sentiment utilise le flux d’informations provenant de la presse pour saisir le sentiment du marché à l’égard d’une entreprise particulière. Il calcule la moyenne sur 90 jours de la différence entre les nouvelles positives et négatives. Le principe de base pour la construction d’un tel indicateur est qu’une entreprise qui est mise en évidence à plusieurs reprises dans la presse financière peut connaître une tendance positive ou négative du cours de son action selon la nature du flux d’informations », explique Alex Ions, en charge de la recherche au sujet des modèles de PNL chez Rosenberg Equities. Ces indicateurs de sentiment d’actualité complètent les autres indicateurs d’analyse. Cela permet de donner une vision plus complète du sentiment au-delà de ce que l’on peut trouver dans les données financières traditionnelles.

Rapports annuels

On le sait, les rapports annuels sont une source d’information non négligeable pour les analystes financiers. Là aussi, le vocabulaire, les termes utilisés dans la rédaction de ce rapport sont importants. Ils peuvent conduire à une certaine vision de l’état de l’entreprise. C’est principalement la différence des termes et expressions utilisés d’une année à l’autre qui va conduire l’analyste à s’interroger sur l’évolution future de la société.

« Nous analysons les rapports réglementaires des entreprises à la recherche de différences linguistiques significatives d’une période à l’autre. Notre analyse montre que ces différences sont souvent une source de risque. Par exemple, l’ajout d’un certain nombre de divulgations supplémentaires sur les risques par la direction peut être le signe de mauvaises nouvelles à venir. Comparez la langue utilisée dans chaque rapport avec celle du rapport de la même entreprise 12 mois auparavant est très instructif. Un changement de langue important est associé à une sous-performance et à une volatilité ultérieures. Un faible changement de langue est associé à une faible volatilité des prévisions », constate Alex Ions.

Intelligence artificielle

Sur base de ces constatations, il est alors possible d’élaborer un outil d’analyse. « Nous travaillons à l’élaboration d’un indicateur du sentiment linguistique. L’objectif d’un tel indicateur est de comprendre ce que le ton du langage utilisé dans les rapports d’entreprise nous apprend sur une entreprise. Il en est encore au stade de la recherche », note Alex Ions.

C’est ici que l’intelligence artificielle peut jouer un rôle important. Elle permet de résumer les mots de sentiments positifs et négatifs dans chaque document. Le positif est associé à une surperformance ultérieure et vice versa. « Nous éliminons les préjugés de l’industrie. Nous évaluons actuellement les résultats pour les utiliser dans nos produits multi-facteurs. Notre analyse renforce les recherches externes qui montrent que ces différences sont souvent un signal d’alarme. Elles sont, par exemple, le signe que les entreprises augmentent les divulgations de risques (pour couvrir leurs arrières) en prévision de mauvaises nouvelles. Ce modèle s’aligne généralement sur la qualité. Nos analystes l’utilisent en complément de notre modèle d’évaluation. Nous cherchons en particulier à évaluer si la précision du langage a une incidence sur les bénéfices futurs. Nous avons constaté que les entreprises qui donnent beaucoup de détails spécifiques dans leurs rapports de résultats ont tendance à surpasser celles qui se concentrent sur de vagues généralisations », conclut Alex Ions.

Cette tendance montre à quel point une entreprise ne se résume pas à des données chiffrées. Derrière les chiffres, il y a des hommes et des femmes, une activité réelle. La façon dont cette activité est décrite revêt aussi toute son importance dans l’évaluation de la société. Cela démontre aussi l’importance de développer une bonne communication.

 

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