
Par BNP Paribas AM
L’investissement durable permet avant tout d’accroître la résistance à long terme des portefeuilles. Cette crise sanitaire nous montre à quel point cette résistance est cruciale pour les investisseurs. L’extrême volatilité des marchés au cours des dernières semaines a révélé la fragilité des systèmes de santé, des économies et des marchés d’actifs. La mondialisation, les changements technologiques et la recherche de compétitivité ont contribué à la mise en place d’une économie mondiale qui paraissait efficace mais qui s’est révélée démunie face à des chocs déstabilisateurs.
Un rôle à jouer
La première leçon qu’il faut retenir est que notre monde est plus fragile que nous l’imaginions. Il faut penser à le renforcer. Ce conseil vaut pour les dirigeants politiques, les grandes entreprises, et aussi pour ceux qui travaillent dans la finance. L’investissement durable va jouer un rôle accru pour assurer la résistance des investissements de long terme.
En ce qui concerne les réponses des gouvernements à la crise, il semble que les thèmes de la durabilité et de la soutenabilité vont prendre une place plus importante qu’après la crise de 2008-2009 où ils n’apparaissaient plus comme des priorités.
Nous sommes dans une situation différente parce que la crise a exposé au grand jour d’importantes fragilités, et ce même dans les plus grandes économies développées et les systèmes de santé les plus performants. Cette constatation va occuper les esprits et donnera sans doute lieu à la mise en place de politiques très innovantes comme certains éléments peuvent déjà le laisser penser.
Nos économies vont changer et les gouvernements peuvent choisir de faire progresser la durabilité, par exemple, à travers des infrastructures « vertes ». Les réponses politiques pourraient, au contraire, accentuer la décarbonisation de l’économie mondiale.
Cette expérience nous amène à réfléchir à la façon dont nous pourrions travailler encore plus efficacement dans l’avenir. La question des déplacements professionnels et de la présence physique au bureau va se poser. Cette expérience va bouleverser certaines habitudes, en particulier à propos des voyages, ce qui est favorable pour la durabilité.
Chute des cours du pétrole
Le cours du pétrole vient de connaître sa plus forte et rapide baisse depuis la première Guerre du golfe au début des années 90. Début mars, l’accord de réduction de la production qu’avaient conclu l’OPEP et ses partenaires (OPEP+) a volé en éclats. La pandémie de Covid-19 a pesé sur les cours en raison de la baisse de demande liée aux restrictions de déplacements des populations. Une hausse de l’offre liée à la guerre des prix au sein de l’OPEP+ a coïncidé avec une forte contraction de la demande. C’est une situation totalement inédite. Au creux de la demande, la diminution pourrait atteindre 45 millions de barils/jour.
Une telle baisse serait sans aucun précédent. Elle soulève la question du « pic pétrolier », c’est-à-dire l’hypothèse qu’au cours des dix prochaines années, arrivera un moment où la demande de pétrole va atteindre un sommet à partir duquel elle va se mettre à décliner sur le long terme. Est-ce que ce pic a eu lieu en 2019 ? Quelle que soit la réponse, la chute des cours du pétrole est un vrai défi pour les grandes compagnies pétrolières. Elles vont devoir renforcer leur modèle d’entreprise. Ce qui passera par un recours accru aux énergies renouvelables.
Tout ceci nous ramène au concept de résistance que ce soit en restant investis sur les actifs risqués dans les semaines à venir ou en construisant des portefeuilles qui assureront des performances durables sur le long terme.