
Barbell signifie « haltère » en français. En gestion d’actifs, on parle de stratégie barbell lorsque l’on investit dans des actifs qui sont opposés dans une même classe. Voici quelques exemples de cette gestion spécifique.
En obligations
Dans la classe obligataire, il est question de stratégie barbell lorsque le gestionnaire investit en même temps dans des obligations à durées très longues et à durées très courtes. Il évite ainsi les maturités intermédiaires. Le gestionnaire se concentre donc sur les dates d’échéance à maturités opposées. La partie obligataire est alors composée de deux blocs bien distincts. Lorsque les taux d’intérêt augmentent, le gestionnaire reconduira les obligations à échéances courtes à des taux plus élevés. Les actifs investis à court terme permettent une rotation rapide en portefeuille. En investissant aux deux extrêmes des maturités, le gestionnaire vise un bon équilibre entre le risque et le rendement de son investissement.
L’investisseur dispose ainsi d’un coussin d’obligations à long terme en cas de baisse des taux d’intérêt. Il a aussi une chance de faire mieux si les taux d’intérêt à court terme augmentent. Cette stratégie requiert cependant une attention soutenue de la part des gestionnaires. Ce type de gestion nécessite un suivi régulier. En effet, il faudra réinvestir les titres à court terme venus à échéance dans de nouvelles émissions sur une base fréquente. Par ailleurs, au fur et à mesure que les échéances longues se raccourcissent, il faut réinvestir dans de plus longues échéances.
En actions
Dans un environnement économique incertain, il est parfois difficile d’opter pour l’un ou l’autre secteur, l’une ou l’autre région. La stratégie barbell permet alors de construire un portefeuille sur base d’un panier d’actions opposées. Par exemple, d’une part, il y a des investissements extrêmement sûrs. D’autre part, on a une partie qui ne contient que des investissements à fort effet de levier et spéculatifs. Cette stratégie consiste à être aussi hyper-conservateur et hyper-agressif que possible au lieu d’être légèrement agressif ou conservateur.
On peut aussi être barbell dans ses préférences régionales, dans les secteurs, dans les valeurs défensives et cycliques. «Les Etats-Unis et l’Asie offrent un savant mélange de valeurs défensives et cycliques cohérentes », notent Natasha Ebtehadj, Portfolio Manager et Felicity Long, Client Portfolio Manager chez Columbia Threadneedle. Le marché américain est orienté vers la consommation intérieure. Il abrite certaines des entreprises de qualité qui sortiront gagnantes de la crise du Covid-19. Et ce, à mesure que les tendances structurelles s’accélèrent.
Des domaines comme les paiements scripturaux, le smart working et la consommation en ligne, pourront bénéficier de cette situation. « Nos positions sur les actions de sociétés comme Microsoft, Mastercard et Amazon devraient ainsi porter leurs fruits. A l’autre extrémité de cette stratégie se trouve l’Asie, qui offre des valeurs cycliques de qualité. L’économie asiatique est relativement plus exposée à la croissance mondiale, étant donné qu’elle est considérée comme l’usine du monde à l’ère de la mondialisation de la chaîne d’approvisionnement », ajoutent ces gestionnaires. Ici, la stratégie barbell consiste à investir dans deux régions opposées. Elle vise aussi des valeurs défensives d’un côté et cycliques de l’autre.
En résumé, la technique barbell qui consiste à investir dans des actifs opposés requiert un travail assidu pour équilibrer constamment le portefeuille entre ces deux opposés.