Comment l’industrie du voyage tire l’inflation vers le bas

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Par ABN AMRO Private Banking Belgique

La baisse des prix liés aux voyages devrait s’accompagner d’une désinflation plus large. L’inflation globale de la zone euro s’est effondrée depuis le début de l’année. La hausse globale de l’IPCH (Indice des Prix à la Consommation Harmonisé) est passée de 1,4% yoy (year on year, d’une année à l’autre) en janvier à -0,2% yoy en août. Qu’est-ce qui explique cette baisse et que nous réserve l’avenir?

 

Prix de l’énergie

Le principal détracteur de l’inflation globale réside dans la baisse des prix de l’énergie, notamment des prix du pétrole, après le choc de la pandémie. En effet, la composante énergie de l’IPCH a contribué pour un point de pourcentage à la baisse totale. L’inflation alimentaire s’est envolée au cours des premiers mois après le déclenchement de la pandémie, avant de rechuter pour enregistrer un léger ralentissement entre janvier et août (-0,1 pp). Le reste de la baisse de l’inflation globale s’explique par la faiblesse de l’inflation sous-jacente (énergie et alimentaire exclues), qui est passée de 1,1% yoy à 0,4% yoy sur la période, soit un point bas record.

 

Inflation des services

Sur la baisse de 0,7 point de l’inflation sous-jacente entre janvier et août, 0,17 point de pourcentage s’explique par une baisse de l’inflation des biens (de + 0,3% yoy à -0,1% yoy) et 0,55 point de pourcentage par une forte décélération de l’inflation dans le secteur des services (1,5% yoy à 0,7% yoy). L’inflation des biens de base a été très volatile et a été affectée par un changement de calendrier des soldes ainsi que par la réduction de la taxe de vente dans un certain nombre d’États membres. Cependant, la baisse de l’inflation des services semble être plus fondamentale. On constate que 75% de la baisse de l’inflation des services s’explique par de fortes baisses des prix dans l’industrie du voyage (tarifs aériens, forfaits vacances et hôtels), particulièrement touchée par la pandémie.

Recrudescence de l’inflation en 2021

Ceci étant, on peut anticiper qu’une proportion importante des facteurs qui font actuellement baisser l’inflation se dissipera au cours de l’année prochaine. Les prévisions tendent vers une légère reprise des prix du pétrole au cours de cette période. Et même, s’ils devaient se stabiliser, le frein de l’inflation devrait se dissiper. En outre, certaines mesures étatiques liées à la crise du Covid-19 ne sont que temporaires. Par exemple la réduction de la TVA en Allemagne doit expirer en janvier.

Dans le même temps, la pression à la baisse sur les prix dans l’industrie du voyage devrait se maintenir étant donné que la situation ne devrait se normaliser que très lentement. Les voyages d’affaires ne seront probablement plus les mêmes. Cependant, l’ampleur du ralentissement de l’inflation dans le secteur des services peut s’atténuer en supposant que les baisses de prix ne seront peut-être pas aussi intenses. Au cours de l’année prochaine, l’inflation sous-jacente devrait connaître une recrudescence en 2021, malgré une pression à la baisse probable à court terme.

Pressions déflationnistes à plus long terme

Sur un horizon de 2 ans, qui est pertinent pour la politique de la BCE, il est possible que les pressions désinflationnistes dominent. En effet, il faut du temps pour qu’un choc de demande se traduise par des pressions à la baisse sur les prix. Le marché du travail se détériore avec un certain décalage et ce n’est qu’à ce moment que la croissance des salaires est touchée. L’impact sur le pouvoir de tarification des entreprises prend également du temps à s’exprimer. Les conséquences à moyen terme de la crise financière mondiale sur l’inflation sous-jacente ont été d’environ un point de pourcentage, alors qu’elles étaient d’environ 0,75% après la crise de l’euro. Cette fois, il est peu probable que ce soit différent.

 

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