Infographie du mois : Quels sont les montants alloués aux soins de santé dans les différents pays ?

Un dessin vaut parfois mieux qu’un long discours ! MoneyStore vous présente chaque mois un graphique ou une infographie illustrant un sujet économique. Ce mois-ci, nous vous présentons un tableau reprenant un classement des pays selon les dépenses de santé par rapport au PIB. Dans le contexte de pandémie que nous connaissons aujourd’hui, il est intéressant de voir quelle est la part que les états consacrent aux dépenses de santé.

Certaines voix s’élèvent pour accorder plus de moyens au secteur de la santé. « La moindre crise qui menace la sécurité du pays et on se plaint de ne pas dépenser assez pour l’armement. En fait, si l’on rassemblait les acteurs clefs des différents secteurs de la vie sociale et qu’on leur demandait combien il faudrait dépenser dans leur secteur propre, tout en tenant compte de la contrainte des ressources, il est à parier que l’on aboutisse à une enveloppe budgétaire nettement supérieure au PIB », souligne Pierre Pestieau, Docteur en Économie, Membre du CORE et membre associé du PSE.

Voici le tableau reprenant les dix pays dépensant le plus pour le secteur de la santé :

Source : Visual Capitalist 

Constat

Ces chiffres sont basés sur des données de l’OCDE. La Belgique se situe à la 12ème position avec 3.820 dollars par habitant. A noter encore que les chiffres ci-dessus ne couvrent pas tous les frais de santé encourus par les citoyens. En effet, ils ne tiennent pas compte des dépenses d’assurance privée ou des frais à la charge des patients. Les États-Unis sont en tête pour les dépenses publiques de santé, avec 9.008 dollars par habitant, soit plus de 1,5 fois celles de la Norvège, deuxième de ce classement. « Bien que les dépenses publiques de santé par habitant aux États-Unis soient les plus élevées au monde, cela n’a pas nécessairement entraîné de meilleurs résultats (comme une espérance de vie plus longue) par rapport aux autres pays développés », peut-on lire sur le site de Visual Capitalist.

Montant idéal ?

Mais existe-t-il un montant idéal à allouer aux soins de santé ? Certains économistes se sont penchés sur la question. Ils ont alors abordé la notion de VDP : volonté de payer. La VDP est, en quelque sorte, le prix maximum auquel un consommateur voudrait acheter un bien ou un service.

Mais comment le définir ? « Supposons, pendant un moment, que la société soit homogène, à savoir qu’elle soit composée d’individus identiques. On place ces individus derrière le voile d’ignorance, c’est à dire dans une situation hypothétique dans laquelle ils ont une connaissance précise des probabilités d’évènements qui peuvent se produire : épidémie, maladie, guerre, handicaps, chômage, …. Sur base de cette information, ils sont disposés à consacrer une fraction de leur revenu à des programmes qui couvrent chacun de ces évènements. C’est en recourant à cette approche que deux économistes américains[i] ont suggéré il y a quelques années de consacrer 30% du PIB américain aux soins de santé, bien plus que les 18% actuels, qui eux-mêmes sont nettement supérieurs à ce qui se passe dans les autres pays », précise Pierre Pestieau.

Loin de la réalité

Mais cette situation est loin de la réalité. Les choix seront fonction du niveau de vie de chaque individu ou de son âge. Dans la société aujourd’hui, les choix d’allouer tel ou tel montant à telle ou telle dépense sont dépendants aussi du contexte actuel. « La pandémie du covid-19 a conduit la majorité des individus de réclamer plus de dépenses de santé. Un attentat terroriste entrainera une demande d’augmentation des ressources consacrées à la sécurité intérieure et extérieure. Il est clair que les dépenses réclamées dans ces situations d’urgence ne doivent pas guider une politique soutenable », prévient cet économiste.

Qui décide ?

Dans nos démocraties, les choix d’allouer des deniers publics à l’un ou l’autre secteur sont décidés par les instances qui nous gouvernent. Si, aujourd’hui, nous avons l’impression de vivre sous une dictature des experts médicaux, nos systèmes sont encore qualifiés de démocratiques. « Dans la réalité de nos démocraties, la part du PIB consacrée à tel ou tel besoin est déterminée tout simplement au travers des différentes élections. Est-ce la meilleure manière ? Sans doute pas quand on voit le rôle que les groupes de pression et autres lobbies peuvent jouer dans ce type de choix. Mais pour citer Churchill, “La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes” », conclut Pierre Pestieau.

 

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[i] R. HALL et C. JONES, « The value of life and the rise in health spending », The Quarterly Journal of Economics, 122 (1), 2007, p. 39-72

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