
Par Deutsche Bank Belgique
Bien que la voie de la reprise économique soit semée d’embûches, les bourses ont enclenché le turbo depuis leur plongeon de mars. Quelles en sont les conséquences pour les investissements ? Bien que les bourses anticipent la poursuite de la reprise, un redressement des bénéfices des entreprises et un renforcement des mesures de soutien des pouvoirs publics et des banques centrales, le contraste entre Wall Street (la bourse) et Main Street (l’économie réelle) a été frappant. Lorsqu’ils avaient établi leurs pronostics de résultats des sociétés pour le deuxième trimestre, les analystes n’avaient pas fait preuve d’un optimisme démesuré. Dès lors, rares sont les sociétés à avoir déçu par rapport à ces attentes, ce qui a agréablement surpris les investisseurs et a donné un coup de fouet supplémentaire aux marchés.
Toujours plus haut ?
Aujourd’hui, la valorisation des marchés d’actions est donc élevée. C’est le cas d’un point de vue historique, mais cette valorisation s’explique partiellement par le niveau actuel des taux d’intérêt et par les attentes en la matière. Les bourses semblent échapper pour l’instant aux principes de base de la gravité qui, dans des circonstances économiques ‘normales’, devraient les tirer vers le bas. Au demeurant, on ne doit pas attendre un tel retour à la normale avant plusieurs années. Les taux sont à un niveau plancher depuis belle lurette, et ils le resteront encore pendant longtemps. Ou en tout cas plus longtemps qu’anticipé au début de la pandémie. Or, des taux bas peuvent aller de pair avec des valorisations boursières élevées.
Qu’elles le veuillent ou non, les banques centrales poussent les investisseurs dans les bras des marchés d’actions, de par leur politique de taux d’intérêt plancher, de rachats massifs d’obligations (et d’autres actifs), ainsi que de création monétaire. Les épargnants et les investisseurs sont assis sur une montagne de liquidités, et ils recherchent du rendement. Tous ces éléments concourent à dynamiser les marchés d’actions. La banque centrale américaine (Fed) vient en outre d’ajuster sa politique monétaire, ce qui confère un nouveau soutien aux marchés d’actions.
Investir, mais pas en pilote automatique
Dans un tel contexte, investir – pour autant que cela se fasse en stricte adéquation avec le profil d’investisseur et l’horizon d’investissement – est la seule option lorsqu’on recherche du rendement. Voilà pourquoi les bourses pourraient rester dynamiques et optimistes pendant un certain temps encore. Ou, comme le dit l’adage outre-Atlantique : « The trend is your friend » (« la tendance est votre amie »). Rester investi, voilà donc le message. Pour l’instant, il n’existe aucun autre filon à exploiter pour espérer obtenir du rendement.
Peut-on pour autant continuer à investir en mode de pilotage automatique ? Pas vraiment, car les risques ne se sont pas évaporés. Bien que les avancées soient encourageantes du côté des vaccins, la propagation du Covid-19 reste préoccupante. Les élections présidentielles américaines et les tensions commerciales sont deux autres sources d’inquiétude, de même que les autres champs de tension géopolitiques et sociétaux.
Quels investissements ?
Que les évolutions de la bourse donnent le vertige ou pas, les fonds mixtes flexibles peuvent demeurer le fondement de tout portefeuille correctement diversifié. Au sein de ce type de fonds, le gestionnaire peut moduler librement les différentes classes d’actifs, ainsi que les investissements risqués et moins risqués, en fonction du climat boursier et de sa stratégie d’investissement. Plus les fonds qui composent le portefeuille sont nombreux (avec des stratégies variées), plus le filet de sécurité sera efficace.
Une fois la base de la pyramide d’investissements solidifiée avec des fonds mixtes flexibles, l’investisseur peut opter pour des investissements thématiques. Ces placements permettent de profiter de tendances à long terme, telles que le développement durable, les infrastructures, la santé ou la technologie. Ces ‘mégatendances’ sont présentées depuis plusieurs années comme autant d’opportunités. Ces deux derniers secteurs – les soins de santé et la technologie – se sont très bien comportés ces derniers mois. La pandémie a eu pour effet de renforcer et d’accélérer ces deux tendances.
Un portefeuille bien diversifié se caractérise donc non seulement par une répartition judicieuse entre classes d’actifs, régions et devises, mais aussi entre les thématiques à long terme. La hausse spectaculaire des actions depuis le creux de la vague de mars dernier sera probablement suivie d’une période de prise de bénéfices. Cette parenthèse peut être une opportunité d’accroître l’exposition du portefeuille à des thèmes tels que la santé et la technologie. Ces thèmes sont les vecteurs d’une croissance structurelle de qualité.
Quid des obligations ?
Sur les marchés d’obligations, les spreads de crédit (la prime de risque de crédit sur l’émetteur) se sont envolés au début de l’épidémie. Six mois plus tard, ils sont revenus au niveau d’avant la crise. Les interventions des banques centrales ont fortement limité les risques de faillite, et donc la prime de risque pour les investisseurs.
Si l’on recherche du rendement via les obligations, il sera difficile de dénicher l’oiseau rare, certainement dans la catégorie ‘Investment Grade’ en euros. En revanche, les opportunités sont plus nombreuses dans la catégorie des obligations spéculatives (High Yield) et dans celle des obligations des pays émergents (libellées en dollar US). Mais attention : dans ces segments, il convient de faire preuve d’une très grande sélectivité et de diversifier ses actifs au maximum pour prévenir les risques (faillite de l’émetteur).
Des affaires en or ?
L’or brille de mille feux. Le métal jaune s’est apprécié de 30% depuis le début de l’année, et a franchi pour la première fois la barre magique des 2.000 dollars l’once. Trois paramètres sont de nature à favoriser la santé de l’or pendant un certain temps encore :
• Les taux réels négatifs (taux nominaux moins l’inflation). Selon toute vraisemblance, les banques centrales conserveront leurs taux directeurs à un niveau plancher pendant plusieurs années. Bien que la crise ait, dans un premier temps, un impact plutôt négatif sur l’inflation, on observe que les anticipations d’inflation à long terme sont en forte progression depuis le mois de mars.
- Valeur refuge. La pandémie et la crainte de nouveaux foyers de contamination continuent de préoccuper les investisseurs. Il en va de même pour les tensions persistantes entre la Chine et les États-Unis.
- L’or profite de la faiblesse du dollar. Un dollar moins fort rend l’or plus abordable, notamment pour les pays émergents.
Et le dollar ?
La crise a conforté le dollar dans son statut de devise de réserve. Toutefois, la politique de la Fed a très fortement réduit le différentiel de taux entre le dollar et l’euro, diminuant aussi l’attractivité (et la valorisation) du billet vert. L’accord sur le fonds de relance européen a, lui aussi, renforcé l’euro par rapport au dollar, car les investisseurs y ont vu un signe de confiance dans l’Union européenne. À la fin août, l’euro a franchi la barre des 1,20 dollar, mais le rétablissement plus rapide de l’économie US devrait ralentir cette tendance. Un euro fort pénalise en outre la compétitivité de la zone euro, ce que ne souhaite pas la Banque centrale européenne (BCE). Le pronostic de taux de change EUR/USD à 12 mois est dès lors de 1,15 dollar.
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