Quelles sont les perspectives d’inflation dans les économies développées?

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Par Daniel Morris, Stratégiste Senior, et Dominick DeAlto, Responsable de la gestion obligataire mondiale chez BNP Paribas AM.

Ces dernières semaines, les politiques monétaires et budgétaires sans précédent mises en place par les banques centrales et les gouvernements ont permis aux marchés obligataires développés de retrouver un certain équilibre. La déflation, et non l’inflation, constitue le principal risque à court terme. A plus long terme, il est envisageable que des forces structurelles soient à l’origine de pressions inflationnistes mais, pour cette année, la déflation semble le principal risque. Voici pourquoi :

Quelques facteurs déflationnistes

  • Les prix du pétrole se sont effondrés. Le diesel et l’essence représentent 3,5 % du panier des biens et services qui composent l’indice américain des prix à la consommation. La faiblesse des prix du pétrole (et plus généralement des matières premières) à la suite de la mise à l’arrêt d’une partie significative de l’activité mondiale devrait maintenir l’inflation à un très bas niveau, au moins pour l’année qui vient.
  • Les indicateurs disponibles montrent une baisse des prix à la production sous l’effet de la chute des prix des intrants. La baisse des coûts pour les producteurs se traduira par une baisse des prix des biens en aval.
  • De nombreuses entreprises pratiquent d’importantes réductions pour liquider leurs stocks et disposer de liquidités pour couvrir leurs coûts d’exploitation. Ces « soldes » devraient rester en place au début du déconfinement pour inciter les consommateurs à retourner dans les magasins.
  • La hausse des prix dans certaines activités (épicerie, biens et services médicaux) sera compensée par des baisses de prix dans des pans entiers de l’économie confrontés à un effondrement de la demande.
  • Enfin, 30 millions d’emplois (l’équivalent de la hausse des dix dernières années) ont été perdus en six semaines. La désinflation des salaires est désormais un sujet de préoccupation. Certaines entreprises cherchent déjà à limiter leurs coûts en réduisant les salaires. La baisse des salaires entraîne une baisse des prix de production et, par conséquent, un ralentissement de l’inflation. Ces considérations ont mécaniquement un impact négatif sur les anticipations inflationnistes.

Inflation à plus long terme

A plus long terme, il existe des raisons structurelles qui pourraient conduire à une accélération de l’inflation. Les banques centrales ont, de fait, monétisé une part énorme des dettes publiques et, en raison de l’augmentation à venir des dépenses publiques, elles devront probablement continuer dans un avenir proche. Au-delà, cette expansion de la taille de leur bilan finira soit par une hausse des prix des actifs, soit par une hausse des prix à la consommation, et peut-être les deux.

En outre, on peut s’attendre à une certaine forme de démondialisation à mesure que les industries clés seront rapatriées, que les chaînes d’approvisionnement ne passeront plus par la Chine et que les champions nationaux seront protégés. Tout cela réduira la concurrence internationale, augmentera les coûts de production et entraînera une hausse des prix.

En conclusion, à plus long terme (c’est-à-dire à un horizon de 18 mois), des pressions inflationnistes pourraient se manifester, mais à court terme, c’est la déflation qui constituera le risque principal.

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