Brexit : quelles conséquences économiques, avec ou sans accord ?

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Par Erik Joly et Arthur Jenck, ABN AMRO Private banking, Belgique

Nous entrons dans une phase cruciale des négociations sur le Brexit. L’échéance de la fin de la période de transition, le 31 décembre, se rapproche et les jours à venir sont cruciaux. L’hypothèse de base est toujours qu’un accord de libre-échange sera signé. Cependant, et ceci n’est pas nécessairement valorisé, même avec un accord, le Brexit a pesé et pèsera encore sur l’économie. Cela sera le cas principalement pour le Royaume-Uni et, dans une bien moindre mesure, pour ses partenaires commerciaux européens les plus proches.

 

Effet sur le Royaume-Uni

Pour le Royaume-Uni, on peut s’attendre à un choc initial important, suivi d’un ralentissement progressif de la croissance. Les estimations des institutions officielles et indépendantes suggèrent que, même avec un accord de libre-échange qui implique des droits de douane nuls et des quotas nuls, le Brexit conduira, au fil du temps, à une baisse d’environ 5 % du PIB britannique par rapport à un scénario de maintien au sein de l’Union européenne. Cette baisse agira par l’intermédiaire de deux éléments. D’abord, par le contrôle aux frontières sur les flux de marchandises, soit une baisse d’environ 1,5 %. Ensuite, par les barrières non-tarifaires, telles que les réglementations qui, au fil du temps, entravent les échanges, soit un coût de 3,5 % mais réparti sur de nombreuses années (peut-être 10 à 15 ans). On a intégré ces effets dans les prévisions macroéconomiques en réduisant la croissance 2021 estimée du Royaume Uni de 1,5 %.

Cela signifie que la reprise post-covid aurait été de 1,5 % plus forte que les prévisions en l’absence du Brexit. Un taux de croissance potentiel plus faible pour le Royaume-Uni a également été pris en compte pour les effets à plus long terme. À court terme, l’effet du Brexit sera masqué par la reprise de l’économie suite à la pandémie. 

Cependant, on peut encore prévoir une croissance positive du PIB au premier trimestre 2021. L’impact à plus long terme des barrières non tarifaires semble avoir été intégré dans la dernière estimation du Bureau responsable du budget, soit une croissance de 1,6%. Cela représente une baisse par rapport aux 2% anticipés au cours des années précédentes.

Effet sur les pays de l’Union européenne

En ce qui concerne l’impact sur la croissance des autres pays de l’Union européenne, la plupart des estimations suggèrent que l’impact à court terme sera d’environ un cinquième à un quart de l’impact sur l’économie britannique. L’impact à long terme devrait être négligeable. Les pays les plus touchés seront bien sûr ses principaux partenaires commerciaux : l’Irlande, les Pays-Bas et la Belgique.

Quid d’un Brexit sans accord ?

Les conséquences seraient plus importantes, mais la différence est relativement faible. Les estimations du gouvernement britannique et de la LSE (London School of Economics) suggèrent qu’un Brexit sans accord entraînerait une baisse supplémentaire du PIB à long terme d’environ 2,5 %. Cela comprend l’impact des droits de douane (environ 1,5 %) et des barrières non tarifaires encore plus importantes.

En effet, les écarts de réglementation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne s’élargiraient probablement en l’absence d’un accord. Cependant, dans l’un ou l’autre scénario, l’effet des contrôles aux frontières et des barrières non tarifaires reste significatif et, en outre, beaucoup plus fort que ce qui était anticipé dans le cadre de l’accord proposé par l’ancienne première ministre Theresa May. Celui-ci proposait des contrôles aux frontières minimes ou inexistants, soit via un arrangement spécial avec l’Union européenne ou, à défaut, via l’adhésion à l’union douanière (alias le filet de sécurité de l’Irlande du Nord).

De plus, l’alignement réglementaire prévu avec l’Union européenne aurait limité de façon considérable les barrières non tarifaires. Le gouvernement actuel a adopté une voie radicalement différente en optant pour un accord de libre-échange avec l’Union européenne. Enfin, il est bon de noter que selon l’analyse du gouvernement britannique, l’effet potentiel de nouveaux accords commerciaux avec des pays extérieurs à l’Union européenne est minime. Il est de l’ordre de +0,2 à +0,3 % au plus, ce qui est loin de compenser l’impact négatif du Brexit sur le PIB britannique.

Conséquences à long terme des différents scénario du Brexit sur le PIB britannique

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