Un dollar américain structurellement plus faible

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Par Robin Maynadie, Trader chez Ebury

La crise du Covid-19 a soutenu le recul du billet vert face à l’ensemble des grandes devises mondiales, une baisse qui pourrait s’avérer structurelle face à la montée en puissance de l’économie chinoise. Depuis le mois de mai dernier, le dollar américain a entamé un reflux sur les marchés financiers, sur base d’une combinaison de facteurs qui remettent en cause la suprématie du billet vert sur les échanges internationaux. Le coronavirus n’est probablement pas la seule explication même si le nombre d’infections est aujourd’hui en train de ralentir en Europe alors que l’épidémie continue de faire rage aux Etats-Unis. Dans ce pays, plus de 300.000 morts sont désormais à déplorer avec des records d’infections qui continuent d’être battus jour après jour.

 

Sous pression

Ce qui a surtout brisé l’attrait du dollar sur le marché des changes, ce sont les baisses de taux décidées par la Réserve Fédérale (la banque centrale américaine) pour soutenir son économie. Avec la perspective d’un taux durablement bas pour les obligations d’état à 10 ans, les investisseurs ont perdu un instrument très bien noté qui leur permettait d’avoir un rendement supérieur au rendement sur les obligations européennes.

Le dollar a ainsi perdu une grande partie de son attrait depuis le deuxième trimestre, en particulier si l’on regarde les rendements qu’il est aujourd’hui possible d’obtenir en investissant sur les obligations chinoises (autour de 4 à 4,5%). Il est probable qu’une partie des flux qui allaient autrefois vers les Etats-Unis se dirigeront désormais vers ces nouveaux marchés obligataires.

De plus, la Chine et la Russie n’utilisent plus le dollar pour réaliser leurs échanges commerciaux. Cela constitue un autre facteur qui pèse sur le billet vert. A moins d’un élément externe majeur qui entraînerait un affaiblissement de l’euro face au dollar, il semble que la tendance baissière de l’euro face au dollar soit, aujourd’hui, arrivée à son terme.

Soutien à long terme

A terme, on s’attend à ce que le dollar continue de se déprécier vers 1,24 dollar pour un euro, même si la devise américaine pourrait encore venir ponctuellement se heurter sur le niveau de 1,2 dollar / euro. Le dollar devrait alors fluctuer entre 1,2 et 1,25 dollar jusqu’à la fin de l’année prochaine. Le billet vert ne devrait cependant pas plonger vers des niveaux de 1,35-1,4 dollar pour un euro.

La forte baisse du dollar n’est toutefois pas une bonne chose pour les entreprises européennes tournées vers les exportations. La BCE n’a sans doute pas envie d’avoir un dollar qui passe sous la barre de 1,25 dollar pour un euro. Cela compliquerait encore la reprise économique dans la zone euro. Dans le même temps, la Réserve Fédérale américaine ne cache plus son intention de laisser courir l’inflation durant les prochaines années au-delà de 2%. Il existe alors plusieurs éléments qui vont empêcher une appréciation trop forte de l’euro face au dollar.

Un autre élément sont les marchés boursiers avec des cours qui battent régulièrement leurs sommets historiques, ce qui a généralement tendance à favoriser le niveau de l’euro face au dollar. La valorisation des sociétés cotées est très élevée, et l’éclatement de cette bulle pourrait également favoriser le dollar face aux autres devises.

 

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