
Par NN Investment Partners (NN IP)
Le coronavirus a bouleversé les sociétés et les économies. Les individus ont trouvé́ de nouvelles façons de vivre et de travailler et les entreprises ont inventé une nouvelle façon de commercer. Les chefs de gouvernement de toutes les couleurs politiques s’efforcent, pour leur part, de gérer la propagation du virus tout en limitant les dégâts économiques. Le Covid-19, qui s’est retrouvé en tête de l’agenda politique domestique de quasiment toutes les nations, pourrait désormais servir de catalyseur pour une transformation des gouvernements.
Si la pandémie de Covid-19 a plongé́ de nombreuses personnes dans l’angoisse, elle a également déclenché́ un désir de changement. Les hommes politiques ont, quant eux, été confrontés à des défis et à un pouvoir sans précédent. Dans ce contexte, on peut identifier trois inconnues susceptibles d’accélérer les tendances existantes et d’entraîner des changements.
Une nouvelle gauche
Le remplacement de la pensée libérale des quatre dernières décennies par le nationalisme et le populisme ou par une ‘nouvelle gauche’ d’hommes politiques progressifs déterminera la tendance politique dominante dans les années 2020. Nous pouvons également nous demander si nous assisterons à l’essor d’un État fort ou si la politique de laisser-faire qui caractérise les politiques économiques depuis les années 1980 se poursuivra.
L’effondrement de la mondialisation après la crise financière de 2008 a créé un terrain fertile pour les leaders populistes de droite offrant des solutions simples aux laissés-pour-compte de la mondialisation. Au lendemain de la pandémie, les gouvernements libéraux pourraient se retrouver sous pression étant donné que les bénéfices de la mondialisation se sont estompés et que l’inégalité reste un problème pressant, tandis que les leaders populistes pourraient également voir leur popularité baisser, leur aversion pour les technocrates ayant souvent conduit à une mauvaise gestion de la pandémie.
Ceci pourrait entraîner une sorte de contre-réaction ouvrant la voie à des hommes politiques progressistes et à un retour du respect pour les faits. Ces hommes politiques de la ‘nouvelle gauche’ font souvent partie des partis écologistes européens. Ils luttent pour une forme d’inclusion moderne mettant davantage l’accent sur les problèmes sociétaux et donnent la priorité à des questions publiques telles que les soins de santé, l’environnement, l’éducation et l’infrastructure. La direction politique générale de cette nouvelle gauche vise l’égalité des opportunités plutôt que l’égalité des revenus.
État fort ou laisser-faire ?
Les récentes mesures de confinement ont porté atteinte aux libertés individuelles et ont résulté en une fermeture des frontières. À la suite de la pandémie, la plupart des gouvernements ont également été confrontés à une flambée du chômage et de la dette publique, ce qui a accru les pressions pour une hausse de la fiscalité. Bref, les gouvernements ont récemment eu un pouvoir bien plus étendu que dans le passé et les nouveaux défis économiques nécessiteront de nouvelles interventions dans le futur. Un ‘État fort’ pourrait intervenir dans deux domaines différents : au niveau des droits individuels ou en tant qu’acteur dominant au sein de l’économie domestique.
Une nouvelle guerre froide
La pandémie pourrait aussi déclencher une guerre froide entre les États-Unis et la Chine. Ceci mettrait fin à la coexistence d’une coopération internationale et d’une compétition économique entre les pays et entraînerait un glissement de la relation vers une concurrence stratégique et un repli sur soi. La doctrine des ‘États-Unis avant tout’ du président Trump est susceptible d’abolir l’ordre multilatéral que les États-Unis ont contribué à établir après la seconde guerre mondiale. Ce retrait crée un vide de pouvoir que la Chine tente de combler. Si la tendance au repli sur soi se poursuit, tous les pays devront choisir leur camp.
Pour l’Europe, une nouvelle guerre froide pourrait marquer un tournant. La menace extérieure pourrait constituer un catalyseur pour un renforcement de l’intégration politique, militaire et économique. La diversité des nombreux États membres a toutefois deux implications. Tout d’abord, il est improbable que tous les pays européens optent pour le même camp. Deuxièmement, la coopération entre les pays européens sera suffisante pour créer une union suffisamment solide pour rivaliser sur la scène mondiale, mais il est improbable qu’une telle union entraîne l’abandon total du modèle de l’État-nation et devienne une puissance dominante. La politique européenne s’est traditionnellement focalisée sur la recherche du bon équilibre.
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