
Selon les données fournies par Quantalys, les fonds investis en matières premières ont connu une très forte baisse depuis le début de l’année. La part du pétrole dans cette classe d’actifs n’est pas négligeable. Analyse avec Nadège Dufossé, Responsable de l’allocation d’actifs chez Candriam.
Encore le coronavirus
Le prix du pétrole est soumis à de nombreux facteurs. Début janvier, le prix du Brent avait fortement augmenté suite aux tensions avec l’Iran. Ensuite, les mesures prises pour contrer la propagation du coronavirus ont été mises en place. « Nous sommes alors passés de 70 dollars à 55 dollars. Les prix ont donc baissé de près de 25% en un mois. Cette forte baisse reflète la complexité des marchés. Le coronavirus n’est pas en lui-même la cause de cette baisse des matières premières. Ce sont les mesures exceptionnelles prises suite à cette épidémie qui ont eu un impact sur les prix », constate Nadège Dufossé. Il faut savoir que la province impactée par le virus est un grand centre de transports en Chine. Les mesures de quarantaine décrétées ont donc eu un impact sur les prix pétroliers. Par ailleurs, les usines qui consomment beaucoup de matières premières sont momentanément à l’arrêt. « On peut cependant penser que les producteurs pétroliers vont ajuster leur offre. On est en train d’intégrer les mauvaises nouvelles dans les prix. C’est le pétrole qui a été le premier à s’adapter. En principe, le prix du baril ne devrait plus descendre beaucoup plus bas », estime Nadège Dufossé. Selon cette analyste, le prix du pétrole devrait se stabiliser au cours de l’année entre 55 et 60 dollars.
D’autres secteurs aussi
Les métaux industriels servant à l’industrie lourde suivent le même parcours que le pétrole. La Chine est un grand producteur automobile mondial. Sa situation impacte d’autres chaines de montage à travers le monde. « Nous pensons que le prix du cuivre pourrait encore baisser. Il a intégré moins vite les mesures drastiques que le prix du pétrole. En revanche, si les actions des pays émergents ont légèrement souffert, les actions se tiennent bien au niveau mondial. Les marchés boursiers semblent plus complaisants. Cela donne l’impression d’un monde à deux vitesses », fait remarquer Nadège Dufossé. Les autorités chinoises ont frappé vite et fort. Les mesures de quarantaine semblent porter leurs fruits. « Mais que se passera-t-il lors de la réouverture des usines ? La propagation du virus va-t-elle accélérer ou pas ? De toute façon, ces mesures auront eu un impact économique très important. Mais, politiquement, les autorités chinoises ne pouvaient pas se permettre d’agir autrement ».
Dans d’autres secteurs aussi les pertes seront importantes. Les Chinois ont moins consommé. Les secteurs du luxe ou du tourisme ne récupéreront pas ces pertes. Les Etats-Unis semblent, quant eux, plus protégés. « Mais les pays émergents seront fort impactés. A court terme, nous sommes prudents sur les matières premières. Nous avons peu de visibilité sur ce qui se passera lors de la réouverture des usines. Les taux d’intérêt ont, eux aussi, baissé suite aux mesures prises dans le cadre du virus », reconnaît Nadège Dufossé. Finalement, c’est un large pan de l’économie mondiale qui a été infecté par les mesures drastiques prises par les autorités chinoises.
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