Qu’est-ce que l’inégalité numérique ?

@Pexels

Par BNP Paribas AM

L’inégalité numérique ou le fossé numérique est un concept pluridimensionnel : il n’est pas simplement question d’avoir accès à la technologie mais de considérer son impact sur l’économie et la société. Au sens le plus élémentaire du terme, cet écart peut se définir suivant ses deux principales composantes : avoir accès à l’économie numérique (besoin de connectivité) et avoir les compétences nécessaires pour tirer profit de cet accès.

Ce fossé entre les « nantis » et les « démunis », qui résulte d’inégalités socioéconomiques, d’inégalités de genre, d’inégalités géographiques et raciales, est un problème mondial. L’Organisation des Nations Unies a fait de l’accès universel à Internet et aux technologies de l’information et de la communication (TIC) l’une des cibles de l’objectif numéro 9 de développement durable (ODD 9).

Contribution au PIB

D’un point de vue mondial, le fossé numérique peut être considéré à travers le prisme de la disparité entre les nations et de sa contribution au PIB. La contribution de l’économie numérique au PIB des pays à faible revenu est largement inférieure à celle observée dans les pays développés. Des progrès considérables peuvent être réalisés dans les domaines de l’inclusion financière, de l’accès aux soins de santé et de l’éducation. Or, tous ces domaines peuvent bénéficier de la numérisation d’une économie.

Ensuite, les politiques nationales et régionales ont un impact sur la capacité d’un pays à tirer parti de la valeur créée par l’économie numérique. Les plates-formes les plus performantes d’un point de vue financier se trouvent aux États-Unis et en Chine.

Basculement suite à la pandémie

En ce qui concerne la fracture numérique au sein de chaque pays, la pandémie de Covid-19 constitue sans doute un point de basculement. Comme nous le pensions au début de l’année, 2020 a vu se matérialiser un monde d’extrêmes. D’un côté, une abondance de liquidités pour les économies et les marchés financiers. De l’autre, un pic des inégalités, une croissance non maîtrisée des coûts de santé, etc. La pandémie a considérablement accéléré les tendances déjà en place dans les domaines de l’éducation, de la santé, du commerce électronique, etc. Le travail à distance est devenu la norme pour ceux qui le pouvaient. Ces évolutions ont mis en évidence le fossé numérique entre les familles et les communautés et les inégalités qui en résultent.

Enjeux cruciaux

L’importance de l’accès au numérique et du développement des compétences était bien connue avant la pandémie. Ils sont devenus cruciaux.

Par exemple, aux États-Unis, selon la FCC (Commission fédérale des communications), plus de 21 millions d’Américains n’ont pas accès à une connexion haut débit avec des vitesses de téléchargement acceptables de 25 mégabits par seconde. Selon d’autres estimations, ce chiffre pourrait atteindre 42 millions. Ce chiffre ne reflète que l’accès physique aux fournisseurs de services Internet. Si l’on ajoute le manque d’accès dû à la situation financière, le chiffre est bien plus élevé. Nous pouvons facilement comprendre pourquoi cela constitue un problème lorsque nous examinons les données du Pew Research Center qui montrent que 15 % des ménages ayant des enfants d’âge scolaire n’ont pas de connexion haut débit à la maison.

Répercussions négatives

Lorsque des services de base comme l’éducation se déplacent en ligne du jour au lendemain, les répercussions négatives sont souvent pour les étudiants à faible revenu et les étudiants de couleur. Le problème avec le fossé ou la fracture numérique est que l’impact s’observe sur le moyen à long terme et que cette question sera souvent reléguée au second plan par rapport à des questions plus « urgentes » comme l’insécurité alimentaire et le chômage. Toutefois, lorsque la fracture numérique commence à avoir un impact sur l’accès aux services de base tels que l’éducation et, par la suite, l’emploi, sa nature devient plus structurelle. Il sera difficile de combler ce fossé si nous n’agissons pas maintenant. Sans cet accès, des pans entiers de la société seront encore plus marginalisés.

Manque de compétences

En ce qui concerne la deuxième composante de la fracture numérique, à savoir le manque des compétences – il s’agit soit du manque de compétences de la main-d’œuvre existante, soit de l’absence de travailleurs formés pour les compétences qui seront nécessaires à l’avenir. En fait, pour occuper plus de 80 % des emplois de qualification moyenne actuels aux États-Unis, qui sont les emplois qui nécessitent moins que le baccalauréat, il faut des compétences numériques. Certaines entreprises jouent un rôle actif dans les programmes visant à combler le fossé des compétences. Des grandes plates-formes numériques ont mis au point des programmes de certification sur l’analyse des données, la gestion de projets, etc. Ces certifications donnent un niveau Bac+4 pour postuler à un emploi dans l’entreprise.

En conclusion, à moyen et long terme, on peut prévoir une forte augmentation de la pénétration des technologies numériques dans des domaines clés comme l’éducation et la santé. Il est de notre devoir de faire en sorte que le monde post-pandémie soit plus résilient. Combler le fossé numérique du point de vue de l’accès et des compétences conduira à des sociétés plus prospères à long terme.

 

Consultez aussi le corner Marchés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *