
Par Dr Bert Flossbach
Le nouveau coronavirus provoque des turbulences sur les marchés boursiers. L’indice boursier américain S&P 500 a perdu plus de 20 % en quelques semaines. Quelle est la gravité de la situation ? Et à quoi les investisseurs doivent-ils se préparer maintenant ?
Le nouveau coronavirus se répand de plus en plus, et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parle désormais de pandémie. Sur les marchés financiers, la crainte des conséquences économiques de Covid-19 provoque des fluctuations erratiques et une chute des cours des actions. Jusqu’à présent, ni les mesures prises par les gouvernements, ni celles des banques centrales n’ont pu calmer les marchés.
Les pensées vont aux personnes touchées par l’épidémie. Mais en tant qu’investisseurs, il faut essayer de ne pas prendre de décisions sur une base émotionnelle. Pour les investisseurs, ce sont désormais moins les chiffres de l’infection qui sont pertinents que les mesures prises par les autorités et les entreprises pour contenir l’épidémie. Les voyagistes et les compagnies aériennes, par exemple, devraient connaître des effondrements. Dans des régions isolées de Chine ou d’Italie, même les petites entreprises connaissent des ravages du jour au lendemain. De nombreuses industries sont donc touchées, mais l’ampleur de l’impact n’est pas encore prévisible. Cependant, il est probable que la croissance se ralentira dans le monde entier. Aux premier et deuxième trimestres, il pourrait y avoir une récession. Il est douteux qu’une reprise puisse alors être attendue dès le second semestre de l’année. Il ne s’agit pas d’un rhume de courte durée, dont on se remet rapidement.
Le temps après le coronavirus
Mais investir de l’argent est un projet à moyen et long terme. Les investisseurs doivent donc investir sur les marchés boursiers pendant au moins cinq ans, voire plus de sept ans. Et, un jour, le nombre de personnes infectées diminuera, et l’ère post-virus commencera. Ce ne sera pas en 2025 et le problème ne touchera probablement, en fin de compte, que temporairement les marchés financiers.
Néanmoins, la période pourrait être difficile pour les entreprises qui ont un système immunitaire faible, c’est-à-dire qui sont mal financées ou qui, comme l’industrie hôtelière et touristique, sont susceptibles d’être gravement touchées par le déclin. Elle pourrait également être désagréable pour les entreprises qui entretiennent des relations commerciales plus étroites avec ces entreprises. En termes politiques, nous pourrions également assister à une évolution similaire à celle qui a suivi l’accident du réacteur de Fukushima. À l’époque, le gouvernement allemand a décidé de se retirer du nucléaire, ce qui a eu des conséquences massives pour les fournisseurs d’énergie. Aujourd’hui, les chaînes d’approvisionnement pourraient être renationalisées à nouveau, par exemple pour garantir une plus grande sécurité des produits pharmaceutiques. Les entreprises devraient alors s’installer dans les pays où elles vendent leurs produits, également pour éviter les droits de douane. Les flux internationaux de marchandises en souffriraient.
Phase difficile pour les banques
Même les banques, dont les marges sont de toute façon devenues minces dans la phase de taux d’intérêt bas, pourraient être mises sous pression si les prêts devaient faire défaut maintenant. Mais les banques centrales sont prêtes à intervenir. La Fed dispose d’une plus grande marge de manœuvre que la Banque centrale européenne (BCE) et a déjà fait le premier pas en matière de taux d’intérêt. La BCE va également augmenter son programme d’achat d’obligations et mettre plus d’argent à disposition pour les prêts.
Au cours des turbulences des marchés de ces dernières semaines, les actions de nombreuses entreprises de premier ordre, comme l’or, ont également chuté par moments. Car certains acteurs du marché ont maintenant besoin de liquidités et vendent. Mais dès que la tempête se calmera, ils commenceront à se différencier à nouveau : Quelles sont les entreprises qui sont particulièrement touchées et celles qui ne le sont pas ? Où les bénéfices vont-ils s’effondrer ? Où les périodes de sécheresse pourraient-elles même conduire à des crises existentielles ? Après de telles attaques de panique, la marée ne soulève souvent plus tous les navires.
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