Facteurs de bouleversements induits par le COVID-19

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Rédigé le 13 mars 2020 par Iain Stealey, CIO Obligations internationales J.P. Morgan Asset Management.

La propagation du virus COVID-19 et ses répercussions sur l’économie continuent de susciter de vives inquiétudes. Évaluons les facteurs de bouleversement de la situation au cours des derniers jours et ce qu’il faudrait pour stabiliser les marchés.

Le taux de croissance au jour le jour des cas confirmés en Chine a sensiblement ralenti, passant d’un pic de 55 % fin janvier à moins de 1 % en mars. L’activité reprend, la période de quarantaine dans la province du Hubei ayant pris fin le 10 mars. Cependant, la propagation du virus s’accélère partout ailleurs dans le monde : le 10 mars, l’Organisation mondiale de la santé a signalé des cas dans 110 nouveaux pays. Du côté des facteurs d’aggravation, l’OPEP+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés) a échoué à parvenir à un accord sur les solutions pour réduire l’offre compte tenu de la baisse de la demande prévue en énergie. La baisse des prix du pétrole qui a suivi (le pétrole brut américain a chuté de 25 % le 9 mars) a exacerbé la volatilité des marchés financiers.

Pendant ce temps, les banques centrales s’efforcent de changer la donne avec des mesures rapides et conséquentes pour amortir le choc des conditions financières : la Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne ont été les dernières à prendre des mesures politiques. La politique budgétaire, qui serait susceptible de changer significativement la donne reste pour l’instant peu mise en avant. Jusqu’à présent, les mesures budgétaires se sont limitées aux pays les plus proches du centre de l’épidémie, sans impliquer de réaction internationale généralisée.

Depuis les évolutions notables du marché de la semaine dernière, la situation des valorisations a changé. Tout d’abord, la résilience des crédits de qualité a été mise à l’épreuve : après un élargissement de seulement 20 points de base (pb) en février, les spreads de crédit investment grade (IG) aux États-Unis ont augmenté de 46 pb au cours de la semaine du 10 mars. Cette évolution a plus que compensé l’effet positif de la duration dans le contexte de la remontée des taux, montrant que l’IG américain commence à se comporter davantage comme un actif à risque.

Deuxièmement, la baisse des prix du pétrole a entraîné une variation brutale des prix sur les segments à spread du haut rendement et de la dette des marchés émergents. Enfin, l’évolution marquée des principaux taux (d’un rendement de 1,15 % sur les bons du Trésor américain à 10 ans fin février à un creux de clôture de 0,55 % le 9 mars) pose la question de savoir si les obligations d’État restent une couverture viable aux niveaux de négoce actuels.

L’avantage de couverture qu’offrent les grands emprunts d’État est désormais remis en question

Source: Bloomberg, J.P. Morgan Asset Management ; données au 10 mars 2020.

Les flux se sont taris, non seulement dans les actions et le crédit à haut rendement, mais aussi dans les fonds de crédit de qualité. Sans surprise, les investisseurs se ruent vers les actifs refuges : les fonds du marché monétaire ont enregistré près de 79 milliards de USD d’entrées au cours de la semaine du 9 mars, reflétant la demande de liquidités en ces temps d’incertitude. La liquidité est également devenue problématique, les marchés primaires étant pour la plupart fermés et les marchés secondaires exigeant un prix plus élevé pour la liquidité.

Quelles implications pour les investisseurs obligataires ?

Il y a eu un certain nombre de facteurs de bouleversement au cours de la semaine dernière, notamment la correction massive des cours du pétrole, l’offensive des banques centrales à travers le monde et le changement du niveau de protection que la duration peut offrir. Cependant, l’élément qui peut changer la donne n’est pas encore connu et il est nécessaire pour aider à stabiliser les marchés (l’intervention budgétaire) en dehors des pays qui sont désormais en situation de crise. Le risque de récession a considérablement augmenté et on ne se demande plus si l’économie mondiale entrera en récession mais combien de temps durera cette récession et quelle en sera l’ampleur.

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