Dans cette période inédite due au coronavirus, les marchés encaissent de fortes baisses. Des questions se posent sur les ventes à découvert (short selling), sur le rôle des algorithmes dans les ventes massives de titres et sur la nécessité de fermer les bourses. Eclairage avec Vincent van Dessel, CEO d’Euronext Brussels.
Ventes à découvert
La semaine dernière, la FSMA (autorité des marchés financiers en Belgique) a décrété l’interdiction des ventes à découvert. Au-delà de cette interdiction, comment peut-on voir qui réalise ce genre d’opérations ? « Au niveau de la bourse Euronext, nous n’avons aucune vue sur les opérateurs qui effectuent ce genre d’opérations. En revanche, ces ventes doivent être notifiées au régulateur. Il y a dix jours, le régulateur européen, l’ESMA, a décidé de passer le niveau de reporting de 0,2% à 0,1% (du total de titres). Puis, la FSMA a décidé d’interdire toutes les nouvelles opérations de ventes à découvert pour un mois », précise Vincent van Dessel. On peut trouver sur le site de la FSMA les opérations de ventes à découvert qui sont en cours . En effet, la FSMA interdit les nouvelles opérations mais les anciennes opérations persistent. On peut donc voir qui joue quelles valeurs à la baisse.
Robots et algorithmes
Certains acteurs sur les marchés ont imputé les fortes baisses aux algorithmes et aux robots de gestion. Pour rappel, dans ce type de produits, la gestion et le rééquilibrage des portefeuilles sont faits de façon totalement automatisée. Les systèmes prévoient des ordres de vente dans certains cas précis. Dans ce type de gestion, c’est la construction de l’algorithme et les éléments qui entrent en ligne de compte dans cette composition qui seront relevants. Souvent, cette gestion se base sur des investissements en ETF (trackers). « Nous n’avons pas de détails concernant les ventes via les algorithmes. Cependant, on peut analyser la part des market makers et des liquidity providers dans les transactions. C’est un indicateur. Or, cette part a diminué par rapport à la part des opérations pour compte propre. C’est donc plutôt l’inverse que l’on constate. Ce sont surtout ceux qui exécutent les ordres des clients qui sont aujourd’hui plus actifs », constate Vincent van Dessel. Il semblerait donc que ce sont plutôt les hommes que les machines qui font les volumes. Les sorties de capitaux des fonds de placement sont importantes.
Fermeture des marchés
La question a aussi été posée sur la nécessité de fermer les marchés. Est-ce opportun ? « Cela n’a aucun sens. C’est un peu comme si on éteignait la lumière dans la crise. Dans ce cas, nous courons le risque que des marchés parallèles se créent. Il n’y aurait alors ni liquidité ni transparence. Or, certaines personnes doivent vendre. Certains vivent de leurs investissements. Si on ferme, on ne peut plus vendre. Ce n’est pas une bonne solution », ajoute le CEO de la bourse de Bruxelles. De plus, aujourd’hui toutes les transactions se font de façon électronique.
Pour ce spécialiste des marchés boursiers qui navigue dans cet univers depuis des décennies, qu’est-ce que cette crise a de plus spécifique ? « La plupart du temps les crises sont plus ou moins prévisibles. On voit qu’il y a une exagération dans les prix. Or, ici le déclencheur est un facteur externe totalement incontrôlé. La baisse n’est pas due à une exagération de l’économie. Les marchés réagissent dans l’incertitude. Et, aujourd’hui, on ne peut pas prédire le timing. Cependant, dans toute ma carrière, je n’ai jamais connu de crise dont on n’est pas sorti », rappelle Vincent van Dessel. L’impact sera important sur les sociétés les plus faibles. Rappelons encore que les actions sont un investissement à considérer sur le long terme et que toute crise est aussi source d’opportunités.
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